MINORITES : LE LANGAGE DE LA TURQUIE NOUVELLE EST UNE CONTINUATION DES EVENEMENTS DES 6 ET 7 SEPTEMBRE 1955
TURQUIE
Les representants de plusieurs groupes de minorites ont participe
samedi a une reunion en hommage aux victimes des evenements des 6-7
septembre 1955
Arslan Ayan
7 septembre 2014
Les representants de plusieurs minorites se sont reunis au sein d'un
comite de discussion commemorant des victimes d'attaques ayant vise
les citoyens grecs, armeniens et juifs de Turquie, les 6-7 septembre
1955, et denoncant dans le langage de la " Nouvelle Turquie " employe
par Recep Erdogan la continuation des politiques passees devastatrices
pour les minorites.
La reunion du comite de discussion qui s'est tenue au Ismael
Besicki Vakfi, dans le district de Beyoglu d'Istanbul, et a laquelle
ont participe de nombreux specialistes, avait pour but d'attirer
l'attention sur les evenements des 6-7 septembre et de reveler la
situation actuelle des communautes non-musulmanes de Turquie. Les
participants se sont accordes pour dire qu'une " Nouvelle Turquie
" n'avait de sens que si les citoyens non-musulmans pouvaient jouir
des memes droits que ceux de la majorite musulmane.
Dans son discours, le journaliste Rudyan Akar a declare que les
evenements des 6-7 septembre etaient le resultat inevitable des
politiques des gouvernements turcs telles le Varlik Verlisi [Impôt sur
la Richesse] par lequel la richesse etait transferee des Non-Musulmans
aux Musulmans, les campagnes " Vatandas Turkce Konus " [ " Citoyen,
parle le turc " ], les deportations de 1964 ( environ 12 000 Grecs
n'ayant pas la citoyennete turque], tout comme l'intimidation de
minorites et les saisies violentes de propriete. C'est en raison
de cela que les populations des communautes anciennes d'Anatolie,
Armeniens, Juifs, Roms et Assyriens ont decline petit a petit.
Les membres de l'association Dire Non au Racisme et au Nationalisme
(Dur De) ont egalement fait une declaration au cours de la reunion
denoncant les evenements. " En tant que militants de l'Association
Dire Non au Racisme et au Nationalisme, nous nous sommes reunis ici
aujourd'hui en commemoration des victimes des evenements des 6-7
septembre. Au cours des agressions contre les minorites, plus de 400
femmes non-musulmanes ont ete violees, 15 personnes ont ete tuees,
et plus de 300 personnes ont ete gravement blessees. Quatre mille
deux cent douze maisons, 1 004 bureaux, 73 eglises, une synagogue,
un monastère, 26 ecoles et 5 317 autres lieux tels des hôtels et des
bars, ont ete attaques a travers le pays. Parmi eux, 53 pourcent des
proprietes detruites appartenaient a des Grecs, 12 pourcent a des
Juifs et 17 pourcent a des Armeniens. Entre temps, les proprietes de
convertis et de quelques Musulmans de pays etrangers ont egalement ete
detruites au cours des emeutes. Les evenements ont considerablement
accelere l'emigration au sein des minorites, en Turquie et a
Istanbul en particulier. Le projet de creer une Anatolie homogène par
l'elimination des divers groupes ethniques avait ete poursuivi par les
gouvernements depuis 1913 pour la creation d'un etat-nation. Dans ce
cadre, les politiques d'assimilation, d'immigration et de population
etaient explicitement appliquees par l'etat turc. De ce point de
vue, les evenements des 6-7 septembre avaient envoye un message
fort aux minorites de Turquie, leur indiquant qu'une societe etait
en cours de creation, principalement composee de personnes pourvues
de l'identite turque et des caractères musulmans sunnites ", ont dit
les intervenants.
Selon les rapports officiels, les emeutes commencèrent dans la banlieue
Pangalti d'Istanbul, où se trouvaient des commerces reputes tels la
pâtisserie Haylayf, particulièrement frequentee par des citoyens
grecs. C'est a la pâtisserie Haylayf que l'emeute eclata a 7h de
l'après-midi le 6 septembre. De la, l'emeute se repandit a Istanbul
et dans tout le pays. Les evenements furent declenches par une fausse
nouvelle selon laquelle, a Salonique, la maison de Mustafa Kemal
Ataturk, le fondateur de la Republique turque, avait ete dynamitee
la veille. Selon les rapports turcs, 11 personnes non-musulmanes ont
ete tuees dans les emeutes, tandis que selon les sources grecques,
leur nombre est de 15. Officiellement, 30 personnes ont ete blessees
mais un nombre officieux fait etat de 300 blesses.
