REVUE DE PRESSE
La Russie et la Turquie face au piège de l'isolationnisme
La Russie et la Turquie sont-elles devenues « ?les deux hommes malades
à la périphérie de l'Europe? »? ? Pendant des siècles, l'expansion
territoriale de l'Empire russe s'est faite, entre autres, au détriment
de l'Empire ottoman, décrit au XIXe siècle comme « ?l'homme malade de
l'Europe? ». Aujourd'hui ces deux anciens empires semblent connaître
une évolution parallèle et négative qui s'explique en deux mots, ou
plutôt en deux noms? : Poutine et Erdogan. La cause de la « ?maladie
» qui frappe la Russie comme la Turquie paraît simple en effet et
tient à la dérive autoritaire et à la concentration excessive du
pouvoir autour de ces deux hommes.
Alors que s'ouvre l'année 2015, le rapprochement entre Moscou et
Ankara n'est pas en effet de nature diplomatique, même s'il existe des
frémissements dans ce sens. La Turquie constitue toujours le pilier du
flanc sud de l'Otan. La Russie s'indigne des manÃ…`uvres de l'Ukraine
pour se rapprocher de l'Otan. De même, sur le plan économique, les
deux pays ne sauraient être plus différents. La Turquie, avec une
démographie en pleine expansion, continue de faire preuve d'un
dynamisme qui contraste fortement avec le déclin accéléré de ce géant
énergétique aux pieds d'argile qu'est la Russie. Les sanctions
occidentales, la baisse des prix du pétrole et du gaz ne sont que des
révélateurs et des accélérateurs des faiblesses structurelles de
l'économie russe.
En fait, le rapprochement entre les héritiers de l'Empire russe et de
l'Empire ottoman est de nature politique et institutionnelle. Dans
leur gestion toujours plus centralisée du pouvoir, dans leur volonté
de tout contrôler et de ne pas tolérer la moindre critique, Poutine et
Erdogan semblent comme désireux de se donner l'un à l'autre un
certificat de bonne gestion politique? : « ?Le monde extérieur nous
ennuie avec ses critiques. Nous n'avons de conseil à recevoir de
personne? !? »
Poutine et Erdogan semblent de fait animés par un instinct, sinon des
pulsions communes. Dans leur mélange de nationalisme , dans leur
volonté de contrôler tous les rouages du pouvoir, qui les conduit Ã
alterner les fonctions présidentielles et de Premier ministre, les
deux hommes semblent traduire un mélange d'ambition personnelle et une
certaine forme de nostalgie pour un temps qui n'existe plus et qui ne
peut renaître. Ils peuvent bien se voir comme le « ?dernier tsar? » ou
le « ?dernier sultan? », ils peuvent être animés par un rêve de «
Grande Russie? » ou celui de la reconstitution d'un espace «
néo-ottoman? », ils n'ont ni l'un ni l'autre les moyens de leurs
ambitions. En réalité, ils sont en train de s'isoler personnellement Ã
l'intérieur de leurs pays respectifs par des comportements toujours
plus autoritaires. Et ils contribuent tous les deux à l'isolement de
leurs pays sur la scène internationale. La Turquie et la Russie, en
s'éloignant de l'Europe et de ses valeurs, font profondément fausse
route. Le dynamisme de l'économie turque présuppose l'existence d'une
société ouverte. Le « ?capitalisme pour les amis? » de la Russie de
Poutine commence à évoquer, au moins dans ses résultats, la décadence
de l'URSS dans les années 1980.
Certes, l'Union européenne, par ses atermoiements, sinon sa mauvaise
volonté délibérée, a plus que contribué Ã l'éloignement de la Turquie.
Mais l'évolution personnelle d'Erdogan ne saurait être imputée aux
seules réticences de l'Union et de ses principaux membres. De plus en
plus, Erdogan semble comme animé par un agenda personnel. LÃ encore,
Erdogan et Poutine sont très proches. Ce qui amène à se demander ce
qui peut bien les arrêter dans le processus d'auto-isolement de leur
personne et de leur pays, les deux termes étant devenus presque
synonymes l'un de l'autre.
