UNE CITE INTERNATIONALE TOUJOURS EN QUETE DE PAIX
REVUE DE PRESSE
Après des années d'attente, la Cité universitaire internationale
de Paris s'apprête a s'agrandir pour accueillir toujours plus
d'étudiants venus des quatre coins du monde
Le froid piquant de l'hiver n'a pas découragé les joggeurs parisiens.
Ils sont plusieurs dizaines a courir dans les allées de la Cité
universitaire internationale, un site de 34 hectares planté au
sud de la capitale, au bord du périphérique, qui pourrait presque
passer pour un simple parc, calme et silencieux. Mais les dizaines de
bâtisses qui encadrent les pelouses racontent dans leurs architectures
éclectiques et les allées et venues de leurs habitants, l'histoire
particulière de la Cité.
Â" C'est un endroit où l'on peut rencontrer le monde entier Â",
résume, enthousiaste, Elias Makoukji. Ce Syrien de 26 ans habite
depuis quinze mois au Collège franco-britannique, l'une des
nombreuses résidences du complexe. Plus de 200 étudiants y vivent
et se rencontrent dans les espaces collectifs. Le grand salon a été
décoré par leurs soins pour les fêtes de fin d'annéeâ~@~I : un
sapin de NoÃ"l s'y marie parfaitement avec le rouge des fauteuils et
le bois sombre des bibliothèques où les résidents viennent piocher
leurs lectures du soir. 40 résidences et 6000 chambres
Â" Le concept fondateur est de rassembler dans des communautés a
échelle humaine des jeunes de tous les pays pour partager les cultures
et les connaissances et ainsi contribuer a la paix Â", explique
Carine Camby, déléguée générale de la Cité. Ce projet est né
dans le terreau pacifiste de l'après-Première Guerre mondiale. Il
fut porté par André Honorat, ministre de l'instruction publique, et
l'industriel Ã~Imile Deutsch de la Meurthe, qui financa la construction
de la première Maison, ouverte aux étudiants parisiens en 1925.
Le nom des pavillons témoigne de l'enthousiasme initial de nombreux
Ã~Itats pour le projetâ~@~I : Maison de l'Italie, Collège d'Espagne,
Fondation danoise... Les mécènes, particuliers, entrepreneurs
privés et entreprises, contribuent également au développement de
la Cité, comme le diplomate et philanthrope arménien Boghos Nubar
ou l'entrepreneur John Rockefeller Junior.
> Ã~@ (re)lireÃ~@ 88 ans, la Cité internationale universitaire de
Paris grandit encore
Quatre-vingt-neuf ans plus tard, la Cité compte quarante résidences
et 6 000 chambres au total. Â" Tout est fait pour encourager le
brassage des cultures et les amitiés Â", poursuit Carine Camby. Les
résidences sont par exemple équipées de cuisines communes avec
fours, plaques électriques et grandes tables autour desquelles
les résidents parlent gastronomie, arts et politique. Â" On se
rencontre tous au moment de faire la cuisine, on organise des repas
collectifs... L'an dernier, on faisait beaucoup de musique aussi Â",
témoigne Katherine Jinyi Li, étudiante en journalisme et habitante
de la Maison du Brésil. Les brunchs, ces petits déjeuners tardifs
a l'anglo-saxonne, sont aussi une activité très populaire parmi
les étudiants. L'obligation d'accueillir des étudiants étrangers
Dans chaque maison, un comité élu chaque année par les résidents
est chargé de l'organisation des activités internes et des liens
avec les autres résidences, ainsi que de la bonne intégration de
tous. Â" Les problèmes entre les pays viennent des préjugés et du
manque de contact entre les gens. Par exemple avant, pour moi, toutes
les personnes asiatiques étaient les mêmes. Ici, j'ai découvert les
différences de culture et de tradition entre chaque pays Â", témoigne
Elias Makoukji, élu au comité du Collège franco-britannique.
Les règles de répartition des étudiants sont par ailleurs très
strictesâ~@~Ipour forcer les échanges. Chaque maison doit ainsi
réserver au minimum 30 % de ses chambres a des jeunes de nationalités
différentes. Â" Quand je suis arrivé, il y a bientôt trois ans,
j'ai été affecté a la Maison des Provinces de France. J'ai pensé
sur le moment que je me serais senti mieux dans la résidence de
mon pays, la Maison de la Tunisie. La responsable des admissions m'a
réponduâ~@~I : "Vous me remercierez plus tard'.' Et elle avait raison
Â", raconte Amine Korbi.
