LE LIBAN, REFUGE PRECAIRE DES CHRETIENS D'ORIENT
REVUE DE PRESSE
Depuis l'arrivée massive des Arméniens fuyant les massacres de 1915,
le Liban est l'une des principales terres d'asile pour les chrétiens
déplacés de la région.
La Croix a choisi de présenter des itinéraires personnels des
chrétiens d'Orient. Rencontres dans le quartier de Bourj Hammoud,
a Beyrouth, où les réfugiés ne cessent d'affluer depuis l'arrivée
des Arméniens fuyant le génocide, il y a cent ans.
Poignée de main ferme, visage émacié, Rafad Salem Casmoussa,
35 ans, raconte a grande vitesse le parcours qui l'a mené, en
quelques années, du centre de Bagdad au petit deux-pièces qu'il loue
aujourd'hui avec sa famille pour 300 dollars mensuels a Bourj Hammoud,
dans la périphérie de Beyrouth.
Le 31 octobre 2010, lorsqu'un commando islamiste ouvre le feu dans la
cathédrale de Bagdad bondée pour la Toussaint, tuant une soixantaine
de fidèles, Rafad se trouve dans l'assemblée.
Le jeune catéchiste, qui a déja perdu un frère dans l'explosion
d'une voiture piégée, quitte aussitôt Bagdad pour la plaine de
Ninive, dans le nord du pays, où il est embauché dans une usine
d'aluminium.
Quatre ans plus tard, dans la nuit du 5 au 6 aoÃ"t 2014, Rafad, son
épouse Lara, alors enceinte, et leur bébé se retrouvent sur la
route avec des milliers d'autres chrétiens fuyant l'avancée de Daech.
> Lire aussiâ~@~I : L'église du village syrien de Tel Hormuz saccagée
par l'Ã~Itat islamique
Parvenue a Erbil a pied, la famille rejoint Bagdad, puis Beyrouth
par avion. Â" Ils ont détruit l'usine, nous n'avons presque rien
pu emporter... Si j'avais su, nous n'aurions pas fait de deuxième
enfant Â", lâche le père, une grande lassitude dans la voix.
Ã~@ Beyrouth, Rafad s'est trouvé un emploi de tailleur et
bénéficie d'une aide de la part d'ONG chrétiennes. Au total,
a peine de quoi payer le loyer et rembourser les 3 000 dollars de
frais d'hospitalisation de leur nourrisson.
â-º Samaherâ~@~I : Â" Je ne vois pas comment nos communautés
pourraient revivre Â"
Ã~@ cause de la guerre en Syrie, puis de la descente aux enfers de
l'Irak, l'arrivée massive de réfugiés a bouleversé la physionomie
du Liban.
Estimés a plus d'un million, soit le quart de la population de ce
petit pays aux équilibres politiques et religieux complexes, ils
se concentrent dans les zones frontalières, mais aussi autour de
Beyrouth, la capitale.
Parmi eux, une minorité de chrétiens a fui les violences et la
guerre, comme les musulmans, mais avec la certitude que jamais
plus ils ne reviendront dans leur pays. Â" La Syrie est a terre,
presque tous les chrétiens sont partis et je ne vois pas comment
nos communautés pourraient revivre Â", lance Samaher, une syrienne
orthodoxe de Hassaké, réfugiée avec sa famille dans un vieux
conteneur, sur les hauteurs de Beyrouth.
> Lire aussiâ~@~I : Â" Nés réfugiés Â", les bébés syriens nés
au Liban
Menaces de mort répétées, enfants traumatisés par la perte de
voisins ou de proches... Après un parcours chaotique entre la Syrie,
l'Ã~Igypte et le Liban, cette ancienne coiffeuse attend avec son mari,
ex-menuisier employé de boulangerie, le statut de réfugiés pour
gagner l'Australie.
En attendant, Samaher affine son anglais grâce aux cours dispensés
par la Caritas et recoit une aide de la paroisse syrienne orthodoxe
voisine.
â-º Lévon Nordiguianâ~@~I : Â" Nous n'avons plus aucune trace Â"
La tragédie des chrétiens réfugiés au Liban a débuté il y a
un siècle.
Ceux qui l'ont inaugurée sont les Arméniens, les rescapés du
génocide perpétré par les Jeunes-Turcs - 1,2 million de morts
entre 1915 et 1916. Un grand nombre de ceux qui gagnèrent l'actuel
Liban s'installèrent a Bourj Hammoud, aux portes de Beyrouth.
