Marianne, France
2 mai 2014
Erdogan peut (beaucoup) mieux faire
par Anne Dastakian
Malgré une étonnante déclaration sur le génocide arménien, le Premier
ministre turc continue d'occulter l'histoire.
Le feu brûle là où il tombe.» Citant ce proverbe turc un brin obscur
dans un long et alambiqué «message concernant les événements de 1915»
(en clair, le génocide des Arméniens), le Premier ministre turc, Recep
Tayyip Erdogan, a créé la surprise à la veille du 99e anniversaire du
génocide en livrant ses «condoléances aux petits-enfants» des
Arméniens. Un changement de ton apparemment radical concernant un
point d'histoire jusque-là taxé de «prétendu» par l'historiographie
officielle turque, qui minimise le nombre des victimes (500 000 au
lieu de 1,5 million), et la réalité du génocide, les Arméniens étant
représentés comme des «traîtres» et parfois même des agresseurs.
Cependant, une lecture attentive du texte prouve que, si le ton a
changé, le fond n'a guère varié. «On ne peut contester que les
dernières années de l'Empire ottoman aient été une période difficile,
entraînant des souffrances pour des millions de citoyens ottomans,
turcs, kurdes, arabes, arméniens et autres, quelle que soit leur
religion ou leur origine ethnique», écrit Erdogan. Avant d'estimer que
ceux qui réclament la vérité ne cherchent qu'à «exprimer des discours
et des allégations accusateurs, blessants, voire même parfois
provocateurs». Déplorant l'absence de «reconnaissance ou d'excuses»
dans ce texte, le chanteur franco-arménien Charles Aznavour y voit
«une simple volonté de se montrer comme un homme politique
prétendument ouvert». Une analyse partagée par la majorité des
Arméniens, à un an du centenaire du génocide.
CE QUE "MARIANNE" EN PENSE
Sans juger des pensées et arrière-pensées du Premier ministre turc, on
constate que ce dernier éprouve des difficultés à mettre en accord ses
discours et ses actes. A titre d'exemple, Ankara se garde bien
d'engager le dialogue avec l'Arménie, par exemple en réouvrant les
frontières avec ce pays voisin.
2 mai 2014
Erdogan peut (beaucoup) mieux faire
par Anne Dastakian
Malgré une étonnante déclaration sur le génocide arménien, le Premier
ministre turc continue d'occulter l'histoire.
Le feu brûle là où il tombe.» Citant ce proverbe turc un brin obscur
dans un long et alambiqué «message concernant les événements de 1915»
(en clair, le génocide des Arméniens), le Premier ministre turc, Recep
Tayyip Erdogan, a créé la surprise à la veille du 99e anniversaire du
génocide en livrant ses «condoléances aux petits-enfants» des
Arméniens. Un changement de ton apparemment radical concernant un
point d'histoire jusque-là taxé de «prétendu» par l'historiographie
officielle turque, qui minimise le nombre des victimes (500 000 au
lieu de 1,5 million), et la réalité du génocide, les Arméniens étant
représentés comme des «traîtres» et parfois même des agresseurs.
Cependant, une lecture attentive du texte prouve que, si le ton a
changé, le fond n'a guère varié. «On ne peut contester que les
dernières années de l'Empire ottoman aient été une période difficile,
entraînant des souffrances pour des millions de citoyens ottomans,
turcs, kurdes, arabes, arméniens et autres, quelle que soit leur
religion ou leur origine ethnique», écrit Erdogan. Avant d'estimer que
ceux qui réclament la vérité ne cherchent qu'à «exprimer des discours
et des allégations accusateurs, blessants, voire même parfois
provocateurs». Déplorant l'absence de «reconnaissance ou d'excuses»
dans ce texte, le chanteur franco-arménien Charles Aznavour y voit
«une simple volonté de se montrer comme un homme politique
prétendument ouvert». Une analyse partagée par la majorité des
Arméniens, à un an du centenaire du génocide.
CE QUE "MARIANNE" EN PENSE
Sans juger des pensées et arrière-pensées du Premier ministre turc, on
constate que ce dernier éprouve des difficultés à mettre en accord ses
discours et ses actes. A titre d'exemple, Ankara se garde bien
d'engager le dialogue avec l'Arménie, par exemple en réouvrant les
frontières avec ce pays voisin.