Critiquant egalement le President Erdogan pour ses remarques
offensantes envers les personnes d'ascendance georgienne et
armenienne, les militants ont affirme que l'attitude insultante
envers les Armeniens est un exemple de la continuation de la politique
devastatrice des gouvernements precedents envers les minorites, dont
les droits sont garantis par le Traite de Lausanne [signe entre la
Turquie et six autres etats a la suite de la Guerre d'independance
turque]. " Malheureusement, meme aujourd'hui, cette perception
genocidaire de la Republique de Turquie se poursuit encore sans aucun
changement particulier ", a ajoute le militant.
Dans ses remarques televisees du 6 août, Erdogan a dit : " Laissons
tous les Turcs dirent qu'ils sont turcs, et tous les Kurdes dire qu'ils
sont kurdes. Qu'est-ce que cela change ? Vous ne pouvez pas imaginer
ce qu'ils ont dit de moi. Ils ont dit que j'etais georgien...Ils
ont meme dit des choses encore plus laides - ils m'ont qualifie -
pardonnez-moi - d'armenien, mais je suis turc ".
Cette declaration, venant du president turc, s'excusant avant de
prononcer le mot " armenien ", comme on s'excuse avant de prononcer
un gros mot, a provoque la colère non seulement des Armeniens mais
aussi d'autres minorites de Turquie.
Les membres de Dur-De commemorent les victimes des 6-7 septembre.
Une ceremonie a la memoire des victimes des evenements des 6-7
septembre 1955, une agression a grande echelle contre les populations
minoritaires vivant a Istanbul, a ete organisee par Dur De, dans la
fameuse rue d'Istiklal, près de la très animee Taksim ce samedi.
¨Prenant la parole au cours de cette reunion, Gonca Sahin, membre de
cette association, a dit a la presse que les minorites en Turquie ont
toujours subi des contraintes et des pratiques discriminatoires. "
La Republique de Turquie doit demander pardon pour les evenements
des 6-7 septembre, et toutes les pratiques discriminatoires envers
les minorites doivent cesser ", a declare Sahin la presse.
https://www.todayszaman.com/anasayfa_minorities-new-turkey-discourse-continuation-of-sept-6-7-incidents_357982.html
Traduction Gilbert Beguian
mercredi 15 octobre 2014, Stephane (c)armenews.com
TURQUIE
Les representants de plusieurs groupes de minorites ont participe
samedi a une reunion en hommage aux victimes des evenements des 6-7
septembre 1955
Arslan Ayan
7 septembre 2014
Les representants de plusieurs minorites se sont reunis au sein d'un
comite de discussion commemorant des victimes d'attaques ayant vise
les citoyens grecs, armeniens et juifs de Turquie, les 6-7 septembre
1955, et denoncant dans le langage de la " Nouvelle Turquie " employe
par Recep Erdogan la continuation des politiques passees devastatrices
pour les minorites.
La reunion du comite de discussion qui s'est tenue au Ismael
Besicki Vakfi, dans le district de Beyoglu d'Istanbul, et a laquelle
ont participe de nombreux specialistes, avait pour but d'attirer
l'attention sur les evenements des 6-7 septembre et de reveler la
situation actuelle des communautes non-musulmanes de Turquie. Les
participants se sont accordes pour dire qu'une " Nouvelle Turquie
" n'avait de sens que si les citoyens non-musulmans pouvaient jouir
des memes droits que ceux de la majorite musulmane.
Dans son discours, le journaliste Rudyan Akar a declare que les
evenements des 6-7 septembre etaient le resultat inevitable des
politiques des gouvernements turcs telles le Varlik Verlisi [Impôt sur
la Richesse] par lequel la richesse etait transferee des Non-Musulmans
aux Musulmans, les campagnes " Vatandas Turkce Konus " [ " Citoyen,
parle le turc " ], les deportations de 1964 ( environ 12 000 Grecs
n'ayant pas la citoyennete turque], tout comme l'intimidation de
minorites et les saisies violentes de propriete. C'est en raison
de cela que les populations des communautes anciennes d'Anatolie,
Armeniens, Juifs, Roms et Assyriens ont decline petit a petit.
