EN TURQUIE, LA TERREUR DES PARENTS D'UN JEUNE COMBATTANT KURDE DE KOBANE
TURQUIE
Comme tant d'autres, Dursun Nahsen a quitte Kobane pour se refugier
en Turquie. Son fils Resad y est reste pour faire le coup de feu
contre les jihadistes. Aujourd'hui, cinq kilomètres les separent. La
distance entre la paix et la guerre, qu'elle ne supporte plus.
"Je n'ai plus de nouvelles de lui depuis qu'on a ete obliges de fuir
en Turquie", soupire doucement la vieille femme, "ca fait maintenant
vingt jours".
Dursun Nahsen porte sur son visage tout le poids de ses 60 ans. Bien
plus meme, a voir la profondeur de ses rides. Le menton et les mains
tatoues, elle ne s'exprime que d'un mince filet de voix pour se
desesperer du sort de son enfant "cheri".
"Evidemment, je suis très inquiète pour lui", lâche la mère, "il est
tout pour moi, il est mon coeur, ma perle".
Resad combat dans les rangs des Unites de protection du peuple (YPG),
la milice armee du principal parti kurde de Syrie, le Parti de l'union
democratique (PYD).
Depuis plusieurs semaines, ces "peshmergas" sont sous le feu constant
des obus des jihadistes du groupe Etat islamique (EI) et resistent
tant bien que mal a l'offensive des "bandits" au drapeau noir, comme
ils designent leurs ennemis, avec l'appui des frappes aeriennes de
la coalition internationale dirigee par les Etats-Unis.
Dans les rues, les combats sont acharnes et les pertes terribles.
Chaque jour, les refugies syriens enterrent dans les cimetières de la
ville frontalière turque de Suruc une nouvelle fournee de "resistants"
tombes pour la defense de Kobane (Aïn al-Arab en langue arabe),
erigee en symbole de la cause kurde.
Comme sa femme, le père de Resad vit dans l'attente d'un signe de son
fils. "Je n'ai pas peur pour lui car c'est Dieu le misericordieux
qui decide de tout", assure d'abord Muslim Osman. "Bien sûr que je
m'inquiète", poursuit-il toutefois, "mais que puis-je faire ?"
"La misère pour tous" -
Comme des milliers d'autres refugies syriens, cet epicier de 70 ans
passe le plus clair de son temps a attendre. Des nouvelles de son
fils, des nouvelles de sa ville. Avec l'espoir improbable, un jour,
de les revoir tous les deux.
La plupart des 200.000 deplaces de la region de Kobane ont reussi a
trouver en Turquie un membre de leur famille qui les a heberges.
Muslim Osman, lui, a beneficie de l'hospitalite des autorites de Suruc
qui, pour faire face a l'afflux de refugies, ont ouvert en urgence ces
entrepôts situes au rez-de-chaussee de nombreux immeubles de la ville.
Les familles kurdes de Syrie s'y entassent dans des conditions très
precaires, souvent sans eau, ni sanitaires.
Dans ce decor incertain et a son âge, M. Osman a du mal a entrevoir
son avenir.
"Daesh (l'acronyme arabe du groupe Etat islamique) est arrive au
milieu de la ville. Il y a des combats de rue. Si Kobane tombe,
ce sera la misère pour nous tous", lâche-t-il.
Autour de lui, les recits des decapitations et des tortures pratiquees
par les combattants jihadistes circulent dans tous les recits et
provoquent l'effroi. "Moi, je n'ai rien vu. Mais beaucoup de gens
m'ont dit qu'ils tranchaient les tetes", explique M. Osman.
Cette terreur, pronostique-t-il, marquera a jamais Kobane et sa
population, meme en cas de victoire sur les jihadistes. "Un retour
en arrière est impossible".
Alors, plutôt qu'a envisager le sort de sa ville, M. Osman se raccroche
a celui de son fils Resad. "Evidemment, je suis fier de lui", dit-il,
"mais ca n'a pas beaucoup d'importance si, comme beaucoup d'autres,
il finit par mourir".