Conservateur du fonds photographique de l'université Saint-Joseph,
Lévon Nordiguian, arménien orthodoxe, feuillette un ouvrage édité
par ses soins. Il s'arrête sur le portrait d'une fillette de 4 ans.
Â" C'est ma mère. Elle avait six mois lorsque sa famille fut chassée
de la province d'Adana (Cilicie). Sur neuf de ses oncles et tantes,
seuls deux survécurent... Du côté de mon père, nous n'avons plus
aucune trace. Â"
â-º Sarine Hagopianâ~@~I : Â" Nous ouvrir au monde sans oublier ce
que nous sommes Â"
Le camp de Bourj Hammoud, construit en dur par les Arméniens dans les
années 1920, est aujourd'hui un vaste quartier populaire de Beyrouth.
L'arrivée de milliers de familles réfugiées, notamment syriennes,
a fait exploser les loyers et le prix des denrées alimentaires dans
ces rues où se concentrent depuis des générations les échoppes
d'artisans arméniens.
Diplôme de paysagiste en poche, Sarine Hagopian, 26 ans, les
arpente depuis l'enfance. Â" Nous faisons depuis longtemps partie
de la mosaïque libanaise. J'ai étudié dans une école arménienne
où l'éducation se fait en quatre languesâ~@~I : arménien, arabe,
francais, anglais. Notre défi est de nous ouvrir au monde sans
oublier ce que nous sommes, nos savoir-faire, notre culture... Â"
Sarine est un pilier de Â" Badguèr Â", jeune association fondée par
Arpi Mangassarian, chef du département d'urbanisme de la municipalité
de Bourj Hammoud. L'objectif de cette architecte passionnéeâ~@~I :
valoriser et transmettre le patrimoine culturel arménien, dans un
contexte rendu plus difficile par l'arrivée des réfugiés et la
concurrence des produits asiatiques.
Solidarité communautaire oblige au Proche-Orient, les familles
arméniennes de Syrie savent pouvoir compter sur l'aide des ONG
arméniennes de Bourj Hammoud, notamment pour trouver un toit et
se soigner.
Leurs enfants sont en général pris en charge dans les écoles
arméniennes. Mais les dizaines de milliers d'autres enfants syriens
n'ont pas cette chance. Sans papiers, livrés a eux-mêmes, ils sont
a la merci des exploiteurs et trafiquants de tout poil.
Casquette vissée sur la tête, le docteur Robert Caracache effectue
un saut dans sa Â" clinique Â", l'appartement où il officie comme
psychothérapeute a la lisière de Bourj Hammoud. Ce sexagénaire
pressé dirige le Foyer de la Lumière, une ONG de réinsertion des
mineurs délinquants soutenue par l'Ã~Iglise grecque-catholique.
Ces derniers temps, l'accueil des réfugiés syriens est devenu une
priorité, a commencer par leur scolarisation. Arménien catholique -
un petit drapeau rouge-bleu-abricot surnage au milieu de la paperasse
-, le docteur Caracache n'en revendique pas moins le caractère
universel de sa démarche. Â" Il est tentant d'aider en priorité
les chrétiens arméniens ou syriaques... Mais quel sens cela
aurait-ilâ~@~I ? Ici, nous servons le tout-venant. Â"
En plein cÅ"ur du quartier chrétien d'AshÂrafieh, où les tours en
chantier rivalisent de hauteur, Charles Nasrallah raconte la genèse
de l'association Insan - Â" être humain Â" en arabe -, l'une des
seules au Liban a revendiquer son caractère non confessionnel.
Maronite formé chez les Frères des Ã~Icoles chrétiennes, ce
quadragénaire a très tôt ouvert les yeux sur la condition des
réfugiés dans son pays. Sa réponseâ~@~I : garantir l'accès de
tous a un minimum de droits.
Â" Au début, le fait de n'être d'aucune Ã~Iglise, d'aucune mosquée,
d'aucun parti nous rendait suspects et nous a fermé des portes. Â"
Quinze ans plus tard, Insan est devenu un interlocuteur privilégié
pour les bailleurs de fonds américains, suisses ou francais.
