Turquie : fuites sur YouTube
Comment des Officiels turcs ont conspiré pour mettre en scène une
attaque de la Syrie pour déclencher une guerre
Ahmet Davutoglu -
Publication 28 mars 2014 -
La Fermeture de YouTube ordonnée par Recep T. Erdogan
Une bombe à retardement s'est abattue sur le gouvernement Erdogan à la
veille des élections municipales.
" Je vais créer une raison de faire la guerre en ordonnant une attaque
de missiles contre la Turquie ". Cette conversation fuitée va se
retourner contre les membres du gouvernement turc des échelons les
plus éjevés, dans la mesure où elle prévoit une provocation en Syrie,
tout en visant à museler un media social sur le territoire.
Les bandes audio fuitées qui révèlent la mise en scène par les
principaux ministres, échafaudant des plans pour une intervention
militaire en Syrie, ont déjà entraîné la fermeture de YouTube dans le
pays, tout en entraînant des accusations fébriles de manipulations et
de trahison contre les intérêts politiques de la Turquie - " une
déclaration de guerre ", comme l'a qualifié le Ministre des Affaires
étrangères Ahmet Davutoglu.
Tout cela évidemment après la suggestion du chef du renseignement
Hakan Eidan de saisir cette occasion pour une intervention militaire
anti-Assad en Syrie - une guerre désastreuse qui a déjà fait 140 000
tués. Dans la conversation, on entend Davutoglu dire que le Premier
ministre Recep Erdogan voit toute attaque comme " une opportunité "
pour accroître la présence de troupes en Syrie, où il a résolument
soutenu les rebelles anti-Assad.
La suite est la transcription de cette conversation dans sa totalité.
AHMET DAVUTOGLU : (Ministre des Affaires étrangères) : " Le Premier
ministre a dit que dans la conjoncture actuelle, cette attaque (sur la
tombe de Suleiman Shah) doit être considérée comme une opportunité
pour nous ".
HAKAN FIDAN : (MIT) " Je vais dépêcher 4 hommes de Syrie, s'il le
faut. Je vais organiser un casus belli en déclenchant une attaque de
missiles contre la Turquie ; nous pouvons aussi préparer une attaque
sur la tombe de Suleiman Shah s'il le faut ".
FERIDUN SINIRLOGLU : (sous-secrétaire d'état du ministère des affaires
étrangères) : " Notre sécurité nationale est devenue un élément
ordinaire de politique intérieure secondaire ".
YASAR GULER : (Général des Forces armées) : " C'est un motif direct de
guerre. Je veux dire, nous allons en faire un motif pour une guerre ".
AHMET DAVUTOGLU : Il y a un autre aspect que je ne vois pas encore
tout à fait ; qu'est sensé faire notre ministre des affaires
étrangères ? Je ne parle pas des aspects pratiques. Il y a d'autres
choses que nous sommes supposés faire. Si nous décidons dans ce sens,
il nous faudra en informer les Nations Unies, le Consulat à Istanbul
du régime syrien, n'est ce pas ?
FERIDUN SINIRLOGLU : Mais si nous nous décidons pour une opération
là-bas, il faudra créer un effet de surprise. Je veux dire, si nous
faisons ce qu'on a dit. Je ne sais pas ce que nous ferons, mais quelle
que soit notre décision, je ne pense pas qu'il soit avisé d'informer
qui que ce soit à l'avance.
AHMET DAVUTOGLU : D'accord, mais il nous faudra un minimum de
préparation. Pour éviter toutes fausses manoeuvres relatives au droit
international. Je viens juste de penser qu'au cours de ma conversation
avec le président (Abdullah Gul), si les chars turcs entrent là-bas,
cela voudra dire que nous y sommes, vous êtes d'accord ?
YASAR GULER : Cela veut dire que nous y sommes, oui.
AHMET DAVUTOGLU : Bon, mais y aller en avion, ce n'est pas la même
chose que d'y envoyer des tanks...
Deuxième écran
YASAR GULER : Peut-être pouvons nous dire au consulat général de Syrie
que l'État Islamique d'Irak et du Levant est actuellement du côté du
régime, et que ces terres sont turques. Nous devrions certainement...
AHMET DAVUTOGLU : Mais nous avons déjà déclaré cela, nous avons
transmis plusieurs notes diplomatiques.
