REVUE DE PRESSE
La turque Pinar Selek se bat pour la reconnaissance du génocide des Arméniens
Dans son nouvel essai Parce qu'ils sont arméniens, paru le 5 février
2015, Pinar Selek, la sociologue et dissidente turque, persiste et
signe. Après la question kurde, elle s'attaque aujourd'hui au
négationnisme du génocide arménien et à l'endoctrinement de la société
par l'Etat. L'infatigable militante est venue présenter cet ouvrage
polémique sur le plateau de TV5MONDE.
Féministe, anti-militariste, pacifiste, Pinar Selek est de tous les
combats. Sociologue de formation, dans les années 90, elle réalise des
recherches sur les militants kurdes en Turquie. Une enquête qui lui
vaudra interrogatoires, prison et procès incessants (voire encadré).
« L'Etat profond », un Etat dans l'Etat aux pratiques autoritaires,
fera de la jeune femme turque « un exemple » pour tous ceux qui, comme
elle, voudraient mettre sur la place publique la question kurde,
arménienne ou encore l'homosexualité. Autant de sujets considérés par
cet Etat profond, majoritairement composé de nationalistes et de
militaires, comme une déclaration de guerre à la grandeur de la nation
turque. Persécutée physiquement et judiciairement Pinar Selek ne
fléchira pas pour autant. 20 ans plus tard, elle continue « Ã toucher
à des lignes rouges ». La dernière d'entre elles, le génocide arménien
dont cette année 2015 marque le centenaire. Négationnisme d'Etat
Dans son livre, paru en France début février 2015, elle évoque un
négationnisme d'État et un endoctrinement de la société turque. Elle y
décrit la militarisation, la forte répression et comment l'Etat a
éduqué les différentes générations turques avec « des doctrines très
nationalistes », surtout celle de la décennie 80/90. « Tout le
discours était de dire `Quand il y a des contestations, ce sont des
Arméniens qui dirigent`. `Quand quelque chose ne va pas, c'est à cause
des Arméniens.` Un conditionnement qui débute dès l'école « d'après
les livres que nous devions apprendre par cÅ`ur, ligne après ligne, le
diable nommé arménien était l'éternel ennemi du Turc », écrit-elle
dans les première pages de son essai.
Au fil des pages, Pinar Selek dévoile également son cheminement
personnel vers une sensibilisation à la cause arménienne. Celle qui se
considère comme « un petit point du grand tableau », raconte comment
elle a survécu à la torture grce à des lettres envoyées tous les
jours par un anonyme. A sa sortie de prison elle découvrira qu'il
s'agissait d'un « vieux prêtre arménien ». Lors de leur première
rencontre, il lui dira : « il ne faut pas que l'on te voit avec moi,
cela pourrait te nuire ». « Pendant longtemps ils ont été considérés
comme des traîtres, des ennemis intérieurs de la société, surtout les
rescapés du génocide », s'indigne-t-elle. Tous Arméniens
Parmi les éléments qui ont « beaucoup joué dans sa transformation »,
elle évoque aussi sa rencontre avec le journaliste turco-arménien,
Hrant Dink, assassiné en 2007 « parce qu'il était arménien ».
Fondateur de l'hebdomadaire bilingue Agos et homme de paix, il avait
beaucoup Å`uvré pour l'émergence d'une cause arménienne mais aussi pour
la démocratie en Turquie en général. « Malgré la répression, au milieu
des années 90, il s'était créé un véritable espace militant et le
journal Agos était devenu un lieu de rencontres. » Grce à lui les
mouvements contestataires, notamment les mouvements de gauche, qui
jusqu'alors, niaient, eux aussi, le génocide, ont changé leur
position. Un phénomène qui, selon la militante, s'est amplifié après
l'assassinat du journaliste.
La récente tuerie de Charlie Hebdo, fait écho au meurtre de son ami.
La manifestation massive qui s'en est suivie aussi. « Il y avait des
similitudes, 300 000 Ã 400 000 personnes sont sorties dans les rues en
criant `Nous sommes tous arméniens `. C'était la première fois que des
Turcs marchaient pour un Arménien ». Même si, précise-t-elle, « le
contexte était différent. Nous, nous accusions l'Etat. »
A l'époque on ne pouvait pas utiliser le mot arménien maintenant ce
n'est plus un tabou. Au lendemain de l'événement, un nouveau mouvement
émerge autour d'Agos. La question du génocide n'est plus le propre
d'une minorité arménienne, de nombreux Turcs s'en emparent aussi. «
Avant, on ne pouvait pas utiliser le mot `Arménien` maintenant ce
n'est plus un tabou. En Turquie, il y a un changement qui vient du bas
qui vient des mouvements sociaux et qui commence à influencer le champ
politique. Maintenant on peut parler du sujet. Même si on a payé cher
! »
Un changement que l'auteure attribue au rapprochement des différentes
luttes sociales. Mouvement féministe, LGBT mais aussi, mouvements de
gauche, anti militariste, écologiste... A présent, ils luttent tous
ensemble. Et même si le chemin est encore long, la dissidente est
optimiste la transformation est en marche... « On a recréé un nouveau
discours, un nouveau souffle surtout parmi ma génération. » Et cela
vaut aussi côté arménien. La journaliste d'Agos, Karin KarakaÅ?li, est
désormais... la porte parole du comité de soutien de Pinar Selek en
Turquie. Tout un symbole.
Mercredi 4 février, Pinar Selek était l'invitée du 64' de TV5MONDE.
Il n'y a jamais que du noir et du blanc. La justice, par exemple,
reste indépendante.
voir la vidéo
http://information.tv5monde.com/terriennes/pinar-selek-la-dissidente-turque-et-les-armeniens-14315
dimanche 1er mars 2015,
Stéphane ©armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=108477
La turque Pinar Selek se bat pour la reconnaissance du génocide des Arméniens
Dans son nouvel essai Parce qu'ils sont arméniens, paru le 5 février
2015, Pinar Selek, la sociologue et dissidente turque, persiste et
signe. Après la question kurde, elle s'attaque aujourd'hui au
négationnisme du génocide arménien et à l'endoctrinement de la société
par l'Etat. L'infatigable militante est venue présenter cet ouvrage
polémique sur le plateau de TV5MONDE.
Féministe, anti-militariste, pacifiste, Pinar Selek est de tous les
combats. Sociologue de formation, dans les années 90, elle réalise des
recherches sur les militants kurdes en Turquie. Une enquête qui lui
vaudra interrogatoires, prison et procès incessants (voire encadré).
« L'Etat profond », un Etat dans l'Etat aux pratiques autoritaires,
fera de la jeune femme turque « un exemple » pour tous ceux qui, comme
elle, voudraient mettre sur la place publique la question kurde,
arménienne ou encore l'homosexualité. Autant de sujets considérés par
cet Etat profond, majoritairement composé de nationalistes et de
militaires, comme une déclaration de guerre à la grandeur de la nation
turque. Persécutée physiquement et judiciairement Pinar Selek ne
fléchira pas pour autant. 20 ans plus tard, elle continue « Ã toucher
à des lignes rouges ». La dernière d'entre elles, le génocide arménien
dont cette année 2015 marque le centenaire. Négationnisme d'Etat
Dans son livre, paru en France début février 2015, elle évoque un
négationnisme d'État et un endoctrinement de la société turque. Elle y
décrit la militarisation, la forte répression et comment l'Etat a
éduqué les différentes générations turques avec « des doctrines très
nationalistes », surtout celle de la décennie 80/90. « Tout le
discours était de dire `Quand il y a des contestations, ce sont des
Arméniens qui dirigent`. `Quand quelque chose ne va pas, c'est à cause
des Arméniens.` Un conditionnement qui débute dès l'école « d'après
les livres que nous devions apprendre par cÅ`ur, ligne après ligne, le
diable nommé arménien était l'éternel ennemi du Turc », écrit-elle
dans les première pages de son essai.
Au fil des pages, Pinar Selek dévoile également son cheminement
personnel vers une sensibilisation à la cause arménienne. Celle qui se
considère comme « un petit point du grand tableau », raconte comment
elle a survécu à la torture grce à des lettres envoyées tous les
jours par un anonyme. A sa sortie de prison elle découvrira qu'il
s'agissait d'un « vieux prêtre arménien ». Lors de leur première
rencontre, il lui dira : « il ne faut pas que l'on te voit avec moi,
cela pourrait te nuire ». « Pendant longtemps ils ont été considérés
comme des traîtres, des ennemis intérieurs de la société, surtout les
rescapés du génocide », s'indigne-t-elle. Tous Arméniens
Parmi les éléments qui ont « beaucoup joué dans sa transformation »,
elle évoque aussi sa rencontre avec le journaliste turco-arménien,
Hrant Dink, assassiné en 2007 « parce qu'il était arménien ».
Fondateur de l'hebdomadaire bilingue Agos et homme de paix, il avait
beaucoup Å`uvré pour l'émergence d'une cause arménienne mais aussi pour
la démocratie en Turquie en général. « Malgré la répression, au milieu
des années 90, il s'était créé un véritable espace militant et le
journal Agos était devenu un lieu de rencontres. » Grce à lui les
mouvements contestataires, notamment les mouvements de gauche, qui
jusqu'alors, niaient, eux aussi, le génocide, ont changé leur
position. Un phénomène qui, selon la militante, s'est amplifié après
l'assassinat du journaliste.
La récente tuerie de Charlie Hebdo, fait écho au meurtre de son ami.
La manifestation massive qui s'en est suivie aussi. « Il y avait des
similitudes, 300 000 Ã 400 000 personnes sont sorties dans les rues en
criant `Nous sommes tous arméniens `. C'était la première fois que des
Turcs marchaient pour un Arménien ». Même si, précise-t-elle, « le
contexte était différent. Nous, nous accusions l'Etat. »
A l'époque on ne pouvait pas utiliser le mot arménien maintenant ce
n'est plus un tabou. Au lendemain de l'événement, un nouveau mouvement
émerge autour d'Agos. La question du génocide n'est plus le propre
d'une minorité arménienne, de nombreux Turcs s'en emparent aussi. «
Avant, on ne pouvait pas utiliser le mot `Arménien` maintenant ce
n'est plus un tabou. En Turquie, il y a un changement qui vient du bas
qui vient des mouvements sociaux et qui commence à influencer le champ
politique. Maintenant on peut parler du sujet. Même si on a payé cher
! »
Un changement que l'auteure attribue au rapprochement des différentes
luttes sociales. Mouvement féministe, LGBT mais aussi, mouvements de
gauche, anti militariste, écologiste... A présent, ils luttent tous
ensemble. Et même si le chemin est encore long, la dissidente est
optimiste la transformation est en marche... « On a recréé un nouveau
discours, un nouveau souffle surtout parmi ma génération. » Et cela
vaut aussi côté arménien. La journaliste d'Agos, Karin KarakaÅ?li, est
désormais... la porte parole du comité de soutien de Pinar Selek en
Turquie. Tout un symbole.
Mercredi 4 février, Pinar Selek était l'invitée du 64' de TV5MONDE.
Il n'y a jamais que du noir et du blanc. La justice, par exemple,
reste indépendante.
voir la vidéo
http://information.tv5monde.com/terriennes/pinar-selek-la-dissidente-turque-et-les-armeniens-14315
dimanche 1er mars 2015,
Stéphane ©armenews.com
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=108477