2015, CENTENAIRE DE LA NEGATION DU GENOCIDE DES ARMENIENS
Al Huffington Post - Maghreb (Morocco)
16 fevr 2015
Jacques Ouloussian , President de l'association pour la recherche et
l'archivage de la memoire armenienne
"Mal nommer les choses, c'est ajouter aux malheurs du monde", disait
Albert Camus.
1915-2015, c'est le siècle de la negation du genocide des Armeniens
par les gouvernements successifs de la Turquie. C'est le sens que
l'on doit donner aux commemorations du centenaire qui debutent.
Le XXème siècle est aussi celui des promesses non tenues par les
responsables des Etats de ce monde. Mais ce n'est pas nouveau, car
deja en son temps Nicolas Machiavel disait "Le Prince ne doit tenir sa
parole donnee hier que si elle peut lui apporter des avantages". Ce
siècle a vu la "Bete sur la lune" enfanter "La Bete immonde" sans en
tirer les enseignements pour que cela cesse!
Ce siècle a ete aussi celui de toutes les trahisons et de tous les
reniements pour des interets economiques.
2015, c'est finalement le centenaire de la negation du genocide des
Armeniens par les gouvernements turcs successifs. Si cette situation
perdure depuis un siècle, c'est grâce a l'obstination des dirigeants
turcs, mais aussi grâce a la passivite des dirigeants de ce monde
qui ont prefere l'hypocrisie et le silence aux valeurs de droits de
l'Homme et de justice.
Ce siècle est la defaite de la prise de conscience universelle des
droits de l'Homme et la raison du plus fort reste la meilleure.
Nous en sommes les temoins aujourd'hui, cent ans plus tard au meme
endroit, dans ces paysages arides de Mesopotamie, où des legions de
bourreaux fanatises exterminent les minorites ethniques et religieuses
qui ont pour seul tort de vouloir vivre sur leurs terres ancestrales,
selon leurs croyances et leurs traditions.
Une barbarie contagieuse qui est venue, en ce debut de mois de janvier
2015, repandre la haine, la mort et la terreur dans les rues de Paris.
Nous devons avoir tout ceci a l'esprit, non pas pour desesperer de
l'Homme, mais pour resister et se maintenir debout, vivant.
Cent ans... Certains seraient tentes de vouloir nous conter cette
histoire en debutant par "Il etait une fois, il y a un siècle"... Non!
Le souvenir des morts ne se rattache point a une histoire banale tiree
d'un roman, il s'agit d'un genocide et ce crime n'appartiendra jamais
au passe, il peut se reproduire au present, ca n'est pas la page que
l'on peut tourner sans risque.
D'autres pages doivent etre tournees, celle du ressentiment, de la
haine de l'autre et de l'esprit de vengeance.
Le souvenir des morts n'a pas a craindre de l'oubli.
Pour ce faire, le travail de memoire et sa transmission sont les
meilleurs boucliers contre le voile infâme de l'amnesie.
Cent ans deja! Et pourtant, c'est une victoire contre l'usure du
temps. Qui aurait cru que cent ans après, nous en parlerions encore?
Que des livres seraient ecrits sur le sujet? Que partout dans le
monde où une personne d'origine armenienne vit, la memoire vit.
C'est la reconstitution d'une belle elite, engagee et au service
de la cause armenienne. Artistes, createurs, chercheurs, ecrivains,
historiens etc. sont legions en Armenie mais aussi dans la diaspora
eparpillee en France et dans le monde.
C'est la reconnaissance du genocide des Armeniens par de nombreux
Etats.
C'est la chute du mur de Berlin, la liberte retrouvee, l'independance
de la Republique d'Armenie, l'autodetermination du Haut-Karabagh...
C'est la solidarite des naufrages de la terre qui se rejoignent enfin.
Le mensonge d'Etat entretenu par les dirigeants de la Turquie contre
la verite historique est pour nous une blessure profonde. Mais le
temps a change le cours de sa contagion, qui affecte a present ses
propres enfants.
Le temps ne travaille plus au profit de l'imposture, voila qu'il
prend le parti des justes.
C'est le temps de la verite, de la justice, et de la reparation qui
s'est mise en marche.
Nous sommes forts de notre passe, conscients des difficultes du moment,
mais l'avenir reste ouvert a la jeunesse.
Cent ans, c'est beaucoup de temps, mais c'est aussi trop peu pour
mettre a genoux un peuple dont l'histoire est trois fois millenaire.
Mais comme au commencement, rien ne nous sera epargne, il nous
faudra continuer a combattre, pour la memoire et compter avant tout
sur nous-memes.
---- Depuis 2006, Jacques Ouloussian preside l'association pour
la recherche et l'archivage de la memoire armenienne. Il a ete
le premier president du "Comite du 24 avril Marseille" en 1997,
collectif regroupant les associations representatives de la communaute
armenienne de France. Son attachement a la reconnaissance du genocide
des Armeniens se traduit a travers sa volonte de sauvegarder et
transmettre la memoire.
http://www.huffpostmaghreb.com/jacques-ouloussian/2015-centenaire-de-la-neg_b_6690758.html?utm_hp_ref=maghreb
Al Huffington Post - Maghreb (Morocco)
16 fevr 2015
Jacques Ouloussian , President de l'association pour la recherche et
l'archivage de la memoire armenienne
"Mal nommer les choses, c'est ajouter aux malheurs du monde", disait
Albert Camus.