Sa femme, elle non plus, n'a pas renonce a le serrer a nouveau dans
ses bras. "J'ai quatre enfants. Un d'entre eux est deja mort dans
un accident de la route", prie Dursun Nahsen, "j'espère que lui va
me revenir".
mercredi 15 octobre 2014, Stephane (c)armenews.com
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
TURQUIE
Comme tant d'autres, Dursun Nahsen a quitte Kobane pour se refugier
en Turquie. Son fils Resad y est reste pour faire le coup de feu
contre les jihadistes. Aujourd'hui, cinq kilomètres les separent. La
distance entre la paix et la guerre, qu'elle ne supporte plus.
"Je n'ai plus de nouvelles de lui depuis qu'on a ete obliges de fuir
en Turquie", soupire doucement la vieille femme, "ca fait maintenant
vingt jours".
Dursun Nahsen porte sur son visage tout le poids de ses 60 ans. Bien
plus meme, a voir la profondeur de ses rides. Le menton et les mains
tatoues, elle ne s'exprime que d'un mince filet de voix pour se
desesperer du sort de son enfant "cheri".
"Evidemment, je suis très inquiète pour lui", lâche la mère, "il est
tout pour moi, il est mon coeur, ma perle".
Resad combat dans les rangs des Unites de protection du peuple (YPG),
la milice armee du principal parti kurde de Syrie, le Parti de l'union
democratique (PYD).
Depuis plusieurs semaines, ces "peshmergas" sont sous le feu constant
des obus des jihadistes du groupe Etat islamique (EI) et resistent
tant bien que mal a l'offensive des "bandits" au drapeau noir, comme
ils designent leurs ennemis, avec l'appui des frappes aeriennes de
la coalition internationale dirigee par les Etats-Unis.
Dans les rues, les combats sont acharnes et les pertes terribles.
Chaque jour, les refugies syriens enterrent dans les cimetières de la
ville frontalière turque de Suruc une nouvelle fournee de "resistants"
tombes pour la defense de Kobane (Aïn al-Arab en langue arabe),
erigee en symbole de la cause kurde.
Comme sa femme, le père de Resad vit dans l'attente d'un signe de son
fils. "Je n'ai pas peur pour lui car c'est Dieu le misericordieux
qui decide de tout", assure d'abord Muslim Osman. "Bien sûr que je
m'inquiète", poursuit-il toutefois, "mais que puis-je faire ?"
"La misère pour tous" -
Comme des milliers d'autres refugies syriens, cet epicier de 70 ans
passe le plus clair de son temps a attendre. Des nouvelles de son
fils, des nouvelles de sa ville. Avec l'espoir improbable, un jour,
de les revoir tous les deux.
La plupart des 200.000 deplaces de la region de Kobane ont reussi a
trouver en Turquie un membre de leur famille qui les a heberges.
Muslim Osman, lui, a beneficie de l'hospitalite des autorites de Suruc
qui, pour faire face a l'afflux de refugies, ont ouvert en urgence ces
entrepôts situes au rez-de-chaussee de nombreux immeubles de la ville.
Les familles kurdes de Syrie s'y entassent dans des conditions très
precaires, souvent sans eau, ni sanitaires.
Dans ce decor incertain et a son âge, M. Osman a du mal a entrevoir
son avenir.
"Daesh (l'acronyme arabe du groupe Etat islamique) est arrive au
milieu de la ville. Il y a des combats de rue. Si Kobane tombe,
ce sera la misère pour nous tous", lâche-t-il.
Autour de lui, les recits des decapitations et des tortures pratiquees
par les combattants jihadistes circulent dans tous les recits et
provoquent l'effroi. "Moi, je n'ai rien vu. Mais beaucoup de gens
m'ont dit qu'ils tranchaient les tetes", explique M. Osman.
Cette terreur, pronostique-t-il, marquera a jamais Kobane et sa
population, meme en cas de victoire sur les jihadistes. "Un retour
en arrière est impossible".
Alors, plutôt qu'a envisager le sort de sa ville, M. Osman se raccroche
a celui de son fils Resad. "Evidemment, je suis fier de lui", dit-il,
"mais ca n'a pas beaucoup d'importance si, comme beaucoup d'autres,
il finit par mourir".
Sa femme, elle non plus, n'a pas renonce a le serrer a nouveau dans
ses bras. "J'ai quatre enfants. Un d'entre eux est deja mort dans
un accident de la route", prie Dursun Nahsen, "j'espère que lui va
me revenir".
mercredi 15 octobre 2014, Stephane (c)armenews.com
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress