Le Point
Jeudi 16 Octobre 2014
l'État turc et la tentation du génocide
par Franz-Olivier Giesbert
Pour FOG, les djihadistes du groupe État islamique sont les nouveaux
nazis. Et la Turquie leur meilleure alliée.
Et si on arrêtait de se tortiller,de mégoter et de couper les cheveux
en quatre, huit ou douze ? N'est-il pas temps de regarder l'affreuse
réalité en face pour en tirer les conséquences ? Et si on arrêtait de
se tortiller,du groupe État islamique (EI) sont les nouveaux nazis et
la Turquie est leur meilleure alliée, j'allais dire leur fourrier
objectif, tant sont fortes les complicités entre l'un et l'autre. Et
si on arrêtait de se tortiller,Comme les soldats SS ou les
Einsatzgruppen de Hitler, qui exterminaient préventivement tous les
ennemis potentiels du IIIe Reich, les égorgeurs sunnites de Daesh
procèdent eux aussi à un nettoyage ethnique et religieux : ils
éliminent systématiquement, de préférence en place publique, pour
impressionner les foules, les chiites, les Kurdes ou les chrétiens.
Et si on arrêtait de se tortiller,Même hystérie, même stratégie de
l'effroi, même projet d'assujettissement totalitaire, même obsession
d'un espace vital - appelé ici califat - pour y déployer leurs
théories mortifères. Sans parler du mépris de la vie, de la jouissance
du mal et de l'apologie de la cruauté. Autant de "valeurs"
pathologiquement sadiennes (1). Et si on arrêtait de se
tortiller,toujours prête à vous tomber dessus pour cause
d'islamophobie, disons qu'il serait criminel de ne pas tuer Daesh dans
l'oeuf tant qu'il en est encore temps. Sinon, l'infection intégriste
se propagera rapidement au Liban, en Jordanie, jusqu'en Tunisie ou
dans des pays d'Asie comme la Malaisie, déjà contaminée. Et si on
arrêtait de se tortiller,La foi insane de combattants décérébrés qui
seraient passés de 15 000 à 30 000 en trois mois. L'absence totale de
stratégie de feu l'empire américain. Des fonds considérables provenant
de rackets, de rançons ou de la vente de pétrole. Le double jeu de
pays officiellement alliés de l'Occident comme l'Arabie saoudite et le
Qatar, ce dernier faisant donner contre la guerre anti-Daesh les
politiciens français qu'il subventionne en douce. Le cynisme absolu de
la Turquie sunnite, rongée par ses obsessions ethnoreligieuses comme
par des vers à viande. Elle vient même de se trouver une nouvelle
spécialité : le génocide par procuration.
Et si on arrêtait de se tortiller,
À la fin du XIXe siècle, les séides islamistes de l'Empire ottoman
s'étaient déjà fait la main en tuant au moins 200 000 Arméniens
chrétiens, brûlant leurs églises et rayant des villages de la carte.
En 1915, le grand massacre de la communauté arménienne se solda par
1,2 million de morts avant que vienne le tour des Grecs pontiques
(plus de 250 000 victimes), qui avaient souvent le malheur d'être
chrétiens. Et si on arrêtait de se tortiller,et les crimes du IIIe
Reich, la Turquie a, depuis, récrit l'histoire. À sa façon :
totalitaire. Interdiction de sortir des clous. Claquemuré dans le
négationnisme et le déni des faits, l'État turc pourchasse et
emprisonne tous ceux, élus, intellectuels ou journalistes, qui osent
évoquer le génocide arménien. Quand il ne les laisse pas assassiner
par des militants nationalistes à sa botte. Et si on arrêtait de se
tortiller,la Turquie a maintenant décidé d'en finir avec les Kurdes.
Un peuple montagnard qu'elle persécute depuis des décennies sous
prétexte qu'il constitue - ce qui n'est pas tout à fait faux - une
menace pour son intégrité territoriale. Composé d'une trentaine de
millions de personnes et rêvant de former un jour un Kurdistan unifié,
il compte un gros tiers de sa population en Turquie, le reste vivant
en Syrie, en Iran et en Irak. Et si on arrêtait de se tortiller,le
petit doigt pour mettre fin à la destruction de la communauté kurde de
Syrie (3 millions de personnes) par les fanatiques du groupe État
islamique. Elle a beau démentir ou donner le change, voire des gages,
elle participe, par djihadistes interposés, à la grande tuerie en
cours : tout au long du conflit, elle a fait preuve d'une complaisance
coupable à leur égard sous prétexte qu'ils étaient les ennemis de ses
ennemis ; elle les a même laissés traverser sa frontière à leur guise.
Et si on arrêtait de se tortiller,elle se prendra les pieds dans le
tapis, c'est écrit. La preuve par quatre que ce grand pays qu'Erdogan,
son président, a hissé très haut sur le plan économique n'est toujours
qu'un nain politique, miné par ses peurs et ses complexes. Le
contraire de l'Iran, qui, lui, a fait mentir tous les pronostics en
réussissant à maintenir au pouvoir l'indéfendable Bachar el-Assad,
sauvant par là même tant de chiites et d'alaouites syriens, qui
désormais lui sont redevables.