1915-2015, c'est le siècle de la negation du genocide des Armeniens
par les gouvernements successifs de la Turquie. C'est le sens que
l'on doit donner aux commemorations du centenaire qui debutent.
Le XXème siècle est aussi celui des promesses non tenues par les
responsables des Etats de ce monde. Mais ce n'est pas nouveau, car
deja en son temps Nicolas Machiavel disait "Le Prince ne doit tenir sa
parole donnee hier que si elle peut lui apporter des avantages". Ce
siècle a vu la "Bete sur la lune" enfanter "La Bete immonde" sans en
tirer les enseignements pour que cela cesse!
Ce siècle a ete aussi celui de toutes les trahisons et de tous les
reniements pour des interets economiques.
2015, c'est finalement le centenaire de la negation du genocide des
Armeniens par les gouvernements turcs successifs. Si cette situation
perdure depuis un siècle, c'est grâce a l'obstination des dirigeants
turcs, mais aussi grâce a la passivite des dirigeants de ce monde
qui ont prefere l'hypocrisie et le silence aux valeurs de droits de
l'Homme et de justice.
Ce siècle est la defaite de la prise de conscience universelle des
droits de l'Homme et la raison du plus fort reste la meilleure.
Nous en sommes les temoins aujourd'hui, cent ans plus tard au meme
endroit, dans ces paysages arides de Mesopotamie, où des legions de
bourreaux fanatises exterminent les minorites ethniques et religieuses
qui ont pour seul tort de vouloir vivre sur leurs terres ancestrales,
selon leurs croyances et leurs traditions.
Une barbarie contagieuse qui est venue, en ce debut de mois de janvier
2015, repandre la haine, la mort et la terreur dans les rues de Paris.
Nous devons avoir tout ceci a l'esprit, non pas pour desesperer de
l'Homme, mais pour resister et se maintenir debout, vivant.
Cent ans... Certains seraient tentes de vouloir nous conter cette
histoire en debutant par "Il etait une fois, il y a un siècle"... Non!
Le souvenir des morts ne se rattache point a une histoire banale tiree
d'un roman, il s'agit d'un genocide et ce crime n'appartiendra jamais
au passe, il peut se reproduire au present, ca n'est pas la page que
l'on peut tourner sans risque.
D'autres pages doivent etre tournees, celle du ressentiment, de la
haine de l'autre et de l'esprit de vengeance.
Le souvenir des morts n'a pas a craindre de l'oubli.
Pour ce faire, le travail de memoire et sa transmission sont les
meilleurs boucliers contre le voile infâme de l'amnesie.
Cent ans deja! Et pourtant, c'est une victoire contre l'usure du
temps. Qui aurait cru que cent ans après, nous en parlerions encore?
Que des livres seraient ecrits sur le sujet? Que partout dans le
monde où une personne d'origine armenienne vit, la memoire vit.
C'est la reconstitution d'une belle elite, engagee et au service
de la cause armenienne. Artistes, createurs, chercheurs, ecrivains,
historiens etc. sont legions en Armenie mais aussi dans la diaspora
eparpillee en France et dans le monde.
C'est la reconnaissance du genocide des Armeniens par de nombreux
Etats.
C'est la chute du mur de Berlin, la liberte retrouvee, l'independance
de la Republique d'Armenie, l'autodetermination du Haut-Karabagh...
C'est la solidarite des naufrages de la terre qui se rejoignent enfin.
Le mensonge d'Etat entretenu par les dirigeants de la Turquie contre
la verite historique est pour nous une blessure profonde. Mais le
temps a change le cours de sa contagion, qui affecte a present ses
propres enfants.
Le temps ne travaille plus au profit de l'imposture, voila qu'il
prend le parti des justes.
C'est le temps de la verite, de la justice, et de la reparation qui
s'est mise en marche.
Nous sommes forts de notre passe, conscients des difficultes du moment,
mais l'avenir reste ouvert a la jeunesse.
Cent ans, c'est beaucoup de temps, mais c'est aussi trop peu pour
mettre a genoux un peuple dont l'histoire est trois fois millenaire.
Mais comme au commencement, rien ne nous sera epargne, il nous
faudra continuer a combattre, pour la memoire et compter avant tout
sur nous-memes.
---- Depuis 2006, Jacques Ouloussian preside l'association pour
la recherche et l'archivage de la memoire armenienne. Il a ete
le premier president du "Comite du 24 avril Marseille" en 1997,
collectif regroupant les associations representatives de la communaute
armenienne de France. Son attachement a la reconnaissance du genocide
des Armeniens se traduit a travers sa volonte de sauvegarder et
transmettre la memoire.
http://www.huffpostmaghreb.com/jacques-ouloussian/2015-centenaire-de-la-neg_b_6690758.html?utm_hp_ref=maghreb