En Réponse à Erdogan
Cent ans de solitude pour un jour de colère par Denis Donikian
Cent ans de Solitude pour un Jour de Colère
Par Denis Donikian
Je dédie cet article à Moustapha agha Aziz oglou, Maire de Malatia en 1915
En politique, celui qui croit toucher les cÅ`urs peut les révulser.
Avec ses subtiles et tardives condoléances à l'adresse des «
petits-enfants des Arméniens tués en 1915 », Recep TayyipErdogan,
Premier ministre turc, vient de siffler le début du match qui opposera
les commémorations du génocide de 1915 au négationnisme turc. Les
Arméniens du monde entier savent désormais que leur deuil sera un
combat contre l'amnésie génocidaire. Car leur deuil, loin d'être un
abattement de l'me arménienne, revêtira tous les aspects d'une guerre
mémorielle menée contre la kémalisation par laquelle tous les
gouvernements turcs confondus ont enkysté leur peuple depuis un siècle
sur la question arménienne.
Or, contre le mensonge de l'Etat négationniste, il ne faudra pas
s'attendre à une simple levée de boucliers. Ces boucliers sont levés
depuis déjà cinquante ans et même davantage. Non, il faudra s'attendre
à un véritable déferlement de la colère mondiale, arménienne et
humaniste. Ce que Monsieur Erdogan ne sait pas, c'est que chaque
Arménien né en diaspora voudra jouer sa part de vérité dans cet Hymne
à la Justice qui animera les nations et assiègera le pays qui s'entête
dans ses bottes d'accusé. Car « tous les petits-enfants des Arméniens
tués en 1915 » voudront rendre hommage à leurs grands-parents contre
le crime sans nom ni criminel où la turcité erdoganesque veut les
confiner. Il en est qui se préparent déjà depuis des années, qui
fourbissent leur indignation pour la rendre plus éclatante que jamais.
Chacun de ces petits-enfants ne voudra pas rater ça, faire du
mouvement, donner de la voix, montrer, argumenter. Donner la parole
aux morts dont on a défoncé la bouche. Et contre ÇA, personne ne
saurait faire barrage. On pourra contre manifester, crier à la
supercherie. En vain. La tempête est déjà en route. Elle sera légion
et contagieuse. Les indifférents seront touchés. Les contaminés de la
propagande turque se réveilleront tels qu'en eux-mêmes fleurira leur
conscience. La jeunesse turque ouvrira les yeux et le cÅ`ur. C'est
humain. C'est mathématique. Déjà chaque Arménien se tient fermement
dans les starting-blocks pour grossir la vague anti-négationniste dont
seront témoins toutes les nations du monde. J'en connais et des
meilleurs. Car le génocide turc a pourvu le monde entier de
petits-enfants d'Arméniens tués en 1915. Des petits-enfants qui y
pensent chaque jour. Et qui chaque jour ajoutent au précédent une
idée, une force, un désir de justice.
Déjà avec la saillie de ses condoléances, Erdogan les a agacés, ces
petits-enfants arméniens. Ceux qui dormaient fort se sont même
redressés. Ceux qui s'assimilaient se sont brutalement décillés. Ils
ont ouvert les yeux et ils ont ouvert leur gueule. Erdogan ne pouvait
pas mieux faire pour siffler le début du match. Il croyait abattre les
Arméniens comme des mouches d'un revers de main faussement
compassionnel. Mais non. Il croyait que la mort des Arméniens en 1915
avait rendu amorphes leurs petits-enfants. Non encore. Il les a
poussés au commentaire indigné comme si les morts parlaient encore en
leur bouche. Du plus réactif des petits-enfants comme Michel, Dzovinar
ou Antranik au plus actif comme Manoug, Osman, Ayse, du plus comique
comme Madénian au plus connu comme Aznavour. Des commémorations comme
on n'en aura jamais vues, partout dans le monde mais aussi en Turquie
même. Des commémorations telles que le croissant de lune en tremblera
dans son propre lit de sang. Et il va les recevoir en plein dans ses
condoléances, Erdogan. Que même s'il se fourrait du lokum dans les
esgourdes, ça va passer très fort et très dur. Ça lui fera des otites
et des acouphènes à vie.
Car oui, contre ÇA, la Turquie ne pourra rien. Rien pour maintenir
contre ÇA cette bassesse de l'histoire qu'elle perpétue bassement.
