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Aznavour : "L'amour Que Mes Parents Ont Ressenti Pour La France A To

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    AZNAVOUR : "L'AMOUR QUE MES PARENTS ONT RESSENTI POUR LA FRANCE A TOUT CHANGE"

    La Provence, France\
    16 fevr 2015

    Desormais installe en Provence, a Mouriès, Charles Aznavour est sans
    doute l'artiste d'origine armenienne le plus connu a travers le monde.

    Auteur, compositeur, chanteur, acteur, il a tous les talents. Il a
    aussi des convictions pour l'Armenie, qu'il defend bec et ongles.

    A 90 ans, Charles Aznavour est loin de penser a la retraite. Dans sa
    propriete de Mouriès, au coeur de la vallee des Baux, il fourmille de
    projets, d'envies, de passions. C'est la qu'il a bien voulu s'impliquer
    pour le Centenaire du genocide, avec une serie d'emissions radio et un
    film documentaire. Intitulee >, la première
    sera diffusee en fevrier par les radios franco-armeniennes de Paris,
    Lyon, Vienne, Valence et Marseille (Ayp FM, Radio Armenie, Radio A
    et Radio Dialogue), ainsi que par JM, la radio juive de Marseille
    (rediffusions prevues au deuxième semestre). Signe Richard Findykian,
    le film > sera projete le 25 avril
    a Marseille, lors du Festival du Livre Franco-Armenien (Palais de
    la Bourse).

    Vos parents arrivent en 1923 en France. Comment est-ce que cela s'est
    passe ?

    Charles Aznavour : Je ne sais pas du tout. Ils venaient de Grèce. Je
    suppose qu'ils sont arrives par Marseille. Et je suppose beaucoup de
    choses, par exemple que ceux qui avaient un peu plus d'or dans les plis
    de la robe de la mère, ils pouvaient monter jusqu'a Avignon ou jusqu'a
    Valence, et puis jusqu'a Paris. Exactement comme la transhumance des
    juifs, telle que la raconte Marek Halter dans un de ses livres.

    Ils vous ont quand meme raconte comment ils avaient echappe au
    genocide...

    Charles Aznavour : Non. Meme si je sais que mon père avait un passeport
    russe, qui lui a permis d'etre accueilli par un bateau italien. Quand
    les soldats sont venus, il a pu dire "Ici, vous n'etes plus en Turquie,
    c'est un espace international", et on leur a fiche la paix. Ensuite,
    comme tous les emigres de ce coin-la, ils sont passes par Salonique.

    Et le genocide lui-meme, ils vous en parlaient ?

    Charles Aznavour : Non, ma mère pleurait sa famille regulièrement
    mais ils n'avaient pas besoin d'en parler pour qu'on sache que
    c'etait grave.

    Quand ils sont arrives en France, ils avaient l'intention de s'y
    installer ?

    Charles Aznavour : Non. Ils partaient pour l'Amerique. Mais pour
    l'Amerique, il y avait des quotas et ils n'ont recu l'autorisation que
    deux ans après leur arrivee en France. Et entre-temps, ils s'etaient
    deja habitues au pays, ils n'avaient plus envie d'aller plus loin. Ce
    n'est pas ma naissance en 1924 qui les a retenus ici, c'est l'amour
    qu'ils ont ressenti pour ce pays qui a tout change.

    Ont-ils conserve les coutumes et traditions de leur pays d'origine ?

    Charles Aznavour : Mon père a d'abord gagne sa vie en chantant pour
    l'immigration. Il chantait en russe, en yiddish, en armenien... Il
    faisait les bals armeniens et c'est comme ca qu'il a pu acheter
    son restaurant : il etait très bien paye, paraît-il. En revanche,
    mes parents n'ont pas pousse leurs enfants vers les traditions
    armeniennes... pas plus qu'ils ne nous en ont empeches.

    Vous-meme, ce n'est qu'en 1963 que vous decouvrez la terre d'Armenie.

    Pourquoi si tardivement ?

    Charles Aznavour : En verite, on etait heureux que le communisme soit
    venu en Armenie parce que tout d'un coup, le communisme a defendu
    l'Armenie. Il lui a fait du mal aussi parce ceux qui sont partis
    de l'etranger pour s'installer la-bas en 1947 ont parfois fini au
    goulag... Ils ont donc eu les deux choses mais comme on dirait en
    Chine, ils avaient au moins leur bol de riz. J'ai mieux connu l'Armenie
    quand elle a eu des difficultes et a ce moment-la, je me suis reveille,
    je me suis dit "J'ai des possibilites, je vais essayer de faire quelque
    chose pour mon pays d'origine". Cela a ete un choc de decouvrir cette
    Armenie de 1963. Les gens me disaient "Ah, tu reviens au pays !",
    je repondais "Mon pays, c'est la France". Ils se sont habitues par
    la suite mais au debut, ils avaient un peu marre de mes reponses.

    Quand vos parents sont arrives, ils etaient officiellement apatrides.

    Ca a dure combien de temps ?

    Charles Aznavour : Ils avaient des passeports "Nansen". Ca a dure
    jusqu'après la guerre. Mon père s'etait engage volontaire, ensuite il a
    fini dans la Resistance. Ce sont deux choses importantes. Les gens qui
    ont fait ca ont eu droit a la nationalite francaise... qu'ils n'ont
    quand meme pas eue très facilement. Mais ils n'ont pas naturalise
    ma soeur qui etait nee en Grèce, a Salonique, c'est curieux
    l'administration... Et elle n'est jamais devenue francaise, elle
    est canadienne ! Quand mon père s'est engage dans l'armee, il a ete
    très bien recu parce qu'il a ete affecte dans les cuisines, dans un
    regiment qui etait dans le Sud-Ouest, il n'y avait que des etrangers,
    surtout des juifs, des Russes et quelques Armeniens. Il ne faisait
    pas la cuisine a la francaise mais ce qu'ils aimaient. Et en plus, il
    jouait de la musique et il chantait ! A son retour, il a aide ceux qui
    en avaient besoin, notamment les Manouchian : elle etait secretaire a
    la Jeunesse armenienne de France, dont il faisait partie, ils etaient
    orphelins tous les deux, ils avaient beaucoup de choses a se dire.

    Retrouvez l'integralite de l'interview de Charles Aznavour dans notre
    magazine Les Armeniens de Provence (serie La Provence - Histoire).

    Sortie le vendredi 13 fevrier, disponible dans les kiosques de la
    region et sur LaProvence.com (espace Boutique). Prix : 3,5 euros.

    Par Jacques BONNADIER, journaliste et ecrivain

    http://www.laprovence.com/article/histoire/3264362/aznavour%C2%A0-lamour-que-mes-parents-ont-ressenti-pour-la-france-a-tout-change.html



    From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
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