Â" De plus en plus d'acteurs extérieurs, y compris catholiques,
nous contactent parce qu'ils savent que nous travaillons avec tout
le monde. Â" Les 23 permanents de l'association et la trentaine de
bénévoles, chrétiens, musulmans ou druzes, accueillent chaque matin
57 enfants dans une école au nord de Beyrouthâ~@~I : des Syriens,
Irakiens, Palestiniens, Congolais, Ghanéens, Ã~Ithiopiens...
Insan suit et finance également le cursus scolaire de 200 autres
enfants, placés dans des écoles publiques et privées. Récemment,
elle a aussi ouvert un foyer pour jeunes délinquants. Â" Nous sommes
encore une exception, reconnaît Charles Nasrallah. Mais un espace
citoyen est en train de s'ouvrir au Liban. Â"
Dans un quartier mélangé du nord de Beyrouth, a deux pas de Bourj
Hammoud, un calvaire grandeur nature trône depuis quelques mois au
beau milieu du trafic. Ã~Ichaudés par l'afflux d'un grand nombre de
réfugiés musulmans, des jeunes maronites originaires de la Bekaa
ont ainsi voulu marquer leur territoire.
Â" Ce n'est pourtant pas dans la tradition maronite, observe Bertrand,
un petit frère de Charles-de-Foucauld installé depuis trente ans
dans les quartiers déshérités. Mais dans les périodes troublées,
le marquage religieux réapparaît. Â"
Vingt-cinq ans après une guerre que personne ne veut revivre au Liban,
les tensions entre communautés continuent d'affleurer. Professeur de
médecine et de philosophie a l'université Saint-Joseph, le docteur
Antoine Courban, un grec-orthodoxe, déplore cette tendance persistante
au repli.
Â" Tous les chrétiens n'ont pas entendu le cri de Jean-Paul II
qui les exhortait, dès 1997, a sortir de leur cocon communautaire
pour s'engager de plain-pied dans la société. Si les mentalités
évoluent chez les étudiants, les forces sociales traditionnelles
conservent une inertie redoutable. Â"
Samuel Lieven, a Beyrouth
http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Le-Liban-refuge-precaire-des-chretiens-d-Orient-2015-02-18-1282136
mercredi 25 février 2015, Stéphane ©armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=108234
REVUE DE PRESSE
Depuis l'arrivée massive des Arméniens fuyant les massacres de 1915,
le Liban est l'une des principales terres d'asile pour les chrétiens
déplacés de la région.
La Croix a choisi de présenter des itinéraires personnels des
chrétiens d'Orient. Rencontres dans le quartier de Bourj Hammoud,
a Beyrouth, où les réfugiés ne cessent d'affluer depuis l'arrivée
des Arméniens fuyant le génocide, il y a cent ans.
Poignée de main ferme, visage émacié, Rafad Salem Casmoussa,
35 ans, raconte a grande vitesse le parcours qui l'a mené, en
quelques années, du centre de Bagdad au petit deux-pièces qu'il loue
aujourd'hui avec sa famille pour 300 dollars mensuels a Bourj Hammoud,
dans la périphérie de Beyrouth.
Le 31 octobre 2010, lorsqu'un commando islamiste ouvre le feu dans la
cathédrale de Bagdad bondée pour la Toussaint, tuant une soixantaine
de fidèles, Rafad se trouve dans l'assemblée.
Le jeune catéchiste, qui a déja perdu un frère dans l'explosion
d'une voiture piégée, quitte aussitôt Bagdad pour la plaine de
Ninive, dans le nord du pays, où il est embauché dans une usine
d'aluminium.
Quatre ans plus tard, dans la nuit du 5 au 6 aoÃ"t 2014, Rafad, son
épouse Lara, alors enceinte, et leur bébé se retrouvent sur la
route avec des milliers d'autres chrétiens fuyant l'avancée de Daech.
> Lire aussiâ~@~I : L'église du village syrien de Tel Hormuz saccagée
par l'Ã~Itat islamique
Parvenue a Erbil a pied, la famille rejoint Bagdad, puis Beyrouth
par avion. Â" Ils ont détruit l'usine, nous n'avons presque rien
pu emporter... Si j'avais su, nous n'aurions pas fait de deuxième
enfant Â", lâche le père, une grande lassitude dans la voix.
