FONDATEURS. L'ALLIANCE D'UN CHEVALIER, D'UN EVEQUE ET D'UNE LOI A CREE DES QUARTIERS ENTIERS A MARSEILLE.
REVUE DE PRESSE
La toile armenienne
Nous sommes en octobre 1927. Mgr Krikoris Balakian, representant
du catholicos armenien en Europe occidentale, pense s'installer
a Marseille. Lors de la messe qu'il celèbre a Paris, son sermon,
"d'une grande hauteur litteraire et patriotique", impressionne un
homme parmi les fidèles : le chevalier Vahan Khorassandjian. Ce riche
industriel venu de Bruxelles offre a l'eveque une bague de grande
valeur ayant appartenu a sa femme, decedee. Les deux hommes discutent
et, peu a peu, le bijou se transforme en l'achat d'un terrain sur le
Prado a Marseille. Six mois plus tard, sur ces terres offertes par
Vahan Khorassandjian, la première pierre de la cathedrale armenienne
apostolique est posee. L'architecte choisi, Aram Tahtadjian, est
laureat de l'Exposition universelle.
Krikoris Balakian vient s'installer afin de creer le diocèse du Midi.
Chasses par le genocide de 1915, près de 60 000 Armeniens arrives
entre 1922 et 1924 sont alors entasses dans des camps montes a
la hâte a Sainte-Marthe, Saint-Antoine ou Saint-Loup. De petites
chapelles ont ete erigees a côte d'ecoles de fortune, mais cette
population travailleuse a besoin de s'implanter. C'est par les
eglises qu'elle y parviendra. A l'aide de souscriptions populaires,
la communaute acquiert quelques terrains. "Après le travail,explique
Robert Azilazian, president du conseil de la cathedrale, les hommes
construisaient les eglises sur les collines avec le ciment que
preparaient les femmes." Organisations
Autour des edifices religieux, des maisons voient le jour. Avec
elles naissent des organisations a vocation humanitaire, educative,
culturelle, sportive et, surtout, patriotique. Elles prennent le
relais pour attirer les dons, aidees par les dispositions de la
nouvelle loi Loucheur, votee en 1927, qui favorise la construction.
Pour echapper aux charges nouvelles pesant sur le non-bâti, les grands
proprietaires marseillais usent des possibilites offertes par les lois
foncières et liquident une partie de leur patrimoine. Le morcellement
de ces territoires va donner naissance a des quartiers. À la Rosière,
la pinède Sieur-Demoussian est deboisee. Le quartier armenien de
Beaumont y pousse. A Saint-Jerôme, la famille Pomeon divise en
parcelles sa vaste propriete et un quartier se construit contre le
boulevard Ararat. A côte d'une eglise, toujours. Vahan Khorassandjian
a, lui, son buste de pierre noire dans les jardins de la cathedrale.
Les pinèdes du sieur Demoussian
Il ne fut pas le premier Armenien a s'installer a Marseille puisque,
dès le XVIe siècle, des negociants originaires de Smyrne et d'Alep y
echangeaient des tissus avant d'aller aux foires de Lyon. Louis XIII
a plus tard delivre une patente a un marchand, Antoine Armeny, qui,
en 1612, s'associe avec le plus important negociant marseillais. Mais
c'est a la fin du XVIIIe siècle qu'un Armenien va changer le visage
de la ville. Le sieur Demoussian, proprietaire d'une parfumerie sur
la Canebière, achète en 1791 une propriete de 13 hectares sur les
hauteurs de Marseille, a l'emplacement de l'actuelle avenue de la
Rosière, dans le quartier de Beaumont. Une presence qui, selon les
historiens, aurait favorise, dans les annees 30, l'installation des
Armeniens sur ces terres. Cree sur les pinèdes du parfumeur, Beaumont
est toujours le quartier où la communaute, estimee aujourd'hui a 80
000 personnes, est le plus representee a Marseille.