Ã~Ilu au comité de la Maison, il vit dans cette résidence de briques
rouges de 285 chambres, 76 studios et 22 appartements, inaugurée en
1953, Â" les plus belles années Â" de sa vie. On peut voir depuis les
canapés du grand salon au rez-de-chaussée défiler les résidents de
toutes nationalités, les bras chargés de livres ou de sacs de courses
: Â" Des Marocains, des Tunisiens, des Chinois, des Américains, des
Francais des DOM-TOM... Â" énumère-t-il. Témoin de l'histoire du
XXe siècle
La Cité a vocation a soutenir le rayonnement international des
universités parisiennes en favorisant l'accueil des étudiants,
chercheurs et sportifs étrangers. Mais 25 % des places sont également
réservées a des Francais, notamment ceux venus d'outre-mer. Â"
La cité est un carrefour des cultures où l'on voyage. On partage
ses valeurs, on explique nos traditions, et tout ca doit favoriser la
paix. Les liens que l'on peut créer ici sont une véritable richesse
Â", poursuit Amine Korbi.
En fait de carrefour, il s'agit plutôt d'un gigantesque campus sur
lequel vont bientôt être construites dix nouvelles résidences,
dont une Maison de la Corée du Sud et une Maison de l'Ã~Nle-de-France.
L'accord définitif entre l'Ã~Itat, la chancellerie des universités
de Paris, la Ville de Paris et la Cité internationale sera signé
le 12 janvier et permettra la création de 1 800 nouveaux logements
d'ici a 2020. Â" Notre mission humaniste est une idée pérenne qui
demeure malgré les changements du monde Â", se réjouit Carine Camby.
Les résidences actuelles témoignent d'ailleurs de l'histoire
mouvementée des XXe et XXIe siècles. Au fond du parc, a quelques
mètres du périphérique et des communes de Montrouge et Gentilly,
la Maison Heinrich Heine (Fondation de l'Allemagne), fut ainsi la
première représentation officielle allemande en France, inaugurée
en 1956. Ã~@ côté de ce bâtiment de béton, d'acier et de verre
dont s'échappent des notes de piano, la haute construction de la
Fondation Avicenne contraste par son aspect abandonné. Financée et
inaugurée en 1969 en tant que Â" Maison de l'Iran Â" par le Shah en
personne, elle était devenue un centre de contestation du régime
et a été abandonnée par son pays trois ans seulement après son
ouverture. Aujourd'hui, seuls son sous-sol et son rez-de-chaussée
ont été réhabilités pour accueillir le centre de valorisation
du patrimoine de la Cité. Plus récemment, a la Maison du Brésil,
Â" les étudiants se sont mobilisés pour parler des préparatifs
de la Coupe du monde de football et des violences policières Â",
se souvient Katherine Jinyi Li. Une cité de Â" la paix Â" également
Au sein de la Cité, des centaines d'événements culturels et sportifs
sont organisées chaque année, certains sous le label Â" Cité pour
la paix Â". Â" Ce ne sont que des petites choses. Mais peut-être que
quand deux personnes d'un pays en guerre se rencontrent ici, elles
comprennent mieux l'autre. Et quand elles rentreront dans leur pays,
elles pourront témoigner de ce que "l'autre est comme moi" Â", espère
Elias Makoukji, membre du Réseau pour la paix, fondé a la Cité.
Lousineh Arakelian, également membre du Réseau, a vécu une telle
histoire. Arménienne d'Iran arrivée a la Maison de la Norvège il y
a un an, elle y a rencontré sa meilleure amie, une Turque. Â" Je n'en
avais jamais rencontré auparavant et j'avais beaucoup de préjugés.
Aujourd'hui, elle est comme ma sÅ"ur Â", témoigne-t-elle. Ensemble,
elles ont concu le projet d'organiser un grand dîner pour réunir
des Turcs et des Arméniens. Â" Je ne sais pas si nos actions ici
peuvent changer quelque chose aux conflits dans le monde, mais pour
les gens qui vivent a la Cité, c'est déja un grand pas en avant Â",
assure-t-elle. Marion Dautry
http://www.la-croix.com/Actualite/France/Une-Cite-internationale-toujours-en-quete-de-paix-2015-01-06-1288713
jeudi 15 janvier 2015, Stéphane ©armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=106745
REVUE DE PRESSE
Après des années d'attente, la Cité universitaire internationale
de Paris s'apprête a s'agrandir pour accueillir toujours plus
d'étudiants venus des quatre coins du monde
Le froid piquant de l'hiver n'a pas découragé les joggeurs parisiens.
