REVUE DE PRESSE
Libérons le couple Yunus des griffes d'Ilham Aliev, le despote azéri
Leyla et Arif Yunus, défenseurs des droits de l'homme, sont
emprisonnés à Bakou pour >. La détention provisoire de Mme
Yunus a été prolongée jusqu'au 28 février 2015
Mes parents sont deux historiens qui ont consacré trente ans de leur
vie à oeuvrer en faveur des droits humains. Leur activisme remonte Ã
l'époque soviétique, quand ma mère et mon père, Leyla et Arif Yunus,
ont été parmi les premiers à établir une liste des prisonniers
politiques de notre pays natal, l'Azerbaïdjan. En 1995, ma mère a créé
l'Institut pour la paix et la démocratie (IPD). Son champ d'activité
s'est élargi, mais sa préoccupation est restée la protection des
prisonniers politiques en Azerbaïdjan, grce à l'établissement de
listes de personnes emprisonnées incluant des informations sur les
violations de leurs droits tant pendant leur détention qu'au cours de
leur procès. Mes parents voulaient que ces prisonniers obtiennent leur
liberté et la justice. Ils sont désormais eux-mêmes derrière les
barreaux, traités comme des criminels et inculpés pour des motifs
absurdes. Ma mère a été arrêtée le 30 juillet et mon père, le 5 août.
Voici ce qu'écrit ma mère dans une lettre à Arif, mon père, depuis la
prison : > > Nul
ne s'attendait à l'arrestation de ma mère, parce que son travail lui a
valu une reconnaissance mondiale. Elle est chevalier de la Légion
d'honneur, en France, et lauréate du prix Theodore Hacker, en
Allemagne. Et voilà que mes parents ont à présent rejoint les rangs
des nombreuses victimes du régime répressif d'Aliev. Envoyer en prison
les personnes qui critiquent le gouvernement n'est pas l'unique signe
des abus commis à Bakou. En 2012, quand mon pays a accueilli le
concours Eurovision de la chanson, de nombreuses personnes avaient été
privées de leurs droits de propriété. Imaginez seulement que vous êtes
tranquillement chez vous, et soudain la police vient vous jeter
dehors, expulser votre mère et vos enfants, insulter et humilier votre
soeur, et démolir votre maison. Ma mère a fait connaître ces nombreux
incidents. Et puis ils ont démoli la maison de mes parents qui était
aussi le bureau de l'IPD. Mais il y a pire. Mes parents ont été
accusés de >, en plus d'autres chefs d'inculpation. Ils
étaient impliqués dans un projet de diplomatie populaire, par le biais
d'un site Internet à la fois azeri et arménien, destiné à favoriser le
dialogue intersocial sur le conflit du Haut- Karabakh, qui oppose les
deux pays. La voix de ma mère ne s'est pas tue pour autant, et je suis
reconnaissante envers les journalistes qui ont publié ses lettres
écrites à mon père depuis sa prison, malgré le risque que cela
implique pour sa sécurité. Le monde doit savoir ce qu'endurent les
dissidents en Azerbaïdjan, et comment les défenseurs des droits
humains sont punis pour leurs activités, juste parce qu'ils défendent
les principes constitutionnels. >, a-t-elle écrit. Je sais qu'elle est
en prison, couverte de bleus, exposée aux agressions de détenues. Elle
a alerté les autorités sur le fait que de graves menaces pesaient sur
elle. Mais quand elle a demandé à être protégée de ces agressions, les
autorités l'ont réprimandée. Quand le Parlement européen a adopté, le
18 septembre, une résolution sur l'Azerbaïdjan, j'ai eu l'espoir de
voir les choses changer. Mais les dernières nouvelles de mon pays
