AZERBAIDJAN : HOLLANDE LE PRESIDENT-VRP A ENCORE FRAPPE
REVUE DE PRESSE
Un petit tour et puis s'en va. Le président Hollande est de retour
en France aujourd'hui après un voyage dans le Caucase où il était
venu se faire des amis. Pari réussi. Surtout en Azerbaïdjan. Où
il a critiqué la Russie, au nom de la démocratie, depuis l'un des
régimes les plus autoritaires de la région. Pour mieux affirmer sa
diplomatie basée, on le sait désormais, sur les affaires...
rancois Hollande nous a menti. Social-démocrate, lui ? En France
peut-être... Mais quand il parcourt le monde, il se pose très
volontiers en VRP complètement désidéologisé. Lundi, depuis
Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, il s'est ainsi empressé de
déclarer Â" nulles et non avenues Â" les consultations organisées
par les séparatistes pro-russes a Lougansk et Donetsk. Entendre un
chef d'Etat de l'Union européenne critiquer un référendum, voila
qui est déja cocasse. Mais quand il le fait depuis la capitale d'un
régime autocratique... ca vire carrément a la tartufferie.
Le plus connu désormais des Â" représentants de commerce Â" francais
a même pris soin de saluer, selon l'AFP, les réalisations Â"
considérables Â" qui feraient de l'Azerbaïdjan Â" une référence
pour la région et même pour le monde Â". Un discours louangeur
entonné en compagnie d'une trentaine de chefs d'entreprises francais
venus lorgner sur les immenses ressources énergétiques de la petite
République du Caucase. Parce que oui, l'ancien satellite de l'URSS
a le sol plein de pétrole (80% des richesses de la région). Mais
son régime, lui, sent plutôt le gaz.
Â" C'est un régime autocratique, autoritaire, quasi dictatorial Â",
soutient Gaïdz Minassian, maître de conférence a Sciences Po et
spécialiste du Caucase. Â" C'est un Etat semi-autoritaire, tempère
quant a lui Bayram Balci, chercheur au Centre d'études de relations
internationales (CERI). Il est déja plus ouvert que certains pays
d'Asie centrale comme l'Ouzbékistan ou le Turkménistan. Â"
Le père, le fils, deux sains d'esprit...Flatteuse comparaison. Surtout
pour un système clanique et népotique qui depuis 1969, a l'exception
d'une parenthèse de sept ans (1986-1993), marquée par la Perestroïka
et la chute de l'URSS, a toujours été dirigé d'une main de fer par
la famille Aliev. Le père, le fils, deux sains d'esprit. Ilham, 52
ans, a succédé a Heydar en 2003 et fait amender la Constitution pour
pouvoir se présenter a l'infini a l'élection présidentielle. Qu'il
n'a, de toute facon, pas prévu de perdre. Le résultat de la
dernière, il y a 7 mois, a été annoncé... un jour avant le vote
! Â" Le régime a l'habitude de falsifier les élections Â", confirme
Bayram Balci.
Ce régime laïc ne voue un culte qu'a un seul dieu : feu Heydar Aliev.
Des rues, des places, des stades et l'aéroport le plus important du
pays portent son nom. Â" Il y a même une chaire, a l'Université de
Bakou, consacrée a l' "aliévisme" Â", explique Gaïdz Minassian. L'Â"
aliévisme Â" qui se définit principalement par un nationalisme
offensif anti-Arméniens.
Allié de la Turquie, l'Azerbaïdjan n'a toujours pas digéré
la victoire de son voisin caucasien qui lui a repris le
Haut-Karabagh. Petit territoire montagneux, historiquement peuplé
d'Arméniens mais rattaché par Staline, en 1921, a la République
socialiste soviétique d'Azerbaïdjan. Vingt ans après la fin de
la guerre, aucune paix n'a encore été signée. Le territoire s'est
déclaré indépendant mais n'a jamais été reconnu par la communauté
internationale, pour laquelle Â" dans les conditions actuelles,
le statu quo est un moindre mal Â", estime Gaïdz Minassian. Seul
un cessez-le-feu, plus ou moins respecté, assure la très relative
stabilité de la région. Â" La situation est totalement bloquée Â",
résume l'expert. Ce qui n'empêche pas Ilham Aliev de continuer
a montrer les dents. Â" L'ennemi numéro un pour l'Azerbaïdjan,
ce sont les Arméniens dans le monde entier Â", proclamait-il en 2012.
Quant aux droits de l'Homme ? Â" Le régime les a toujours totalement
bafoués, reconnaît Bayram Balci. Mais la, depuis quelques semaines,
les regards sont rivés sur l'Ukraine, il se sent plus libre et
beaucoup de journalistes ont été arrêtés. Â" Très critique envers
le régime, la militante des droits de l'homme Leyla Yunus, en a fait
les frais, le 28 avril dernier. Pour avoir rendu publique une liste
d'une centaine de prisonniers politiques, elle a été interpellée,
mais relâchée juste a temps pour rencontrer... Francois Hollande. Qui
lui avait remis la légion d'honneur.
Â" La question des droits de l'Homme a été traitée Â", par le
président Hollande, lors de sa visite, précise quand même Gaïdz
Minassian, mais Â" a tâtons Â". Parce que bon, l'Azerbaïdjan c'est
quand même 1,7 milliard d'euros d'exportations (principalement des
hydrocarbures) vers la France. Et un bon partenaire pour l'Union
européenne qui l'a inclus dans sa politique de voisinage en
2004. C'est donc ca, la fameuse Europe qu'Hollande disait vouloir
dans sa récente tribune au Monde ? Une belle, grande et charmante
Europe des affaires. On avait pourtant pas lu ca...