YASAR GULER : À la Syrie...
FERIDUN SINIRLOGLU : C'est exact.
AHMET DAVUTOGLU : En effet, nous leur en avons envoyées de nombreuses.
Par conséquent, je voudrais savoir ce que le chef d'état-major attend
de notre ministère.
YASAR GULER : Peut-être voulait-il dire que, je n'en sais rien, il a
rencontré M. Fidan.
HAKAN FIDAN : Bon, il a abordé cette aspect mais il n'est pas entré
dans les détails.
YASAR GULER : C'est peut-être à cela qu'il pensait... Une notre
diplomatique à la Syrie ?
HAKAN FIDAN : Peut-être est ce le rôle du ministère des affaires
étrangères d'assurer la coordination....
Troisième écran :
AHMET DAVUTOGLU : Je pense que je devrais coordonner la diplomatie,
mais la guerre civile, l'armée...
FERIDUN SINIRLOGLU : C'est de cela que je parlais. D'abord, la
situation est différente. Une opération dans l'état Islamique d'Irak
et du Levant est fondée sur des bases solides vis-à-vis du droit
international. Nous allons soutenir qu'il s'agit d'Al-Qaïda ; et il
n'y a pas de raison de s'inquiéter si cela concerne Al-Qaïda. Et
s'agissant de la défense de la tombe de Suleiman Shah, c'est un acte
de défense de notre territoire.
YASAR GULER : Nous n'avons sur ce point aucun problème.
HAKAN FIDAN : Ensuite, après que cela se soit produit, cela aura créé
de grands troubles intérieurs (plusieurs lchers de bombes sont
prévus). La frontière n'est pas sous contrôle...
FERIDUN SINIRLOGLU : Je pense aussi que des bombardements seront faits
assurément. Mais je me souviens de notre conversation il y a trois
ans...
YASAR GULER : M. Fidan devrait recevoir du soutien d'urgence et nous
devons l'aider à fournir des armes et des munitions aux rebelles. Il
faut que nous en parlions avec le Ministre. Notre Ministre de
l'intérieur, notre Ministre de la défense. Il faut que nous en
parlions et parvenions à une résolution, monsieur.
AHMET DAVUTOGLU : Comment avons-nous procédé pour mettre en action nos
forces spéciales lorsque des menaces venaient d'Irak du Nord ? Nous
avons dû faire de même là-bas aussi. Nous aurions dû préparer ces
hommes. Nous aurions dû envoyer des hommes. De toutes façons, il ne
nous est pas possible de le faire, nous ne pouvons faire que ce que la
diplomatie...
FERIDUN SINIRLOGLU : Je vous l'avais dit à cette époque, bon sang,
Général, vous savez comment nous avons fait pour envoyer des chars,
vous étiez sur place.
YASAR GULER : Quoi, vous voulez dire notre matériel ?
FERIDUN SINIRLOGLU : Oui, comment pensez-vous que je m'y suis pris
pour envoyer nos chars en Iraq ? Comment nous nous y sommes pris pour
y envoyer des forces spéciales, des bataillons ? J'étais impliqué dans
tout cela. Je vous le dis clairement, il n'y avait dans cette histoire
aucune décision de gouvernement, nous avons fait tout cela simplement
en donnant un ordre.
Quatrième écran
YASAR GULER : Bon, d'accord. Sachez d'abord qu'il n'y a de ma part
aucune discussion. Mais il y a des choses que la Syrie peut faire dès
à présent.
AHMET DAVUTOGLU : Général, la raison pour laquelle nous disons non à
cette opération c'est que nous savons ce dont ces hommes sont
capables.
YASAR GULER : Regardez, Monsieur, MKE (Mechanical and Chemical
Industry Corporation, Société d'industries Mécaniques et Chimiques) ne
figure- t-elle pas parmi les fournisseurs du ministre ? Je veux dire,
Monsieur, que le Qatar recherche des fournisseurs de munitions payés
cash. En espèces. Alors pourquoi ne pas leur donner ce qu'ils
attendent ? Cela ne dépend que du ministre.
AHMET DAVUTOGLU : Mais le problème est que nous ne pouvons pas agir de
façon intégrée. Nous ne pouvons pas coordonner.