indiquent que la situation ne fait qu'empirer. Ma mère a été privée de
son droit de voir son avocat. Le personnel de la prison affirme
qu'elle est trop malade pour voir des avocats. Elle n'a pas non plus
le droit de téléphoner. Pourquoi n'a-t-elle pas été transférée Ã
l'hôpital ? Pendant quatre semaines, je n'ai eu aucune nouvelle de mon
père qui a fait un accident vasculaire cérébral (AVC), juste après son
emprisonnement. Pendant des semaines, leurs amis n'ont pas eu le droit
de leur apporter de la nourriture, des médicaments ou juste des
sous-vêtements de rechange. Mon père, auteur de livres et homme de
paix, est aussi inculpé de crimes absurdes. Il se trouve au centre de
détention du ministère de la sécurité nationale, où des actes de
torture sont commis. Il lui est interdit d'écrire des lettres ou de
téléphoner, et personne ne sait comment il va. S'il fait un malaise,
recevra-t-il tout de suite des soins adaptés ? Y aura-t-il un médecin
auprès de lui ? Est-ce qu'ils le laisseront juste souffrir ? Quand mes
parents ont été illégalement incarcérés, et que mon père a eu son AVC,
les médecins voulaient l'emmener à l'hôpital. Mais les enquêteurs ont
refusé d'appeler une ambulance, alors que les trente premières minutes
après l'attaque étaient cruciales. Au lieu de cela, ils l'ont relché
quelques jours, avant de le placer à nouveau en détention. Il n'est
pas tout jeune. Il fait de l'hypertension et a des problèmes
cardiaques. Il a besoin de ses médicaments. François Zimeray,
ambassadeur de France au Danemark et ancien eurodéputé socialiste, a
dit au sujet de ma mère : > Il a ajouté que
les droits humains sont défendus par des personnes qui sacrifient pour
cela leur liberté et parfois leur vie. Ce sont ces personnes qui
devraient bénéficier de la meilleure protection. Je voudrais demander
aux pays qui entretiennent des relations avec l'Azerbaïdjan de
s'exprimer publiquement, au nom de mes parents et des personnes de mon
pays qui sont punies pour leur liberté de pensée et d'expression.
par dinara yunus
LE MONDE du 28 octobre 2014
samedi 1er novembre 2014,
Stéphane (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=104825
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
Libérons le couple Yunus des griffes d'Ilham Aliev, le despote azéri
Leyla et Arif Yunus, défenseurs des droits de l'homme, sont
emprisonnés à Bakou pour >. La détention provisoire de Mme
Yunus a été prolongée jusqu'au 28 février 2015
Mes parents sont deux historiens qui ont consacré trente ans de leur
vie à oeuvrer en faveur des droits humains. Leur activisme remonte Ã
l'époque soviétique, quand ma mère et mon père, Leyla et Arif Yunus,
ont été parmi les premiers à établir une liste des prisonniers
politiques de notre pays natal, l'Azerbaïdjan. En 1995, ma mère a créé
l'Institut pour la paix et la démocratie (IPD). Son champ d'activité
s'est élargi, mais sa préoccupation est restée la protection des
prisonniers politiques en Azerbaïdjan, grce à l'établissement de
listes de personnes emprisonnées incluant des informations sur les
violations de leurs droits tant pendant leur détention qu'au cours de
leur procès. Mes parents voulaient que ces prisonniers obtiennent leur
liberté et la justice. Ils sont désormais eux-mêmes derrière les
barreaux, traités comme des criminels et inculpés pour des motifs
absurdes. Ma mère a été arrêtée le 30 juillet et mon père, le 5 août.
