La Dépêche du Midi, France
jeudi janvier 29 2015
«Les pères arméniens doivent revoir leurs enfants»
DER DEP; tarn albi; Pg. 34 N° 24183
« Les nouvelles ne sont pas bonnes. Je ne sais pas ce que nous allons
devenir », résumait avec un semblant de sourire triste et digne Raya
Khanoyan mardi soir sur le Vigan à Albi. Mari de cette jeune femme de
31 ans, Armen, 41 ans, est toujours en centre de rétention Ã
Cornebarrieu, ainsi que son ami Samvel Vartapetian, 31 ans, un autre
père de famille. Raya participait au cercle de silence réuni
immuablement chaque dernier mardi du mois à 18 heures sur cette place
d'Albi pour dénoncer le sort fait aux étrangers, cette fois dédié Ã
ces deux familles arméniennes d'Albi et Fréjairolles.
Sous le coup d'un ordre de quitter le territoire francais, les deux
jeunes pères ont été interpellés à Carmaux en marge des contrôles
effectués dans des garages, car ils ont pris peur en voyant arriver
les policiers et ont paru suspects. On les a envoyés direct Ã
Cornebarrieu. « Examiné lundi à Toulouse, même l'appel après la
décision du juge de la liberté et de la détention a été rejeté lundi.
Tous les recours sont épuisés. On n'attend plus que les laissez-passer
de l'Arménie pour Armen et de la Géorgie pour Samvel », constate
Sylvie Puech.
Ultime appel au préfet du Tarn
Cette bénévole du Secours catholique à Alban n'a plus que l'argument
humanitaire à faire jouer : « Le Secours catholique, RESF et le Mrap
s'adressent cette fois directement au préfet du Tarn, Thierry
Gentilhomme, à qui un rendez-vous est demandé. Nous voulons que, même
s'ils doivent partir au final, les deux pères puissent en attendant
revenir chez eux et revoir leurs enfants, dont ils sont séparés depuis
le 20 janvier, au nom du droit supérieur de l'enfant. Armen a une
fille de trois ans et Samvel des jumeaux de deux ans et un bébé de
quinze mois. »
Les trois organisations « activent leurs réseaux » pour inviter leurs
membres à adresser une lettre-type au préfet du Tarn. « Vous êtes M.
le Préfet le dernier espoir pour sauvegarder ces familles. Je fais
appel à votre pouvoir discrétionnaire en la matière et vous demande de
reconsidérer une mesure qui détruirait ces familles qui, depuis leur
arrivée en France, font tout ce qu'elle peut pour s'intégrer et a su
gagner la confiance et l'amitié de nombreux Tarnais », stipule ce
courrier « urgence Armen et Samvel ».
Pour Sylvie Puech, ces demandeurs d'asile en France depuis 2010 et
2011 « n'ont pas eu de chance dans leur parcours judiciaire. Leur
histoire n'a pas été crue. Je reste persuadée qu'ils sont réellement
en danger en Arménie et en Géorgie. Ces familles sont chrétiennes mais
ce n'est pas pour leur confession que le Secours catholique se
mobilisent, mais parce que nous les avons pris en charge dès le
départ. C'est complexe, c'est vrai. La France ne peut pas accueillir
tout le monde, mais je ne vois pas pourquoi elle les refuserait eux.
Ce serait me semble-t-il juste de leur donner cette chance qu'on n'a
pas voulu leur accorder. Ce sont des gens discrets, travailleurs, sans
casier judiciaire. Ils aiment la France et elle aurait tout à y
gagner... » Sylvie Puech a appris à les connaître : « Je leur ai mis Ã
disposition une maison à Fréjairolles, et ce sont les seuls locataires
avec qui je n'ai jamais eu de souci ! Puis je suis devenue amie avec
les épouses, qui montrent une formidable capacité d'adaptation. »
Alain-Marc Delbouys
jeudi janvier 29 2015
«Les pères arméniens doivent revoir leurs enfants»
DER DEP; tarn albi; Pg. 34 N° 24183
« Les nouvelles ne sont pas bonnes. Je ne sais pas ce que nous allons
devenir », résumait avec un semblant de sourire triste et digne Raya
Khanoyan mardi soir sur le Vigan à Albi. Mari de cette jeune femme de
31 ans, Armen, 41 ans, est toujours en centre de rétention Ã
Cornebarrieu, ainsi que son ami Samvel Vartapetian, 31 ans, un autre
père de famille. Raya participait au cercle de silence réuni
immuablement chaque dernier mardi du mois à 18 heures sur cette place
d'Albi pour dénoncer le sort fait aux étrangers, cette fois dédié Ã
ces deux familles arméniennes d'Albi et Fréjairolles.
Sous le coup d'un ordre de quitter le territoire francais, les deux
jeunes pères ont été interpellés à Carmaux en marge des contrôles
effectués dans des garages, car ils ont pris peur en voyant arriver
les policiers et ont paru suspects. On les a envoyés direct Ã
Cornebarrieu. « Examiné lundi à Toulouse, même l'appel après la
décision du juge de la liberté et de la détention a été rejeté lundi.
Tous les recours sont épuisés. On n'attend plus que les laissez-passer
de l'Arménie pour Armen et de la Géorgie pour Samvel », constate
Sylvie Puech.
Ultime appel au préfet du Tarn
Cette bénévole du Secours catholique à Alban n'a plus que l'argument
humanitaire à faire jouer : « Le Secours catholique, RESF et le Mrap
s'adressent cette fois directement au préfet du Tarn, Thierry
Gentilhomme, à qui un rendez-vous est demandé. Nous voulons que, même
s'ils doivent partir au final, les deux pères puissent en attendant
revenir chez eux et revoir leurs enfants, dont ils sont séparés depuis
le 20 janvier, au nom du droit supérieur de l'enfant. Armen a une
fille de trois ans et Samvel des jumeaux de deux ans et un bébé de
quinze mois. »
Les trois organisations « activent leurs réseaux » pour inviter leurs
membres à adresser une lettre-type au préfet du Tarn. « Vous êtes M.
le Préfet le dernier espoir pour sauvegarder ces familles. Je fais
appel à votre pouvoir discrétionnaire en la matière et vous demande de
reconsidérer une mesure qui détruirait ces familles qui, depuis leur
arrivée en France, font tout ce qu'elle peut pour s'intégrer et a su
gagner la confiance et l'amitié de nombreux Tarnais », stipule ce
courrier « urgence Armen et Samvel ».
Pour Sylvie Puech, ces demandeurs d'asile en France depuis 2010 et
2011 « n'ont pas eu de chance dans leur parcours judiciaire. Leur
histoire n'a pas été crue. Je reste persuadée qu'ils sont réellement
en danger en Arménie et en Géorgie. Ces familles sont chrétiennes mais
ce n'est pas pour leur confession que le Secours catholique se
mobilisent, mais parce que nous les avons pris en charge dès le
départ. C'est complexe, c'est vrai. La France ne peut pas accueillir
tout le monde, mais je ne vois pas pourquoi elle les refuserait eux.
Ce serait me semble-t-il juste de leur donner cette chance qu'on n'a
pas voulu leur accorder. Ce sont des gens discrets, travailleurs, sans
casier judiciaire. Ils aiment la France et elle aurait tout à y
gagner... » Sylvie Puech a appris à les connaître : « Je leur ai mis Ã
disposition une maison à Fréjairolles, et ce sont les seuls locataires
avec qui je n'ai jamais eu de souci ! Puis je suis devenue amie avec
les épouses, qui montrent une formidable capacité d'adaptation. »
Alain-Marc Delbouys