REVUE DE PRESSE
Yuroz entre rose, bleu...et grains de grenade
Un peintre immense de la diaspora arménienne. De Erevan à la
Californie, Yuroz a séduit public et critique. Un maître du cubisme,
avec valeurs ajoutées. Regard sur un personnage et une oeuvre.
Edgar DAVIDIAN | 01/09/2014
Carré, massif, puissant et pourtant frémissant de sensibilité et de
délicatesse est l'univers de Yuroz. C'est l'alliance harmonieuse et
détonante des paradoxes. C'est le bleu cobalt qui se noie dans la
flamboyance des tons orangés. Autrement dit, les rayons du bonheur,
comme les notes bleues en musique, qui se fondent au drapeau à
dominance de couleur grenat de la terre de Sayat Nova. Par-delà tout
symbolisme, coeur et patrie étroitement chevillés.
C'est le feu et le froid. La solitude et la fusion. La retenue et
l'effusion. Le bûcher et le gel. Le doux et l'amer. L'immensément
riche et le dénuement total. Le noir et le blanc. Le clair et
l'obscur. La morgue et l'humilité. L'arrogance et la soumission. La
tourmente et la sérénité. La guerre et la paix.
C'est la rencontre de la ligne courbe et de la ligne droite. Ce sont
les noces du convexe et du concave. Les déclinaisons des vibrations et
des silences, des caresses les plus furtives et des élans les plus
passionnés. D'où surgissent une texture et une tessiture
incomparables. Elles sont dues à des mélanges sublimes et des
interruptions insoupçonnées. C'est tout cela le monde entremêlé et
chavirant de Yuroz. De sang, de chair, de larmes, de plaisir, de
déchéance, de perdition, d'élévation. De quête éperdue pour l'amour. À
l'essence si insaisissable. Si humaine.
La matière et les matériaux n'ont jamais été un frein à son sens inné
et débordant de toute création. Architecte, sculpteur, céramiste,
peintre et aquarelliste, Yuroz jongle avec brio, dans un prisme
cubiste à l'équilibre déroutant, en une obsédante influence de Braque
et de Picasso, mais en des valeurs ajoutées, avec les volumes, les
mouvements, les couleurs et les perspectives.
Né en 1956 en Arménie, Yuroz appartient à la lignée de ces artistes
précoces dont le talent a vite fait d'être flairé et repéré par
l'entourage et les gens du métier. C'est à l'ge de dix ans qu'il
entre à l'Institut des beaux-arts Agop Kodjian à Erevan, haut lieu des
meilleures formations académiques. Son tracé, son sens des nuances, sa
dextérité à marier des éléments inconciliables, sa perception du
chromatisme des couleurs, son imaginaire sans limite sont d'emblée
détectés comme exceptionnels.
Mais ce jeune artiste au talent précoce était loin de se douter des
redoutables aléas de la vie et des vicissitudes qui allaient surgir en
travers de sa route. Et l'on évoque la politique et ses dévoiements.
Une période sombre qui a pesé sur des générations entières comme une
chape de plomb. Un régime socialiste retors, sous obédience
soviétique, qui n'appréciait pas les dérives d'un rapin qui ne se plie
pas à l'inspiration commune dictée par l'État. L'État suprême guide du
peuple, même dans la créativité. Et voilà la traque, l'emprisonnement,
les brimades, l'opprobre et le rejet. Au lieu du soutien, de
l'encouragement et de la reconnaissance.
Yuroz, amalgame de son prénom Yuri et de celui de Rose, une femme
designer à qui le lie une histoire d'amour, reste aussi l'emblème de
l'impérissable notion du couple. Un couple soudé par de grands
sentiments. Et dont l'image paritaire homme/femme, passionnément
enlacés, se répercute sur les toiles à l'infini. Comme un effet de
miroir dans une galerie de glace.
