LIBAN
Une mémoire commune est-elle possible entre l'Arménie et la Turquie ?
Un colloque international s'est tenu à l'Université Saint-Joseph à
l'initiative de la Fondation Boghossian sous le titre >, souligne Ahmet Insel,
maître de conférences à Paris I. Les Turcs vivent une nostalgie du
système politico-religieux et social des millets où le millet musulman
était supérieur aux autres. Cette nostalgie ne conçoit pas jusqu'à nos
jours une égalité entre un chrétien et un musulman, entre un juif et
un orthodoxe, etc. Raison pour laquelle la société a du mal à vivre la
notion même de différence, et son aspiration à l'homogénéité est très
forte. Cette obsession est à la base d'une violence susceptible
d'exploser à tout moment. Dans ce sens, le conférencier Ahmet Insel
explique que cette violence est liée à une peur et à une sorte de
refoulement de l'histoire basée sur plusieurs dénis : épuration
ethnique qu'ont subie les Arméniens en Anatolie, saisie de leurs
biens, massacres des grecs-orthodoxes, etc.
Facteurs de changement Michel Marian, de la revue Esprit, a présenté
les évolutions du problème arménien. Ces pas en avant commencent à se
mettre en place au début du XXIe siècle, lorsque la Turquie cherche à
s'ouvrir à l'Union européenne. On assiste à la fin du > en Turquie de par son obligation de se conformer aux normes
relatives aux droits de l'homme de l'Union européenne. Une
reconnaissance internationale du génocide est obtenue par son entrée
dans les manuels d'histoire.
En 2014, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a présenté
ses condoléances aux petits-enfants des Arméniens, la veille du 24
avril, considéré comme étant la date anniversaire du début du drame
arménien. Mais >, souligne
M. Ahmet Insel. La responsabilité est celle des responsables de l'État
qui étaient impliqués directement. La société est coupable d'avoir
assisté, mais elle n'a pas accompli le crime. Et comme aujourd'hui ces
crimes ne sont plus vivants et qu'on ne peut plus les juger au
tribunal, il faut au moins ne pas les considérer comme héros, et
débaptiser les écoles et les rues qui portent leurs noms.
Les médias internationaux ont contribué à mettre en relief la cause
arménienne, mais le temps est venu que le travail se fasse dans la
société de la Turquie d'aujourd'hui. Guillaume Perrier veut, à travers
son livre La Turquie et le fantôme arménien, traduit et publié
récemment en Turquie, que les Turcs apprennent leur histoire. Il
confirme que tout le monde est responsable de la politique d'oubli et
qu'actuellement, de plus en plus de citoyens turcs réclament la
vérité.
Peut-on donc un jour pardonner ? Pour Ahmet Insel, la question n'est
pas celle du pardon, bien qu'il soit nécessaire pour vivre ensemble,
mais de la reconnaissance des faits ; le pardon est individuel,
certains le font, d'autres non, c'est à la conscience de chacune et de
chacun de le faire, mais la reconnaissance est collective.
François Dermange, professeur ordinaire d'éthique à la faculté de
théologie à l'Université de Genève, souligne qu'une réconciliation ne
se fait pas par une voie juridique et mémorielle, mais par le pardon
qui doit avoir une source religieuse.
From: Baghdasarian
Une mémoire commune est-elle possible entre l'Arménie et la Turquie ?
Un colloque international s'est tenu à l'Université Saint-Joseph à
l'initiative de la Fondation Boghossian sous le titre >, souligne Ahmet Insel,
maître de conférences à Paris I. Les Turcs vivent une nostalgie du
système politico-religieux et social des millets où le millet musulman
était supérieur aux autres. Cette nostalgie ne conçoit pas jusqu'à nos
jours une égalité entre un chrétien et un musulman, entre un juif et
un orthodoxe, etc. Raison pour laquelle la société a du mal à vivre la
notion même de différence, et son aspiration à l'homogénéité est très
forte. Cette obsession est à la base d'une violence susceptible
d'exploser à tout moment. Dans ce sens, le conférencier Ahmet Insel
explique que cette violence est liée à une peur et à une sorte de
refoulement de l'histoire basée sur plusieurs dénis : épuration
ethnique qu'ont subie les Arméniens en Anatolie, saisie de leurs
biens, massacres des grecs-orthodoxes, etc.
Facteurs de changement Michel Marian, de la revue Esprit, a présenté
les évolutions du problème arménien. Ces pas en avant commencent à se
mettre en place au début du XXIe siècle, lorsque la Turquie cherche à
s'ouvrir à l'Union européenne. On assiste à la fin du > en Turquie de par son obligation de se conformer aux normes
relatives aux droits de l'homme de l'Union européenne. Une
reconnaissance internationale du génocide est obtenue par son entrée
dans les manuels d'histoire.
En 2014, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a présenté
ses condoléances aux petits-enfants des Arméniens, la veille du 24
avril, considéré comme étant la date anniversaire du début du drame
arménien. Mais >, souligne
M. Ahmet Insel. La responsabilité est celle des responsables de l'État
qui étaient impliqués directement. La société est coupable d'avoir
assisté, mais elle n'a pas accompli le crime. Et comme aujourd'hui ces
crimes ne sont plus vivants et qu'on ne peut plus les juger au
tribunal, il faut au moins ne pas les considérer comme héros, et
débaptiser les écoles et les rues qui portent leurs noms.
Les médias internationaux ont contribué à mettre en relief la cause
arménienne, mais le temps est venu que le travail se fasse dans la
société de la Turquie d'aujourd'hui. Guillaume Perrier veut, à travers
son livre La Turquie et le fantôme arménien, traduit et publié
récemment en Turquie, que les Turcs apprennent leur histoire. Il
confirme que tout le monde est responsable de la politique d'oubli et
qu'actuellement, de plus en plus de citoyens turcs réclament la
vérité.
Peut-on donc un jour pardonner ? Pour Ahmet Insel, la question n'est
pas celle du pardon, bien qu'il soit nécessaire pour vivre ensemble,
mais de la reconnaissance des faits ; le pardon est individuel,
certains le font, d'autres non, c'est à la conscience de chacune et de
chacun de le faire, mais la reconnaissance est collective.
François Dermange, professeur ordinaire d'éthique à la faculté de
théologie à l'Université de Genève, souligne qu'une réconciliation ne
se fait pas par une voie juridique et mémorielle, mais par le pardon
qui doit avoir une source religieuse.
From: Baghdasarian