Indre-et-Loire - Loches - Social
La famille K. sauvée par un titre de séjour
La famille K., qui devait quitter le territoire français il y a deux
ans, a obtenu un titre de séjour. Plus de 700 Lochois s'étaient
opposés à cette expulsion.
Il y a des jours où tout finit par s'arranger, ou presque. Il y a des
jours qui ressemblent à Noël. C'est le cas. Le 24 décembre dernier, Ã
16?h, la famille K. (*) se voit délivrer un titre de séjour d'un an
sur le territoire français. Presque deux ans auparavant, le 29 janvier
2013, elle se voyait notifier une obligation de quitter le même
territoire pour l'Arménie.
Ce titre de séjour marque la fin d'un périple de cette famille
arménienne, qui a fui son pays pour la Pologne, puis la France (lire
ci-contre). Depuis septembre 2011, elle a trouvé un havre de
tranquillité Ã Loches, hébergée par de riches propriétaires, qui ont
pris les époux K. et leurs quatre enfants sous leur aile. De bons
samaritains dont les règles de vie ont pallié la rigidité des lois
d'immigration qui ne font pas dans le sentiment.
1.200??¬ Ã payer pour rester en France
La situation de cette famille avaient ému bon nombre de Lochois. Plus
de 700 d'entre eux avaient signé une pétition lancée par Resf (Réseau
éducation sans frontières) pour demander l'abandon de la procédure
d'OQTF (obligation de quitter le territoire français). Ils avaient
manifesté, sous la pluie, devant les grilles de la sous-préfecture le
10 avril 2013, le jour même où Mme K. donnait naissance à son
quatrième enfant à l'hôpital de Tours. Depuis, plus aucune nouvelle
d'eux. On savait juste que leurs trois enfants suivaient une scolarité
normale dans les écoles publiques de la ville. La famille K. a en
effet voulu faire preuve de discrétion. Une attitude pesante au
quotidien, mais suivie à la lettre par les enfants. Quand leur
situation a été révélée au grand jour, beaucoup d'élèves et
d'enseignants ont découvert cette réalité. Aujourd'hui, la parole se
libère, tout en restant mesurée. Les époux K. ont perfectionné leur
français. Mais l'intégration avec la population locale n'est pas
évidente. « Je vois des parents d'élèves aux réunions de l'école, je
participe au cours de cuisine du CIAS, c'est tout. Ce n'est pas facile
de se faire des amis. Je reste la journée, Ã la maison, avec ma fille
de deux ans », dit Mme K.. Une partie de sa famille a aussi fui
l'Arménie, sa mère vit en Turquie, son frère en Géorgie... En ayant sa
situation régularisée, son mari dispose d'une autorisation de travail
en France. « Quand il était en Pologne, il travaillait comme négociant
en bijou. Ils vivaient bien », raconte Sylvie Benda, d'Amnesty
International, qui les aide dans leur démarche. Impossible d'exercer
ce métier ici. « Je cherche du travail, n'importe lequel », poursuit
M. K., qui s'est déjà fait connaître des services de la Maison de
l'emploi à Beaulieu. Une assistante sociale a pris en main leur
dossier pour leur obtenir les aides nécessaires. La famille vit de
l'entraide sociale, notamment via les Restos du cÃ…`ur. En avril, elle
aura à s'acquitter de la somme de 1.200??¬ (600??¬ par adulte) pour
payer leur titre de séjour. Un dû qu'ils devront repayer pour
renouveler leur titre de séjour, si celui-ci est renouvelé. « Cette
famille est depuis 2009 en France, cela devrait leur être accordé »,
espère Sylvie Benda. Le permis de conduire arménien de M. K. est
encore valable un an. Il lui faudra aussi payer des leçons de conduite
et de code pour le mettre en conformité. A nouveau des frais, de
l'argent à trouver. La famille K. découvre le coût de l'intégration,
rarement évoqué. Agés d'une trentaine d'années, ils vivent avec
l'espoir de voir leurs enfants s'épanouir à l'école de la République.
« J'espère que ma fille pourra aller à l'université » dit Mme K. Leur
petite, gée de bientôt deux ans, pourra faire le choix de la
nationalité française à sa majorité. Son père n'ose rêver d'une
naturalisation française pour toute sa famille. Il dit tout simplement
« Merci la France ».
(*) Cette famille veut préserver son anonymat.
repères
> Périple. La famille K a fui l'Arménie, victime des conflits entre Azéris et Arméniens. Elle s'est d'abord réfugiée à Gdansk, en Pologne, dans les années 1990, où sont nés deux enfants. Elle a été expulsée de Pologne au bout de cinq ans vers l'Arménie. Les époux K. décident de reprendre le chemin de l'exil, gagnent la Géorgie, la Turquie puis l'Italie. Ils arrivent à Créteil, en France, en 2009, avec leurs trois enfants (dont un né en Arménie), qui seront scolarisés. Chaque jour, leurs parents cherchent une solution d'hébergement, appelant le 115. Une riche famille parisienne décide de les héberger dans leur résidence secondaire lochoise depuis septembre 2011. La famille K. s'est agrandie en 2013, avec une petite fille née à Tours.
http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Actualite/Economie-social/n/Contenus/Articles/2015/02/12/La-famille-K.-sauvee-par-un-titre-de-sejour-2219963
samedi 21 février 2015,
Stéphane ©armenews.com
La famille K. sauvée par un titre de séjour
La famille K., qui devait quitter le territoire français il y a deux
ans, a obtenu un titre de séjour. Plus de 700 Lochois s'étaient
opposés à cette expulsion.