Étouffé par les jours noirs à ses trousses, pris au piège de
l'adversité, le peintre touche enfin la lumière en se tournant vers
l'extérieur. Extérieur des frontières qui l'asservissent. Fuite alors
du pays de l'Araxe vers la liberté. Pour un bol d'oxygène et un
chevalet sans boulet. Et ce sont les États-Unis qui lui offrent un
refuge salutaire. Après sept années de souffrances de Job et
d'impatiente attente. Car Yuroz était interdit de quitter le sol
natal.
Et voilà qu'après moult pérégrinations, déconvenues, années de vache
maigre et de labeur titanesque pour incarner sa part profonde
d'artiste, le rêve de gloire devient réalité. Un rêve américain. Un
rêve à la dimension du pays qui l'accueille depuis 1985.
Sa palette et ses tableaux conquièrent public et presse, et sont
apposés sur les timbres des droits de l'homme. Sa signature, son monde
pictural et ses toiles font le tour de la planète. En panache et sur
les pavois.
Du Musée de l'art contemporain à Hot Springs en Arkansas à l'église
Botticino Sera de Milan, en passant par les galeries de San Diego, San
Francisco, Tokyo, Osaka, New York, et le chapelet des expositions est
loin d'être exhaustif, l'oeuvre de Yuroz, polymorphe et brillante,
touche à tout ce qui parle au coeur et à l'émotion. Une oeuvre dont
l'arc-en-ciel et les pierres angulaires parlent de lumière, d'espoir,
d'humilité, de souffrance, d'effroi d'un lendemain barbare au visage
inhumain. Mais aussi de combat pour la vie, pour l'amour. Du besoin,
dans la miséricorde de Dieu, du pain, de l'eau et du sel d'une
traversée et d'une fraternité humaines. Voilà un vibrant message à la
paix. La paix du corps et de l'esprit.
http://www.lorientlejour.com/article/883669/yuroz-entre-rose-bleuet-grains-de-grenade.html
dimanche 21 septembre 2014,
Stéphane (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=103005
Yuroz entre rose, bleu...et grains de grenade
Un peintre immense de la diaspora arménienne. De Erevan à la
Californie, Yuroz a séduit public et critique. Un maître du cubisme,
avec valeurs ajoutées. Regard sur un personnage et une oeuvre.
Edgar DAVIDIAN | 01/09/2014
Carré, massif, puissant et pourtant frémissant de sensibilité et de
délicatesse est l'univers de Yuroz. C'est l'alliance harmonieuse et
détonante des paradoxes. C'est le bleu cobalt qui se noie dans la
flamboyance des tons orangés. Autrement dit, les rayons du bonheur,
comme les notes bleues en musique, qui se fondent au drapeau à
dominance de couleur grenat de la terre de Sayat Nova. Par-delà tout
symbolisme, coeur et patrie étroitement chevillés.
C'est le feu et le froid. La solitude et la fusion. La retenue et
l'effusion. Le bûcher et le gel. Le doux et l'amer. L'immensément
riche et le dénuement total. Le noir et le blanc. Le clair et
l'obscur. La morgue et l'humilité. L'arrogance et la soumission. La
tourmente et la sérénité. La guerre et la paix.
C'est la rencontre de la ligne courbe et de la ligne droite. Ce sont
les noces du convexe et du concave. Les déclinaisons des vibrations et
des silences, des caresses les plus furtives et des élans les plus
passionnés. D'où surgissent une texture et une tessiture
incomparables. Elles sont dues à des mélanges sublimes et des
interruptions insoupçonnées. C'est tout cela le monde entremêlé et
chavirant de Yuroz. De sang, de chair, de larmes, de plaisir, de
déchéance, de perdition, d'élévation. De quête éperdue pour l'amour. À
l'essence si insaisissable. Si humaine.
