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Francois Hollande En Visite Dans Le Caucase, A L'Ombre De Moscou

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    FRANCOIS HOLLANDE EN VISITE DANS LE CAUCASE, A L'OMBRE DE MOSCOU

    Le Monde, France
    13 mai 2014 mardi

    Yves-Michel Riols

    L'ombre du conflit en Ukraine plane lourdement sur la première visite
    de Francois Hollande dans trois anciennes republiques sovietiques du
    Caucase. Meme si l'Elysee s'efforce de souligner que ce deplacement en
    Azerbaïdjan, Armenie et Georgie, du dimanche 11 au mardi 13 mai, n'est
    pas une " visite de combat " dans des pays qui vivent sous l'etroite
    surveillance de la Russie, nul ne doute que Moscou scrutera de près les
    signaux envoyes par le chef de l'Etat francais au moment où le Kremlin
    renforce son emprise sur les Etats de sa peripherie issus de l'ex-URSS.

    Dès son arrivee a Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan sur les bords
    de la mer Caspienne, le president Hollande a denonce, dimanche, de "
    vraies-fausses " consultations " nulles et non avenues " en Ukraine,
    en evoquant le referendum organise par les separatistes prorusses a
    Donetsk et Louhansk (en russe, Lougansk). " Je ne veux pas les appeler
    referendum ", a insiste Francois Hollande, devant la presse, relevant
    qu'il n'y avait " pas d'urnes, pas de bureaux de vote - et - de listes
    electorales ". " La seule election qui vaudra, c'est celle du 25 mai,
    qui va permettre de designer le president de toute l'Ukraine " qui "
    sera la seule autorite legitime ", a ajoute le chef de l'Etat francais.

    La crise en Ukraine a une resonance particulière en Azerbaïdjan, une
    republique turcophone musulmane de 9 millions d'habitants, dont une
    partie du territoire, le Haut-Karabagh, enclave separatiste a majorite
    armenienne, est contrôlee par l'Armenie voisine, avec le soutien de
    la Russie. Ce conflit (1988-1994), largement oublie, a fait près de
    30 000 morts et des centaines de milliers de refugies. L'Azerbaïdjan
    et l'Armenie sont toujours " techniquement en guerre ", relève un
    diplomate, meme s'ils observent un fragile cessez-le-feu.

    Depuis, le Haut-Karabagh est devenu emblematique de ces " conflits
    geles " attises directement, ou indirectement, par la Russie et qui
    lui permettent de peser sur son voisinage. Meme si une mission de
    l'Organisation pour la securite et la cooperation en Europe (OSCE)
    est deployee sur place, le statu quo est total et ce " trou noir
    ", dit-on au Quai d'Orsay, paralyse toute cooperation regionale,
    l'Azerbaïdjan et l'Armenie n'entretenant aucune relation diplomatique.

    Mainmise du Kremlin

    La tactique deployee par la Russie est la meme ailleurs dans la
    region. Les troupes russes occupent une partie du territoire georgien
    (l'Ossetie du Sud et l'Abkhazie) et contrôlent en sous-main la
    republique fantoche autoproclamee de Transnistrie, region orientale
    de la Moldavie, frontalière de l'Ukraine. Des conflits territoriaux,
    des pays qui se sentent menaces par leurs voisins et une mediation
    de l'OSCE : autant d'ingredients qui sont au coeur de la tourmente
    en Ukraine.

    L'annexion de la Crimee par la Russie a cristallise les tensions
    dans la region. L'Azerbaïdjan s'est fait remarquer en se rangeant
    ostensiblement du côte des pays qui ont condamne la mainmise du
    Kremlin sur la Crimee lors du vote de l'Assemblee generale de l'ONU,
    le 27 mars, a New York.

    En revanche, l'Armenie a rejoint le groupe de onze pays, dont Cuba et
    la Coree du Nord, qui ont soutenu Moscou. Ce qui a pousse l'Ukraine a
    rappeler pour consultation son ambassadeur en Armenie. Le president
    armenien, Serge Sarkissian, avait meme qualifie le rattachement de
    la peninsule separatiste a la Russie de " modèle de realisation du
    droit a l'autodetermination ".

    Lors de son etape a Erevan, la capitale de l'Armenie, les 12 et 13 mai,
    Francois Hollande devra prendre acte du revirement de l'Armenie (3
    millions d'habitants) qui a renonce en septembre 2013, deux mois avant
    l'Ukraine, a conclure un accord d'association avec l'Union europeenne.

    L'Armenie, entièrement dependante de la Russie pour son energie et
    sa securite face a l'Azerbaïdjan, dont le seul budget de la defense
    depasse le budget total d'Erevan, n'a pas fait le poids face aux
    pressions de Moscou qui maintient plusieurs bases militaires et 5
    000 soldats dans le pays.

    La volte-face armenienne a immediatement ete recompensee par une
    baisse de moitie du prix du gaz russe. Avant l'Ukraine, l'Armenie
    avait deja eprouve toute la portee de la " souverainete limitee "
    imposee par la Russie a ses voisins.

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