LA ZONE TAMPON VOULUE PAR ANKARA VISE AVANT TOUT A MAETRISER LA QUESTION KURDE
SYRIE
La zone tampon reclamee par la Turquie dans le nord de la Syrie a des
objectifs humanitaires, face a l'offensive des jihadistes sur Kobane,
mais Ankara cherche surtout a empecher l'emergence d'une region
autonome kurde a ses frontières, selon le directeur de l'Institut
kurde de Paris Kendal Nezan.
Q- Pourquoi la Turquie reclame-t-elle depuis 2011 l'etablissement
d'une zone tampon dans le nord de la Syrie ?
R- Cette proposition a en fait un triple objectif : humanitaire, pour
permettre la protection en Syrie meme des populations deplacees par la
guerre et soulager la Turquie (qui accueille deja plus d'1,5 million
de refugies syriens, ndlr). Strategique, pour proteger l'opposition
armee au regime de Bachar al-Assad, qu'Ankara veut voir tomber, et
avoir ainsi une carte maîtresse dans les negociations lorsque viendra
la periode post-Assad. Mais l'objectif politique crucial, pour Ankara,
est d'inclure les zones de peuplement kurde dans cette "buffer zone"
(zone tampon) afin d'empecher toute possibilite d'emergence d'une
region autonome kurde en Syrie.
Q- Paris a soutenu cette proposition de zone tampon, Washington affirme
qu'elle n'est pas a l'etude, comment analysez-vous l'attitude de la
coalition face a la situation actuelle a Kobane ?
R- La communaute internationale n'a rien fait pour ces malheureux
Kurdes de Syrie. On les abandonne, en sous-traitant la question a
Ankara. Les chancelleries occidentales font le service minimum. Après
tous ces grands discours sur "la menace globale" que represente
l'Etat islamique, et sur la necessite et l'urgence de la mobilisation
internationale, on abandonne aujourd'hui des hommes et des femmes qui
se battent desesperement sur le terrain contre les jihadistes. Cela
montre toute l'incoherence de cette politique. On est dans de la
pure rhetorique.
Q- Quelles sont les perspectives ?
R- Si Kobane tombe, les jihadistes s'attaqueront ensuite a un autre
objectif, la region d'Afrin, une enclave kurde au nord d'Alep, qu'on
appelle la "montagne kurde". Et personne ne fera rien, car les Kurdes
syriens sont consideres comme des dommages collateraux.
lundi 13 octobre 2014, Stephane (c)armenews.com
SYRIE
La zone tampon reclamee par la Turquie dans le nord de la Syrie a des
objectifs humanitaires, face a l'offensive des jihadistes sur Kobane,
mais Ankara cherche surtout a empecher l'emergence d'une region
autonome kurde a ses frontières, selon le directeur de l'Institut
kurde de Paris Kendal Nezan.
Q- Pourquoi la Turquie reclame-t-elle depuis 2011 l'etablissement
d'une zone tampon dans le nord de la Syrie ?
R- Cette proposition a en fait un triple objectif : humanitaire, pour
permettre la protection en Syrie meme des populations deplacees par la
guerre et soulager la Turquie (qui accueille deja plus d'1,5 million
de refugies syriens, ndlr). Strategique, pour proteger l'opposition
armee au regime de Bachar al-Assad, qu'Ankara veut voir tomber, et
avoir ainsi une carte maîtresse dans les negociations lorsque viendra
la periode post-Assad. Mais l'objectif politique crucial, pour Ankara,
est d'inclure les zones de peuplement kurde dans cette "buffer zone"
(zone tampon) afin d'empecher toute possibilite d'emergence d'une
region autonome kurde en Syrie.
Q- Paris a soutenu cette proposition de zone tampon, Washington affirme
qu'elle n'est pas a l'etude, comment analysez-vous l'attitude de la
coalition face a la situation actuelle a Kobane ?
R- La communaute internationale n'a rien fait pour ces malheureux
Kurdes de Syrie. On les abandonne, en sous-traitant la question a
Ankara. Les chancelleries occidentales font le service minimum. Après
tous ces grands discours sur "la menace globale" que represente
l'Etat islamique, et sur la necessite et l'urgence de la mobilisation
internationale, on abandonne aujourd'hui des hommes et des femmes qui
se battent desesperement sur le terrain contre les jihadistes. Cela
montre toute l'incoherence de cette politique. On est dans de la
pure rhetorique.
Q- Quelles sont les perspectives ?
R- Si Kobane tombe, les jihadistes s'attaqueront ensuite a un autre
objectif, la region d'Afrin, une enclave kurde au nord d'Alep, qu'on
appelle la "montagne kurde". Et personne ne fera rien, car les Kurdes
syriens sont consideres comme des dommages collateraux.
lundi 13 octobre 2014, Stephane (c)armenews.com