La matière et les matériaux n'ont jamais été un frein à son sens inné
et débordant de toute création. Architecte, sculpteur, céramiste,
peintre et aquarelliste, Yuroz jongle avec brio, dans un prisme
cubiste à l'équilibre déroutant, en une obsédante influence de Braque
et de Picasso, mais en des valeurs ajoutées, avec les volumes, les
mouvements, les couleurs et les perspectives.
Né en 1956 en Arménie, Yuroz appartient à la lignée de ces artistes
précoces dont le talent a vite fait d'être flairé et repéré par
l'entourage et les gens du métier. C'est à l'ge de dix ans qu'il
entre à l'Institut des beaux-arts Agop Kodjian à Erevan, haut lieu des
meilleures formations académiques. Son tracé, son sens des nuances, sa
dextérité à marier des éléments inconciliables, sa perception du
chromatisme des couleurs, son imaginaire sans limite sont d'emblée
détectés comme exceptionnels.
Mais ce jeune artiste au talent précoce était loin de se douter des
redoutables aléas de la vie et des vicissitudes qui allaient surgir en
travers de sa route. Et l'on évoque la politique et ses dévoiements.
Une période sombre qui a pesé sur des générations entières comme une
chape de plomb. Un régime socialiste retors, sous obédience
soviétique, qui n'appréciait pas les dérives d'un rapin qui ne se plie
pas à l'inspiration commune dictée par l'État. L'État suprême guide du
peuple, même dans la créativité. Et voilà la traque, l'emprisonnement,
les brimades, l'opprobre et le rejet. Au lieu du soutien, de
l'encouragement et de la reconnaissance.
Yuroz, amalgame de son prénom Yuri et de celui de Rose, une femme
designer à qui le lie une histoire d'amour, reste aussi l'emblème de
l'impérissable notion du couple. Un couple soudé par de grands
sentiments. Et dont l'image paritaire homme/femme, passionnément
enlacés, se répercute sur les toiles à l'infini. Comme un effet de
miroir dans une galerie de glace.
Étouffé par les jours noirs à ses trousses, pris au piège de
l'adversité, le peintre touche enfin la lumière en se tournant vers
l'extérieur. Extérieur des frontières qui l'asservissent. Fuite alors
du pays de l'Araxe vers la liberté. Pour un bol d'oxygène et un
chevalet sans boulet. Et ce sont les États-Unis qui lui offrent un
refuge salutaire. Après sept années de souffrances de Job et
d'impatiente attente. Car Yuroz était interdit de quitter le sol
natal.
Et voilà qu'après moult pérégrinations, déconvenues, années de vache
maigre et de labeur titanesque pour incarner sa part profonde
d'artiste, le rêve de gloire devient réalité. Un rêve américain. Un
rêve à la dimension du pays qui l'accueille depuis 1985.
Sa palette et ses tableaux conquièrent public et presse, et sont
apposés sur les timbres des droits de l'homme. Sa signature, son monde
pictural et ses toiles font le tour de la planète. En panache et sur
les pavois.
Du Musée de l'art contemporain à Hot Springs en Arkansas à l'église
Botticino Sera de Milan, en passant par les galeries de San Diego, San
Francisco, Tokyo, Osaka, New York, et le chapelet des expositions est
loin d'être exhaustif, l'oeuvre de Yuroz, polymorphe et brillante,
touche à tout ce qui parle au coeur et à l'émotion. Une oeuvre dont
l'arc-en-ciel et les pierres angulaires parlent de lumière, d'espoir,
d'humilité, de souffrance, d'effroi d'un lendemain barbare au visage
inhumain. Mais aussi de combat pour la vie, pour l'amour. Du besoin,
dans la miséricorde de Dieu, du pain, de l'eau et du sel d'une
traversée et d'une fraternité humaines. Voilà un vibrant message à la
paix. La paix du corps et de l'esprit.
http://www.lorientlejour.com/article/883669/yuroz-entre-rose-bleuet-grains-de-grenade.html
dimanche 21 septembre 2014,
Stéphane (c)armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=103005