YASAR GULER : Dans ce cas, notre Premier ministre peut convoquer en
même temps le Ministre de la défense et M. le Ministre. Il pourra
ainsi leur parler directement.
AHMET DAVUTOGLU :: M. Siniroglu, vous et moi avons littéralement prié
M ; le Premier ministre pour une réunion privée, disant que les choses
ne paraissaient pas brillantes.
YASAR GULER : Il n'y a pas besoin non plus d'une grande réunion.
Vous-même, M. le Ministre de la défense, M. le Ministre de
l'intérieur, et notre chef de cabinet, vous quatre, nous serons assez.
Il n'y a pas besoin d'être nombreux. Parce que voyez-vous, M. le
Ministre, ce qui est principalement nécessaire ici, ce sont des armes
et des munitions. Même pas d'armes, principalement des munitions. Nous
venons d'en parler, Monsieur. Disons que nous allons organiser une
armée là-bas ; forte de 1 000 hommes. Si nous les engageons dans cette
guerre sans au préalable constituer une réserve de munitions pour un
minimum de six mois, ils seront de retour après deux mois.
AHMET DAVUTOGLU : Ils le sont déjà, de retour.
YASAR GULER : Ils seront de retour vers nous, Monsieur.
AHMET DAVUTOGLU : Ils sont revenus de... d'où était-ce ? Cobanbey.
YASAR GULER : Oui c'est cela, Monsieur. Ce problème ne peut pas être
mis à la charge du seul M. Fidan comme c'est actuellement le cas.
C'est inacceptable. Je veux dire, c'est incompréhensible. Je veux
dire, je ne peux comprendre cela. Pourquoi ?
Sixième écran
AHMET DAVUTOGLU : Ce soir là, nous sommes parvenus à une résolution.
Et je pensais que les choses prenaient une tournure favorable.
Notre...
FERIDUN SINIRLOGLU : Nous avons pris le jour suivant la résolution MGK
(National Security Council, Conseil de Sécurité Nationale) . Nous
avons ensuite parlé avec le Général...
AHMET DAVUTOGLU : Et les autres forces font vraiment un bon suivi de
ce qui a été une faiblesse de notre part. Vous dites que vous allez
capturer cette place, et que les hommes qui s'y trouvent constituent
un facteur de risque. Vous les retirez. Vous prenez la place. Vous y
envoyez des renforts et y envoyez à nouveau vos troupes.
YASAR GULER : Exactement, Monsieur. Vous avez absolument raison.
AHMET DAVUTOGLU : Raison ? C'est comme cela que je l'interprète. Mais
après l'évacuation, il ne s'agit plus de nécessité militaire. C'est
une toute autre histoire.
FERIDUN SINIRLOGLU : Il y a quelques changements importants dans la
géopolitique mondiale et régionale. Cela peut se répandre en d'autres
régions. Vous l'avez dit vous-même aujourd'hui, et certains en ont été
d'accord... Nous sommes engagés à présent dans un jeu différent. Il
faut bien le voir. Cet État Islamique d'Iraq et du Levant et tout ça,
toutes ces organisations sont extrêmement ouvertes à toutes sortes de
manipulations. Avoir une région formée d'organisations de nature
similaire constituera pour nous un risque vital. Et lorsque nous
sommes allés la première fois en Iraq du nord, le risque était
permanent de voir le PKK investir la place. Si nous examinons à fond
les risques et les conséquences ...comme vient de le dire le
Général......
YASAR GULER : Monsieur, vous trouvant ici il y a quelques temps, nous
avons dicuté ce même sujet. De façon ouverte. Je pense, les forces
armées sont un " outil " qui vous est nécessaire en toutes occasions,
AHMET DAVUTOGLU : C'est sûr. Je dis toujours au Premier ministre, en
votre absence, la même chose en termes académiques, vous ne pouvez pas
vous maintenir dans ces territoires sans une force puissante. Sans
force puissante, il ne saurait y avoir de puissance faible.
(Photo Reuters/ Mahmoud Hebdo) :
Des civils inspectent un site frappé, d'après ce que disent des
militants, par des bombes à fragmentation lchées par les forces
loyalistes au président de la Syrie Bachar el-Assad dans le district
de Karam Homad à Alep le 26 mars 2014.
YASAR GULER : Monsieur...
