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Turquie : Debat D'une Loi Contestee Renforcant Les Pouvoirs De La Po

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    TURQUIE : DEBAT D'UNE LOI CONTESTEE RENFORCANT LES POUVOIRS DE LA POLICE

    TURQUIE

    Le Parlement turc a engage mardi l'examen d'un projet de loi très
    controverse du gouvernement islamo-conservateur qui va muscler les
    pouvoirs des forces de l'ordre au point, selon ses detracteurs,
    de transformer le pays en "Etat policier".

    Porte par des deputes du Parti de la justice et du developpement (AKP)
    au pouvoir, ce texte, baptise "reforme de la securite interieure",
    assouplit très largement le regime des interpellations, perquisitions
    et ecoutes telephoniques hors contrôle judiciaire de meme qu'il
    renforce les outils utiles a la repression des manifestations.

    Deja reportes a deux reprises, les debats parlementaires ont finalement
    debute dans l'hemicycle mardi soir. Ils s'annoncent muscles et longs,
    l'opposition ayant promis de les noyer sous un deluge d'amendements.

    Quelques heures avant leur coup d'envoi, le president Recep Tayyip
    Erdogan a mis la pression sur les deputes. "La loi doit maintenant
    etre votee rapidement et surtout mise en application au plus vite",
    a-t-il martele.

    Surtout, le chef de l'Etat a justifie les dispositions les plus
    contestes de son texte. "Je veux le dire a ceux qui (...) pensent
    qu'ils peuvent changer la direction prise par ce pays en descendant
    dans la rue ou avec des cocktails Molotov : +vous n'y parviendrez pas
    (...) le train ne deraillera pas", a lance, provocateur, M. Erdogan.

    L'arsenal prevu par ce projet est ne des violentes emeutes prokurdes
    provoquees en octobre par le refus d'Ankara d'intervenir militairement
    au profit des milices kurdes qui defendaient la ville syrienne de
    Kobane, a la frontière turque. Les jihadistes du groupe Etat islamique
    (EI) ont leve leur siège le mois dernier.

    Très violents dans le sud-est de la Turquie, les affrontements entre
    militants kurdes et la police ou des sympathisants islamistes se sont
    soldes par une quarantaine de morts.

    Entre autres mesures emblematiques, et contestees, le texte doit
    permettre aux forces de securite de mener perquisition, arrestations
    ou ecoutes sur la base de simples "soupcons" et en l'absence de tout
    mandat judiciaire.

    Il autorise les policiers a utiliser leurs armes a feu contre les
    porteurs de cocktails Molotov et interdit aux manifestants de cacher
    leur visage, sous peine de cinq ans de prison.

    'Bombe atomique' -

    Enfin, le texte modifie le regime de la garde a vue. Jusqu'ici
    autorisee pour vingt-quatre heures sur mandat du procureur et
    extensible a quarante-huit heures par un juge, elle pourra desormais
    etre decidee par la seule police pendant vingt-quatre heures en
    informant le procureur, qui pourra l'etendre ensuite a quarante-huit
    heures.

    Les rivaux du president Erdogan, qui règne sans partage sur le pays
    depuis 2003, ont denonce dans ce projet une nouvelle etape de sa derive
    autoritaire, après la violente repression de la fronde populaire de
    juin 2013.

    "Nous n'accepterons pas ce paquet fasciste qui meprise totalement
    l'appareil judiciaire, remet en cause les droits et les libertes",
    a affirme le depute Hasip Kaplan, du Parti democratique du peuple
    (HDP, prokurde).

    "Ce projet est une bombe atomique qui explosera entre vos mains",
    a prevenu son collègue Levent Gok, elu du principal mouvement
    d'opposition, le Parti republicain du peuple (CHP, social-democrate),
    a l'intention du chef du gouvernement.

    Le gouvernement a nie toute velleite de restreindre les libertes
    et assure que son texte etait conforme a ceux de l'Union europeenne
    (UE), que la Turquie veut rejoindre.

    "Ces mesures assurent la securite en vie et en biens de nos citoyens",
    a declare le ministre de l'Interieur Efkan Ala. "Seuls les terroristes
    et les traîtres peuvent s'opposer a ce projet", a rencheri un depute
    influent de l'AKP, Mustafa Elitas.

    L'UE, les ONG et la societe civile ont exprime leurs vives reticences
    face au texte. "Ce projet est la proclamation non-dite de la loi
    martiale", a resume le president des bâtonniers de Turquie, Metin
    Feyzioglu.

    L'examen de ce projet de loi intervient sur fond de blocage du
    processus de paix engage en 2012 par les autorites avec les rebelles
    du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

    L'aile politique du PKK a averti dimanche que son vote attendu par la
    majorite AKP mettrait "en danger" les pourparlers destines a mettre
    un terme au conflit.

    AFP

    jeudi 19 fevrier 2015, Stephane (c)armenews.com
    http://www.armenews.com/article.php3?id_article=108220

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