En savoir plus sur
http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0204051530215-la-russie-et-la-turquie-face-au-piege-de-lisolationnisme-1079712.php
?7JdvoPAqZzGjgdBW.99
vendredi 9 janvier 2015,
Stéphane ©armenews.com
La Russie et la Turquie face au piège de l'isolationnisme
La Russie et la Turquie sont-elles devenues « ?les deux hommes malades
à la périphérie de l'Europe? »? ? Pendant des siècles, l'expansion
territoriale de l'Empire russe s'est faite, entre autres, au détriment
de l'Empire ottoman, décrit au XIXe siècle comme « ?l'homme malade de
l'Europe? ». Aujourd'hui ces deux anciens empires semblent connaître
une évolution parallèle et négative qui s'explique en deux mots, ou
plutôt en deux noms? : Poutine et Erdogan. La cause de la « ?maladie
» qui frappe la Russie comme la Turquie paraît simple en effet et
tient à la dérive autoritaire et à la concentration excessive du
pouvoir autour de ces deux hommes.
Alors que s'ouvre l'année 2015, le rapprochement entre Moscou et
Ankara n'est pas en effet de nature diplomatique, même s'il existe des
frémissements dans ce sens. La Turquie constitue toujours le pilier du
flanc sud de l'Otan. La Russie s'indigne des manÃ…`uvres de l'Ukraine
pour se rapprocher de l'Otan. De même, sur le plan économique, les
deux pays ne sauraient être plus différents. La Turquie, avec une
démographie en pleine expansion, continue de faire preuve d'un
dynamisme qui contraste fortement avec le déclin accéléré de ce géant
énergétique aux pieds d'argile qu'est la Russie. Les sanctions
occidentales, la baisse des prix du pétrole et du gaz ne sont que des
révélateurs et des accélérateurs des faiblesses structurelles de
l'économie russe.
En fait, le rapprochement entre les héritiers de l'Empire russe et de
l'Empire ottoman est de nature politique et institutionnelle. Dans
leur gestion toujours plus centralisée du pouvoir, dans leur volonté
de tout contrôler et de ne pas tolérer la moindre critique, Poutine et
Erdogan semblent comme désireux de se donner l'un à l'autre un
certificat de bonne gestion politique? : « ?Le monde extérieur nous
ennuie avec ses critiques. Nous n'avons de conseil à recevoir de
personne? !? »
Poutine et Erdogan semblent de fait animés par un instinct, sinon des
pulsions communes. Dans leur mélange de nationalisme , dans leur
volonté de contrôler tous les rouages du pouvoir, qui les conduit Ã
alterner les fonctions présidentielles et de Premier ministre, les
deux hommes semblent traduire un mélange d'ambition personnelle et une
certaine forme de nostalgie pour un temps qui n'existe plus et qui ne
peut renaître. Ils peuvent bien se voir comme le « ?dernier tsar? » ou
le « ?dernier sultan? », ils peuvent être animés par un rêve de «
Grande Russie? » ou celui de la reconstitution d'un espace «
néo-ottoman? », ils n'ont ni l'un ni l'autre les moyens de leurs
ambitions. En réalité, ils sont en train de s'isoler personnellement Ã
l'intérieur de leurs pays respectifs par des comportements toujours
plus autoritaires. Et ils contribuent tous les deux à l'isolement de
leurs pays sur la scène internationale. La Turquie et la Russie, en
s'éloignant de l'Europe et de ses valeurs, font profondément fausse
route. Le dynamisme de l'économie turque présuppose l'existence d'une
société ouverte. Le « ?capitalisme pour les amis? » de la Russie de
Poutine commence à évoquer, au moins dans ses résultats, la décadence
de l'URSS dans les années 1980.
Certes, l'Union européenne, par ses atermoiements, sinon sa mauvaise
volonté délibérée, a plus que contribué Ã l'éloignement de la Turquie.
Mais l'évolution personnelle d'Erdogan ne saurait être imputée aux
seules réticences de l'Union et de ses principaux membres. De plus en
plus, Erdogan semble comme animé par un agenda personnel. LÃ encore,
Erdogan et Poutine sont très proches. Ce qui amène à se demander ce
qui peut bien les arrêter dans le processus d'auto-isolement de leur
personne et de leur pays, les deux termes étant devenus presque
synonymes l'un de l'autre.
En savoir plus sur
http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0204051530215-la-russie-et-la-turquie-face-au-piege-de-lisolationnisme-1079712.php
?7JdvoPAqZzGjgdBW.99
vendredi 9 janvier 2015,
Stéphane ©armenews.com