Ils sont plusieurs dizaines a courir dans les allées de la Cité
universitaire internationale, un site de 34 hectares planté au
sud de la capitale, au bord du périphérique, qui pourrait presque
passer pour un simple parc, calme et silencieux. Mais les dizaines de
bâtisses qui encadrent les pelouses racontent dans leurs architectures
éclectiques et les allées et venues de leurs habitants, l'histoire
particulière de la Cité.
Â" C'est un endroit où l'on peut rencontrer le monde entier Â",
résume, enthousiaste, Elias Makoukji. Ce Syrien de 26 ans habite
depuis quinze mois au Collège franco-britannique, l'une des
nombreuses résidences du complexe. Plus de 200 étudiants y vivent
et se rencontrent dans les espaces collectifs. Le grand salon a été
décoré par leurs soins pour les fêtes de fin d'annéeâ~@~I : un
sapin de NoÃ"l s'y marie parfaitement avec le rouge des fauteuils et
le bois sombre des bibliothèques où les résidents viennent piocher
leurs lectures du soir. 40 résidences et 6000 chambres
Â" Le concept fondateur est de rassembler dans des communautés a
échelle humaine des jeunes de tous les pays pour partager les cultures
et les connaissances et ainsi contribuer a la paix Â", explique
Carine Camby, déléguée générale de la Cité. Ce projet est né
dans le terreau pacifiste de l'après-Première Guerre mondiale. Il
fut porté par André Honorat, ministre de l'instruction publique, et
l'industriel Ã~Imile Deutsch de la Meurthe, qui financa la construction
de la première Maison, ouverte aux étudiants parisiens en 1925.
Le nom des pavillons témoigne de l'enthousiasme initial de nombreux
Ã~Itats pour le projetâ~@~I : Maison de l'Italie, Collège d'Espagne,
Fondation danoise... Les mécènes, particuliers, entrepreneurs
privés et entreprises, contribuent également au développement de
la Cité, comme le diplomate et philanthrope arménien Boghos Nubar
ou l'entrepreneur John Rockefeller Junior.
> Ã~@ (re)lireÃ~@ 88 ans, la Cité internationale universitaire de
Paris grandit encore
Quatre-vingt-neuf ans plus tard, la Cité compte quarante résidences
et 6 000 chambres au total. Â" Tout est fait pour encourager le
brassage des cultures et les amitiés Â", poursuit Carine Camby. Les
résidences sont par exemple équipées de cuisines communes avec
fours, plaques électriques et grandes tables autour desquelles
les résidents parlent gastronomie, arts et politique. Â" On se
rencontre tous au moment de faire la cuisine, on organise des repas
collectifs... L'an dernier, on faisait beaucoup de musique aussi Â",
témoigne Katherine Jinyi Li, étudiante en journalisme et habitante
de la Maison du Brésil. Les brunchs, ces petits déjeuners tardifs
a l'anglo-saxonne, sont aussi une activité très populaire parmi
les étudiants. L'obligation d'accueillir des étudiants étrangers
Dans chaque maison, un comité élu chaque année par les résidents
est chargé de l'organisation des activités internes et des liens
avec les autres résidences, ainsi que de la bonne intégration de
tous. Â" Les problèmes entre les pays viennent des préjugés et du
manque de contact entre les gens. Par exemple avant, pour moi, toutes
les personnes asiatiques étaient les mêmes. Ici, j'ai découvert les
différences de culture et de tradition entre chaque pays Â", témoigne
Elias Makoukji, élu au comité du Collège franco-britannique.
Les règles de répartition des étudiants sont par ailleurs très
strictesâ~@~Ipour forcer les échanges. Chaque maison doit ainsi
réserver au minimum 30 % de ses chambres a des jeunes de nationalités
différentes. Â" Quand je suis arrivé, il y a bientôt trois ans,
j'ai été affecté a la Maison des Provinces de France. J'ai pensé
sur le moment que je me serais senti mieux dans la résidence de
mon pays, la Maison de la Tunisie. La responsable des admissions m'a
réponduâ~@~I : "Vous me remercierez plus tard'.' Et elle avait raison
Â", raconte Amine Korbi.
