Announcement

Collapse
No announcement yet.

Liberte D'expression Et Incitation A La Haine : Des ONG Turques Oeuv

Collapse
X
 
  • Filter
  • Time
  • Show
Clear All
new posts

  • Liberte D'expression Et Incitation A La Haine : Des ONG Turques Oeuv

    LIBERTE D'EXPRESSION ET INCITATION A LA HAINE : DES ONG TURQUES OEUVRENT CONTRE LES ULTRA-NATIONALISTES DE TURQUIE

    Publie le : 24-02-2015
    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=86014

    Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - Une coalition d'ONG
    armeniennes et turques (dont l'IHD, Association turque des Droits
    de l'Homme, partenaire du Collectif VAN) sont intervenues dans le
    procès en appel de Perincek qui s'est tenu devant la Grande Chambre
    de la CEDH a Strasbourg le 28 janvier 2015. Dogu Perincek, politicien
    turc ultra-nationaliste et membre du Comite Talaat Pacha [Nota CVAN :
    le 'Hitler' turc], avait ete condamne en Suisse pour incitation a
    la discrimination après avoir qualifie le genocide armenien de >. Perincek avait porte plainte devant la
    CEDH et avait gagne en première instance le 17 decembre 2013, en
    faisant valoir que sa liberte d'expression avait ete violee par la
    Suisse. Cette dernière a fait appel et une coalition d'organisations
    armeniennes et turques est intervenue en deuxième instance. Payam
    Akhavan, qui representait la coalition, note avec raison que : >. Le Collectif VAN vous invite a lire
    la traduction d'un article en anglais publie sur le site CivilNet le
    24 janvier 2015.

    Legende photo : Payam Akhavan, professeur de droit international.

    La solidarite armeno-turque contre la haine : Le procès Perincek
    devant la Cour europeenne

    CivilNet

    24 janvier 2015

    Payam Akhavan est professeur de droit international a l'Universite
    McGill a Montreal (Canada) et chercheur invite a l'Universite
    d'Oxford. Il a ete auparavant procureur des Nations-Unies a la Haye
    et a servi comme conseiller dans des procès majeurs devant les cours
    et les tribunaux internationaux. Il a parle a CivilNet au sujet de
    sa representation d'une coalition d'ONG armeniennes et turques qui
    sont intervenues dans le procès Perincek qui sera entendu par la
    Grande Chambre de la CEDH a Strasbourg ce 28 janvier [Nota CVAN :
    L'article a ete ecrit le 25 janvier]. Dogu Perincek, politicien
    turc ultra-nationaliste et membre du Comite Talaat Pacha, avait
    ete condamne en Suisse pour incitation a la discrimination après
    avoir qualifie le genocide armenien de >. Devant la Cour europeenne il a reussi a faire valoir que sa
    liberte d'expression avait ete violee, et qu'il n'incitait pas a
    la haine car il questionnait seulement la classification juridique
    des evenements de 1915 qu'il ne niait pas. Après une campagne des
    ONG armeniennes et turques, le gouvernement suisse a ete convaincu
    de porter l'appel devant la Grande Chambre de la Cour europeenne,
    pour tenter d'annuler cette decision erronee.

    [Nota CVAN : L'article a ete ecrit avant l'audience qui s'est tenue
    le 28 janvier 2015 devant la CEDH]

    Professeur Akhavan, comment vous etes-vous implique dans le procès
    Perincek ?

    J'ai ete d'abord alerte de la decision concernant Perincek par mes
    amis de l'Institut Zoryan a Toronto. Ils etaient très preoccupes par
    ce precedent juridique, utilise par le gouvernement turc, tout comme
    par les politiciens ultranationalistes, pour affirmer que la Cour
    europeenne niait que les evenements de 1915 constituaient un genocide.

