La Tribune de Geneve, Suisse
25 avril 2014 vendredi
Génocide arménien et réveil turc
Chardonnens; Pignat
Première historique ou piège cynique? Percée ou posture? Force est de
constater que les «condoléances» offertes mercredi par le premier
ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, aux descendants des Arméniens
morts en masse dans l'ancien Empire ottoman entre avril 1915 et
juillet 1916 n'ont guère convaincu cette diaspora, l'une des plus
dispersées au monde. Il faut dire que le chef du gouvernement
islamoconservateur s'est bien gardé de prononcer le terme de
«génocide» et qu'il a inscrit ces événements aux «conséquences
inhumaines» parmi d'autres drames de la Première Guerre mondiale,
proposant par ailleurs de créer une commission d'historiens pour
établir les faits comme si aucun travail de recherche sérieux n'avait
été mené durant les dernières décennies.
On ne peut que comprendre la méfiance de la diaspora arménienne. Le
premier ministre cherche visiblement à désamorcer les pressions
internationales qui s'annoncent pour 2015, à l'occasion du centenaire
des atrocités commises contre le peuple arménien. Par la même
occasion, Recep Tayyip Erdogan tente également de redorer son image
sur le plan international mais aussi en Turquie. Même si les élections
ont à nouveau offert une belle victoire à son parti, ces derniers mois
de scandales à répétition et la répression de la contestation l'an
dernier ont laissé des traces. Enfin, le chef du gouvernement doit
prendre un certain plaisir à condamner les agissements des Jeunes-
Turcs, fondateurs d'une Turquie laïque garantie par l'armée.
Il n'empêche: le pays est en pleine mutation et il n'est pas anodin
qu'un premier ministre turc fasse une telle déclaration, pour la toute
première fois, à la veille du 24 avril, la date retenue par les
Arméniens pour commémorer le génocide. Quelles que soient les
motivations réelles du pouvoir politique, celui-là semble bel et bien
devoir s'adapter à une lame de fond. Et à la surface, tenter de surfer
sur la vague. Page 7
25 avril 2014 vendredi
Génocide arménien et réveil turc
Chardonnens; Pignat
Première historique ou piège cynique? Percée ou posture? Force est de
constater que les «condoléances» offertes mercredi par le premier
ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, aux descendants des Arméniens
morts en masse dans l'ancien Empire ottoman entre avril 1915 et
juillet 1916 n'ont guère convaincu cette diaspora, l'une des plus
dispersées au monde. Il faut dire que le chef du gouvernement
islamoconservateur s'est bien gardé de prononcer le terme de
«génocide» et qu'il a inscrit ces événements aux «conséquences
inhumaines» parmi d'autres drames de la Première Guerre mondiale,
proposant par ailleurs de créer une commission d'historiens pour
établir les faits comme si aucun travail de recherche sérieux n'avait
été mené durant les dernières décennies.
On ne peut que comprendre la méfiance de la diaspora arménienne. Le
premier ministre cherche visiblement à désamorcer les pressions
internationales qui s'annoncent pour 2015, à l'occasion du centenaire
des atrocités commises contre le peuple arménien. Par la même
occasion, Recep Tayyip Erdogan tente également de redorer son image
sur le plan international mais aussi en Turquie. Même si les élections
ont à nouveau offert une belle victoire à son parti, ces derniers mois
de scandales à répétition et la répression de la contestation l'an
dernier ont laissé des traces. Enfin, le chef du gouvernement doit
prendre un certain plaisir à condamner les agissements des Jeunes-
Turcs, fondateurs d'une Turquie laïque garantie par l'armée.
Il n'empêche: le pays est en pleine mutation et il n'est pas anodin
qu'un premier ministre turc fasse une telle déclaration, pour la toute
première fois, à la veille du 24 avril, la date retenue par les
Arméniens pour commémorer le génocide. Quelles que soient les
motivations réelles du pouvoir politique, celui-là semble bel et bien
devoir s'adapter à une lame de fond. Et à la surface, tenter de surfer
sur la vague. Page 7