L'Orient-Le Jour, Liban
1 nov 2014
Portraits d'une survie, ou les Arméniens de Bourj Hammoud
Couverture cartonnée pour un opus entre une galerie de portraits
depuis le génocide arménien et ce qui fait l'me d'un quartier qui a
gagné ses galons de noblesse grce à de constants labeurs.
Loin de toutes les perturbations civiles et conflictuelles, (dé)voué Ã
son art de la création et du négoce, riche comme sait l'être un marché
qui n'ignore rien des besoins et des envies des chalands, Bourj
Hammoud est aujourd'hui un petit coin de paradis pour le flneur. Des
artères et des venelles animées où chiner, (far)fouiller, (re)trouver
tous les produits, aussi bien vestimentaires qu'alimentaires,
décoratifs ou accessoires de tous acabits, est un moment de bonheur.
Bonheur de faire des emplettes devant des vitrines ultramodernes et
des présentoirs regorgeant de matières premières d'excellent aloi.
Derrière cet espace, autrefois, c'est-à -dire en 1920, campement des
rescapés arméniens et que les nouveaux venus ont ciselé en un carré de
vie plus que respectable, il y a ce cortège et cette brochette
d'hommes et de femmes qui en ont été les maîtres créateurs. En plus
d'un domaine.
Et ce sont ces personnes, par-delà le vacarme de la rue et la
rutilance des devantures et étalages, que la caméra et les mots
d'Ariane Delacampagne traquent. Et fixent sur photos et textes,
révélateurs d'une certaine arménité de la diaspora. Et cela donne un
remarquable ouvrage bilingue (français/anglais) préfacé par Levon
Nordiguian que ces Portraits d'une survie, les Arméniens de
Bourj-Hammoud (159 pages, Somogy éditions d'art).
Dans ce mélange florissant de commerce moderne et de métiers
traditionnels, les Arméniens, jeunes ou gés, illustres (tels les
artistes Guvder et Torossian) ou inconnus du grand public, posent
devant le flash d'une photographe elle-même d'origine arménienne.
Longue quête pour donner un visage, un regard, une silhouette, un
profil, une image tangible à tous ceux qui ont bti, au fil des ans,
ce secteur préservé et grouillant de vie.
Dans ces ateliers envahis d'objets hétéroclites, devant des établis
chargés de bric-à -brac auquel nul n'y songerait, entre poussière et
décor de profession, dans le cadre de leur travail quotidien, tous,
qu'ils (ou elles) s'appellent Varoujan, Krikor, Vahan, Mano, Ara,
Talar, Chouchan, Araz, Lorig, Arpinée, affrontent en toute franchise,
simplicité et amour de la vie l'oeil de la caméra.
Il en reste un témoignage d'une grande beauté et d'une grande force.
Qu'ils soient des jeunes ou des vieux nés en 1930, il y a quelque
chose d'émouvant à lire ces visages où rides et harmonie des traits en
disent long sur la douloureuse histoire des et des
générations montantes face à l'adversité.
Outre l'attrait d'un vibrant témoignage, sobre et sans pathos, on y
retrouve l'essence et la force de se battre d'un peuple. Ainsi que son
incomparable sens de la dignité, de sa joie au travail et de la
secrète vitalité de son savoir-faire. Après avoir parcouru et
feuilleté ces pages, force est de constater qu'on ne regarde plus
Bourj Hammoud comme avant.
*Signature ce soir, au stand de la librairie Antoine, Ã 17 h.
http://www.lorientlejour.com/article/893980/portraits-dune-survie-ou-les-armeniens-de-bourj-hammoud.html
1 nov 2014
Portraits d'une survie, ou les Arméniens de Bourj Hammoud
Couverture cartonnée pour un opus entre une galerie de portraits
depuis le génocide arménien et ce qui fait l'me d'un quartier qui a
gagné ses galons de noblesse grce à de constants labeurs.
Loin de toutes les perturbations civiles et conflictuelles, (dé)voué Ã
son art de la création et du négoce, riche comme sait l'être un marché
qui n'ignore rien des besoins et des envies des chalands, Bourj
Hammoud est aujourd'hui un petit coin de paradis pour le flneur. Des
artères et des venelles animées où chiner, (far)fouiller, (re)trouver
tous les produits, aussi bien vestimentaires qu'alimentaires,
décoratifs ou accessoires de tous acabits, est un moment de bonheur.
Bonheur de faire des emplettes devant des vitrines ultramodernes et
des présentoirs regorgeant de matières premières d'excellent aloi.
Derrière cet espace, autrefois, c'est-à -dire en 1920, campement des
rescapés arméniens et que les nouveaux venus ont ciselé en un carré de
vie plus que respectable, il y a ce cortège et cette brochette
d'hommes et de femmes qui en ont été les maîtres créateurs. En plus
d'un domaine.
Et ce sont ces personnes, par-delà le vacarme de la rue et la
rutilance des devantures et étalages, que la caméra et les mots
d'Ariane Delacampagne traquent. Et fixent sur photos et textes,
révélateurs d'une certaine arménité de la diaspora. Et cela donne un
remarquable ouvrage bilingue (français/anglais) préfacé par Levon
Nordiguian que ces Portraits d'une survie, les Arméniens de
Bourj-Hammoud (159 pages, Somogy éditions d'art).
Dans ce mélange florissant de commerce moderne et de métiers
traditionnels, les Arméniens, jeunes ou gés, illustres (tels les
artistes Guvder et Torossian) ou inconnus du grand public, posent
devant le flash d'une photographe elle-même d'origine arménienne.
Longue quête pour donner un visage, un regard, une silhouette, un
profil, une image tangible à tous ceux qui ont bti, au fil des ans,
ce secteur préservé et grouillant de vie.
Dans ces ateliers envahis d'objets hétéroclites, devant des établis
chargés de bric-à -brac auquel nul n'y songerait, entre poussière et
décor de profession, dans le cadre de leur travail quotidien, tous,
qu'ils (ou elles) s'appellent Varoujan, Krikor, Vahan, Mano, Ara,
Talar, Chouchan, Araz, Lorig, Arpinée, affrontent en toute franchise,
simplicité et amour de la vie l'oeil de la caméra.
Il en reste un témoignage d'une grande beauté et d'une grande force.
Qu'ils soient des jeunes ou des vieux nés en 1930, il y a quelque
chose d'émouvant à lire ces visages où rides et harmonie des traits en
disent long sur la douloureuse histoire des et des
générations montantes face à l'adversité.
Outre l'attrait d'un vibrant témoignage, sobre et sans pathos, on y
retrouve l'essence et la force de se battre d'un peuple. Ainsi que son
incomparable sens de la dignité, de sa joie au travail et de la
secrète vitalité de son savoir-faire. Après avoir parcouru et
feuilleté ces pages, force est de constater qu'on ne regarde plus
Bourj Hammoud comme avant.
*Signature ce soir, au stand de la librairie Antoine, Ã 17 h.
http://www.lorientlejour.com/article/893980/portraits-dune-survie-ou-les-armeniens-de-bourj-hammoud.html