REVUE DE PRESSE
En Turquie,la rue se réveille contre Erdogan l'>
Gaz lacrymogènes, canons à eau, bombes de gaz irritants : les forces
de police d'Istanbul sont intervenues brutalement hier contre
plusieurs dizaines de milliers de manifestants qui participaient aux
funérailles de Berkin Elvan. Le garçon de 15 ans, mort mardi matin
après 269 jours de coma, avait été gravement blessé pendant les
manifestations du printemps pour la défense du parc Gezi, près de la
place Taksim au coeur d'Istanbul. Les manifestations d'hier ont été
les plus massives depuis juin à Istanbul mais aussi à Ankara, Izmir et
dans de nombreuses autres villes du pays. Plus de 200 000 personnes
auraient marché derrière le cercueil. La rue se réveille à moins de
trois semaines d'élections municipales cruciales qui sont un test
politique majeur pour le Premier ministre islamo- conservateur Recep
Tayyip Erdogan et son parti, l'AKP. Ils sont affaiblis par des
scandales financiers et des écoutes téléphoniques accablantes mises en
ligne sur Internet par la confrérie islamiste de Fetullah Gülen,
prêcheur réfugié aux Etats-Unis qui fut longtemps l'allié du Premier
ministre. Aux slogans du printemps comme > se mêlaient des >,
devenu le cri de ralliement des protestataires depuis la révélation,
en décembre, des affaires de corruption impliquant le Premier
ministre. Et aussi beaucoup de >. >, lançait
devant les caméras la mère de Berkin Elvan. L'adolescent est devenu un
symbole. Dès le matin et par dizaines de milliers, jeunes et vieux,
femmes et hommes ont convergé vers Okmeydani, quartier du centre
d'Istanbul et le cemevi, le lieu de culte alévi, secte progressiste
issue du chiisme dont se réclame près du quart de la population turque
et la famille de la victime. L'alévisme n'a jamais été reconnu et ses
fidèles sont victimes de discriminations. Les alévis ont été en
première ligne de la contestation au printemps dernier. GRÈVE.
L'ensemble des magasins d'Okmeydani étaient fermés. Le Disk
(Confédération des syndicats des travailleurs révolutionnaires) et le
Kesk (Confédération des syndicats des travailleurs du secteur public)
avaient décrété un jour de grève pour encourager leurs membres à
participer aux manifestations. Entouré de drapeaux rouges et
d'oeillets, le cercueil a été transporté jusqu'au cimetière de
Ferikoy, à quelque six kilomètres, en près de cinq heures. Des
funérailles encore plus imposantes et suivies que celles, en janvier
2007, du journaliste turc d'origine arménienne Hrant Dink, assassiné
par un jeune chômeur ultranationaliste manipulé. >, avoue un manifestant. Pour la première fois, les
élèves et étudiants de plusieurs lycées et universités privés ont
participé en masse à un tel cortège, scandant >.Habillés en noir,
nombre de manifestants brandissaient un pain en hommage à Berkin,
touché à la tête le 16 juin par une cartouche de gaz lacrymogène alors
qu'il allait chercher du pain à 200mètres de chez lui.Une information
contre X a été ouverte par le parquet,mais seulement cinq mois après
l'incident. Et, jusqu'à aujourd'hui, aucun suspect ne s'est retrouvé
devant le juge. Le gouvernement turc est accusé par l'opposition, les
organisations de défense des droits de l'homme et par la Commission
européenne d'avoir eu recours au printemps > face aux manifestants. BLOC.Cette remobilisation
de l'opposition de gauche risque pourtant de ne pas se traduire dans
les urnes le 30mars.Malgré les scandales de corruption, les sondages,
y compris les plus sérieux comme ceux de l'institut Konda, donnent
tous entre 40 et 47%à l'AKP, qui reste de loin la première force
politique du pays.Un fléchissement par rapport aux dernières
législatives de juin 2011, où il avait remporté 49,8% des voix, mais
un progrès par rapport aux précédentes municipales (38,5%). L'extrême
polarisation du débat politique expliquerait la popularité persistante
du parti au pouvoir depuis 2002, dont les partisans font bloc face à
ce qu'ils considèrent comme un gigantesque complot de l'étranger. Les
soutiens de l'opposition veulent quand même y croire. >, assure Hakan Aygun,
directeur de la chaîne Halk TV, proche du CHP, la principale force de
la gauche. Mais la vraie question, c'est l'après.
