ArmeniaNow
Deux millions et demi d'Arméniens musulmans vivent en Turquie ?
Armenianow - La renaissance de l'identité nationale des Arméniens, qui
vivent dans différentes villes et villages turcs après leur conversion
à l'Islam prend de l'ampleur pour briser les tabous. Les spécialistes
de cette question lient cette Ă©volution Ă divers facteurs politiques
qui permettent Ă ces personnes de se tourner vers leurs racines
propres.
D'après le directeur du fond de recherche " Centre d'Études Pour Les
Questions De l'Arménie Occidentale ", Haykazun Alvrtsyan, ce mouvement
est commencé depuis longtemps, fortement influencé par la rébellion
armée kurde, la chute de l'Union Soviétique, et la campagne de la
Turquie pour adhérer à l'Union Européenne.
Selon l'article 88 de la première constitution turque, adoptée en
1923, sont considérés comme Turcs tous les résidents turcs, quelles
que soient leurs appartenances religieuse et nationale. Afin
d'améliorer les chances de son adhésion à l'EU, la Turquie a dû
procéder à la révision de quelques points de sa constitution.
Cependant, malgré un certain nombre de changements dans la
constitution du pays, les termes citoyen turc et national turc ont
survécu - chaque citoyen turc y est considéré comme Turc.
Selon Alvrtsyan, dans le traité de Lausanne, les communautés
arméniennes, grecques et assyriennes n'étaient différenciées que par
leur religion, non par leur spécificité ethnique. Les membres d'un
nombre énorme d'autres ethnicités - 50 groupes ethno-religieux parlant
36 langues, Ă©taient reconnus comme Turcs.
" Ce tabou étant à présent brisé, peut-on imaginer la nature du
mouvement qui s'est amorcé ? Les Arméniens ne font pas exception à ce
mouvement, mais ce qui pour nous est essentiel, c'est le fait qu'une
Question Arménienne est posée aujourd'hui à la Turquie- une difficulté
politique compliquée. Aucune Question Syrienne, Grecque ou Juive, ne
lui est posée, une Question Arménienne se pose - un grave problème
pour la Turquie, et dans ce contexte, la renaissance des Arméniens,
contrairement aux statuts d'autres nations, a une grande importance ",
a dit Alvrtsyan.
Abordant la question des Arméniens convertis à l'Islam, il a indiqué
que leur nombre atteint trois millions ; certains parmi eux ont
émigré. Ne serait-ce qu'en Allemagne, il y avait 300 000 Arméniens
musulmans. Il a insisté sur le fait qu'aujourd'hui, en Turquie de
l'est, dans diverses régions de l'Arménie historique, vivaient au
moins 2,5 millions d'Arméniens musulmans, dont la moitié se cachent.
" Dans leur ensemble, ce sont tous des musulmans convertis, mais (ceux
qui cachent leur appartenance ethnique), contrairement aux autres,
préservent leurs traditions nationales, leurs cérémonials et leurs
croyances dans le secret. En outre, ils se marient entre eux, ce qui
est un facteur très important. L'autre fraction pratique le baptême et
se tourne vers l'Église Arménienne. Le nombre de ces personnes n'est
pas nombreux pour le moment, parce que les pressions et les
persécutions contre les Arméniens continuent encore de nos jours. Dans
ces conditions, ils mettent en danger leur vie et celles de leurs
enfants, leurs biens et le futur de leurs enfants ", a dit Alvrtsyan.
" Mais permettez-moi de vous dire que la semaine passée, j'ai baptisé
plusieurs Arméniens alévis et musulmans du Dersim. L'un d'entre eux
était propriétaire jusqu'à il y a quatre ans d'une affaire qu'il ne
possède plus à présent, s'étant déclaré comme Arménien et ayant adhéré
à l'Union Arménienne du Dersim".
Les Arméniens d'Hamashen se réunissent au sein de l'association Vagf,
et ils ont créé Hatig à Istanbul, Le mois dernier, des Arméniens de
Mouch et du Taron ont créé une association sociale et touristique du
Taron. Selon les données des Statistiques d'état de Turquie, il y
avait 37 000 familles arméniennes dans 17 villes du pays, 200 000 au
total (dont 50 Ă 60 000 Ă Istanbul).
" Selon les données officielles, il y a actuellement à Mouch 3 000
Arméniens, mais d'après les habitants de la ville, ils seraient plus
nombreux. À Van, aussi, il est dit qu'ils constituent 12 pour cent de
la population qui compte 350 000 personnes, soit 40 Ă 42 000
Arméniens. Récemment, à la suite d'un tremblement de terre à Van, de
nombreux ouvrages sacrés, des croix, des reliques d'église ont été
trouvés sous les ruines. Il est surprenant que des icônes arméniennes
aient été trouvées dans cette ville exclusivement kurde et musulmane
", a-t-il dit.