http://www.lepoint.fr/villes/la-toile-armenienne-07-10-2014-1870122_27.php
samedi 18 octobre 2014, Stephane (c)armenews.com
REVUE DE PRESSE
La toile armenienne
Nous sommes en octobre 1927. Mgr Krikoris Balakian, representant
du catholicos armenien en Europe occidentale, pense s'installer
a Marseille. Lors de la messe qu'il celèbre a Paris, son sermon,
"d'une grande hauteur litteraire et patriotique", impressionne un
homme parmi les fidèles : le chevalier Vahan Khorassandjian. Ce riche
industriel venu de Bruxelles offre a l'eveque une bague de grande
valeur ayant appartenu a sa femme, decedee. Les deux hommes discutent
et, peu a peu, le bijou se transforme en l'achat d'un terrain sur le
Prado a Marseille. Six mois plus tard, sur ces terres offertes par
Vahan Khorassandjian, la première pierre de la cathedrale armenienne
apostolique est posee. L'architecte choisi, Aram Tahtadjian, est
laureat de l'Exposition universelle.
Krikoris Balakian vient s'installer afin de creer le diocèse du Midi.
Chasses par le genocide de 1915, près de 60 000 Armeniens arrives
entre 1922 et 1924 sont alors entasses dans des camps montes a
la hâte a Sainte-Marthe, Saint-Antoine ou Saint-Loup. De petites
chapelles ont ete erigees a côte d'ecoles de fortune, mais cette
population travailleuse a besoin de s'implanter. C'est par les
eglises qu'elle y parviendra. A l'aide de souscriptions populaires,
la communaute acquiert quelques terrains. "Après le travail,explique
Robert Azilazian, president du conseil de la cathedrale, les hommes
construisaient les eglises sur les collines avec le ciment que
preparaient les femmes." Organisations
Autour des edifices religieux, des maisons voient le jour. Avec
elles naissent des organisations a vocation humanitaire, educative,
culturelle, sportive et, surtout, patriotique. Elles prennent le
relais pour attirer les dons, aidees par les dispositions de la
nouvelle loi Loucheur, votee en 1927, qui favorise la construction.
Pour echapper aux charges nouvelles pesant sur le non-bâti, les grands
proprietaires marseillais usent des possibilites offertes par les lois
foncières et liquident une partie de leur patrimoine. Le morcellement
de ces territoires va donner naissance a des quartiers. À la Rosière,
la pinède Sieur-Demoussian est deboisee. Le quartier armenien de
Beaumont y pousse. A Saint-Jerôme, la famille Pomeon divise en
parcelles sa vaste propriete et un quartier se construit contre le
boulevard Ararat. A côte d'une eglise, toujours. Vahan Khorassandjian
a, lui, son buste de pierre noire dans les jardins de la cathedrale.
Les pinèdes du sieur Demoussian
Il ne fut pas le premier Armenien a s'installer a Marseille puisque,
dès le XVIe siècle, des negociants originaires de Smyrne et d'Alep y
echangeaient des tissus avant d'aller aux foires de Lyon. Louis XIII
a plus tard delivre une patente a un marchand, Antoine Armeny, qui,
en 1612, s'associe avec le plus important negociant marseillais. Mais
c'est a la fin du XVIIIe siècle qu'un Armenien va changer le visage
de la ville. Le sieur Demoussian, proprietaire d'une parfumerie sur
la Canebière, achète en 1791 une propriete de 13 hectares sur les
hauteurs de Marseille, a l'emplacement de l'actuelle avenue de la
Rosière, dans le quartier de Beaumont. Une presence qui, selon les
historiens, aurait favorise, dans les annees 30, l'installation des
Armeniens sur ces terres. Cree sur les pinèdes du parfumeur, Beaumont
est toujours le quartier où la communaute, estimee aujourd'hui a 80
000 personnes, est le plus representee a Marseille.
http://www.lepoint.fr/villes/la-toile-armenienne-07-10-2014-1870122_27.php
samedi 18 octobre 2014, Stephane (c)armenews.com