FERIDUN SINIRLOGLU : La sécurité nationale a été politisée. Je ne me
souviens pas d'une chose pareille dans toute l'histoire politique
turque. C'est devenu une affaire de politique intérieure. Toutes les
discussions que nous avons eues sur la défense de notre territoire, la
sécurité des frontières, la souveraineté sur nos terres ici, toutes se
réduisent à des sujets ordinaires de politique intérieure secondaire.
YASAR GULER : Exactement
FERIDUN SINIRLOGLU : Cela n'arrivait jamais avant. C'est malheureux mais...
YASAR GULER : Je veux dire, se trouve-t-il quelqu'un dans l'opposition
qui vous soutienne sur des points aussi importants que la sécurité
nationale ? Monsieur, cela est-il digne de la sécurité nationale ?
FERIDUN SINIRLOGLU : Je ne me rappelle même pas de telles époques.
YASAR GULER : Sur quel sujet peut-on s'unir, si ce n'est sur les
questions aussi importantes que la sécurité nationale/ ? Aucun.
AHMET DAVUTOGLU : En 2012. Ce n'était pas le cas en 2011. Si seulement
nous avions pris des mesures sérieuses à ce moment-là, même à l'été
2012.
FERIDUN SINIRLOGLU : Les choses étaient au plus bas en 2012.
AHMET DAVUTOGLU : A l'intérieur, nous étions tout comme la Libye. Ceux
qui arrivaient au pouvoir ou en sortaient n'a pas d'importance pour
nous. Mais certaines choses...
YASAR GULER : Monsieur, pour éviter toute ambiguïté, ce dont nous
avions besoin en 2011, c'étaient des armes et des munitions, En 2012,
2013 et aujourd'hui, c'est pareil. Nous en sommes exactement au même
point. Nous avons absolument besoin d'y arriver et de renforcer ce
point.
AHMET DAVUTOGLU : Armes et munitions ne sont pas d'une grande utilité
sur ce point. Parce qu'il n'est pas possible de raisonner le facteur
humain...
Traduit de l'anglais par Gilbert Béguian pour Armenews.com
À cette heure, la vidéo publiée sur YouTube a été vue plus de 346 000 fois
samedi 29 mars 2014,
Jean Eckian (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=98542
Comment des Officiels turcs ont conspiré pour mettre en scène une
attaque de la Syrie pour déclencher une guerre
Ahmet Davutoglu -
Publication 28 mars 2014 -
La Fermeture de YouTube ordonnée par Recep T. Erdogan
Une bombe à retardement s'est abattue sur le gouvernement Erdogan à la
veille des élections municipales.
" Je vais créer une raison de faire la guerre en ordonnant une attaque
de missiles contre la Turquie ". Cette conversation fuitée va se
retourner contre les membres du gouvernement turc des échelons les
plus éjevés, dans la mesure où elle prévoit une provocation en Syrie,
tout en visant à museler un media social sur le territoire.
Les bandes audio fuitées qui révèlent la mise en scène par les
principaux ministres, échafaudant des plans pour une intervention
militaire en Syrie, ont déjà entraîné la fermeture de YouTube dans le
pays, tout en entraînant des accusations fébriles de manipulations et
de trahison contre les intérêts politiques de la Turquie - " une
déclaration de guerre ", comme l'a qualifié le Ministre des Affaires
étrangères Ahmet Davutoglu.
Tout cela évidemment après la suggestion du chef du renseignement
Hakan Eidan de saisir cette occasion pour une intervention militaire
anti-Assad en Syrie - une guerre désastreuse qui a déjà fait 140 000
tués. Dans la conversation, on entend Davutoglu dire que le Premier
ministre Recep Erdogan voit toute attaque comme " une opportunité "
pour accroître la présence de troupes en Syrie, où il a résolument
soutenu les rebelles anti-Assad.
La suite est la transcription de cette conversation dans sa totalité.
AHMET DAVUTOGLU : (Ministre des Affaires étrangères) : " Le Premier
ministre a dit que dans la conjoncture actuelle, cette attaque (sur la
tombe de Suleiman Shah) doit être considérée comme une opportunité
pour nous ".
HAKAN FIDAN : (MIT) " Je vais dépêcher 4 hommes de Syrie, s'il le
faut. Je vais organiser un casus belli en déclenchant une attaque de
missiles contre la Turquie ; nous pouvons aussi préparer une attaque
sur la tombe de Suleiman Shah s'il le faut ".
