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Enseigner aux enfants de la guerre

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    REVUE DE PRESSE
    Enseigner aux enfants de la guerre


    ENSEIGNER AUX ENFANTS DE LA GUERRE

    La Presse.ca, Canada

    13 dec 2014

    par Louise Leduc

    "J'espère rester ici pour toujours."

    Native d'Irak, Rita Wraij a 10 ans et elle n'a plus envie de bouger. Jamais.

    "Un matin, au reveil, ma mère nous a dit : "Aujourd'hui, on part en Syrie.""

    Sa famille s'est donc refugiee en Syrie, où elle a aussitôt ete
    rattrapee par une autre guerre. "Alors, on est parti au Liban, en
    attendant de pouvoir venir au Canada."

    Sur 17 elèves, la classe d'accueil de Rita, a l'ecole armenienne Alex
    Manoogian, dans l'arrondissement de Saint-Laurent, compte 6 refugies
    syriens et 5 petits Irakiens.

    "La plus grosse communaute armenienne a l'exterieur de l'Armenie se
    trouve a Alep, où elle est touchee de plein fouet par la guerre",
    explique le directeur adjoint de l'ecole, Chahe Tanachian.

    D'ici janvier, 60 familles de la minorite armenienne de Syrie,
    notamment d'Alep, sont attendues a Montreal.

    L'ecole Alex Manoogian, qui accueille des enfants armeniens d'ici ou
    de la diaspora, ouvrira donc en janvier une autre classe d'accueil.

    Arrives de l'enfer

    Les enfants a qui nous avons parle sont unanimes : ici, au Quebec,
    tout est parfait. Plus-que-parfait.

    Il faut dire qu'ils arrivent tout droit de l'enfer.

    "À Alep [en Syrie], il arrivait tout le temps quelque chose, raconte
    Galin Damirjian, gee de 12 ans. Un jour, c'etait une bombe a côte de
    la maison, un autre jour, une autre a côte d'où mon père travaille ou
    alors, quelqu'un que nous connaissions etait tue. Une fois, la terre
    tremblait tellement, j'ai eu tellement peur que je me suis evanouie."

    "À Damas, il y avait beaucoup de bombardements et parfois, quand
    c'etait près de la maison, ca faisait peur, dit Joseph Chakmakchyan,
    ge de 12 ans. En Syrie, tu ne savais jamais de quoi serait fait le
    lendemain et tout etait en ruine. Ici, c'est tellement plus joli,
    particulièrement sous la neige..."

    Ils savaient bien, avant d'arriver ici, que la guerre et tout cela, ce
    n'etait pas normal. Qu'ailleurs, on vivait tranquillement. Après tout,
    meme en pleine horreur, ils etaient nombreux a communiquer par Skype
    avec des amis qui en etaient sortis.

    Avant que tous ces enfants de la guerre n'arrivent dans sa classe,
    leur enseignante, Julie Caron, redoutait le pire. "Je me disais que
    j'allais avoir devant moi des petits ecorches de la vie alors."

    Il y a bien quelques petits angoisses, comme cette fillette qui suit
    son frère comme son ombre et qui a très souvent mal au ventre. Il y a
    bien quelques gamins a l'humour un peu noir ou qui ont un peu trop
    tendance a regler leurs comptes aux poings, entre eux. Mais en
    general, ces enfants sont comme les autres. Ils adorent la neige, ils
    ont hte a la recreation et aiment bien rigoler.

    Si les enseignants de l'ecole Alex Manoogian sont quebecois, plusieurs
    membres du personnel sont d'origine armenienne. "Les enfants qui
    viennent d'arriver sont toujours capables de se faire comprendre, ce
    qui est securisant, aussi bien pour eux que pour leurs parents", dit
    le directeur adjoint, Chahe Tanachian.

    "L'idee, c'est que chacun puisse se poser ici en douceur, que chacun
    puisse finalement respirer un peu", enchaîne Narod Odabasiyan,
    coordonnatrice aux services de soutien a la famille Hay Doun, un
    organisme communautaire armenien.

    Inquietude

    La direction de l'ecole Alex Manoogian, qui est privee, est cependant inquiète.

    Parce que meme si son plan d'affaires, "c'est de perdre de l'argent,
    lance en riant le directeur adjoint Chahe Tanachian, il y a quand meme
    des limites a ne pas compter !"

    Il en coûte 8000$ pour un enfant dans une classe d'accueil (qui ne
    compte que 17 elèves) et Quebec ne verse qu'une subvention de 3400$
    par enfant.

    "La difference, c'est essentiellement la communaute armenienne, très
    mobilisee, qui la comble, dit le directeur de l'ecole, Sebastien
    Stasse, mais avec le nombre croissant de familles attendues, il y a
    quand meme des limites."

    Pour son ecole comme pour toute ecole publique qui accueille des
    refugies syriens, M. Stasse plaide "pour la creation d'un fonds
    special consacre a ces enfants".

    C'est que ces enfants ont besoin d'encadrement particulier. L'une des
    refugiees syriennes de l'ecole Alex Manoogian a mis le pied a l'ecole
    pour la première fois a 8 ans. D'autres ont vu leur ecole fermer deux
    ou trois semaines, a repetition, en raison de bombardements.

    Au debut, l'ecole Alex Manoogian s'en etait remis au modèle le plus
    repandu, soit celui de l'integration des elèves dans des classes
    ordinaires, avec quelques heures par semaines de cours de francisation
    en parallèle. "Ca ne donnait pas de bons resultats, dit M. Stasse. Les
    elèves redoublaient, ils avaient 30% dans leurs bulletins, c'etait
    demoralisant et ca risquait d'en faire des decrocheurs. Maintenant, de
    8h30 a 16h, ils suivent un enseignement intensif en francais avec une
    enseignante et une monitrice armenienne de langue. On arrive ainsi a
    les franciser sans leur faire prendre trop de retard dans leurs
    matières."

    Seulement, un tel encadrement coûte cher.

    "Les ministres [des Relations internationales] Christine St-Pierre et
    le ministre Jean-Marc Fournier, qui est notre depute, sont tous les
    deux passes et nous ont felicites pour notre travail, dit M. Stasse.

    Mais apparemment, on ne cadre dans aucun programme de subvention..."

    http://www.lapresse.ca/actualites/education/201412/12/01-4827591-enseigner-aux-enfants-de-la-guerre.php

    vendredi 9 janvier 2015,
    Stéphane (c)armenews.com
    http://www.armenews.com/article.php3?id_article=106621



    From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
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