Récupérer son Identité : de plus en plus d'Arméniens " cachés " en
Turquie dévoilent leur origine
Par Gayané Mkrdtchyan, journaliste à ArmeniaNow
En général, les noms de lieu en langue turque - Gamishly en Syrie,
Sassoun, Lusakert ne font qu'évoquer pour moi une histoire d'Arméniens
parmi des milliers d'autres, celle d'une famille qui n'a pas émigré,
d'une famille qui est retournée en Turquie pour continuer à vivre sur
ses terres après avoir été convertie.
" Je sais depuis ma naissance que nous sommes des Arméniens de
Sassoun. Nous Ă©tions une grande famille mais trois de ses membres
seulement ont survécu - mon grand-père, le frère de mon grand-père et
son fils. À ce moment-là , une femme les avait recueillis à Ghamisha en
Syrie. Depuis, une partie de la famille est retournée à Diyarbékir, et
le reste de la famille, des annĂ©es plus tard en 1946 - en ArmĂ©nie, Ă
Lusakert " nous dit Turkay Abdulgafur, membre de l'association locale
des Arméniens, président du Conseil d'administration de l'Église Saint
Kirakos à Diyarbékir.
Il est l'un des ArmĂ©niens de DiyarbĂ©kir qui ont Ă©tĂ© baptisĂ©s Ă
l'Église Saint Kirakos et qui ont fait modifier sur leur carte
d'identité la mention musulman en celle de chrétien.
" Sur les cartes d'identité turques, sa religion doit être mentionnée
sur les documents d'identité. Il est très difficile d'être un Arménien
à Diyarbékir et de le déclarer officiellement, mais c'est un mouvement
qui s'est amorcé ", a dit Turkay Abdulgafur.
Diyarbékir (l'ex Tigranakert) est située au sud-est de la Turquie, au
pied de a montagne Sasna.
À la fin du 19ème siècle, 10 000 Arméniens vivaient à Diyarbékir, et
ils avaient l'Ă©glise Ă cinq autels de Saint Sarkis et l'Ă©glise Ă sept
autels de Saint Kirakos. La majorité des Arméniens ont été tués dans
les massacres de 1895 d'Abdul Hamid, et 5 000 Arméniens ont été tués
au cours du génocide de 1915. Aujourd'hui, la population de Diyarbékir
est d'environ 845 000, des Kurdes en majorité.
" Il y a trois ou quatre ans, seuls quelques Arméniens, à Diyarbékir,
ne cachaient pas leur identitĂ© armĂ©nienne, mais aujourd'hui, grce Ă
nos efforts, leur nombre s'est accru. Avec ces Arméniens, nous
organisons diverses manifestations ; un récent déjeuner a par exemple
rĂ©uni 82 personnes. Aujourd'hui, il y a 140 Ă 150 ArmĂ©niens Ă
Diyarbékir. Beaucoup parmi eux sont musulmans par leur identité, mais
se présentent comme Arméniens, ce qui démontre qu'ils reconnaissent
aussi leur identité nationale " nous a dit cet Arménien de Diyarbékir.
Turkay Abdulgafur a dit que lors du Grand Génocide, les Arméniens qui
vivaient en Turquie s'étaient dispersés à travers le monde comme les
grains d'une grenade, et que mĂŞme s'ils avaient ensuite subi des
épreuves pendant 99 ans, cela avait été pour eux deux fois plus dur.
" Ayant survécu au Génocide, nous avons dû nous convertir à l'Islam et
il nous était interdit de nous présenter comme Arméniens, et
impossible par conséquent d'évoquer publiquement notre identité. Pour
préserver notre existence, nous avons dû nous présenter comme des
Musulmans convaincus afin que notre famille et nous-mĂŞme ne soyons pas
menacés", nous a-t-il dit. " Tous les Arméniens savent leur identité,
mais soumis à 100 ans d'assimilation, ils se sont presque transformés
en Kurdes, on peut le dire, et c'est pour cette raison particulière
que nous devons faire en sorte que ces personnes puissent s'affirmer
".
Étant bien au courant du contexte politique en Turquie, il a déclaré
que comparée à celle d'il y a trois ans, la Turquie aujourd'hui a fait
des grands progrès, et que c'est grce à des intellectuels turcs qui
risquent leur vie pour parler du GĂ©nocide de 1915 et qui critiquent ce
gouvernement qui refuse de se confronter Ă l'histoire.