FERIDUN SINIRLOGLU : (sous-secrétaire d'état du ministère des affaires
étrangères) : " Notre sécurité nationale est devenue un élément
ordinaire de politique intérieure secondaire ".
YASAR GULER : (Général des Forces armées) : " C'est un motif direct de
guerre. Je veux dire, nous allons en faire un motif pour une guerre ".
AHMET DAVUTOGLU : Il y a un autre aspect que je ne vois pas encore
tout à fait ; qu'est sensé faire notre ministre des affaires
étrangères ? Je ne parle pas des aspects pratiques. Il y a d'autres
choses que nous sommes supposés faire. Si nous décidons dans ce sens,
il nous faudra en informer les Nations Unies, le Consulat à Istanbul
du régime syrien, n'est ce pas ?
FERIDUN SINIRLOGLU : Mais si nous nous décidons pour une opération
là-bas, il faudra créer un effet de surprise. Je veux dire, si nous
faisons ce qu'on a dit. Je ne sais pas ce que nous ferons, mais quelle
que soit notre décision, je ne pense pas qu'il soit avisé d'informer
qui que ce soit à l'avance.
AHMET DAVUTOGLU : D'accord, mais il nous faudra un minimum de
préparation. Pour éviter toutes fausses manoeuvres relatives au droit
international. Je viens juste de penser qu'au cours de ma conversation
avec le président (Abdullah Gul), si les chars turcs entrent là-bas,
cela voudra dire que nous y sommes, vous êtes d'accord ?
YASAR GULER : Cela veut dire que nous y sommes, oui.
AHMET DAVUTOGLU : Bon, mais y aller en avion, ce n'est pas la même
chose que d'y envoyer des tanks...
Deuxième écran
YASAR GULER : Peut-être pouvons nous dire au consulat général de Syrie
que l'État Islamique d'Irak et du Levant est actuellement du côté du
régime, et que ces terres sont turques. Nous devrions certainement...
AHMET DAVUTOGLU : Mais nous avons déjà déclaré cela, nous avons
transmis plusieurs notes diplomatiques.
YASAR GULER : À la Syrie...
FERIDUN SINIRLOGLU : C'est exact.
AHMET DAVUTOGLU : En effet, nous leur en avons envoyées de nombreuses.
Par conséquent, je voudrais savoir ce que le chef d'état-major attend
de notre ministère.
YASAR GULER : Peut-être voulait-il dire que, je n'en sais rien, il a
rencontré M. Fidan.
HAKAN FIDAN : Bon, il a abordé cette aspect mais il n'est pas entré
dans les détails.
YASAR GULER : C'est peut-être à cela qu'il pensait... Une notre
diplomatique à la Syrie ?
HAKAN FIDAN : Peut-être est ce le rôle du ministère des affaires
étrangères d'assurer la coordination....
Troisième écran :
AHMET DAVUTOGLU : Je pense que je devrais coordonner la diplomatie,
mais la guerre civile, l'armée...
FERIDUN SINIRLOGLU : C'est de cela que je parlais. D'abord, la
situation est différente. Une opération dans l'état Islamique d'Irak
et du Levant est fondée sur des bases solides vis-à-vis du droit
international. Nous allons soutenir qu'il s'agit d'Al-Qaïda ; et il
n'y a pas de raison de s'inquiéter si cela concerne Al-Qaïda. Et
s'agissant de la défense de la tombe de Suleiman Shah, c'est un acte
de défense de notre territoire.
YASAR GULER : Nous n'avons sur ce point aucun problème.
HAKAN FIDAN : Ensuite, après que cela se soit produit, cela aura créé
de grands troubles intérieurs (plusieurs lchers de bombes sont
prévus). La frontière n'est pas sous contrôle...
FERIDUN SINIRLOGLU : Je pense aussi que des bombardements seront faits
assurément. Mais je me souviens de notre conversation il y a trois
ans...
YASAR GULER : M. Fidan devrait recevoir du soutien d'urgence et nous
devons l'aider à fournir des armes et des munitions aux rebelles. Il
faut que nous en parlions avec le Ministre. Notre Ministre de
l'intérieur, notre Ministre de la défense. Il faut que nous en
parlions et parvenions à une résolution, monsieur.
AHMET DAVUTOGLU : Comment avons-nous procédé pour mettre en action nos
forces spéciales lorsque des menaces venaient d'Irak du Nord ? Nous
avons dû faire de même là-bas aussi. Nous aurions dû préparer ces
hommes. Nous aurions dû envoyer des hommes. De toutes façons, il ne
nous est pas possible de le faire, nous ne pouvons faire que ce que la
diplomatie...
FERIDUN SINIRLOGLU : Je vous l'avais dit à cette époque, bon sang,
Général, vous savez comment nous avons fait pour envoyer des chars,
vous étiez sur place.
YASAR GULER : Quoi, vous voulez dire notre matériel ?
FERIDUN SINIRLOGLU : Oui, comment pensez-vous que je m'y suis pris
pour envoyer nos chars en Iraq ? Comment nous nous y sommes pris pour
y envoyer des forces spéciales, des bataillons ? J'étais impliqué dans
tout cela. Je vous le dis clairement, il n'y avait dans cette histoire
aucune décision de gouvernement, nous avons fait tout cela simplement
en donnant un ordre.
Quatrième écran
YASAR GULER : Bon, d'accord. Sachez d'abord qu'il n'y a de ma part
aucune discussion. Mais il y a des choses que la Syrie peut faire dès
à présent.
AHMET DAVUTOGLU : Général, la raison pour laquelle nous disons non à
cette opération c'est que nous savons ce dont ces hommes sont
capables.
YASAR GULER : Regardez, Monsieur, MKE (Mechanical and Chemical
Industry Corporation, Société d'industries Mécaniques et Chimiques) ne
figure- t-elle pas parmi les fournisseurs du ministre ? Je veux dire,
Monsieur, que le Qatar recherche des fournisseurs de munitions payés
cash. En espèces. Alors pourquoi ne pas leur donner ce qu'ils
attendent ? Cela ne dépend que du ministre.
AHMET DAVUTOGLU : Mais le problème est que nous ne pouvons pas agir de
façon intégrée. Nous ne pouvons pas coordonner.
YASAR GULER : Dans ce cas, notre Premier ministre peut convoquer en
même temps le Ministre de la défense et M. le Ministre. Il pourra
ainsi leur parler directement.
AHMET DAVUTOGLU :: M. Siniroglu, vous et moi avons littéralement prié
M ; le Premier ministre pour une réunion privée, disant que les choses
ne paraissaient pas brillantes.
YASAR GULER : Il n'y a pas besoin non plus d'une grande réunion.
Vous-même, M. le Ministre de la défense, M. le Ministre de
l'intérieur, et notre chef de cabinet, vous quatre, nous serons assez.
Il n'y a pas besoin d'être nombreux. Parce que voyez-vous, M. le
Ministre, ce qui est principalement nécessaire ici, ce sont des armes
et des munitions. Même pas d'armes, principalement des munitions. Nous
venons d'en parler, Monsieur. Disons que nous allons organiser une
armée là-bas ; forte de 1 000 hommes. Si nous les engageons dans cette
guerre sans au préalable constituer une réserve de munitions pour un
minimum de six mois, ils seront de retour après deux mois.
AHMET DAVUTOGLU : Ils le sont déjà, de retour.
YASAR GULER : Ils seront de retour vers nous, Monsieur.
AHMET DAVUTOGLU : Ils sont revenus de... d'où était-ce ? Cobanbey.
YASAR GULER : Oui c'est cela, Monsieur. Ce problème ne peut pas être
mis à la charge du seul M. Fidan comme c'est actuellement le cas.
C'est inacceptable. Je veux dire, c'est incompréhensible. Je veux
dire, je ne peux comprendre cela. Pourquoi ?
Sixième écran
AHMET DAVUTOGLU : Ce soir là, nous sommes parvenus à une résolution.
Et je pensais que les choses prenaient une tournure favorable.
Notre...
FERIDUN SINIRLOGLU : Nous avons pris le jour suivant la résolution MGK
(National Security Council, Conseil de Sécurité Nationale) . Nous
avons ensuite parlé avec le Général...