Jeudi 16 Octobre 2014
l'État turc et la tentation du génocide
par Franz-Olivier Giesbert
Pour FOG, les djihadistes du groupe État islamique sont les nouveaux
nazis. Et la Turquie leur meilleure alliée.
Et si on arrêtait de se tortiller,de mégoter et de couper les cheveux
en quatre, huit ou douze ? N'est-il pas temps de regarder l'affreuse
réalité en face pour en tirer les conséquences ? Et si on arrêtait de
se tortiller,du groupe État islamique (EI) sont les nouveaux nazis et
la Turquie est leur meilleure alliée, j'allais dire leur fourrier
objectif, tant sont fortes les complicités entre l'un et l'autre. Et
si on arrêtait de se tortiller,Comme les soldats SS ou les
Einsatzgruppen de Hitler, qui exterminaient préventivement tous les
ennemis potentiels du IIIe Reich, les égorgeurs sunnites de Daesh
procèdent eux aussi à un nettoyage ethnique et religieux : ils
éliminent systématiquement, de préférence en place publique, pour
impressionner les foules, les chiites, les Kurdes ou les chrétiens.
Et si on arrêtait de se tortiller,Même hystérie, même stratégie de
l'effroi, même projet d'assujettissement totalitaire, même obsession
d'un espace vital - appelé ici califat - pour y déployer leurs
théories mortifères. Sans parler du mépris de la vie, de la jouissance
du mal et de l'apologie de la cruauté. Autant de "valeurs"
pathologiquement sadiennes (1). Et si on arrêtait de se
tortiller,toujours prête à vous tomber dessus pour cause
d'islamophobie, disons qu'il serait criminel de ne pas tuer Daesh dans
l'oeuf tant qu'il en est encore temps. Sinon, l'infection intégriste
se propagera rapidement au Liban, en Jordanie, jusqu'en Tunisie ou
dans des pays d'Asie comme la Malaisie, déjà contaminée. Et si on
arrêtait de se tortiller,La foi insane de combattants décérébrés qui
seraient passés de 15 000 à 30 000 en trois mois. L'absence totale de
stratégie de feu l'empire américain. Des fonds considérables provenant
de rackets, de rançons ou de la vente de pétrole. Le double jeu de
pays officiellement alliés de l'Occident comme l'Arabie saoudite et le
Qatar, ce dernier faisant donner contre la guerre anti-Daesh les
politiciens français qu'il subventionne en douce. Le cynisme absolu de
la Turquie sunnite, rongée par ses obsessions ethnoreligieuses comme
par des vers à viande. Elle vient même de se trouver une nouvelle
spécialité : le génocide par procuration.
Et si on arrêtait de se tortiller,
À la fin du XIXe siècle, les séides islamistes de l'Empire ottoman
s'étaient déjà fait la main en tuant au moins 200 000 Arméniens
chrétiens, brûlant leurs églises et rayant des villages de la carte.
En 1915, le grand massacre de la communauté arménienne se solda par
1,2 million de morts avant que vienne le tour des Grecs pontiques
(plus de 250 000 victimes), qui avaient souvent le malheur d'être
chrétiens. Et si on arrêtait de se tortiller,et les crimes du IIIe
Reich, la Turquie a, depuis, récrit l'histoire. À sa façon :
totalitaire. Interdiction de sortir des clous. Claquemuré dans le
négationnisme et le déni des faits, l'État turc pourchasse et
emprisonne tous ceux, élus, intellectuels ou journalistes, qui osent
évoquer le génocide arménien. Quand il ne les laisse pas assassiner
par des militants nationalistes à sa botte. Et si on arrêtait de se
tortiller,la Turquie a maintenant décidé d'en finir avec les Kurdes.
Un peuple montagnard qu'elle persécute depuis des décennies sous
prétexte qu'il constitue - ce qui n'est pas tout à fait faux - une
menace pour son intégrité territoriale. Composé d'une trentaine de
millions de personnes et rêvant de former un jour un Kurdistan unifié,
il compte un gros tiers de sa population en Turquie, le reste vivant
en Syrie, en Iran et en Irak. Et si on arrêtait de se tortiller,le
petit doigt pour mettre fin à la destruction de la communauté kurde de
Syrie (3 millions de personnes) par les fanatiques du groupe État
islamique. Elle a beau démentir ou donner le change, voire des gages,
elle participe, par djihadistes interposés, à la grande tuerie en
cours : tout au long du conflit, elle a fait preuve d'une complaisance
coupable à leur égard sous prétexte qu'ils étaient les ennemis de ses
ennemis ; elle les a même laissés traverser sa frontière à leur guise.
Et si on arrêtait de se tortiller,elle se prendra les pieds dans le
tapis, c'est écrit. La preuve par quatre que ce grand pays qu'Erdogan,
son président, a hissé très haut sur le plan économique n'est toujours
qu'un nain politique, miné par ses peurs et ses complexes. Le
contraire de l'Iran, qui, lui, a fait mentir tous les pronostics en
réussissant à maintenir au pouvoir l'indéfendable Bachar el-Assad,
sauvant par là même tant de chiites et d'alaouites syriens, qui
désormais lui sont redevables.