Les membres de l'association Dire Non au Racisme et au Nationalisme
(Dur De) ont egalement fait une declaration au cours de la reunion
denoncant les evenements. " En tant que militants de l'Association
Dire Non au Racisme et au Nationalisme, nous nous sommes reunis ici
aujourd'hui en commemoration des victimes des evenements des 6-7
septembre. Au cours des agressions contre les minorites, plus de 400
femmes non-musulmanes ont ete violees, 15 personnes ont ete tuees,
et plus de 300 personnes ont ete gravement blessees. Quatre mille
deux cent douze maisons, 1 004 bureaux, 73 eglises, une synagogue,
un monastère, 26 ecoles et 5 317 autres lieux tels des hôtels et des
bars, ont ete attaques a travers le pays. Parmi eux, 53 pourcent des
proprietes detruites appartenaient a des Grecs, 12 pourcent a des
Juifs et 17 pourcent a des Armeniens. Entre temps, les proprietes de
convertis et de quelques Musulmans de pays etrangers ont egalement ete
detruites au cours des emeutes. Les evenements ont considerablement
accelere l'emigration au sein des minorites, en Turquie et a
Istanbul en particulier. Le projet de creer une Anatolie homogène par
l'elimination des divers groupes ethniques avait ete poursuivi par les
gouvernements depuis 1913 pour la creation d'un etat-nation. Dans ce
cadre, les politiques d'assimilation, d'immigration et de population
etaient explicitement appliquees par l'etat turc. De ce point de
vue, les evenements des 6-7 septembre avaient envoye un message
fort aux minorites de Turquie, leur indiquant qu'une societe etait
en cours de creation, principalement composee de personnes pourvues
de l'identite turque et des caractères musulmans sunnites ", ont dit
les intervenants.
Selon les rapports officiels, les emeutes commencèrent dans la banlieue
Pangalti d'Istanbul, où se trouvaient des commerces reputes tels la
pâtisserie Haylayf, particulièrement frequentee par des citoyens
grecs. C'est a la pâtisserie Haylayf que l'emeute eclata a 7h de
l'après-midi le 6 septembre. De la, l'emeute se repandit a Istanbul
et dans tout le pays. Les evenements furent declenches par une fausse
nouvelle selon laquelle, a Salonique, la maison de Mustafa Kemal
Ataturk, le fondateur de la Republique turque, avait ete dynamitee
la veille. Selon les rapports turcs, 11 personnes non-musulmanes ont
ete tuees dans les emeutes, tandis que selon les sources grecques,
leur nombre est de 15. Officiellement, 30 personnes ont ete blessees
mais un nombre officieux fait etat de 300 blesses.
Critiquant egalement le President Erdogan pour ses remarques
offensantes envers les personnes d'ascendance georgienne et
armenienne, les militants ont affirme que l'attitude insultante
envers les Armeniens est un exemple de la continuation de la politique
devastatrice des gouvernements precedents envers les minorites, dont
les droits sont garantis par le Traite de Lausanne [signe entre la
Turquie et six autres etats a la suite de la Guerre d'independance
turque]. " Malheureusement, meme aujourd'hui, cette perception
genocidaire de la Republique de Turquie se poursuit encore sans aucun
changement particulier ", a ajoute le militant.
Dans ses remarques televisees du 6 août, Erdogan a dit : " Laissons
tous les Turcs dirent qu'ils sont turcs, et tous les Kurdes dire qu'ils
sont kurdes. Qu'est-ce que cela change ? Vous ne pouvez pas imaginer
ce qu'ils ont dit de moi. Ils ont dit que j'etais georgien...Ils
ont meme dit des choses encore plus laides - ils m'ont qualifie -
pardonnez-moi - d'armenien, mais je suis turc ".
Cette declaration, venant du president turc, s'excusant avant de
prononcer le mot " armenien ", comme on s'excuse avant de prononcer
un gros mot, a provoque la colère non seulement des Armeniens mais
aussi d'autres minorites de Turquie.
Les membres de Dur-De commemorent les victimes des 6-7 septembre.
Une ceremonie a la memoire des victimes des evenements des 6-7
septembre 1955, une agression a grande echelle contre les populations
minoritaires vivant a Istanbul, a ete organisee par Dur De, dans la
fameuse rue d'Istiklal, près de la très animee Taksim ce samedi.
¨Prenant la parole au cours de cette reunion, Gonca Sahin, membre de
cette association, a dit a la presse que les minorites en Turquie ont
toujours subi des contraintes et des pratiques discriminatoires. "
La Republique de Turquie doit demander pardon pour les evenements
des 6-7 septembre, et toutes les pratiques discriminatoires envers
les minorites doivent cesser ", a declare Sahin la presse.
https://www.todayszaman.com/anasayfa_minorities-new-turkey-discourse-continuation-of-sept-6-7-incidents_357982.html
Traduction Gilbert Beguian
mercredi 15 octobre 2014, Stephane (c)armenews.com