AHMET DAVUTOGLU : Et les autres forces font vraiment un bon suivi de
ce qui a été une faiblesse de notre part. Vous dites que vous allez
capturer cette place, et que les hommes qui s'y trouvent constituent
un facteur de risque. Vous les retirez. Vous prenez la place. Vous y
envoyez des renforts et y envoyez à nouveau vos troupes.
YASAR GULER : Exactement, Monsieur. Vous avez absolument raison.
AHMET DAVUTOGLU : Raison ? C'est comme cela que je l'interprète. Mais
après l'évacuation, il ne s'agit plus de nécessité militaire. C'est
une toute autre histoire.
FERIDUN SINIRLOGLU : Il y a quelques changements importants dans la
géopolitique mondiale et régionale. Cela peut se répandre en d'autres
régions. Vous l'avez dit vous-même aujourd'hui, et certains en ont été
d'accord... Nous sommes engagés à présent dans un jeu différent. Il
faut bien le voir. Cet État Islamique d'Iraq et du Levant et tout ça,
toutes ces organisations sont extrêmement ouvertes à toutes sortes de
manipulations. Avoir une région formée d'organisations de nature
similaire constituera pour nous un risque vital. Et lorsque nous
sommes allés la première fois en Iraq du nord, le risque était
permanent de voir le PKK investir la place. Si nous examinons à fond
les risques et les conséquences ...comme vient de le dire le
Général......
YASAR GULER : Monsieur, vous trouvant ici il y a quelques temps, nous
avons dicuté ce même sujet. De façon ouverte. Je pense, les forces
armées sont un " outil " qui vous est nécessaire en toutes occasions,
AHMET DAVUTOGLU : C'est sûr. Je dis toujours au Premier ministre, en
votre absence, la même chose en termes académiques, vous ne pouvez pas
vous maintenir dans ces territoires sans une force puissante. Sans
force puissante, il ne saurait y avoir de puissance faible.
(Photo Reuters/ Mahmoud Hebdo) :
Des civils inspectent un site frappé, d'après ce que disent des
militants, par des bombes à fragmentation lchées par les forces
loyalistes au président de la Syrie Bachar el-Assad dans le district
de Karam Homad à Alep le 26 mars 2014.
YASAR GULER : Monsieur...
FERIDUN SINIRLOGLU : La sécurité nationale a été politisée. Je ne me
souviens pas d'une chose pareille dans toute l'histoire politique
turque. C'est devenu une affaire de politique intérieure. Toutes les
discussions que nous avons eues sur la défense de notre territoire, la
sécurité des frontières, la souveraineté sur nos terres ici, toutes se
réduisent à des sujets ordinaires de politique intérieure secondaire.
YASAR GULER : Exactement
FERIDUN SINIRLOGLU : Cela n'arrivait jamais avant. C'est malheureux mais...
YASAR GULER : Je veux dire, se trouve-t-il quelqu'un dans l'opposition
qui vous soutienne sur des points aussi importants que la sécurité
nationale ? Monsieur, cela est-il digne de la sécurité nationale ?
FERIDUN SINIRLOGLU : Je ne me rappelle même pas de telles époques.
YASAR GULER : Sur quel sujet peut-on s'unir, si ce n'est sur les
questions aussi importantes que la sécurité nationale/ ? Aucun.
AHMET DAVUTOGLU : En 2012. Ce n'était pas le cas en 2011. Si seulement
nous avions pris des mesures sérieuses à ce moment-là, même à l'été
2012.
FERIDUN SINIRLOGLU : Les choses étaient au plus bas en 2012.
AHMET DAVUTOGLU : A l'intérieur, nous étions tout comme la Libye. Ceux
qui arrivaient au pouvoir ou en sortaient n'a pas d'importance pour
nous. Mais certaines choses...
YASAR GULER : Monsieur, pour éviter toute ambiguïté, ce dont nous
avions besoin en 2011, c'étaient des armes et des munitions, En 2012,
2013 et aujourd'hui, c'est pareil. Nous en sommes exactement au même
point. Nous avons absolument besoin d'y arriver et de renforcer ce
point.
AHMET DAVUTOGLU : Armes et munitions ne sont pas d'une grande utilité
sur ce point. Parce qu'il n'est pas possible de raisonner le facteur
humain...
Traduit de l'anglais par Gilbert Béguian pour Armenews.com
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samedi 29 mars 2014,
Jean Eckian (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=98542