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Cent Ans Apres, Le Retour Aux Sources En Turquie D'un Armenien De Fr

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  • Cent Ans Apres, Le Retour Aux Sources En Turquie D'un Armenien De Fr

    CENT ANS APRES, LE RETOUR AUX SOURCES EN TURQUIE D'UN ARMENIEN DE FRANCE

    Turquie-Armenie-genocide-anniversaire-France

    Istanbul (AFP) - C'etait une promesse. Un devoir. Comme une evidence.

    Cent ans après le massacre de ses grands-parents armeniens, Gerard
    Bodigoff a fait le voyage dans leur pays d'origine, la Turquie, pour
    honorer leur memoire et, aussi, nourrir l'espoir d'une reconciliation.

    "Mes grands-parents ont ete tues ici. Ma mère y est partie sur les
    chemins de l'exode avec ses deux frères. Alors je m'etais dit que
    si j'etais encore en vie pour le centenaire, je viendrais pour la
    commemoration de ce genocide. Je devais au moins ca a ma mère..."

    A quelques jours de la date-anniversaire du 24 avril retenue pour
    celebrer la "grande catastrophe", Gerard Bodigoff, 70 ans, a donc pose
    le pied pour la première fois a Istanbul, avec son epouse Jacqueline
    et un couple d'amis. Pas inquiet, non. Tout au plus un peu mal a
    l'aise. Et surtout la tete pleine de questions.

    "Je viens voir ce pays qui aurait pu etre le mien. Ce pays qui n'a pas
    voulu de moi, ni de mes parents", dit-il. Face a lui, le Bosphore. Et
    juste a côte, Dolmabahce. Le palais des derniers sultans de l'Empire
    ottoman, ordonnateur des deportations et des tueries qui ont vise sa
    communaute pendant la Première guerre mondiale en 1915.

    "Aujourd'hui, je vis en France et je suis a 120% francais. Mais
    une partie de mon sang est d'ici. Alors je ne sais pas, il y a une
    douleur, un mal-etre", ajoute l'ancien boucher de la region parisienne,
    "tant de sentiments qui me passent dans la tete".

    Il y a un siècle, la famille de Gerard Bodigoff vivait a Erzincan,
    dans l'est de l'actuelle Turquie. Ses grands-parents maternels y ont
    ete assassines en 1915. Sa mère, Siranouche, a ete precipitee sur
    les routes avec ses deux oncles. Elle a abandonne le plus petit au
    bord d'un chemin parce qu'elle n'avait plus la force de le porter.

    Dans des conditions qu'elle a toujours tues, elle a survecu en
    travaillant dans une famille turque. Avant d'emigrer pour Marseille
    en 1924 et d'y demarrer sa deuxième vie.

    "Tout etait armenien a la maison, mais on devenait francais dès qu'on
    franchissait le pas de la porte", s'amuse Gerard Bodigoff.

    "On nous appris que la France etait le pays qui nous avait accueilli,
    protege et instruit, c'etait notre education".

    - 'Ils en sortiraient grandis' -

    La memoire des evenements de 1915 n'en a pas ete oubliee, bien sûr.

    Mais sans outrance, ni exageration. "Tout ce qu'ils ont subi, on
    nous l'a transmis", se felicite le retraite, "ca fait partie de moi,
    je ne peux pas l'evacuer, mais je ne me lève pas non plus tous les
    matins en pleurant dessus".

    (c) BULENT KILIC / AFP Gerard Bodigoff avec son epouse Jacqueline
    dans l'eglise armenienne d'Istanbul, dimanche dernier.

    "Ma belle-mère nous a toujours laisse une belle image du pays où
    elle a vecu", s'empresse d'ajouter son epouse, Jacqueline, "il y a
    beaucoup de zones d'ombre sur ce qu'elle y a vecu mais elle nous en
    faisait toujours l'eloge".

    Malgre ce passe lourd, etouffant, omnipresent, Gerard Bodigoff assure
    aujourd'hui n'eprouver aucune haine pour la Turquie. "Ce n'est pas le
    pays qui etait un ennemi, c'etait le regime de l'epoque qui l'etait",
    estime-t-il, "ce n'est pas non plus la faute des Turcs d'aujourd'hui,
    ils n'y sont pour rien, ils n'etaient pas la".

    Son seul souhait, ce n'est meme pas un pardon de la part du
    gouvernement d'Ankara, juste la reconnaissance de ce qu'il considère
    comme la verite historique.

    "La seule chose que je leur dis c'est +ca s'est passe,
    reconnaissez-le+. C'est tout ! C'est tout ! Je n'irai pas demain
    recuperer les terres de mes ancetres. Moi, mon pays, c'est la France",
    s'enflamme le septuagenaire. "Tout le monde serait apaise. Nous, parce
    qu'on pourra enterrer nos morts. Eux, parce qu'ils en sortiraient
    grandis".

    A ce jour, la Turquie s'est toujours obstinement refusee a qualifier de
    genocide les evenements de 1915. Elle reconnaît la mort de centaines
    de milliers d'Armeniens, victimes de combats ou de famine, mais nie
    le caractère planifie de leur elimination.

    Meme epidermique, ce refus turc ne decourage pas Gerard Bodigoff.

    Optimiste, il veut croire aux vertus de l'instruction et du lent
    rapprochement des cultures. Comme dans cette ecole armenienne qu'il
    a tenu a visiter pendant son sejour stambouliote.

    "Il n'y a que par l'education qu'on se rendra compte de ce qu'il
    s'est passe", professe-t-il. "Tôt ou tard, tout se sait. Un jour,
    meme si ce n'est pas dans cinq ans ou dans dix ans, ils (les Turcs)
    sauront. A ce moment-la, peut-etre qu'ils le reconnaîtront".

    mercredi 22 avril 2015, Stephane (c)armenews.com
    http://www.armenews.com/article.php3?id_article=110673




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