BERLIN RECONNAIT LE GENOCIDE ARMENIEN
Publié le : 22-04-2015
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=87741
Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
propose cette information publiée sur le site EurActiv le 21 avril
2015.
Légende photo : Vendredi (le 24 avril), une cérémonie de
commémoration des victimes devrait avoir lieu au mémorial de
Tsitsernakaberd a Erevan. [Stefan Krasowski/Flickr]
EurActiv
Berlin s'est longtemps opposé a utiliser le terme Â" génocide Â"
pour définir le massacre des Arméniens en 1915, mais la chancellerie
et son gouvernement de coalition ont finalement cédé aux pressions
des députés de leurs partis.
Le lundi 20 avril, Steffen Seibert, le porte-parole d'Angela Merkel, a
annoncé que le gouvernement soutiendrait une résolution du Bundestag
visant a commémorer le massacre des Arméniens qui s'est déroulé
il y a 100 ans.
Une annonce qui intervient alors que la polémique faisait rage en
Allemagne : le président, Joachim Gauck, allait-il prononcer le mot Â"
génocide Â" lors d'un événement de commémoration a la cathédrale
de Berlin auquel il participe le 23 avril ?
Depuis des semaines, l'alliance de centre-droit et le Parti
social-démocrate (SPD), les partis du gouvernement de coalition,
débattent eux-aussi de la manière de définir le massacre des
Arméniens commis par l'Empire Ottoman en 1915.
Utilisation du mot génocide
Erika Steinbach, qui dirige l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et
préside le groupe de travail parlementaire sur les droits de l'Homme
dans la section de centre-droit du Bundestag, devrait être ravie de
ce revirement. Elle estimait Â" très humiliant Â" que le Bundestag
se refuse a utiliser le mot Â" génocide Â". Elle a expliqué au
Tagesspiegel que, selon elle, la Â" crédibilité de la politique
allemande des droits de l'Homme Â" est en jeu.
Frank Schwabe, porte-parole du SPD pour la politique des droits de
l'Homme, était lui aussi loin d'être convaincu par les consignes de
l'administration du ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter
Steinmeier. Â" Le gouvernement allemand doit pouvoir nommer clairement
le génocide arménien Â", a-t-il déclaré. Â" Sinon, nous nous
empêchons également de définir les génocides actuels et futures. Â"
Les membres des partis de la coalition au pouvoir ont présenté la
proposition de résolution au Bundestag et fait pression sur leurs
collègues du gouvernement afin qu'ils acceptent de qualifier les
événements de génocide. Un débat sur la résolution devrait avoir
lieu le 24 avril.
Â" Le gouvernement soutient la proposition de résolution [...] qui
fait du sort des Arméniens durant la Première Guerre mondiale
un exemple des meurtres collectifs, des nettoyages ethniques, des
expulsions et, oui, des génocides du 20ème siècle Â", a déclaré
Steffen Seibert.
Jusqu'ici, le gouvernement de coalition avait soigneusement évité
de mot Â" génocide Â".
Suite aux avertissements recus d'Ankara, le ministre des Affaires
étrangères, Frank-Walter Steinmeier, s'était bien gardé d'utiliser
le mot Â" génocide Â" lors d'un entretien télévisé le 19 avril. Il
avait cependant nié l'existence d'un tabou dicté par la Turquie.
L'Allemagne a une responsabilité particulière
Le 15 avril, le Conseil central des juifs d'Allemagne n'a laissé
aucun doute sur sa position vis-a-vis du génocide arménien.
Â" Il y a 100 ans, plus d'un million d'Arméniens ont été déportés
a la demande de l'Empire Ottoman. Ils ont été froidement assassinés
ou sont morts de faim et de soif dans le désert Â", a rappelé Josef
Schuster, président de l'association, au Tagesspiegel.
Â" Ce terrible événement devrait être appelé comme il se doit
: c'était un génocide Â", assure-t-il. Josef Schuster estime
que le gouvernement allemand a une responsabilité particulière,
étant donné que des officiers allemands ont été complices de
ces événements.
Â" Plus tard, Hitler a virtuellement utilisé le génocide arménien
comme modèle pour l'extermination des Juifs Â", argue-t-il.
Selon des sources arméniennes, 1,5 millions de personnes ont été
victimes du génocide. Les historiens s'accordent depuis longtemps
sur le fait que les atrocités de 1915 devraient être considérées
comme un génocide.
Ankara ne veut pas entendre parler de génocide
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a condamné l'utilisation
du terme a de nombreuses occasions. Â" Notre pays n'est sali par
aucun génocide Â", a-t-il affirmé.