En Turquie,la rue se réveille contre Erdogan l'>
Gaz lacrymogènes, canons à eau, bombes de gaz irritants : les forces
de police d'Istanbul sont intervenues brutalement hier contre
plusieurs dizaines de milliers de manifestants qui participaient aux
funérailles de Berkin Elvan. Le garçon de 15 ans, mort mardi matin
après 269 jours de coma, avait été gravement blessé pendant les
manifestations du printemps pour la défense du parc Gezi, près de la
place Taksim au coeur d'Istanbul. Les manifestations d'hier ont été
les plus massives depuis juin à Istanbul mais aussi à Ankara, Izmir et
dans de nombreuses autres villes du pays. Plus de 200 000 personnes
auraient marché derrière le cercueil. La rue se réveille à moins de
trois semaines d'élections municipales cruciales qui sont un test
politique majeur pour le Premier ministre islamo- conservateur Recep
Tayyip Erdogan et son parti, l'AKP. Ils sont affaiblis par des
scandales financiers et des écoutes téléphoniques accablantes mises en
ligne sur Internet par la confrérie islamiste de Fetullah Gülen,
prêcheur réfugié aux Etats-Unis qui fut longtemps l'allié du Premier
ministre. Aux slogans du printemps comme > se mêlaient des >,
devenu le cri de ralliement des protestataires depuis la révélation,
en décembre, des affaires de corruption impliquant le Premier
ministre. Et aussi beaucoup de >. >, lançait
devant les caméras la mère de Berkin Elvan. L'adolescent est devenu un
symbole. Dès le matin et par dizaines de milliers, jeunes et vieux,
femmes et hommes ont convergé vers Okmeydani, quartier du centre
d'Istanbul et le cemevi, le lieu de culte alévi, secte progressiste
issue du chiisme dont se réclame près du quart de la population turque
et la famille de la victime. L'alévisme n'a jamais été reconnu et ses
fidèles sont victimes de discriminations. Les alévis ont été en
première ligne de la contestation au printemps dernier. GRÈVE.
L'ensemble des magasins d'Okmeydani étaient fermés. Le Disk
(Confédération des syndicats des travailleurs révolutionnaires) et le
Kesk (Confédération des syndicats des travailleurs du secteur public)
avaient décrété un jour de grève pour encourager leurs membres à
participer aux manifestations. Entouré de drapeaux rouges et
d'oeillets, le cercueil a été transporté jusqu'au cimetière de
Ferikoy, à quelque six kilomètres, en près de cinq heures. Des
funérailles encore plus imposantes et suivies que celles, en janvier
2007, du journaliste turc d'origine arménienne Hrant Dink, assassiné
par un jeune chômeur ultranationaliste manipulé. >, avoue un manifestant. Pour la première fois, les
élèves et étudiants de plusieurs lycées et universités privés ont
participé en masse à un tel cortège, scandant >.Habillés en noir,
nombre de manifestants brandissaient un pain en hommage à Berkin,
touché à la tête le 16 juin par une cartouche de gaz lacrymogène alors
qu'il allait chercher du pain à 200mètres de chez lui.Une information
contre X a été ouverte par le parquet,mais seulement cinq mois après
l'incident. Et, jusqu'à aujourd'hui, aucun suspect ne s'est retrouvé
devant le juge. Le gouvernement turc est accusé par l'opposition, les
organisations de défense des droits de l'homme et par la Commission
européenne d'avoir eu recours au printemps > face aux manifestants. BLOC.Cette remobilisation
de l'opposition de gauche risque pourtant de ne pas se traduire dans
les urnes le 30mars.Malgré les scandales de corruption, les sondages,
y compris les plus sérieux comme ceux de l'institut Konda, donnent
tous entre 40 et 47%à l'AKP, qui reste de loin la première force
politique du pays.Un fléchissement par rapport aux dernières
législatives de juin 2011, où il avait remporté 49,8% des voix, mais
un progrès par rapport aux précédentes municipales (38,5%). L'extrême
polarisation du débat politique expliquerait la popularité persistante
du parti au pouvoir depuis 2002, dont les partisans font bloc face à
ce qu'ils considèrent comme un gigantesque complot de l'étranger. Les
soutiens de l'opposition veulent quand même y croire. >, assure Hakan Aygun,
directeur de la chaîne Halk TV, proche du CHP, la principale force de
la gauche. Mais la vraie question, c'est l'après.