KURDISTAN
Irak : après le choc jihadiste, la colère des déplacés de Mossoul contre Maliki
A 50 km de Mossoul, la grande ville du nord de l'Irak conquise mardi
par des jihadistes sunnites, des milliers de déplacés attendent sous
un soleil de plomb de passer au Kurdistan autonome, vitupérant contre
le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki.
Un demi-million d'habitants ont été poussés à l'exode après la prise
spectaculaire mardi par les combattants de l'Etat islamique en Irak et
au Levant (EIIL) de la deuxième ville d'Irak, face à un pouvoir
central impuissant et une armée en déroute.
C'est devant un barrage kurde à une quarantaine de kilomètres d'Erbil
que se morfondent depuis le matin des files interminables d'hommes,
femmes et enfants, pour obtenir un permis de séjour dans la capitale
de la région autonome du Kurdistan irakien.
De nombreux hommes et femmes portent leurs enfants, ou de petits sacs
dans lesquels ils ont jeté des vêtements ou des couvertures qu'ils ont
pu emporter à la hte. Certains ont mis quelques effets sur des
poussettes qu'ils tirent péniblement sous une chaleur écrasante.
Fatigués, ces déplacés ne décolèrent pas et lchent parfois des
insultes à l'encontre de M. Maliki, un chiite, accusé d'incompétence
et d'hostilité envers la population sunnite, majoritaire à Mossoul
mais minoritaire dans le pays.
'Peur des massacres' -
"Venez nous filmer, pour que le monde entier voie dans quel état nous
a réduit Maliki !", s'écrie un groupe de femmes à l'adresse des
journalistes présents.
Arrivée avec sa famille, Zahra Chérif, 39 ans, explique avoir "quitté
la ville par peur des massacres si l'armée lance un assaut sur la
ville" pour la reprendre à l'EIIL, un groupe inspiré mais pas affilié
à Al-Qaïda.
"On a peur des conséquences de cette invasion car si l'armée entre,
elle pourrait se venger des habitants", dit-elle, un sentiment partagé
par de nombreux déplacés.
Depuis la chute de Saddam Hussein, un sunnite, à la suite de
l'invasion américaine en 2003, cette communauté s'estime marginalisée
et maltraitée par les autorités dominées par les chiites.
L'EIIL a ainsi pu bénéficier d'un appui au sein de la population et
des tribus locales dans les régions sunnites, comme dans la ville de
Fallouja, sous contrôle de ce puissant groupe ultra-radical depuis le
début de l'année.
Mossoul, majoritairement arabe sunnite avec des minorités chrétienne
et kurde notamment, a été un bastion de la rébellion contre les forces
américaines. C'est dans cette ville que Saddam Hussein a recruté les
cadres de son armée et des services de renseignements.
Les déplacés de Mossoul ont peur de subir le même sort que Fallouja,
bombardée en permanence par l'armée qui tente de la reprendre.
Dans l'immédiat, la population a fui surtout les pénuries à Mossoul,
secouée par les combats depuis une dizaine de jours.
'Pas d'hôpitaux, pas de services' -
"Il n'y a plus d'hôpitaux, plus de services médicaux", se lamente
Zahra. A côté, des volontaires distribuent eau et nourriture aux
familles.
Au barrage, et en vue d'empêcher d'éventuels insurgés de se faufiler
parmi les déplacés, les services de sécurité kurdes lourdement armés
promènent leur chiens policiers parmi la foule tandis que des agents
de la circulation tentent de gérer le flot de voitures.
Les déplacés ne semblent pas très enclins à critiquer l'EIIL, qui est
aidé d'autres groupes jihadistes sunnites.
Abou Ahmad, 60 ans, affirme avoir vu "les combattants de l'EIIL dans
les rues de Mossoul". "Nous les avons vu ce matin et ils ne nous ont
rien fait".
"Des habitants ont formé des +comités de défense populaires+ pour
protéger les banques et les btiments gouvernementaux", a-t-il ajouté,
assurant que (...) les actes de vandalisme et les incendies ont touché
uniquement les positions militaires".
Selon lui, avant l'arrivée de l'EIIL, "la population se sentait visée
(par les autorités) aux points de contrôle, avec des mesures
draconiennes de sécurité et des arrestations".