Il y a des jours où tout finit par s'arranger, ou presque. Il y a des
jours qui ressemblent à Noël. C'est le cas. Le 24 décembre dernier, Ã
16?h, la famille K. (*) se voit délivrer un titre de séjour d'un an
sur le territoire français. Presque deux ans auparavant, le 29 janvier
2013, elle se voyait notifier une obligation de quitter le même
territoire pour l'Arménie.
Ce titre de séjour marque la fin d'un périple de cette famille
arménienne, qui a fui son pays pour la Pologne, puis la France (lire
ci-contre). Depuis septembre 2011, elle a trouvé un havre de
tranquillité Ã Loches, hébergée par de riches propriétaires, qui ont
pris les époux K. et leurs quatre enfants sous leur aile. De bons
samaritains dont les règles de vie ont pallié la rigidité des lois
d'immigration qui ne font pas dans le sentiment.
1.200??¬ Ã payer pour rester en France
La situation de cette famille avaient ému bon nombre de Lochois. Plus
de 700 d'entre eux avaient signé une pétition lancée par Resf (Réseau
éducation sans frontières) pour demander l'abandon de la procédure
d'OQTF (obligation de quitter le territoire français). Ils avaient
manifesté, sous la pluie, devant les grilles de la sous-préfecture le
10 avril 2013, le jour même où Mme K. donnait naissance à son
quatrième enfant à l'hôpital de Tours. Depuis, plus aucune nouvelle
d'eux. On savait juste que leurs trois enfants suivaient une scolarité
normale dans les écoles publiques de la ville. La famille K. a en
effet voulu faire preuve de discrétion. Une attitude pesante au
quotidien, mais suivie à la lettre par les enfants. Quand leur
situation a été révélée au grand jour, beaucoup d'élèves et
d'enseignants ont découvert cette réalité. Aujourd'hui, la parole se
libère, tout en restant mesurée. Les époux K. ont perfectionné leur
français. Mais l'intégration avec la population locale n'est pas
évidente. « Je vois des parents d'élèves aux réunions de l'école, je
participe au cours de cuisine du CIAS, c'est tout. Ce n'est pas facile
de se faire des amis. Je reste la journée, Ã la maison, avec ma fille
de deux ans », dit Mme K.. Une partie de sa famille a aussi fui
l'Arménie, sa mère vit en Turquie, son frère en Géorgie... En ayant sa
situation régularisée, son mari dispose d'une autorisation de travail
en France. « Quand il était en Pologne, il travaillait comme négociant
en bijou. Ils vivaient bien », raconte Sylvie Benda, d'Amnesty
International, qui les aide dans leur démarche. Impossible d'exercer
ce métier ici. « Je cherche du travail, n'importe lequel », poursuit
M. K., qui s'est déjà fait connaître des services de la Maison de
l'emploi à Beaulieu. Une assistante sociale a pris en main leur
dossier pour leur obtenir les aides nécessaires. La famille vit de
l'entraide sociale, notamment via les Restos du cÃ…`ur. En avril, elle
aura à s'acquitter de la somme de 1.200??¬ (600??¬ par adulte) pour
payer leur titre de séjour. Un dû qu'ils devront repayer pour
renouveler leur titre de séjour, si celui-ci est renouvelé. « Cette
famille est depuis 2009 en France, cela devrait leur être accordé »,
espère Sylvie Benda. Le permis de conduire arménien de M. K. est
encore valable un an. Il lui faudra aussi payer des leçons de conduite
et de code pour le mettre en conformité. A nouveau des frais, de
l'argent à trouver. La famille K. découvre le coût de l'intégration,
rarement évoqué. Agés d'une trentaine d'années, ils vivent avec
l'espoir de voir leurs enfants s'épanouir à l'école de la République.
« J'espère que ma fille pourra aller à l'université » dit Mme K. Leur
petite, gée de bientôt deux ans, pourra faire le choix de la
nationalité française à sa majorité. Son père n'ose rêver d'une
naturalisation française pour toute sa famille. Il dit tout simplement
« Merci la France ».
(*) Cette famille veut préserver son anonymat.
repères
> Périple. La famille K a fui l'Arménie, victime des conflits entre Azéris et Arméniens. Elle s'est d'abord réfugiée à Gdansk, en Pologne, dans les années 1990, où sont nés deux enfants. Elle a été expulsée de Pologne au bout de cinq ans vers l'Arménie. Les époux K. décident de reprendre le chemin de l'exil, gagnent la Géorgie, la Turquie puis l'Italie. Ils arrivent à Créteil, en France, en 2009, avec leurs trois enfants (dont un né en Arménie), qui seront scolarisés. Chaque jour, leurs parents cherchent une solution d'hébergement, appelant le 115. Une riche famille parisienne décide de les héberger dans leur résidence secondaire lochoise depuis septembre 2011. La famille K. s'est agrandie en 2013, avec une petite fille née à Tours.
http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Actualite/Economie-social/n/Contenus/Articles/2015/02/12/La-famille-K.-sauvee-par-un-titre-de-sejour-2219963
samedi 21 février 2015,
Stéphane ©armenews.com