C'est grce aux efforts conjugués du pianiste arménien du Canada
ingénieur du btiment, Raffi Petrosian et de ses collaborateurs aux
travaux que la réhabilitation de l'Église Saint Kirakos de Diyarbékir
a été menée à bien, église qui passe pour avoir été l'une des plus
grandes églises du levant. Une messe y a été célébrée en 2011.
" L'église Saint Kirakos devrait attirer les Arméniens cachés de
Turquie comme un aimant. Et cela est en train de devenir une réalité
plus tôt que nous le pensions. Beaucoup d'Arméniens forcés de se
convertir après 1915 (ou simplement orphelins accaparés par les Turcs
ou les Kurdes) commencent Ă penser aujourd'hui Ă leurs racines
arméniennes dans leur famille. Ils réaniment leur identité et se
retournent vers leur origine.
Aujourd'hui, nous avons déjà baptisé quelques personnes dans l'église
Saint Kirakos. En majoritĂ©, ils se disent ArmĂ©niens, mais continuent Ă
se comporter comme des Musulmans ", a dit Petrosian.
À son initiative, 50 Arméniens ' cachés ' de Diyarbékir ont rendu
visite à l'Arménie dans le cadre du projet ' Retour chez soi '
développé par le Ministère de la Diaspora.
" Il s'agit d'une réalité nouvelle que nous devons accepter,
comprendre qu'à part les Arméniens d'Arménie, d'Artsakh et de la
diaspora, il y a à présent des Musulmans, Arméniens cachés, dont
beaucoup sont en Turquie. Nous devons les aider Ă se sentir, Ă ĂŞtre
plus Arméniens.
C'est pour cela qu'à Diyarbékir, avec le concours de la municipalité,
des cours d'arménien sont dispensés. Et ayant suivi ces cours, des
personnes ont été invitées en Arménie pour avoir suivi ces cours avec
succès. Cela a été pour eux une grande joie de s'y rendre. Je les ai
présentés avec plaisir à travers l'Arménie, et ils étaient très
intéressés à découvrir l'Arménie ", a ajouté Petrosian.
Traduction Gilbert BĂ©guian pour Armenews
samedi 1er novembre 2014,
Jean Eckian (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=104856
Deux millions et demi d'Arméniens musulmans vivent en Turquie ?
Armenianow - La renaissance de l'identité nationale des Arméniens, qui
vivent dans différentes villes et villages turcs après leur conversion
à l'Islam prend de l'ampleur pour briser les tabous. Les spécialistes
de cette question lient cette Ă©volution Ă divers facteurs politiques
qui permettent Ă ces personnes de se tourner vers leurs racines
propres.
D'après le directeur du fond de recherche " Centre d'Études Pour Les
Questions De l'Arménie Occidentale ", Haykazun Alvrtsyan, ce mouvement
est commencé depuis longtemps, fortement influencé par la rébellion
armée kurde, la chute de l'Union Soviétique, et la campagne de la
Turquie pour adhérer à l'Union Européenne.
Selon l'article 88 de la première constitution turque, adoptée en
1923, sont considérés comme Turcs tous les résidents turcs, quelles
que soient leurs appartenances religieuse et nationale. Afin
d'améliorer les chances de son adhésion à l'EU, la Turquie a dû
procéder à la révision de quelques points de sa constitution.
Cependant, malgré un certain nombre de changements dans la
constitution du pays, les termes citoyen turc et national turc ont
survécu - chaque citoyen turc y est considéré comme Turc.
Selon Alvrtsyan, dans le traité de Lausanne, les communautés
arméniennes, grecques et assyriennes n'étaient différenciées que par
leur religion, non par leur spécificité ethnique. Les membres d'un
nombre énorme d'autres ethnicités - 50 groupes ethno-religieux parlant
36 langues, Ă©taient reconnus comme Turcs.
" Ce tabou étant à présent brisé, peut-on imaginer la nature du
mouvement qui s'est amorcé ? Les Arméniens ne font pas exception à ce
mouvement, mais ce qui pour nous est essentiel, c'est le fait qu'une
Question Arménienne est posée aujourd'hui à la Turquie- une difficulté
politique compliquée. Aucune Question Syrienne, Grecque ou Juive, ne
lui est posée, une Question Arménienne se pose - un grave problème
pour la Turquie, et dans ce contexte, la renaissance des Arméniens,
contrairement aux statuts d'autres nations, a une grande importance ",
a dit Alvrtsyan.