Â" Nous ne permettrons pas que des événements historiques soient
sortis de leur contexte et utilisés comme outils de propagande
contre notre pays Â", a-t-il déclaré le 14 avril, en réaction a
un discours du Pape Francis, qui a qualifié les événements de 1915
de Â" premier génocide du 20ème siècle Â".
Â" Je condamne le Pape et voudrais le prévenir qu'il ne devrait pas
faire ce genre d'erreurs a l'avenir Â", a souligné le président turc,
qui a immédiatement rappelé l'ambassadeur turc au Vatican a Ankara.
La Turquie refuse de considérer que les massacres, perpétrés
alors que les forces ottomanes combattaient les Russes, constitue
un génocide.
Les autorités admettent que des chrétiens arméniens ont été
tués lors des massacres et déportations de 1915 et 1916, mais pas
qu'il y a eu des centaines de milliers de victimes.
Selon la Turquie, il n'y a jamais eu de campagnes visant a éliminer
les Arméniens ou d'ordre dans ce sens prononcé par les autorités
de l'Empire Ottoman.
Un génocide déja reconnu par le Parlement européen, la France et
d'autres nations
Le Bundestag devrait adopter la résolution de reconnaissance du
génocide arménien le 24 avril, date du centenaire du massacre d'1,5
million d'Arméniens par les troupes ottomanes.
Steffen Seibert souligne que la proposition de résolution indique
l'Allemagne reste Â" consciente du caractère unique de l'Holocauste,
dont elle porte la responsabilité Â".
Plus d'une douzaine de pays, donc la France, la Suisse et les Pays-Bas,
ont déja qualifié de génocide les déplacements, viols et massacres
qui ont eu lieu a cette occasion. L'ONU et le Parlement européen
partagent tous deux cet avis.
Le centenaire du début du génocide est une occasion important
d'accepter le passé, indique une résolution adoptée le 15
avril. Cette résolution rend hommage aux victimes du génocide et
exhortait Ankara a reconnaître la nature de ces atrocités.
Les eurodéputés ont invité l'Arménie et la Turquie a Â" s'inspirer
des exemples de réconciliations entre les pays européens Â"
en ratifiant et en exécutant, sans préconditions, les protocoles
d'établissement de relations diplomatiques, en ouvrant la frontière
et en améliorant activement leurs relations, notamment en ce
qui concerne la coopération transfrontalière et l'intégration
économique.
Un article adapté d'EurActiv Allemagne et du Tagesspiegel.
Article en allemand :
Bundesregierung in Bedrängnis
Source/Lien : EurActiv
Publié le : 22-04-2015
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=87741
Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
propose cette information publiée sur le site EurActiv le 21 avril
2015.
Légende photo : Vendredi (le 24 avril), une cérémonie de
commémoration des victimes devrait avoir lieu au mémorial de
Tsitsernakaberd a Erevan. [Stefan Krasowski/Flickr]
EurActiv
Berlin s'est longtemps opposé a utiliser le terme Â" génocide Â"
pour définir le massacre des Arméniens en 1915, mais la chancellerie
et son gouvernement de coalition ont finalement cédé aux pressions
des députés de leurs partis.
Le lundi 20 avril, Steffen Seibert, le porte-parole d'Angela Merkel, a
annoncé que le gouvernement soutiendrait une résolution du Bundestag
visant a commémorer le massacre des Arméniens qui s'est déroulé
il y a 100 ans.
Une annonce qui intervient alors que la polémique faisait rage en
Allemagne : le président, Joachim Gauck, allait-il prononcer le mot Â"
génocide Â" lors d'un événement de commémoration a la cathédrale
de Berlin auquel il participe le 23 avril ?
Depuis des semaines, l'alliance de centre-droit et le Parti
social-démocrate (SPD), les partis du gouvernement de coalition,
débattent eux-aussi de la manière de définir le massacre des
Arméniens commis par l'Empire Ottoman en 1915.
Utilisation du mot génocide
Erika Steinbach, qui dirige l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et
préside le groupe de travail parlementaire sur les droits de l'Homme
dans la section de centre-droit du Bundestag, devrait être ravie de
ce revirement. Elle estimait Â" très humiliant Â" que le Bundestag
se refuse a utiliser le mot Â" génocide Â". Elle a expliqué au
Tagesspiegel que, selon elle, la Â" crédibilité de la politique
allemande des droits de l'Homme Â" est en jeu.
Frank Schwabe, porte-parole du SPD pour la politique des droits de
l'Homme, était lui aussi loin d'être convaincu par les consignes de
l'administration du ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter
Steinmeier. Â" Le gouvernement allemand doit pouvoir nommer clairement
le génocide arménien Â", a-t-il déclaré. Â" Sinon, nous nous
empêchons également de définir les génocides actuels et futures. Â"
Les membres des partis de la coalition au pouvoir ont présenté la
proposition de résolution au Bundestag et fait pression sur leurs
collègues du gouvernement afin qu'ils acceptent de qualifier les
événements de génocide. Un débat sur la résolution devrait avoir
lieu le 24 avril.