Ã~@ Beyrouth, Rafad s'est trouvé un emploi de tailleur et
bénéficie d'une aide de la part d'ONG chrétiennes. Au total,
a peine de quoi payer le loyer et rembourser les 3 000 dollars de
frais d'hospitalisation de leur nourrisson.
â-º Samaherâ~@~I : Â" Je ne vois pas comment nos communautés
pourraient revivre Â"
Ã~@ cause de la guerre en Syrie, puis de la descente aux enfers de
l'Irak, l'arrivée massive de réfugiés a bouleversé la physionomie
du Liban.
Estimés a plus d'un million, soit le quart de la population de ce
petit pays aux équilibres politiques et religieux complexes, ils
se concentrent dans les zones frontalières, mais aussi autour de
Beyrouth, la capitale.
Parmi eux, une minorité de chrétiens a fui les violences et la
guerre, comme les musulmans, mais avec la certitude que jamais
plus ils ne reviendront dans leur pays. Â" La Syrie est a terre,
presque tous les chrétiens sont partis et je ne vois pas comment
nos communautés pourraient revivre Â", lance Samaher, une syrienne
orthodoxe de Hassaké, réfugiée avec sa famille dans un vieux
conteneur, sur les hauteurs de Beyrouth.
> Lire aussiâ~@~I : Â" Nés réfugiés Â", les bébés syriens nés
au Liban
Menaces de mort répétées, enfants traumatisés par la perte de
voisins ou de proches... Après un parcours chaotique entre la Syrie,
l'Ã~Igypte et le Liban, cette ancienne coiffeuse attend avec son mari,
ex-menuisier employé de boulangerie, le statut de réfugiés pour
gagner l'Australie.
En attendant, Samaher affine son anglais grâce aux cours dispensés
par la Caritas et recoit une aide de la paroisse syrienne orthodoxe
voisine.
â-º Lévon Nordiguianâ~@~I : Â" Nous n'avons plus aucune trace Â"
La tragédie des chrétiens réfugiés au Liban a débuté il y a
un siècle.
Ceux qui l'ont inaugurée sont les Arméniens, les rescapés du
génocide perpétré par les Jeunes-Turcs - 1,2 million de morts
entre 1915 et 1916. Un grand nombre de ceux qui gagnèrent l'actuel
Liban s'installèrent a Bourj Hammoud, aux portes de Beyrouth.
Conservateur du fonds photographique de l'université Saint-Joseph,
Lévon Nordiguian, arménien orthodoxe, feuillette un ouvrage édité
par ses soins. Il s'arrête sur le portrait d'une fillette de 4 ans.
Â" C'est ma mère. Elle avait six mois lorsque sa famille fut chassée
de la province d'Adana (Cilicie). Sur neuf de ses oncles et tantes,
seuls deux survécurent... Du côté de mon père, nous n'avons plus
aucune trace. Â"
â-º Sarine Hagopianâ~@~I : Â" Nous ouvrir au monde sans oublier ce
que nous sommes Â"
Le camp de Bourj Hammoud, construit en dur par les Arméniens dans les
années 1920, est aujourd'hui un vaste quartier populaire de Beyrouth.
L'arrivée de milliers de familles réfugiées, notamment syriennes,
a fait exploser les loyers et le prix des denrées alimentaires dans
ces rues où se concentrent depuis des générations les échoppes
d'artisans arméniens.
Diplôme de paysagiste en poche, Sarine Hagopian, 26 ans, les
arpente depuis l'enfance. Â" Nous faisons depuis longtemps partie
de la mosaïque libanaise. J'ai étudié dans une école arménienne
où l'éducation se fait en quatre languesâ~@~I : arménien, arabe,
francais, anglais. Notre défi est de nous ouvrir au monde sans
oublier ce que nous sommes, nos savoir-faire, notre culture... Â"
Sarine est un pilier de Â" Badguèr Â", jeune association fondée par
Arpi Mangassarian, chef du département d'urbanisme de la municipalité
de Bourj Hammoud. L'objectif de cette architecte passionnéeâ~@~I :
valoriser et transmettre le patrimoine culturel arménien, dans un
contexte rendu plus difficile par l'arrivée des réfugiés et la
concurrence des produits asiatiques.
Solidarité communautaire oblige au Proche-Orient, les familles
arméniennes de Syrie savent pouvoir compter sur l'aide des ONG
arméniennes de Bourj Hammoud, notamment pour trouver un toit et
se soigner.
Leurs enfants sont en général pris en charge dans les écoles
arméniennes. Mais les dizaines de milliers d'autres enfants syriens
n'ont pas cette chance. Sans papiers, livrés a eux-mêmes, ils sont
a la merci des exploiteurs et trafiquants de tout poil.
Casquette vissée sur la tête, le docteur Robert Caracache effectue
un saut dans sa Â" clinique Â", l'appartement où il officie comme
psychothérapeute a la lisière de Bourj Hammoud. Ce sexagénaire
pressé dirige le Foyer de la Lumière, une ONG de réinsertion des
mineurs délinquants soutenue par l'Ã~Iglise grecque-catholique.
Ces derniers temps, l'accueil des réfugiés syriens est devenu une
priorité, a commencer par leur scolarisation. Arménien catholique -
un petit drapeau rouge-bleu-abricot surnage au milieu de la paperasse
-, le docteur Caracache n'en revendique pas moins le caractère
universel de sa démarche. Â" Il est tentant d'aider en priorité
les chrétiens arméniens ou syriaques... Mais quel sens cela
aurait-ilâ~@~I ? Ici, nous servons le tout-venant. Â"
En plein cÅ"ur du quartier chrétien d'AshÂrafieh, où les tours en
chantier rivalisent de hauteur, Charles Nasrallah raconte la genèse
de l'association Insan - Â" être humain Â" en arabe -, l'une des
seules au Liban a revendiquer son caractère non confessionnel.
Maronite formé chez les Frères des Ã~Icoles chrétiennes, ce
quadragénaire a très tôt ouvert les yeux sur la condition des
réfugiés dans son pays. Sa réponseâ~@~I : garantir l'accès de
tous a un minimum de droits.
Â" Au début, le fait de n'être d'aucune Ã~Iglise, d'aucune mosquée,
d'aucun parti nous rendait suspects et nous a fermé des portes. Â"
Quinze ans plus tard, Insan est devenu un interlocuteur privilégié
pour les bailleurs de fonds américains, suisses ou francais.
Â" De plus en plus d'acteurs extérieurs, y compris catholiques,
nous contactent parce qu'ils savent que nous travaillons avec tout
le monde. Â" Les 23 permanents de l'association et la trentaine de
bénévoles, chrétiens, musulmans ou druzes, accueillent chaque matin
57 enfants dans une école au nord de Beyrouthâ~@~I : des Syriens,
Irakiens, Palestiniens, Congolais, Ghanéens, Ã~Ithiopiens...
Insan suit et finance également le cursus scolaire de 200 autres
enfants, placés dans des écoles publiques et privées. Récemment,
elle a aussi ouvert un foyer pour jeunes délinquants. Â" Nous sommes
encore une exception, reconnaît Charles Nasrallah. Mais un espace
citoyen est en train de s'ouvrir au Liban. Â"
Dans un quartier mélangé du nord de Beyrouth, a deux pas de Bourj
Hammoud, un calvaire grandeur nature trône depuis quelques mois au
beau milieu du trafic. Ã~Ichaudés par l'afflux d'un grand nombre de
réfugiés musulmans, des jeunes maronites originaires de la Bekaa
ont ainsi voulu marquer leur territoire.
Â" Ce n'est pourtant pas dans la tradition maronite, observe Bertrand,
un petit frère de Charles-de-Foucauld installé depuis trente ans
dans les quartiers déshérités. Mais dans les périodes troublées,
le marquage religieux réapparaît. Â"
Vingt-cinq ans après une guerre que personne ne veut revivre au Liban,
les tensions entre communautés continuent d'affleurer. Professeur de
médecine et de philosophie a l'université Saint-Joseph, le docteur
Antoine Courban, un grec-orthodoxe, déplore cette tendance persistante
au repli.
Â" Tous les chrétiens n'ont pas entendu le cri de Jean-Paul II
qui les exhortait, dès 1997, a sortir de leur cocon communautaire
pour s'engager de plain-pied dans la société. Si les mentalités
évoluent chez les étudiants, les forces sociales traditionnelles
conservent une inertie redoutable. Â"
Samuel Lieven, a Beyrouth
http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Le-Liban-refuge-precaire-des-chretiens-d-Orient-2015-02-18-1282136
mercredi 25 février 2015, Stéphane ©armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=108234