    Ce n'est pas bien sûr ce que la Cour avait declare, mais sa decision
    etait tordue et controversee, ce qui a renforce la politique de longue
    date de deni et d'incitation a la haine contre les Armeniens. Zoryan a
    mene une campagne coûteuse pour publier des annonces dans les journaux
    suisses en francais et en allemand, ainsi que pour collaborer avec
    les autres organisations armeniennes afin de convaincre la Suisse
    d'interjeter appel. Ils ont dû surmonter l'opposition de la Turquie
    qui ne voulait pas bien sûr que le procès aille en appel. La Turquie
    etait intervenue en faveur de Perincek bien que ses propres cours
    (la Cour penal d'Istanbul) l'avaient reconnu coupable d'etre un membre
    dirigeant de l'organisation terroriste Ergenekon ! Il est important de
    noter que les ONG turques, telle que l'Association turque des droits de
    l'homme, l'organisation turque des droits de l'homme la plus ancienne
    et la plus grande, comptant des milliers de membres, avait egalement
    ecrit a la Suisse s'exprimant en faveur de l'appel. Une fois que
    la Suisse a accepte de faire appel, nous avons decide de former une
    coalition des organisations armeniennes et turques pour intervenir
    dans ce procès. Nous avons pense que la formation de la coalition
    elle-meme serait un message puissant adresse a la Cour, indiquant
    que ce n'etait pas un problème > : c'etait un problème
    relevant des droits de l'homme. Perincek n'etait pas interesse par
    les debats academiques sur le droit international, ni par le fait
    que le terme > s'applique aux evenements de 1915 ou
    non. C'est un politicien ultra-nationaliste dont la plateforme est
    une incitation a la haine contre les Armeniens, basee sur les theories
    paranoïaques de conspiration et le revisionnisme historique. Il etait
    egalement imperatif pour la Cour de connaître les details du jugement
    d'Ergenekon, et pour cela nous avons eu besoin d'avocats, de militants
    et de traducteurs turcs qualifies et devoues, ainsi que de mois de
    travail en coordination avec les chercheurs competents et diligents a
    l'Institut Zoryan, et les avocats a Londres et a Oxford pour parcourir
    les 17.000 pages de la decision, la jurisprudence internationale et
    les arguments complexes afin de trouver ce qui etait le plus pertinent
    pour etablir les motifs descriminatoires de Perincek. Donc finalement,
    la coalition a ete formee de l'Institut Zoryan, ou plutôt de l'Institut
    d'etudes sur le genocide et les droits de l'homme, qui fonctionne sous
    l'edige de Zoryan, de l'Association turque des droits de l'homme [Nota
    CVAN : IHD] et du Centre > d'Istanbul,
    et les efforts combines de cette equipe, je crois, ont donne des
    resultats exceptionnels en termes de qualite et d'importance de la
    plaidoirie [Nota CVAN : presentee sous forme ecrite uniquement], qui
    pourrait avoir un effet considerable sur la decision de la Cour et qui
    presente des preuves qu'aucune autre partie n'a apportees auparavant
    dans ce procès. En d'autres termes, sans cette intervention, sans
    cette coalition d'ONG, les details du jugement d'Ergenekon et les
    vrais motifs de Perincek n'auraient pas ete mis en lumière.

    Est-ce que ce procès concerne la verite historique du genocide armenien
    ? Quel est l'enjeu veritable ?

    Nous avons souligne que ce procès ne traitait pas de la verite
    historique en tant que telle. Du point de vue du droit relatif aux
    droits de l'homme, la liberte d'expression formulee dans l'article
    10 de la Convention europeenne des droits de l'homme, est soumise
    a certaines limitations. L'une d'entre elles concerne les cas où la
    parole exprimee equivaut a de l'incitation a la discrimination et a la
    haine. Donc, les debats sur la verite historique ou la qualification
    juridique des atrocites en tant que genocide ou une autre etiquette,
    ne representent pas le vrai problème. La question fondamentale est
    de savoir si les declarations de Perincek, lorsque qu'elles sont
    considerees dans leur propre contexte, constituent de l'incitation
    a la discrimination et a la haine.

    Qu'est-ce que l'intervention de la coalition a ajoute que les
    autres parties du procès n'avaient pas deja dit ? Pourquoi est-elle
    importante ?