Kevin Erkeletyan
Marianne
vendredi 16 mai 2014, Stéphane ©armenews.com
REVUE DE PRESSE
Un petit tour et puis s'en va. Le président Hollande est de retour
en France aujourd'hui après un voyage dans le Caucase où il était
venu se faire des amis. Pari réussi. Surtout en Azerbaïdjan. Où
il a critiqué la Russie, au nom de la démocratie, depuis l'un des
régimes les plus autoritaires de la région. Pour mieux affirmer sa
diplomatie basée, on le sait désormais, sur les affaires...
rancois Hollande nous a menti. Social-démocrate, lui ? En France
peut-être... Mais quand il parcourt le monde, il se pose très
volontiers en VRP complètement désidéologisé. Lundi, depuis
Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, il s'est ainsi empressé de
déclarer Â" nulles et non avenues Â" les consultations organisées
par les séparatistes pro-russes a Lougansk et Donetsk. Entendre un
chef d'Etat de l'Union européenne critiquer un référendum, voila
qui est déja cocasse. Mais quand il le fait depuis la capitale d'un
régime autocratique... ca vire carrément a la tartufferie.
Le plus connu désormais des Â" représentants de commerce Â" francais
a même pris soin de saluer, selon l'AFP, les réalisations Â"
considérables Â" qui feraient de l'Azerbaïdjan Â" une référence
pour la région et même pour le monde Â". Un discours louangeur
entonné en compagnie d'une trentaine de chefs d'entreprises francais
venus lorgner sur les immenses ressources énergétiques de la petite
République du Caucase. Parce que oui, l'ancien satellite de l'URSS
a le sol plein de pétrole (80% des richesses de la région). Mais
son régime, lui, sent plutôt le gaz.
Â" C'est un régime autocratique, autoritaire, quasi dictatorial Â",
soutient Gaïdz Minassian, maître de conférence a Sciences Po et
spécialiste du Caucase. Â" C'est un Etat semi-autoritaire, tempère
quant a lui Bayram Balci, chercheur au Centre d'études de relations
internationales (CERI). Il est déja plus ouvert que certains pays
d'Asie centrale comme l'Ouzbékistan ou le Turkménistan. Â"
Le père, le fils, deux sains d'esprit...Flatteuse comparaison. Surtout
pour un système clanique et népotique qui depuis 1969, a l'exception
d'une parenthèse de sept ans (1986-1993), marquée par la Perestroïka
et la chute de l'URSS, a toujours été dirigé d'une main de fer par
la famille Aliev. Le père, le fils, deux sains d'esprit. Ilham, 52
ans, a succédé a Heydar en 2003 et fait amender la Constitution pour
pouvoir se présenter a l'infini a l'élection présidentielle. Qu'il
n'a, de toute facon, pas prévu de perdre. Le résultat de la
dernière, il y a 7 mois, a été annoncé... un jour avant le vote
! Â" Le régime a l'habitude de falsifier les élections Â", confirme
Bayram Balci.
Ce régime laïc ne voue un culte qu'a un seul dieu : feu Heydar Aliev.
Des rues, des places, des stades et l'aéroport le plus important du
pays portent son nom. Â" Il y a même une chaire, a l'Université de
Bakou, consacrée a l' "aliévisme" Â", explique Gaïdz Minassian. L'Â"
aliévisme Â" qui se définit principalement par un nationalisme
offensif anti-Arméniens.
Allié de la Turquie, l'Azerbaïdjan n'a toujours pas digéré
la victoire de son voisin caucasien qui lui a repris le
Haut-Karabagh. Petit territoire montagneux, historiquement peuplé
d'Arméniens mais rattaché par Staline, en 1921, a la République
socialiste soviétique d'Azerbaïdjan. Vingt ans après la fin de
la guerre, aucune paix n'a encore été signée. Le territoire s'est
déclaré indépendant mais n'a jamais été reconnu par la communauté
internationale, pour laquelle Â" dans les conditions actuelles,
le statu quo est un moindre mal Â", estime Gaïdz Minassian. Seul
un cessez-le-feu, plus ou moins respecté, assure la très relative
stabilité de la région. Â" La situation est totalement bloquée Â",
résume l'expert. Ce qui n'empêche pas Ilham Aliev de continuer
a montrer les dents. Â" L'ennemi numéro un pour l'Azerbaïdjan,
ce sont les Arméniens dans le monde entier Â", proclamait-il en 2012.
Quant aux droits de l'Homme ? Â" Le régime les a toujours totalement
bafoués, reconnaît Bayram Balci. Mais la, depuis quelques semaines,
les regards sont rivés sur l'Ukraine, il se sent plus libre et
beaucoup de journalistes ont été arrêtés. Â" Très critique envers
le régime, la militante des droits de l'homme Leyla Yunus, en a fait
les frais, le 28 avril dernier. Pour avoir rendu publique une liste
d'une centaine de prisonniers politiques, elle a été interpellée,
mais relâchée juste a temps pour rencontrer... Francois Hollande. Qui
lui avait remis la légion d'honneur.
Â" La question des droits de l'Homme a été traitée Â", par le
président Hollande, lors de sa visite, précise quand même Gaïdz
Minassian, mais Â" a tâtons Â". Parce que bon, l'Azerbaïdjan c'est
quand même 1,7 milliard d'euros d'exportations (principalement des
hydrocarbures) vers la France. Et un bon partenaire pour l'Union
européenne qui l'a inclus dans sa politique de voisinage en
2004. C'est donc ca, la fameuse Europe qu'Hollande disait vouloir
dans sa récente tribune au Monde ? Une belle, grande et charmante
Europe des affaires. On avait pourtant pas lu ca...
Kevin Erkeletyan
Marianne
vendredi 16 mai 2014, Stéphane ©armenews.com