Abordant la question des Arméniens convertis à l'Islam, il a indiqué
que leur nombre atteint trois millions ; certains parmi eux ont
émigré. Ne serait-ce qu'en Allemagne, il y avait 300 000 Arméniens
musulmans. Il a insisté sur le fait qu'aujourd'hui, en Turquie de
l'est, dans diverses régions de l'Arménie historique, vivaient au
moins 2,5 millions d'Arméniens musulmans, dont la moitié se cachent.
" Dans leur ensemble, ce sont tous des musulmans convertis, mais (ceux
qui cachent leur appartenance ethnique), contrairement aux autres,
préservent leurs traditions nationales, leurs cérémonials et leurs
croyances dans le secret. En outre, ils se marient entre eux, ce qui
est un facteur très important. L'autre fraction pratique le baptême et
se tourne vers l'Église Arménienne. Le nombre de ces personnes n'est
pas nombreux pour le moment, parce que les pressions et les
persécutions contre les Arméniens continuent encore de nos jours. Dans
ces conditions, ils mettent en danger leur vie et celles de leurs
enfants, leurs biens et le futur de leurs enfants ", a dit Alvrtsyan.
" Mais permettez-moi de vous dire que la semaine passée, j'ai baptisé
plusieurs Arméniens alévis et musulmans du Dersim. L'un d'entre eux
était propriétaire jusqu'à il y a quatre ans d'une affaire qu'il ne
possède plus à présent, s'étant déclaré comme Arménien et ayant adhéré
à l'Union Arménienne du Dersim".
Les Arméniens d'Hamashen se réunissent au sein de l'association Vagf,
et ils ont créé Hatig à Istanbul, Le mois dernier, des Arméniens de
Mouch et du Taron ont créé une association sociale et touristique du
Taron. Selon les données des Statistiques d'état de Turquie, il y
avait 37 000 familles arméniennes dans 17 villes du pays, 200 000 au
total (dont 50 Ă 60 000 Ă Istanbul).
" Selon les données officielles, il y a actuellement à Mouch 3 000
Arméniens, mais d'après les habitants de la ville, ils seraient plus
nombreux. À Van, aussi, il est dit qu'ils constituent 12 pour cent de
la population qui compte 350 000 personnes, soit 40 Ă 42 000
Arméniens. Récemment, à la suite d'un tremblement de terre à Van, de
nombreux ouvrages sacrés, des croix, des reliques d'église ont été
trouvés sous les ruines. Il est surprenant que des icônes arméniennes
aient été trouvées dans cette ville exclusivement kurde et musulmane
", a-t-il dit.
Récupérer son Identité : de plus en plus d'Arméniens " cachés " en
Turquie dévoilent leur origine
Par Gayané Mkrdtchyan, journaliste à ArmeniaNow
En général, les noms de lieu en langue turque - Gamishly en Syrie,
Sassoun, Lusakert ne font qu'évoquer pour moi une histoire d'Arméniens
parmi des milliers d'autres, celle d'une famille qui n'a pas émigré,
d'une famille qui est retournée en Turquie pour continuer à vivre sur
ses terres après avoir été convertie.
" Je sais depuis ma naissance que nous sommes des Arméniens de
Sassoun. Nous Ă©tions une grande famille mais trois de ses membres
seulement ont survécu - mon grand-père, le frère de mon grand-père et
son fils. À ce moment-là , une femme les avait recueillis à Ghamisha en
Syrie. Depuis, une partie de la famille est retournée à Diyarbékir, et
le reste de la famille, des annĂ©es plus tard en 1946 - en ArmĂ©nie, Ă
Lusakert " nous dit Turkay Abdulgafur, membre de l'association locale
des Arméniens, président du Conseil d'administration de l'Église Saint
Kirakos à Diyarbékir.
Il est l'un des ArmĂ©niens de DiyarbĂ©kir qui ont Ă©tĂ© baptisĂ©s Ă
l'Église Saint Kirakos et qui ont fait modifier sur leur carte
d'identité la mention musulman en celle de chrétien.
" Sur les cartes d'identité turques, sa religion doit être mentionnée
sur les documents d'identité. Il est très difficile d'être un Arménien
à Diyarbékir et de le déclarer officiellement, mais c'est un mouvement
qui s'est amorcé ", a dit Turkay Abdulgafur.
Diyarbékir (l'ex Tigranakert) est située au sud-est de la Turquie, au
pied de a montagne Sasna.