Ã~Ilu au comité de la Maison, il vit dans cette résidence de briques
rouges de 285 chambres, 76 studios et 22 appartements, inaugurée en
1953, Â" les plus belles années Â" de sa vie. On peut voir depuis les
canapés du grand salon au rez-de-chaussée défiler les résidents de
toutes nationalités, les bras chargés de livres ou de sacs de courses
: Â" Des Marocains, des Tunisiens, des Chinois, des Américains, des
Francais des DOM-TOM... Â" énumère-t-il. Témoin de l'histoire du
XXe siècle
La Cité a vocation a soutenir le rayonnement international des
universités parisiennes en favorisant l'accueil des étudiants,
chercheurs et sportifs étrangers. Mais 25 % des places sont également
réservées a des Francais, notamment ceux venus d'outre-mer. Â"
La cité est un carrefour des cultures où l'on voyage. On partage
ses valeurs, on explique nos traditions, et tout ca doit favoriser la
paix. Les liens que l'on peut créer ici sont une véritable richesse
Â", poursuit Amine Korbi.
En fait de carrefour, il s'agit plutôt d'un gigantesque campus sur
lequel vont bientôt être construites dix nouvelles résidences,
dont une Maison de la Corée du Sud et une Maison de l'Ã~Nle-de-France.
L'accord définitif entre l'Ã~Itat, la chancellerie des universités
de Paris, la Ville de Paris et la Cité internationale sera signé
le 12 janvier et permettra la création de 1 800 nouveaux logements
d'ici a 2020. Â" Notre mission humaniste est une idée pérenne qui
demeure malgré les changements du monde Â", se réjouit Carine Camby.
Les résidences actuelles témoignent d'ailleurs de l'histoire
mouvementée des XXe et XXIe siècles. Au fond du parc, a quelques
mètres du périphérique et des communes de Montrouge et Gentilly,
la Maison Heinrich Heine (Fondation de l'Allemagne), fut ainsi la
première représentation officielle allemande en France, inaugurée
en 1956. Ã~@ côté de ce bâtiment de béton, d'acier et de verre
dont s'échappent des notes de piano, la haute construction de la
Fondation Avicenne contraste par son aspect abandonné. Financée et
inaugurée en 1969 en tant que Â" Maison de l'Iran Â" par le Shah en
personne, elle était devenue un centre de contestation du régime
et a été abandonnée par son pays trois ans seulement après son
ouverture. Aujourd'hui, seuls son sous-sol et son rez-de-chaussée
ont été réhabilités pour accueillir le centre de valorisation
du patrimoine de la Cité. Plus récemment, a la Maison du Brésil,
Â" les étudiants se sont mobilisés pour parler des préparatifs
de la Coupe du monde de football et des violences policières Â",
se souvient Katherine Jinyi Li. Une cité de Â" la paix Â" également
Au sein de la Cité, des centaines d'événements culturels et sportifs
sont organisées chaque année, certains sous le label Â" Cité pour
la paix Â". Â" Ce ne sont que des petites choses. Mais peut-être que
quand deux personnes d'un pays en guerre se rencontrent ici, elles
comprennent mieux l'autre. Et quand elles rentreront dans leur pays,
elles pourront témoigner de ce que "l'autre est comme moi" Â", espère
Elias Makoukji, membre du Réseau pour la paix, fondé a la Cité.
Lousineh Arakelian, également membre du Réseau, a vécu une telle
histoire. Arménienne d'Iran arrivée a la Maison de la Norvège il y
a un an, elle y a rencontré sa meilleure amie, une Turque. Â" Je n'en
avais jamais rencontré auparavant et j'avais beaucoup de préjugés.
Aujourd'hui, elle est comme ma sÅ"ur Â", témoigne-t-elle. Ensemble,
elles ont concu le projet d'organiser un grand dîner pour réunir
des Turcs et des Arméniens. Â" Je ne sais pas si nos actions ici
peuvent changer quelque chose aux conflits dans le monde, mais pour
les gens qui vivent a la Cité, c'est déja un grand pas en avant Â",
assure-t-elle. Marion Dautry
http://www.la-croix.com/Actualite/France/Une-Cite-internationale-toujours-en-quete-de-paix-2015-01-06-1288713
jeudi 15 janvier 2015, Stéphane ©armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=106745