Incapable qu'elle sera de lancer ses tchétés contre les défilés qui
lui jetteront sa honte à la figure. Sans même la possibilité cette
fois de rafler de nuit les intellectuels arméniens, ni ceux qui
fraterniseront avec eux, pour les faire taire par l'exil, le chantage
ou la mort. Ses soldats n'arriveront pas à fusiller les hommes
valides, ni à torturer les prêtres, ni à noyer les enfants, ni à les
brûler dans les églises pour éteindre leurs cris. Tous auront l'me en
feu et la parole libre, la parole vivante, la parole européenne pour
dire à Monsieur Erdogan que ces Arméniens tués en 1915 l'ont été par
les vôtres hier et le sont encore par vous-même aujourd'hui.
Les commémorations liées à la bataille des Dardanelles le 25 avril ne
parviendront même pas à étouffer ces voix multiples et mondiales. Au
contraire, elles mettront davantage en lumière le trou béant qui
déchire une histoire de barbaries que la Turquie n'ose pas regarder en
face. On le sait bien pourquoi. Dans ce trou noir qui a pour nom
Frendjelar, Dara, Kharpout et autres, où sèche le sang des Arméniens
tués en 1915, mais aussi des Grecs et Assyro-Chaldéens, la Turquie
pourrait être entraînée tout entière, coupable d'avoir manipulé son
peuple durant cent années.
Grce à Dieu, pour éviter ce genre de gouffre, les pays qui ont
mauvais genre ressortent de leurs placards une bonne commémoration
pour redonner au peuple l'estime de soi. Cela se comprend. Celle des
Dardanelles se fera pour que la fierté d'être turc soit sauve et
échappe à l'opprobre que les commémorations arméniennes feront peser
sur la turcité. Mais ce sera du pur thétre, pas de la douleur
humaine. Ce sera une commémoration de carton, pas une commémoration
humaniste. Et aux yeux du monde la Turquie telle que la rêve Erdogan
en sortira plus amoindrie que jamais. Car il n'y a pas d'autre issue Ã
la fierté d'être turc que de reconnaître la déraison qui est Ã
l'origine de la douleur arménienne.
Lire la suite, voir lien plus bas
vendredi 2 mai 2014,
Jean Eckian ©armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=99554
Cent ans de solitude pour un jour de colère par Denis Donikian
Cent ans de Solitude pour un Jour de Colère
Par Denis Donikian
Je dédie cet article à Moustapha agha Aziz oglou, Maire de Malatia en 1915
En politique, celui qui croit toucher les cÅ`urs peut les révulser.
Avec ses subtiles et tardives condoléances à l'adresse des «
petits-enfants des Arméniens tués en 1915 », Recep TayyipErdogan,
Premier ministre turc, vient de siffler le début du match qui opposera
les commémorations du génocide de 1915 au négationnisme turc. Les
Arméniens du monde entier savent désormais que leur deuil sera un
combat contre l'amnésie génocidaire. Car leur deuil, loin d'être un
abattement de l'me arménienne, revêtira tous les aspects d'une guerre
mémorielle menée contre la kémalisation par laquelle tous les
gouvernements turcs confondus ont enkysté leur peuple depuis un siècle
sur la question arménienne.
Or, contre le mensonge de l'Etat négationniste, il ne faudra pas
s'attendre à une simple levée de boucliers. Ces boucliers sont levés
depuis déjà cinquante ans et même davantage. Non, il faudra s'attendre
à un véritable déferlement de la colère mondiale, arménienne et
humaniste. Ce que Monsieur Erdogan ne sait pas, c'est que chaque
Arménien né en diaspora voudra jouer sa part de vérité dans cet Hymne
à la Justice qui animera les nations et assiègera le pays qui s'entête
dans ses bottes d'accusé. Car « tous les petits-enfants des Arméniens
tués en 1915 » voudront rendre hommage à leurs grands-parents contre
le crime sans nom ni criminel où la turcité erdoganesque veut les
confiner. Il en est qui se préparent déjà depuis des années, qui
fourbissent leur indignation pour la rendre plus éclatante que jamais.