Quant à Ismaïl Ahmad, 50 ans, arrivé ce matin, il assure : "Nous
reviendrons après le rétablissement de l'eau et de l'électricité".
samedi 14 juin 2014,
Stéphane (c)armenews.com
Irak : après le choc jihadiste, la colère des déplacés de Mossoul contre Maliki
A 50 km de Mossoul, la grande ville du nord de l'Irak conquise mardi
par des jihadistes sunnites, des milliers de déplacés attendent sous
un soleil de plomb de passer au Kurdistan autonome, vitupérant contre
le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki.
Un demi-million d'habitants ont été poussés à l'exode après la prise
spectaculaire mardi par les combattants de l'Etat islamique en Irak et
au Levant (EIIL) de la deuxième ville d'Irak, face à un pouvoir
central impuissant et une armée en déroute.
C'est devant un barrage kurde à une quarantaine de kilomètres d'Erbil
que se morfondent depuis le matin des files interminables d'hommes,
femmes et enfants, pour obtenir un permis de séjour dans la capitale
de la région autonome du Kurdistan irakien.
De nombreux hommes et femmes portent leurs enfants, ou de petits sacs
dans lesquels ils ont jeté des vêtements ou des couvertures qu'ils ont
pu emporter à la hte. Certains ont mis quelques effets sur des
poussettes qu'ils tirent péniblement sous une chaleur écrasante.
Fatigués, ces déplacés ne décolèrent pas et lchent parfois des
insultes à l'encontre de M. Maliki, un chiite, accusé d'incompétence
et d'hostilité envers la population sunnite, majoritaire à Mossoul
mais minoritaire dans le pays.
'Peur des massacres' -
"Venez nous filmer, pour que le monde entier voie dans quel état nous
a réduit Maliki !", s'écrie un groupe de femmes à l'adresse des
journalistes présents.
Arrivée avec sa famille, Zahra Chérif, 39 ans, explique avoir "quitté
la ville par peur des massacres si l'armée lance un assaut sur la
ville" pour la reprendre à l'EIIL, un groupe inspiré mais pas affilié
à Al-Qaïda.
"On a peur des conséquences de cette invasion car si l'armée entre,
elle pourrait se venger des habitants", dit-elle, un sentiment partagé
par de nombreux déplacés.
Depuis la chute de Saddam Hussein, un sunnite, à la suite de
l'invasion américaine en 2003, cette communauté s'estime marginalisée
et maltraitée par les autorités dominées par les chiites.
L'EIIL a ainsi pu bénéficier d'un appui au sein de la population et
des tribus locales dans les régions sunnites, comme dans la ville de
Fallouja, sous contrôle de ce puissant groupe ultra-radical depuis le
début de l'année.
Mossoul, majoritairement arabe sunnite avec des minorités chrétienne
et kurde notamment, a été un bastion de la rébellion contre les forces
américaines. C'est dans cette ville que Saddam Hussein a recruté les
cadres de son armée et des services de renseignements.
Les déplacés de Mossoul ont peur de subir le même sort que Fallouja,
bombardée en permanence par l'armée qui tente de la reprendre.
Dans l'immédiat, la population a fui surtout les pénuries à Mossoul,
secouée par les combats depuis une dizaine de jours.
'Pas d'hôpitaux, pas de services' -
"Il n'y a plus d'hôpitaux, plus de services médicaux", se lamente
Zahra. A côté, des volontaires distribuent eau et nourriture aux
familles.
Au barrage, et en vue d'empêcher d'éventuels insurgés de se faufiler
parmi les déplacés, les services de sécurité kurdes lourdement armés
promènent leur chiens policiers parmi la foule tandis que des agents
de la circulation tentent de gérer le flot de voitures.
Les déplacés ne semblent pas très enclins à critiquer l'EIIL, qui est
aidé d'autres groupes jihadistes sunnites.
Abou Ahmad, 60 ans, affirme avoir vu "les combattants de l'EIIL dans
les rues de Mossoul". "Nous les avons vu ce matin et ils ne nous ont
rien fait".
"Des habitants ont formé des +comités de défense populaires+ pour
protéger les banques et les btiments gouvernementaux", a-t-il ajouté,
assurant que (...) les actes de vandalisme et les incendies ont touché
uniquement les positions militaires".
Selon lui, avant l'arrivée de l'EIIL, "la population se sentait visée
(par les autorités) aux points de contrôle, avec des mesures
draconiennes de sécurité et des arrestations".
Quant à Ismaïl Ahmad, 50 ans, arrivé ce matin, il assure : "Nous
reviendrons après le rétablissement de l'eau et de l'électricité".
samedi 14 juin 2014,
Stéphane (c)armenews.com