L'Orient-Le Jour, Liban
9 avril 2015
> par le photographe Vartan Dérounian
Dans le sillage des nombreuses manifestations qui vont jalonner la
commémoration du centenaire du génocide arménien, le 24 avril, un
livre parfaitement dans le ton et le mouvement. En devanture des
librairies, un ouvrage combinant photographies et textes sur le camp
des refugiés d'Alep (1922-1936) sous le titre de Mémoire arménienne
par Vartan Dérounian (127 pages, Presses de l'Université
Saint-Joseph).
Aperçu sur l'auteur, d'abord. Un homme dont la caméra est la plume...
Vartan Dérounian (1888-1954) est l'un des meilleurs photographes du
Proche-Orient de l'entre-deux-guerres. Ses albums d'inspiration
orientaliste sont consacrés aux paysages et monuments archéologiques
d'Antioche et d'Alexandrette ainsi que la vie dans les steppes
syriennes.
Tout en n'ignorant jamais ses attaches arméniennes, on le voit dans
ces pages, il se livre à une sorte de reportage sur le vif, qui
s'étale sur une quinzaine d'années, pour témoigner des souffrances et
des affres de l'exode. Ces photographies, regard douloureux, content
l'histoire des réfugiés arméniens arrivés en Syrie au début des années
1920. Miracle de la vie, ils vont survivre et s'intégrer dans une
société dont ils ignorent même la langue. À travers ces photographies,
d'une intense charge émotionnelle et parfaitement maîtrisée dans l'art
de croquer le dicible et l'indicible, on retrouve là l'oeuvre non d'un
simple photographe, mais d'un humaniste.
Un reportage poignant qui présente le camp des réfugiés d'Alep, de la
misère noire des débuts jusqu'à la construction de nouveaux quartiers,
mettant en scène le quotidien des déracinés qui travaillent, tout en
s'attachant à leurs valeurs et héritages ancestraux, à leur
réinsertion dans une société nouvelle qui leur est totalement
étrangère. Travail minutieux et fidèle à la réalité que Vartan
Dérounian exécute en toute conscience et concision pour inscrire Ã
jamais, dans le passage du temps, ce lieu d'une mémoire dont il se
fait le vibrant et lucide passeur.
À côté de ces images d'une saisissante éloquence, les plumes de deux
spécialistes de l'histoire du génocide arménien, Raymond Kevorkian et
Vahé Tachjian, ainsi que Jean-Claude David. Les mots, la pensée et les
témoignages de documents historiques de trois écrivains pour
accompagner ces images parfois insoutenables où l'être lutte pour son
entité, son identité et sa dignité.
http://www.lorientlejour.com/article/919958/-memoire-armenienne-par-le-photographe-vartan-derounian.html
9 avril 2015
> par le photographe Vartan Dérounian
Dans le sillage des nombreuses manifestations qui vont jalonner la
commémoration du centenaire du génocide arménien, le 24 avril, un
livre parfaitement dans le ton et le mouvement. En devanture des
librairies, un ouvrage combinant photographies et textes sur le camp
des refugiés d'Alep (1922-1936) sous le titre de Mémoire arménienne
par Vartan Dérounian (127 pages, Presses de l'Université
Saint-Joseph).
Aperçu sur l'auteur, d'abord. Un homme dont la caméra est la plume...
Vartan Dérounian (1888-1954) est l'un des meilleurs photographes du
Proche-Orient de l'entre-deux-guerres. Ses albums d'inspiration
orientaliste sont consacrés aux paysages et monuments archéologiques
d'Antioche et d'Alexandrette ainsi que la vie dans les steppes
syriennes.
Tout en n'ignorant jamais ses attaches arméniennes, on le voit dans
ces pages, il se livre à une sorte de reportage sur le vif, qui
s'étale sur une quinzaine d'années, pour témoigner des souffrances et
des affres de l'exode. Ces photographies, regard douloureux, content
l'histoire des réfugiés arméniens arrivés en Syrie au début des années
1920. Miracle de la vie, ils vont survivre et s'intégrer dans une
société dont ils ignorent même la langue. À travers ces photographies,
d'une intense charge émotionnelle et parfaitement maîtrisée dans l'art
de croquer le dicible et l'indicible, on retrouve là l'oeuvre non d'un
simple photographe, mais d'un humaniste.
Un reportage poignant qui présente le camp des réfugiés d'Alep, de la
misère noire des débuts jusqu'à la construction de nouveaux quartiers,
mettant en scène le quotidien des déracinés qui travaillent, tout en
s'attachant à leurs valeurs et héritages ancestraux, à leur
réinsertion dans une société nouvelle qui leur est totalement
étrangère. Travail minutieux et fidèle à la réalité que Vartan
Dérounian exécute en toute conscience et concision pour inscrire Ã
jamais, dans le passage du temps, ce lieu d'une mémoire dont il se
fait le vibrant et lucide passeur.
À côté de ces images d'une saisissante éloquence, les plumes de deux
spécialistes de l'histoire du génocide arménien, Raymond Kevorkian et
Vahé Tachjian, ainsi que Jean-Claude David. Les mots, la pensée et les
témoignages de documents historiques de trois écrivains pour
accompagner ces images parfois insoutenables où l'être lutte pour son
entité, son identité et sa dignité.
http://www.lorientlejour.com/article/919958/-memoire-armenienne-par-le-photographe-vartan-derounian.html