Chacun de ces petits-enfants ne voudra pas rater ça, faire du
mouvement, donner de la voix, montrer, argumenter. Donner la parole
aux morts dont on a défoncé la bouche. Et contre ÇA, personne ne
saurait faire barrage. On pourra contre manifester, crier à la
supercherie. En vain. La tempête est déjà en route. Elle sera légion
et contagieuse. Les indifférents seront touchés. Les contaminés de la
propagande turque se réveilleront tels qu'en eux-mêmes fleurira leur
conscience. La jeunesse turque ouvrira les yeux et le cÅ`ur. C'est
humain. C'est mathématique. Déjà chaque Arménien se tient fermement
dans les starting-blocks pour grossir la vague anti-négationniste dont
seront témoins toutes les nations du monde. J'en connais et des
meilleurs. Car le génocide turc a pourvu le monde entier de
petits-enfants d'Arméniens tués en 1915. Des petits-enfants qui y
pensent chaque jour. Et qui chaque jour ajoutent au précédent une
idée, une force, un désir de justice.
Déjà avec la saillie de ses condoléances, Erdogan les a agacés, ces
petits-enfants arméniens. Ceux qui dormaient fort se sont même
redressés. Ceux qui s'assimilaient se sont brutalement décillés. Ils
ont ouvert les yeux et ils ont ouvert leur gueule. Erdogan ne pouvait
pas mieux faire pour siffler le début du match. Il croyait abattre les
Arméniens comme des mouches d'un revers de main faussement
compassionnel. Mais non. Il croyait que la mort des Arméniens en 1915
avait rendu amorphes leurs petits-enfants. Non encore. Il les a
poussés au commentaire indigné comme si les morts parlaient encore en
leur bouche. Du plus réactif des petits-enfants comme Michel, Dzovinar
ou Antranik au plus actif comme Manoug, Osman, Ayse, du plus comique
comme Madénian au plus connu comme Aznavour. Des commémorations comme
on n'en aura jamais vues, partout dans le monde mais aussi en Turquie
même. Des commémorations telles que le croissant de lune en tremblera
dans son propre lit de sang. Et il va les recevoir en plein dans ses
condoléances, Erdogan. Que même s'il se fourrait du lokum dans les
esgourdes, ça va passer très fort et très dur. Ça lui fera des otites
et des acouphènes à vie.
Car oui, contre ÇA, la Turquie ne pourra rien. Rien pour maintenir
contre ÇA cette bassesse de l'histoire qu'elle perpétue bassement.
Incapable qu'elle sera de lancer ses tchétés contre les défilés qui
lui jetteront sa honte à la figure. Sans même la possibilité cette
fois de rafler de nuit les intellectuels arméniens, ni ceux qui
fraterniseront avec eux, pour les faire taire par l'exil, le chantage
ou la mort. Ses soldats n'arriveront pas à fusiller les hommes
valides, ni à torturer les prêtres, ni à noyer les enfants, ni à les
brûler dans les églises pour éteindre leurs cris. Tous auront l'me en
feu et la parole libre, la parole vivante, la parole européenne pour
dire à Monsieur Erdogan que ces Arméniens tués en 1915 l'ont été par
les vôtres hier et le sont encore par vous-même aujourd'hui.
Les commémorations liées à la bataille des Dardanelles le 25 avril ne
parviendront même pas à étouffer ces voix multiples et mondiales. Au
contraire, elles mettront davantage en lumière le trou béant qui
déchire une histoire de barbaries que la Turquie n'ose pas regarder en
face. On le sait bien pourquoi. Dans ce trou noir qui a pour nom
Frendjelar, Dara, Kharpout et autres, où sèche le sang des Arméniens
tués en 1915, mais aussi des Grecs et Assyro-Chaldéens, la Turquie
pourrait être entraînée tout entière, coupable d'avoir manipulé son
peuple durant cent années.
Grce à Dieu, pour éviter ce genre de gouffre, les pays qui ont
mauvais genre ressortent de leurs placards une bonne commémoration
pour redonner au peuple l'estime de soi. Cela se comprend. Celle des
Dardanelles se fera pour que la fierté d'être turc soit sauve et
échappe à l'opprobre que les commémorations arméniennes feront peser
sur la turcité. Mais ce sera du pur thétre, pas de la douleur
humaine. Ce sera une commémoration de carton, pas une commémoration
humaniste. Et aux yeux du monde la Turquie telle que la rêve Erdogan
en sortira plus amoindrie que jamais. Car il n'y a pas d'autre issue Ã
la fierté d'être turc que de reconnaître la déraison qui est Ã
l'origine de la douleur arménienne.
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vendredi 2 mai 2014,
Jean Eckian ©armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=99554