TURQUIE : COMMENT FORCER LES ALEVIS A RENONCER A LEUR FOI ET LEUR CULTURE
Publié le : 13-02-2015
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=85720
Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - "Le quotidien turc Hurriyet
Daily News du 11 février 2015 rapporte qu'une directive du Directoire
chargé de l'éducation religieuse du ministère turc de l'Education
précise que seuls les élèves de confession chrétienne ou juive
seront dispensés des cours obligatoires sur l'islam sunnite. Cette
directive est essentiellement dirigée contre la communauté alévie
de Turquie.
Rappelons que l'alévisme regroupe des membres de l'islam dits
hétérodoxes et revendique la tradition universelle et originelle de
l'islam et plus largement de toutes les religions monothéistes. Il
s'agit d'un large syncrétisme qui donne une approche très libérale
de la religion. L'alévisme constitue la seconde religion en Turquie
après le sunnisme. Si officiellement ils constituent les 10 et 15 %
de la population turque, les sources alévies estiment qu'ils sont
entre 20 a 25 % de la population." Nota CVAN : Les Alévis peuvent
être indifféremment Turcs ou Kurdes. Dans le Dersim, nombreux sont
les Alévis a avoir caché et sauvé des Arméniens, avant de périr
a la fin des années 30, sous les bombes de l'aviation de Mustapha
Kemal. Malgré cela, et en réaction a l'islam sunnite de l'AKP, de
nombreux Alévis s'affichent aux côtés du CHP (kémaliste), certes
laïque, mais surtout nationaliste et bien peu enclin a défendre
les droits des minorités...
Le Collectif VAN vous propose de lire cette information mise a ligne
sur le site de Diaspora Grecque le 12 février 2015.
Légende photo: Manifestation pour la défense des droits des Alévis,
Ankara
Diaspora Grecque
le 12/2/2015 13:12:40
L'enseignement religieux en Turquie ou comment forcer les Alévis a
renoncer a leur foi et leur culture
Le quotidien turc Hurriyet Daily News du 11 février 2015 rapporte
qu'une directive du Directoire chargé de l'éducation religieuse
du ministère turc de l'Education précise que seuls les élèves
de confession chrétienne ou juive seront dispensés des cours
obligatoires sur l'islam sunnite.
Cette directive est essentiellement dirigée contre la communauté
alévie de Turquie. Rappelons que l'alévisme regroupe des membres
de l'islam dits hétérodoxes et revendique la tradition universelle
et originelle de l'islam et plus largement de toutes les religions
monothéistes. Il s'agit d'un large syncrétisme qui donne une approche
très libérale de la religion. Les alévis sont musulmans mais n'ont
pas l'obligation des cinq prières quotidiennes ni du pèlerinage a
La Mecque, ils boivent de l'alcool et les femmes ne sont pas voilées.
Leur lieu de culte n'est pas la mosquée mais le cemevi, (cem evi) qui
signifie, en turc, maison ou lieu du rassemblement. Pour les alévis,
les textes relatifs au foulard des femmes n'ont aucun caractère
universel et ces textes sont, selon les conditions sociales et de
vie d'aujourd'hui, caduques.
L'alévisme constitue la seconde religion en Turquie après le
sunnisme.
Si officiellement ils constituent les 10 et 15 % de la population
turque, les sources alévies estiment qu'ils sont entre 20 a 25 %
de la population.
Néanmoins, comme cette religion n'est pas reconnue par l'islam
officiel turc, l'établissement des statistiques précises est
impossible. En outre, la répression dont les alévis ont été
victimes durant la période ottomane, répression qui a continué sous
la République turque, a provoqué chez eux un sentiment de peur ; ils
se sentent rejetés et mis au ban de la société par les autorités
turques, religieuses et politiques.
Rappelons également que la Turquie a été condamnée par la Cour
européenne des droits de l'homme en 2014, a propos du non-respect
de la liberté religieuse.
Plus précisément, la Cour européenne des droits de l'homme dans
une décision du 16 septembre 2014, sur une requête introduite par
des parents d'enfants alévis dit : Â" Violation de l'article 2 du
Protocole n° 1 (droit a l'instruction) de la Convention européenne
des droits de l'homme a l'égard de Mansur Yalcın, Yuksel Polat et
Hasan Kılıc.
Dans cette affaire, les requérants, qui sont de confession alévie,
une branche minoritaire et hétérodoxe de l'islam, soutenaient que
le contenu des cours obligatoires de culture religieuse et morale a
l'école était axé sur l'approche sunnite de l'islam.
