L'Humanité, France
Lundi 24 Février 2014
Sotchi l'olympique n'oublie pas Manouchian
Les habitants d'origine arménienne représentent plus de 20% de la
population de Sotchi. L'esprit de résistance fait toujours partie des
valeurs de cette communauté.
Sotchi l'olympique n'oublie pas Manouchian
Les habitants d'origine arménienne représentent plus de 20% de la
population de Sotchi. L'esprit de résistance fait toujours partie des
valeurs de cette communauté.
Sotchi,
envoyé spécial.
Dans le restaurant de la famille Kochikyan, sur les hauteurs de
Sotchi, le silence s'est fait autour de la table. Les yeux embués de
larmes, nos hôtes nous regardent intensément. Il y a là Knarik et
Atamovna, les propriétaires du restaurant, des sexagénaires dont les
parents sont venus s'installer en Russie après le génocide de 1915;
leur ami moustachu, Gvarik Simonyan, ingénieur de profession et
compositeur à ses heures perdues; le sculpteur Alop Khalapian, dont
les personnages découpés dans le métal parsèment les jardins de la
ville, et le père Komitas, l'un des principaux représentants
spirituels de la communauté arménienne de Sotchi, qui a récité la
prière avant que nous n'entamions notre repas. Le feu qui crépite dans
la cheminée éclaire des visages émus. Après avoir cité Charles
Aznavour en tête de liste des Français d'origine arménienne les plus
connus, Knarik a mentionné le nom de Manouchian. Et dans le même
souffle, celui d'Aragon. Pour pallier nos faiblesses linguistiques, on
échange des sourires. Puis, les uns après les autres, tous les
convives entreprennent de nous expliquer comment des membres de leurs
familles ont pris part au combat contre le nazisme, soit dans les
rangs de l'Armée rouge soit parmi les partisans. Nos hôtes se dressent
alors d'un seul mouvement et lèvent leurs verres emplis de vin
géorgien pour porter un toast: on boit aux enfants et aux
petits-enfants... Comme pour prolonger la supplique adressée à sa
femme par Missak Manouchian, juste avant son exécution en février1944:
«Un grand soleil d'hiver éclaire la colline. Que la nature est belle
et que le coeur me fend. La justice viendra sur nos pas triomphants.
Ma Mélinée, ô mon amour, mon orpheline. Et je te dis de vivre et
d'avoir un enfant.» Soixante-dix ans plus tard, du côté de Sotchi,
l'esprit de résistance du groupe Manouchian reste vivace, profondément
ancré dans la communauté arménienne.
Directeur de l'Institut du journalisme Bordeaux-Aquitaine
François Simon
Lundi 24 Février 2014
Sotchi l'olympique n'oublie pas Manouchian
Les habitants d'origine arménienne représentent plus de 20% de la
population de Sotchi. L'esprit de résistance fait toujours partie des
valeurs de cette communauté.
Sotchi l'olympique n'oublie pas Manouchian
Les habitants d'origine arménienne représentent plus de 20% de la
population de Sotchi. L'esprit de résistance fait toujours partie des
valeurs de cette communauté.
Sotchi,
envoyé spécial.
Dans le restaurant de la famille Kochikyan, sur les hauteurs de
Sotchi, le silence s'est fait autour de la table. Les yeux embués de
larmes, nos hôtes nous regardent intensément. Il y a là Knarik et
Atamovna, les propriétaires du restaurant, des sexagénaires dont les
parents sont venus s'installer en Russie après le génocide de 1915;
leur ami moustachu, Gvarik Simonyan, ingénieur de profession et
compositeur à ses heures perdues; le sculpteur Alop Khalapian, dont
les personnages découpés dans le métal parsèment les jardins de la
ville, et le père Komitas, l'un des principaux représentants
spirituels de la communauté arménienne de Sotchi, qui a récité la
prière avant que nous n'entamions notre repas. Le feu qui crépite dans
la cheminée éclaire des visages émus. Après avoir cité Charles
Aznavour en tête de liste des Français d'origine arménienne les plus
connus, Knarik a mentionné le nom de Manouchian. Et dans le même
souffle, celui d'Aragon. Pour pallier nos faiblesses linguistiques, on
échange des sourires. Puis, les uns après les autres, tous les
convives entreprennent de nous expliquer comment des membres de leurs
familles ont pris part au combat contre le nazisme, soit dans les
rangs de l'Armée rouge soit parmi les partisans. Nos hôtes se dressent
alors d'un seul mouvement et lèvent leurs verres emplis de vin
géorgien pour porter un toast: on boit aux enfants et aux
petits-enfants... Comme pour prolonger la supplique adressée à sa
femme par Missak Manouchian, juste avant son exécution en février1944:
«Un grand soleil d'hiver éclaire la colline. Que la nature est belle
et que le coeur me fend. La justice viendra sur nos pas triomphants.
Ma Mélinée, ô mon amour, mon orpheline. Et je te dis de vivre et
d'avoir un enfant.» Soixante-dix ans plus tard, du côté de Sotchi,
l'esprit de résistance du groupe Manouchian reste vivace, profondément
ancré dans la communauté arménienne.
Directeur de l'Institut du journalisme Bordeaux-Aquitaine
François Simon