Voici ce qu'écrit ma mère dans une lettre à Arif, mon père, depuis la
prison : > > Nul
ne s'attendait à l'arrestation de ma mère, parce que son travail lui a
valu une reconnaissance mondiale. Elle est chevalier de la Légion
d'honneur, en France, et lauréate du prix Theodore Hacker, en
Allemagne. Et voilà que mes parents ont à présent rejoint les rangs
des nombreuses victimes du régime répressif d'Aliev. Envoyer en prison
les personnes qui critiquent le gouvernement n'est pas l'unique signe
des abus commis à Bakou. En 2012, quand mon pays a accueilli le
concours Eurovision de la chanson, de nombreuses personnes avaient été
privées de leurs droits de propriété. Imaginez seulement que vous êtes
tranquillement chez vous, et soudain la police vient vous jeter
dehors, expulser votre mère et vos enfants, insulter et humilier votre
soeur, et démolir votre maison. Ma mère a fait connaître ces nombreux
incidents. Et puis ils ont démoli la maison de mes parents qui était
aussi le bureau de l'IPD. Mais il y a pire. Mes parents ont été
accusés de >, en plus d'autres chefs d'inculpation. Ils
étaient impliqués dans un projet de diplomatie populaire, par le biais
d'un site Internet à la fois azeri et arménien, destiné à favoriser le
dialogue intersocial sur le conflit du Haut- Karabakh, qui oppose les
deux pays. La voix de ma mère ne s'est pas tue pour autant, et je suis
reconnaissante envers les journalistes qui ont publié ses lettres
écrites à mon père depuis sa prison, malgré le risque que cela
implique pour sa sécurité. Le monde doit savoir ce qu'endurent les
dissidents en Azerbaïdjan, et comment les défenseurs des droits
humains sont punis pour leurs activités, juste parce qu'ils défendent
les principes constitutionnels. >, a-t-elle écrit. Je sais qu'elle est
en prison, couverte de bleus, exposée aux agressions de détenues. Elle
a alerté les autorités sur le fait que de graves menaces pesaient sur
elle. Mais quand elle a demandé à être protégée de ces agressions, les
autorités l'ont réprimandée. Quand le Parlement européen a adopté, le
18 septembre, une résolution sur l'Azerbaïdjan, j'ai eu l'espoir de
voir les choses changer. Mais les dernières nouvelles de mon pays
indiquent que la situation ne fait qu'empirer. Ma mère a été privée de
son droit de voir son avocat. Le personnel de la prison affirme
qu'elle est trop malade pour voir des avocats. Elle n'a pas non plus
le droit de téléphoner. Pourquoi n'a-t-elle pas été transférée Ã
l'hôpital ? Pendant quatre semaines, je n'ai eu aucune nouvelle de mon
père qui a fait un accident vasculaire cérébral (AVC), juste après son
emprisonnement. Pendant des semaines, leurs amis n'ont pas eu le droit
de leur apporter de la nourriture, des médicaments ou juste des
sous-vêtements de rechange. Mon père, auteur de livres et homme de
paix, est aussi inculpé de crimes absurdes. Il se trouve au centre de
détention du ministère de la sécurité nationale, où des actes de
torture sont commis. Il lui est interdit d'écrire des lettres ou de
téléphoner, et personne ne sait comment il va. S'il fait un malaise,
recevra-t-il tout de suite des soins adaptés ? Y aura-t-il un médecin
auprès de lui ? Est-ce qu'ils le laisseront juste souffrir ? Quand mes
parents ont été illégalement incarcérés, et que mon père a eu son AVC,
les médecins voulaient l'emmener à l'hôpital. Mais les enquêteurs ont
refusé d'appeler une ambulance, alors que les trente premières minutes
après l'attaque étaient cruciales. Au lieu de cela, ils l'ont relché
quelques jours, avant de le placer à nouveau en détention. Il n'est
pas tout jeune. Il fait de l'hypertension et a des problèmes
cardiaques. Il a besoin de ses médicaments. François Zimeray,
ambassadeur de France au Danemark et ancien eurodéputé socialiste, a
dit au sujet de ma mère : > Il a ajouté que
les droits humains sont défendus par des personnes qui sacrifient pour
cela leur liberté et parfois leur vie. Ce sont ces personnes qui
devraient bénéficier de la meilleure protection. Je voudrais demander
aux pays qui entretiennent des relations avec l'Azerbaïdjan de
s'exprimer publiquement, au nom de mes parents et des personnes de mon
pays qui sont punies pour leur liberté de pensée et d'expression.
par dinara yunus
LE MONDE du 28 octobre 2014
samedi 1er novembre 2014,
Stéphane (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=104825
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress