Le Figaro , France
Jeudi 24 Avril 2014
Ankara présente ses condoléances aux Arméniens
par Marchand, Laure
TURQUIE Le premier ministre turc s'est adressé de façon inattendue aux
descendants des Arméniens tués au cours de la Première Guerre mondiale
par les forces ottomanes. Évoquant des « événements qui ont eu des
conséquences inhumaines », Recep Tayyip Erdogan a déclaré : « Nous
présentons nos condoléances à leurs petits-enfants. » Le ton
compatissant de son communiqué rompt avec le négationnisme
traditionnel de l'État turc, qui refuse de reconnaître les massacres
et les déportations de centaines de milliers d'Arméniens en 1915-1916,
ordonnés par le pouvoir jeune-turc, comme étant un génocide. Rendu
public à la veille du 24 avril, jour de commémoration du génocide dans
le monde, et à l'approche du centenaire de 2015, ce texte est critiqué
pour son manque d'envergure et son opportunisme.Erdogan ne formule pas
d'excuses et ne désigne pas la responsabilité de l'Empire ottoman pour
ces tueries généralisées, estiment de nombreux intellectuels turcs qui
se battent pour la reconnaissance du génocide par l'État.
« Quatre-vingt-dix-neuf ans après les faits, nous ne pouvons pas nous
contenter d'une telle déclaration qui ressort une vieille thèse qui
déplore des morts des deux côtés », estime Cengiz Aktar, un des
initiateurs d'une pétition d'excuses à l'attention des Arméniens en
2008. Le texte évoque une « peine partagée » et décrit la « fin de
l'Empire ottoman » comme une période « difficile » pour « les millions
de citoyens ottomans, turcs, kurdes, arabes, arméniens et autres,
quelles que soient leur religion ou leur origine ethnique ». « Il faut
être naïf pour croire que la reconnaissance du génocide est pour
demain, on en est très loin », poursuit Cengiz Aktar. Le tabou du
génocide est tombé en Turquie. Jeudi, une commémoration organisée par
les associations turques des droits de l'homme et la communauté
arménienne doit se tenir place Taksim, à Istanbul.
Compte à rebours
La première avait eu lieu en 2010. Cette année, Ankara est encore sous
pression. Ce 24 avril lance le compte à rebours d'une campagne dans le
monde entier jusqu'au 24 avril 2015. Pendant un an, les Arméniens de
la diaspora et Erevan vont multiplier les démarches auprès des
institutions internationales et des gouvernements pour faire pression
sur Ankara. « Avec ces condoléances, le gouvernement espère amoindrir
le choc de cette mobilisation pour le centenaire », explique Kadri
Gürsel, analyste en relations internationales. D'autant que l'image de
la Turquie s'est dégradée avec la répression de la révolte
antigouvernementale au printemps dernier et les accusations de
corruption qui touchent le premier ministre. « Ankara se retrouve
solitaire, ajoute-t-il. Mais une démarche de mémoire sincère doit
commencer par une normalisation des relations entre la Turquie et
l'Arménie. Et c'est M. Erdogan qui a torpillé le processus (en 2010,
NDLR). »
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
Jeudi 24 Avril 2014
Ankara présente ses condoléances aux Arméniens
par Marchand, Laure
TURQUIE Le premier ministre turc s'est adressé de façon inattendue aux
descendants des Arméniens tués au cours de la Première Guerre mondiale
par les forces ottomanes. Évoquant des « événements qui ont eu des
conséquences inhumaines », Recep Tayyip Erdogan a déclaré : « Nous
présentons nos condoléances à leurs petits-enfants. » Le ton
compatissant de son communiqué rompt avec le négationnisme
traditionnel de l'État turc, qui refuse de reconnaître les massacres
et les déportations de centaines de milliers d'Arméniens en 1915-1916,
ordonnés par le pouvoir jeune-turc, comme étant un génocide. Rendu
public à la veille du 24 avril, jour de commémoration du génocide dans
le monde, et à l'approche du centenaire de 2015, ce texte est critiqué
pour son manque d'envergure et son opportunisme.Erdogan ne formule pas
d'excuses et ne désigne pas la responsabilité de l'Empire ottoman pour
ces tueries généralisées, estiment de nombreux intellectuels turcs qui
se battent pour la reconnaissance du génocide par l'État.
« Quatre-vingt-dix-neuf ans après les faits, nous ne pouvons pas nous
contenter d'une telle déclaration qui ressort une vieille thèse qui
déplore des morts des deux côtés », estime Cengiz Aktar, un des
initiateurs d'une pétition d'excuses à l'attention des Arméniens en
2008. Le texte évoque une « peine partagée » et décrit la « fin de
l'Empire ottoman » comme une période « difficile » pour « les millions
de citoyens ottomans, turcs, kurdes, arabes, arméniens et autres,
quelles que soient leur religion ou leur origine ethnique ». « Il faut
être naïf pour croire que la reconnaissance du génocide est pour
demain, on en est très loin », poursuit Cengiz Aktar. Le tabou du
génocide est tombé en Turquie. Jeudi, une commémoration organisée par
les associations turques des droits de l'homme et la communauté
arménienne doit se tenir place Taksim, à Istanbul.
Compte à rebours
La première avait eu lieu en 2010. Cette année, Ankara est encore sous
pression. Ce 24 avril lance le compte à rebours d'une campagne dans le
monde entier jusqu'au 24 avril 2015. Pendant un an, les Arméniens de
la diaspora et Erevan vont multiplier les démarches auprès des
institutions internationales et des gouvernements pour faire pression
sur Ankara. « Avec ces condoléances, le gouvernement espère amoindrir
le choc de cette mobilisation pour le centenaire », explique Kadri
Gürsel, analyste en relations internationales. D'autant que l'image de
la Turquie s'est dégradée avec la répression de la révolte
antigouvernementale au printemps dernier et les accusations de
corruption qui touchent le premier ministre. « Ankara se retrouve
solitaire, ajoute-t-il. Mais une démarche de mémoire sincère doit
commencer par une normalisation des relations entre la Turquie et
l'Arménie. Et c'est M. Erdogan qui a torpillé le processus (en 2010,
NDLR). »
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress