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La Troika Discreditee Par Le Pouvoir, Y-A-T-Il Place Pour Une Vraie

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    LA TROIKA DISCREDITEE PAR LE POUVOIR, Y-A-T-IL PLACE POUR UNE VRAIE OPPOSITION EN ARMENIE ?, PAR ROBERT AYDABIRIAN

    OPINION

    La facon honteuse avec laquelle le conseil du Parti Republicain et
    son President ont, le 5 fevrier, insulte Gagik Tzaroukian, le leader
    de la Troïka (coalition des trois principaux partis de l'opposition
    parlementaire), lui ont ordonne de quitter le champ politique et
    menace d'enquete fiscale, en dit long sur la culture democratique du
    pouvoir armenien.

    La manifestation prevue pour le 20 fevrier, d'abord interdite par
    la municipalite, puis annulee par Tzaroukian, suite a son entretien
    avec Serge Sarkissian, laisse encore un fois la population decue et
    frustree devant le chantage des uns et la lâchete des autres. Les
    sphères proches du Kremlin et la presse russe avait diabolise ce
    enième rassemblement sur la place de l'Opera, le presentant comme le
    prelude a un Maïdan armenien.

    La crise s'amplifie.

    Ces derniers mois, le pays a vu monter : . les violences policières
    contre les militants de divers mouvements (Parlement Fondateur)
    ou partis (CNA et PAP) a Bertzor et a Erevan, . le mecontentement
    social notamment chez les ouvriers de Naïrite prives de salaire depuis
    18 mois et prochainement d'emplois, . l'exasperation des habitants
    de Gyumri devant l'impotence du pouvoir judiciaire face a la tuerie
    d'une famille entière par un soldat russe . la grogne des cadres des
    petits commercants et entrepreneurs.

    Tout cela a amene le 13 fevrier le chef modere de la Troïka a durcir
    le ton par une replique cinglante aux provocations de Sarkissian,
    a rappeler la dizaine de dysfonctionnements majeurs de l'Etat et
    exiger en vain la tenue d'elections legislatives et presidentielles
    anticipees.

    Excluant toute idee de partage du pouvoir et de formation d'un
    gouvernement de salut national, le clan au pouvoir rappelle par
    son comportement hegemonique et inquisiteur la periode sinistre du
    regime stalinien.

    Le pire est donc a prevoir de la part des milices privees qui avec
    le soutien des services de securite interieure et la passivite de
    la justice, sont pretes a multiplier les actions repressives en vue
    d'eliminer les elements les plus actifs et courageux de la societe
    civile.

    La crise economique s'est encore accentuee en decembre 2014 avec la
    chute de 50% de la valeur du rouble et du baril de petrole, ce qui a
    eu pour consequences la baisse des subsides venant des travailleurs
    emigres en Russie, la chute du dram et la montee spectaculaire
    des prix.

    La population se tourne de plus en plus vers le credit bancaire,
    au taux minimum de 20%. Le système bancaire montre des signes de
    fragilisation, alors que les importations representent les 2/3 d'une
    balance commerciale en peril. Au centre meme de Erevan on constate
    la fermeture de magasins et le licenciement de leurs employes.

    Dans l'attente d'un sursaut national

    Le principal ennemi du pays mais aussi du pouvoir est desormais le
    temps. Attendre les elections de 2018, imaginer qu'elles se derouleront
    de facon regulière, et permettront un changement de politique et
    de personnel gouvernemental, apparait illusoire et dangereux pour
    ceux qui s'inquiètent du delitement du pays, de l'aggravation du
    climat social et de la poursuite de l'emigration de masse. D'où
    proviendra-t-il donc ce sursaut national, indispensable a la perennite
    de la Republique, au maintien de son statut de sujet independant de
    la communaute internationale, et de patrie historique des Armeniens du
    monde entier ? Sera-t-il issu du sein meme du pouvoir, de l'opposition
    parlementaire, de la societe civile ou de l'armee ? Les deux premiers
    ayant perdu leur credibilite, d'aucuns se tourneront alors vers les
    deux autres. L'armee reste en principe le dernier recours pour la
    protection de la patrie et de sa population.

    Rappelons-nous de la bataille historique de Sardarabad quand la
    population, encadree par des fedaïs et des officiers experimentes,
    repoussa en 1918, le dernier assaut turque et permit la naissance de
    la première Republique.

    Quel soutien moral attendre de la diaspora embarquee dans les
    commemorations du centenaire ? Va-t-elle enfin regarder le destin de
    son peuple tel qu'il se presente aujourd'hui, sans se laisser duper
    par des declarations de complaisance ?

    Robert Aydabirian

    vendredi 27 fevrier 2015, Ara (c)armenews.com
    http://www.armenews.com/article.php3?id_article=108549

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