20 Minutes, France
25 avril 2014
Condoléances turques: la communauté arménienne de France «pas dupe»
Mis à jour le 24.04.14 à 20h10
Les membres de la communauté arménienne de France, à l'image du
chanteur Charles Aznavour, ont dénoncé jeudi les «condoléances» de
l'Etat turc aux petits-enfants des Arméniens massacrés en 1915, y
voyant non la reconnaissance du génocide mais de la «condescendance»
ou «un piège».
Des cérémonies étaient organisées dans plusieurs villes pour
commémorer le début des massacres le 24 avril 1915, en présence du
président François Hollande à Paris.
Pour Charles Aznavour, les «condoléances» présentées mercredi par le
Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan ne valent pas
reconnaissance du génocide et «encore moins» excuses. Il faut y lire
«une simple volonté personnelle de se montrer un homme politique
prétendument +ouvert+».
Le Conseil de coordination des organisations arméniennes de France
(CCAF) dénonce une «opération de communication» pour éviter d'avoir à
reconnaître le génocide, terme que l'Etat turc se refuse toujours à
employer. «On ne présente pas des condoléances 99 ans ans après un
génocide», souligne Mourad Papazian, co-président du CCAF.
A Lyon où vit une importante communauté, après une cérémonie
religieuse, entre 1.000 et 2.000 personnes ont défilé dans le
centre-ville vers le Mémorial du génocide, derrière une banderole
réclamant «justice pour le peuple arménien». Dans le cortège, beaucoup
de jeunes criaient «Turquie assassin».
Georges Képénékian, premier adjoint au maire Gérard Collomb, estime
qu'il ne faut pas «qu'un mot remplace un autre»: «la grandeur d'un
Etat, c'est assumer son histoire et permettre aux victimes de trouver
la sérénité».
Ses parents arméniens avaient fui l'empire ottoman avant leur arrivée
en France en 1921-22. Evoquant «Willy Brandt, chancelier de la
République fédérale d'Allemagne, qui s'était agenouillé devant le
mémorial du ghetto de Varsovie en 1970», l'élu fait le rêve d'un geste
similaire d'Erdogan dans le désert de Mésopotamie.
- 'Le mot qui manque' -
«Ils pourraient prendre part à leur responsabilité plutôt que prendre
part à notre souffrance !», critique un porte-parole du Centre
National de la Mémoire Arménienne inauguré récemment à Décines
(Rhône), Daniel Meguerditchian, qualifiant le geste d'Erdogan de
«condescendant».
Vartan Balian, petit-fils de survivants du génocide, se sent
«insulté»: «Imaginez des +condoléances+ des Allemands en 2044 après un
siècle de négationnisme, voilà ce que ressentent les Arméniens
aujourd'hui», dit-il, ajoutant qu'ils «ne sont pas dupes de ces
fausses repentances».
A Strasbourg, une trentaine d'Arméniens se sont rassemblés au
centre-ville, brandissant des pancartes accusant la Turquie de «nier»
le génocide. «Ce qu'a dit (M. Erdogan) ne suffit pas. Il a voulu
calmer le jeu juste avant les 100 ans», jugeait Hamlet Housepian, tout
en reconnaissant «une avancée». «Pour nous, c'est un piège, il n'a pas
prononcé le mot génocide. C'est le mot qui manque», lançait Artur
Boghosyan, un lycéen.
A Rennes, une centaine de personnes se sont rassemblées devant la
mairie. Pour Vigen Arakelyan, responsable de la communauté locale,
l'initiative d'Erdogan «ne compte pas beaucoup. Parce qu'il n'a pas
utilisé le mot génocide».
A Marseille, 1.300 personnes selon la police ont manifesté dans le
calme devant le consultat de Turquie. Vartan Arzoumanian, porte-parole
de l'Association pour la recherche et l'archivage de la mémoire
arménienne, parle d'une «stratégie de diversion» destinée à «brouiller
les cartes», tout en s'inquiétant de la commission d'historiens
évoquée par Erdogan, «alors que ce génocide ne fait aucun doute».
L'association «Nouvelle Génération Arménienne» en France crie enfin à
la «stratégie négationniste»: «Le Premier ministre parle de +période
difficile+, de +nécessité de compassion mutuelle entre Arméniens et
Turcs+, comme si les Arméniens avaient eux aussi leur part de
responsabilité».
«C'est la première fois depuis 99 ans que la Turquie présente des
condoléances aux descendants des victimes. Il s'agit donc d'un pas sur
le chemin de la reconnaissance», a estimé de son côté Patrick
Devedjian, député UMP issu d'une famille arménienne. Pour lui, M.