À la fin du 19ème siècle, 10 000 Arméniens vivaient à Diyarbékir, et
ils avaient l'Ă©glise Ă cinq autels de Saint Sarkis et l'Ă©glise Ă sept
autels de Saint Kirakos. La majorité des Arméniens ont été tués dans
les massacres de 1895 d'Abdul Hamid, et 5 000 Arméniens ont été tués
au cours du génocide de 1915. Aujourd'hui, la population de Diyarbékir
est d'environ 845 000, des Kurdes en majorité.
" Il y a trois ou quatre ans, seuls quelques Arméniens, à Diyarbékir,
ne cachaient pas leur identitĂ© armĂ©nienne, mais aujourd'hui, grce Ă
nos efforts, leur nombre s'est accru. Avec ces Arméniens, nous
organisons diverses manifestations ; un récent déjeuner a par exemple
rĂ©uni 82 personnes. Aujourd'hui, il y a 140 Ă 150 ArmĂ©niens Ă
Diyarbékir. Beaucoup parmi eux sont musulmans par leur identité, mais
se présentent comme Arméniens, ce qui démontre qu'ils reconnaissent
aussi leur identité nationale " nous a dit cet Arménien de Diyarbékir.
Turkay Abdulgafur a dit que lors du Grand Génocide, les Arméniens qui
vivaient en Turquie s'étaient dispersés à travers le monde comme les
grains d'une grenade, et que mĂŞme s'ils avaient ensuite subi des
épreuves pendant 99 ans, cela avait été pour eux deux fois plus dur.
" Ayant survécu au Génocide, nous avons dû nous convertir à l'Islam et
il nous était interdit de nous présenter comme Arméniens, et
impossible par conséquent d'évoquer publiquement notre identité. Pour
préserver notre existence, nous avons dû nous présenter comme des
Musulmans convaincus afin que notre famille et nous-mĂŞme ne soyons pas
menacés", nous a-t-il dit. " Tous les Arméniens savent leur identité,
mais soumis à 100 ans d'assimilation, ils se sont presque transformés
en Kurdes, on peut le dire, et c'est pour cette raison particulière
que nous devons faire en sorte que ces personnes puissent s'affirmer
".
Étant bien au courant du contexte politique en Turquie, il a déclaré
que comparée à celle d'il y a trois ans, la Turquie aujourd'hui a fait
des grands progrès, et que c'est grce à des intellectuels turcs qui
risquent leur vie pour parler du GĂ©nocide de 1915 et qui critiquent ce
gouvernement qui refuse de se confronter Ă l'histoire.
C'est grce aux efforts conjugués du pianiste arménien du Canada
ingénieur du btiment, Raffi Petrosian et de ses collaborateurs aux
travaux que la réhabilitation de l'Église Saint Kirakos de Diyarbékir
a été menée à bien, église qui passe pour avoir été l'une des plus
grandes églises du levant. Une messe y a été célébrée en 2011.
" L'église Saint Kirakos devrait attirer les Arméniens cachés de
Turquie comme un aimant. Et cela est en train de devenir une réalité
plus tôt que nous le pensions. Beaucoup d'Arméniens forcés de se
convertir après 1915 (ou simplement orphelins accaparés par les Turcs
ou les Kurdes) commencent Ă penser aujourd'hui Ă leurs racines
arméniennes dans leur famille. Ils réaniment leur identité et se
retournent vers leur origine.
Aujourd'hui, nous avons déjà baptisé quelques personnes dans l'église
Saint Kirakos. En majoritĂ©, ils se disent ArmĂ©niens, mais continuent Ă
se comporter comme des Musulmans ", a dit Petrosian.
À son initiative, 50 Arméniens ' cachés ' de Diyarbékir ont rendu
visite à l'Arménie dans le cadre du projet ' Retour chez soi '
développé par le Ministère de la Diaspora.
" Il s'agit d'une réalité nouvelle que nous devons accepter,
comprendre qu'à part les Arméniens d'Arménie, d'Artsakh et de la
diaspora, il y a à présent des Musulmans, Arméniens cachés, dont
beaucoup sont en Turquie. Nous devons les aider Ă se sentir, Ă ĂŞtre
plus Arméniens.
C'est pour cela qu'à Diyarbékir, avec le concours de la municipalité,
des cours d'arménien sont dispensés. Et ayant suivi ces cours, des
personnes ont été invitées en Arménie pour avoir suivi ces cours avec
succès. Cela a été pour eux une grande joie de s'y rendre. Je les ai
présentés avec plaisir à travers l'Arménie, et ils étaient très
intéressés à découvrir l'Arménie ", a ajouté Petrosian.
Traduction Gilbert BĂ©guian pour Armenews
samedi 1er novembre 2014,
Jean Eckian (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=104856