    La Cour n'avait pas considere l'effet des declarations de Perincek
    sur les Armeniens de Turquie. Il est difficile d'affirmer que ses
    declarations incendiaires menacent des Armeniens en Suisse. Mais tous
    ceux qui connaissent l'assassinat de Hrant Dink et la dissimulation
    continue pour s'abstenir de punir les coupables, savent qu'appeler le
    genocide armenien un > est un propos manifestement
    haineux, et peut meme conduire a la violence contre des Armeniens en
    Turquie. Le jugement suisse contre Perincek a fait reference a son
    appartenance au Comite Talaat Pacha, donc ce fait est consigne dans
    le procès-verbal. Tout ce que nous avons fait, c'etait de fournir
    a la Grande Chambre une image plus complète de la signification de
    ce comite auquel, bien evidemment, la Cour penale d'Istanbul a fait
    aussi reference dans le jugement d'Ergenekon. De fait, ce jugement
    fait reference a Perincek comme etant la tete de la >
    et de la >, il se refère a sa promotion de la
    haine contre les Armeniens, et, en outre, il relie Ergenekon au meurtre
    de Dink et des membres d'autres minorites chretiennes de Turquie.

    L'intervention de la Turquie fait valoir desesperement que seul ce
    que Perincek a fait en Suisse est pertinent ; que la Cour devrait
    en quelque sorte ignorer qui est Perincek en realite et pourquoi il
    mène sans relâche sa campagne de deni du genocide armenien. Il est
    clair que le procès ne porte pas sur le fait de savoir si des avocats
    internationaux pourraient contester la qualification juridique de
    genocide pour ces evenements; et ce serait une erreur de se presenter
    a la Cour et d'affirmer que c'est un genocide comme si c'etait ca
    le problème. La question est de savoir si Perincek a des motifs
    discriminatoires, et la reponse a cette question est plutôt evidente.

    Comment compareriez-vous l'intervention de cette coalition d'ONG et
    celles de l'Armenie et de la Turquie ?

    Les gouvernements sont evidemment importants, etant donne que ce sont
    eux qui ont signe la Convention europeenne que la Cour a etablie. Mais
    les gouvernements ont des interets politiques et leurs perspectives
    sont determinees par des considerations differentes de celles des
    acteurs de la societe civile, telles que les ONG des droits de
    l'homme. Je pense qu'il est important que l'Armenie soit intervenue
    dans cette deuxième audience, tout comme la Turquie l'avait fait en
    première instance, ainsi que maintenant, dans la seconde. Peut-etre
    leurs plaidoiries respectives vont-elles se neutraliser l'une l'autre.

    Mais je crois que la Cour va prendre en compte le fait que des ONG
    armeniennes et turques des droits humains, qui ne sont pas motivees
    par des interets politiques, unissent leurs forces pour exposer le
    programme haineux et violent de Perincek. Et je crois que les details
    du jugement d'Ergenekon seront des preuves cruciales - basees sur la
    decision des propres tribunaux de la Turquie ! - de ses motivations.

    Finalement, je pense qu'avec tout ce tapage mediatique et l'attention
    accordee a ce procès, nous ne devons pas oublier que les vrais heros
    sont les militants turcs des droits humains et les intellectuels
    qui manifestent leur solidarite avec leurs compagnons armeniens de
    Turquie qui vivent sous une pression, une intimidation et meme une
    violence croissantes. Les militants turcs sont confrontes a des
    messages haineux et des menaces de mort pour avoir manifeste leur
    solidarite sur la question du genocide armenien. Ils sont courageux
    et justes et meritent nos eloges et notre reconnaissance en tant que
    voix parmi les plus importantes dans l'affaire Perincek.

    (c)Traduction de l'anglais Collectif VAN - 10 fevrier 2015 -
    www.collectifvan.org

    Lire aussi :

    Dossier du Collectif VAN : Affaire Perincek

    Source/Lien : CivilNet




    From: A. Papazian
Working...
X