La Cour constate en particulier que, en matière d'enseignement du
fait religieux, le système éducatif turc n'est toujours pas doté
de moyens appropriés pour assurer le respect des convictions des
parents. La violation de l'article 2 du Protocole n° 1 que la Cour
constate a ce titre tire son origine d'un problème structurel,
déja identifié dans l'affaire Hasan et Eylem Zengin. La Turquie
doit sans tarder y remédier, notamment avec la mise en place d'un
système de dispense de cours de CRCM (Â" cours obligatoire de culture
religieuse et de connaissances morales Â"), dont les parents puissent
bénéficier sans avoir a dévoiler leurs convictions religieuses ou
philosophiques. Â"
Dans la même décision, la Cour précise : Â" Par ailleurs, le fait
que le système turc n'offre une possibilité de dispense du cours
de CRCM qu'aux élèves chrétiens et juifs donne nécessairement a
penser que l'enseignement dispensé en la matière est susceptible
d'amener ces élèves a faire face a un conflit entre l'instruction
religieuse dispensée par l'école et les convictions religieuses ou
philosophiques de leurs parents.
La Cour note a cet égard que la quasi-totalité des Ã~Itats membres
offrent au moins un moyen permettant aux élèves de ne pas suivre
un enseignement religieux, en prévoyant un mécanisme de dispense,
en donnant la possibilité de suivre une matière de substitution, ou
en laissant toute liberté de s'inscrire ou non a un cours de religion.
La Cour conclut que le système éducatif turc n'est toujours pas
doté des moyens appropriés pour assurer le respect des convictions
des parents, et, par conséquent, qu'il y a eu violation de l'article
2 du Protocole n°1 a l'égard de Mansur Yalcın, Yuksel Polat et
Hasan Kılıc.
Â"
Charalambos Petinos,Historien / écrivain
Dernier livre paru : Â" Turquie : entre nostalgie ottomane et mythe
européen Â", Editions Variations, 2015.
Lire aussi :
http://orientxxi.info/magazine/appartenir-a-l-islam-sans-paraitre-musulmans-0622
http://www.hist.net/kieser/pu/Kocgiri.html
http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/06/03/les-alevis-des-musulmans-liberaux-qui-n-ont-plus-grand-chose-a-perdre_3422648_3214.html
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Source/Lien : Diaspora Grecque
From: Baghdasarian
Publié le : 13-02-2015
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=85720
Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - "Le quotidien turc Hurriyet
Daily News du 11 février 2015 rapporte qu'une directive du Directoire
chargé de l'éducation religieuse du ministère turc de l'Education
précise que seuls les élèves de confession chrétienne ou juive
seront dispensés des cours obligatoires sur l'islam sunnite. Cette
directive est essentiellement dirigée contre la communauté alévie
de Turquie.
Rappelons que l'alévisme regroupe des membres de l'islam dits
hétérodoxes et revendique la tradition universelle et originelle de
l'islam et plus largement de toutes les religions monothéistes. Il
s'agit d'un large syncrétisme qui donne une approche très libérale
de la religion. L'alévisme constitue la seconde religion en Turquie
après le sunnisme. Si officiellement ils constituent les 10 et 15 %
de la population turque, les sources alévies estiment qu'ils sont
entre 20 a 25 % de la population." Nota CVAN : Les Alévis peuvent
être indifféremment Turcs ou Kurdes. Dans le Dersim, nombreux sont
les Alévis a avoir caché et sauvé des Arméniens, avant de périr
a la fin des années 30, sous les bombes de l'aviation de Mustapha
Kemal. Malgré cela, et en réaction a l'islam sunnite de l'AKP, de
nombreux Alévis s'affichent aux côtés du CHP (kémaliste), certes
laïque, mais surtout nationaliste et bien peu enclin a défendre
les droits des minorités...
Le Collectif VAN vous propose de lire cette information mise a ligne
sur le site de Diaspora Grecque le 12 février 2015.
Légende photo: Manifestation pour la défense des droits des Alévis,
Ankara
Diaspora Grecque
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L'enseignement religieux en Turquie ou comment forcer les Alévis a
renoncer a leur foi et leur culture
Le quotidien turc Hurriyet Daily News du 11 février 2015 rapporte
qu'une directive du Directoire chargé de l'éducation religieuse
du ministère turc de l'Education précise que seuls les élèves
de confession chrétienne ou juive seront dispensés des cours
obligatoires sur l'islam sunnite.
Cette directive est essentiellement dirigée contre la communauté
alévie de Turquie. Rappelons que l'alévisme regroupe des membres
de l'islam dits hétérodoxes et revendique la tradition universelle
et originelle de l'islam et plus largement de toutes les religions
monothéistes. Il s'agit d'un large syncrétisme qui donne une approche
très libérale de la religion. Les alévis sont musulmans mais n'ont
pas l'obligation des cinq prières quotidiennes ni du pèlerinage a
La Mecque, ils boivent de l'alcool et les femmes ne sont pas voilées.
Leur lieu de culte n'est pas la mosquée mais le cemevi, (cem evi) qui
signifie, en turc, maison ou lieu du rassemblement. Pour les alévis,
les textes relatifs au foulard des femmes n'ont aucun caractère
universel et ces textes sont, selon les conditions sociales et de
vie d'aujourd'hui, caduques.
L'alévisme constitue la seconde religion en Turquie après le
sunnisme.
Si officiellement ils constituent les 10 et 15 % de la population
turque, les sources alévies estiment qu'ils sont entre 20 a 25 %
de la population.
Néanmoins, comme cette religion n'est pas reconnue par l'islam
officiel turc, l'établissement des statistiques précises est
impossible. En outre, la répression dont les alévis ont été
victimes durant la période ottomane, répression qui a continué sous
la République turque, a provoqué chez eux un sentiment de peur ; ils
se sentent rejetés et mis au ban de la société par les autorités
turques, religieuses et politiques.
Rappelons également que la Turquie a été condamnée par la Cour
européenne des droits de l'homme en 2014, a propos du non-respect
de la liberté religieuse.
Plus précisément, la Cour européenne des droits de l'homme dans
une décision du 16 septembre 2014, sur une requête introduite par
des parents d'enfants alévis dit : Â" Violation de l'article 2 du
Protocole n° 1 (droit a l'instruction) de la Convention européenne
des droits de l'homme a l'égard de Mansur Yalcın, Yuksel Polat et
Hasan Kılıc.
Dans cette affaire, les requérants, qui sont de confession alévie,
une branche minoritaire et hétérodoxe de l'islam, soutenaient que
le contenu des cours obligatoires de culture religieuse et morale a
l'école était axé sur l'approche sunnite de l'islam.
La Cour constate en particulier que, en matière d'enseignement du
fait religieux, le système éducatif turc n'est toujours pas doté
de moyens appropriés pour assurer le respect des convictions des
parents. La violation de l'article 2 du Protocole n° 1 que la Cour
constate a ce titre tire son origine d'un problème structurel,
déja identifié dans l'affaire Hasan et Eylem Zengin. La Turquie
doit sans tarder y remédier, notamment avec la mise en place d'un
système de dispense de cours de CRCM (Â" cours obligatoire de culture
religieuse et de connaissances morales Â"), dont les parents puissent
bénéficier sans avoir a dévoiler leurs convictions religieuses ou
philosophiques. Â"
Dans la même décision, la Cour précise : Â" Par ailleurs, le fait
que le système turc n'offre une possibilité de dispense du cours
de CRCM qu'aux élèves chrétiens et juifs donne nécessairement a
penser que l'enseignement dispensé en la matière est susceptible
d'amener ces élèves a faire face a un conflit entre l'instruction
religieuse dispensée par l'école et les convictions religieuses ou
philosophiques de leurs parents.
La Cour note a cet égard que la quasi-totalité des Ã~Itats membres
offrent au moins un moyen permettant aux élèves de ne pas suivre
un enseignement religieux, en prévoyant un mécanisme de dispense,
en donnant la possibilité de suivre une matière de substitution, ou
en laissant toute liberté de s'inscrire ou non a un cours de religion.
La Cour conclut que le système éducatif turc n'est toujours pas
doté des moyens appropriés pour assurer le respect des convictions
des parents, et, par conséquent, qu'il y a eu violation de l'article
2 du Protocole n°1 a l'égard de Mansur Yalcın, Yuksel Polat et
Hasan Kılıc.
Â"
Charalambos Petinos,Historien / écrivain
Dernier livre paru : Â" Turquie : entre nostalgie ottomane et mythe
européen Â", Editions Variations, 2015.
Lire aussi :
http://orientxxi.info/magazine/appartenir-a-l-islam-sans-paraitre-musulmans-0622
http://www.hist.net/kieser/pu/Kocgiri.html
http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/06/03/les-alevis-des-musulmans-liberaux-qui-n-ont-plus-grand-chose-a-perdre_3422648_3214.html
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From: Baghdasarian