Â" Le gouvernement soutient la proposition de résolution [...] qui
fait du sort des Arméniens durant la Première Guerre mondiale
un exemple des meurtres collectifs, des nettoyages ethniques, des
expulsions et, oui, des génocides du 20ème siècle Â", a déclaré
Steffen Seibert.
Jusqu'ici, le gouvernement de coalition avait soigneusement évité
de mot Â" génocide Â".
Suite aux avertissements recus d'Ankara, le ministre des Affaires
étrangères, Frank-Walter Steinmeier, s'était bien gardé d'utiliser
le mot Â" génocide Â" lors d'un entretien télévisé le 19 avril. Il
avait cependant nié l'existence d'un tabou dicté par la Turquie.
L'Allemagne a une responsabilité particulière
Le 15 avril, le Conseil central des juifs d'Allemagne n'a laissé
aucun doute sur sa position vis-a-vis du génocide arménien.
Â" Il y a 100 ans, plus d'un million d'Arméniens ont été déportés
a la demande de l'Empire Ottoman. Ils ont été froidement assassinés
ou sont morts de faim et de soif dans le désert Â", a rappelé Josef
Schuster, président de l'association, au Tagesspiegel.
Â" Ce terrible événement devrait être appelé comme il se doit
: c'était un génocide Â", assure-t-il. Josef Schuster estime
que le gouvernement allemand a une responsabilité particulière,
étant donné que des officiers allemands ont été complices de
ces événements.
Â" Plus tard, Hitler a virtuellement utilisé le génocide arménien
comme modèle pour l'extermination des Juifs Â", argue-t-il.
Selon des sources arméniennes, 1,5 millions de personnes ont été
victimes du génocide. Les historiens s'accordent depuis longtemps
sur le fait que les atrocités de 1915 devraient être considérées
comme un génocide.
Ankara ne veut pas entendre parler de génocide
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a condamné l'utilisation
du terme a de nombreuses occasions. Â" Notre pays n'est sali par
aucun génocide Â", a-t-il affirmé.
Â" Nous ne permettrons pas que des événements historiques soient
sortis de leur contexte et utilisés comme outils de propagande
contre notre pays Â", a-t-il déclaré le 14 avril, en réaction a
un discours du Pape Francis, qui a qualifié les événements de 1915
de Â" premier génocide du 20ème siècle Â".
Â" Je condamne le Pape et voudrais le prévenir qu'il ne devrait pas
faire ce genre d'erreurs a l'avenir Â", a souligné le président turc,
qui a immédiatement rappelé l'ambassadeur turc au Vatican a Ankara.
La Turquie refuse de considérer que les massacres, perpétrés
alors que les forces ottomanes combattaient les Russes, constitue
un génocide.
Les autorités admettent que des chrétiens arméniens ont été
tués lors des massacres et déportations de 1915 et 1916, mais pas
qu'il y a eu des centaines de milliers de victimes.
Selon la Turquie, il n'y a jamais eu de campagnes visant a éliminer
les Arméniens ou d'ordre dans ce sens prononcé par les autorités
de l'Empire Ottoman.
Un génocide déja reconnu par le Parlement européen, la France et
d'autres nations
Le Bundestag devrait adopter la résolution de reconnaissance du
génocide arménien le 24 avril, date du centenaire du massacre d'1,5
million d'Arméniens par les troupes ottomanes.
Steffen Seibert souligne que la proposition de résolution indique
l'Allemagne reste Â" consciente du caractère unique de l'Holocauste,
dont elle porte la responsabilité Â".
Plus d'une douzaine de pays, donc la France, la Suisse et les Pays-Bas,
ont déja qualifié de génocide les déplacements, viols et massacres
qui ont eu lieu a cette occasion. L'ONU et le Parlement européen
partagent tous deux cet avis.
Le centenaire du début du génocide est une occasion important
d'accepter le passé, indique une résolution adoptée le 15
avril. Cette résolution rend hommage aux victimes du génocide et
exhortait Ankara a reconnaître la nature de ces atrocités.
Les eurodéputés ont invité l'Arménie et la Turquie a Â" s'inspirer
des exemples de réconciliations entre les pays européens Â"
en ratifiant et en exécutant, sans préconditions, les protocoles
d'établissement de relations diplomatiques, en ouvrant la frontière
et en améliorant activement leurs relations, notamment en ce
qui concerne la coopération transfrontalière et l'intégration
économique.
Un article adapté d'EurActiv Allemagne et du Tagesspiegel.
Article en allemand :
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Source/Lien : EurActiv