Erdogan, contraint à une évolution par l'opinion turque et mondiale,
«essaye de noyer le poisson» en reconnaissant le drame sans le
qualifier.
http://www.20minutes.fr/ledirect/1360109/20140424-condoleances-turques-communaute-armenienne-france-pas-dupe
25 avril 2014
Condoléances turques: la communauté arménienne de France «pas dupe»
Mis à jour le 24.04.14 à 20h10
Les membres de la communauté arménienne de France, à l'image du
chanteur Charles Aznavour, ont dénoncé jeudi les «condoléances» de
l'Etat turc aux petits-enfants des Arméniens massacrés en 1915, y
voyant non la reconnaissance du génocide mais de la «condescendance»
ou «un piège».
Des cérémonies étaient organisées dans plusieurs villes pour
commémorer le début des massacres le 24 avril 1915, en présence du
président François Hollande à Paris.
Pour Charles Aznavour, les «condoléances» présentées mercredi par le
Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan ne valent pas
reconnaissance du génocide et «encore moins» excuses. Il faut y lire
«une simple volonté personnelle de se montrer un homme politique
prétendument +ouvert+».
Le Conseil de coordination des organisations arméniennes de France
(CCAF) dénonce une «opération de communication» pour éviter d'avoir à
reconnaître le génocide, terme que l'Etat turc se refuse toujours à
employer. «On ne présente pas des condoléances 99 ans ans après un
génocide», souligne Mourad Papazian, co-président du CCAF.
A Lyon où vit une importante communauté, après une cérémonie
religieuse, entre 1.000 et 2.000 personnes ont défilé dans le
centre-ville vers le Mémorial du génocide, derrière une banderole
réclamant «justice pour le peuple arménien». Dans le cortège, beaucoup
de jeunes criaient «Turquie assassin».
Georges Képénékian, premier adjoint au maire Gérard Collomb, estime
qu'il ne faut pas «qu'un mot remplace un autre»: «la grandeur d'un
Etat, c'est assumer son histoire et permettre aux victimes de trouver
la sérénité».
Ses parents arméniens avaient fui l'empire ottoman avant leur arrivée
en France en 1921-22. Evoquant «Willy Brandt, chancelier de la
République fédérale d'Allemagne, qui s'était agenouillé devant le
mémorial du ghetto de Varsovie en 1970», l'élu fait le rêve d'un geste
similaire d'Erdogan dans le désert de Mésopotamie.
- 'Le mot qui manque' -
«Ils pourraient prendre part à leur responsabilité plutôt que prendre
part à notre souffrance !», critique un porte-parole du Centre
National de la Mémoire Arménienne inauguré récemment à Décines
(Rhône), Daniel Meguerditchian, qualifiant le geste d'Erdogan de
«condescendant».
Vartan Balian, petit-fils de survivants du génocide, se sent
«insulté»: «Imaginez des +condoléances+ des Allemands en 2044 après un
siècle de négationnisme, voilà ce que ressentent les Arméniens
aujourd'hui», dit-il, ajoutant qu'ils «ne sont pas dupes de ces
fausses repentances».
A Strasbourg, une trentaine d'Arméniens se sont rassemblés au
centre-ville, brandissant des pancartes accusant la Turquie de «nier»
le génocide. «Ce qu'a dit (M. Erdogan) ne suffit pas. Il a voulu
calmer le jeu juste avant les 100 ans», jugeait Hamlet Housepian, tout
en reconnaissant «une avancée». «Pour nous, c'est un piège, il n'a pas
prononcé le mot génocide. C'est le mot qui manque», lançait Artur
Boghosyan, un lycéen.
A Rennes, une centaine de personnes se sont rassemblées devant la
mairie. Pour Vigen Arakelyan, responsable de la communauté locale,
l'initiative d'Erdogan «ne compte pas beaucoup. Parce qu'il n'a pas
utilisé le mot génocide».
A Marseille, 1.300 personnes selon la police ont manifesté dans le
calme devant le consultat de Turquie. Vartan Arzoumanian, porte-parole
de l'Association pour la recherche et l'archivage de la mémoire
arménienne, parle d'une «stratégie de diversion» destinée à «brouiller
les cartes», tout en s'inquiétant de la commission d'historiens
évoquée par Erdogan, «alors que ce génocide ne fait aucun doute».
L'association «Nouvelle Génération Arménienne» en France crie enfin à
la «stratégie négationniste»: «Le Premier ministre parle de +période
difficile+, de +nécessité de compassion mutuelle entre Arméniens et
Turcs+, comme si les Arméniens avaient eux aussi leur part de
responsabilité».
«C'est la première fois depuis 99 ans que la Turquie présente des
condoléances aux descendants des victimes. Il s'agit donc d'un pas sur
le chemin de la reconnaissance», a estimé de son côté Patrick
Devedjian, député UMP issu d'une famille arménienne. Pour lui, M.
Erdogan, contraint à une évolution par l'opinion turque et mondiale,
«essaye de noyer le poisson» en reconnaissant le drame sans le
qualifier.
http://www.20minutes.fr/ledirect/1360109/20140424-condoleances-turques-communaute-armenienne-france-pas-dupe