ROBERT FISK: "LE GENOCIDE ARMéNIEN EST ENCORE TROP EGLIGE"
Le Temps, La Suisse
2 mars 2015
Etienne Dubuis
Le journaliste britannique Robert Fisk dénonce le négationnisme de
la Turquie et de certains gouvernements occidentaux
En homme de terrain, Robert Fisk aime répondre aux questions par des
anecdotes. Et le grand reporter britannique, entré dans la légende
pour avoir interviewé a trois reprises Oussama ben Laden, n'en manque
pas. Invité a parler lundi du génocide arménien au Festival du film
et forum international sur les droits humains, il se souvient s'être
promené en Turquie avec un survivant, qui a reconnu devant lui la
porte de sa maison familiale. Une porte close a jamais. Â"En Pologne,
un Juif spolié lors de l'Holocauste peut récupérer sa demeure,
observe-t-il. En Turquie, un Arménien dans le même cas n'a pas ce
droit. Pourquoi?Â"
Depuis quarante ans qu'il couvre le Moyen-Orient, Robert Fisk a eu de
nombreuses occasions d'étudier cette page de l'histoire moderne. Â"Le
massacre des Arméniens a été le premier génocide du XXe siècle,
rappelle-t-il. Il est lié par ailleurs au deuxième, le génocide des
Juifs, puisque certains instructeurs allemands de l'armée turque y ont
assisté avant de se retrouver dans les rangs de l'armée allemande
a perpétrer les mêmes atrocités en Biélorussie et en Ukraine. Et
pourtant, il est non seulement nié par les autorités turques mais
aussi négligé par certains gouvernements occidentaux.Â"
Contradictions britanniques
Â"Winston Churchill n'a pas hésité a qualifier cette tragédie de
génocide, poursuit le journaliste. Des décennies plus tard cependant,
un autre premier ministre britannique, Tony Blair, s'y est refusé. Je
vis a Beyrouth, une ville qui abrite 350â~@~I000 Arméniens. Je
compte moi-même dans cette communauté beaucoup d'amis dont les
grands-parents ont été victimes d'un génocide. Et mon propre pays
n'ose pas appeler cette tragédie par son nom.Â"
Robert Fisk évoque un dernier souvenir. Il s'est retrouvé il
y a quelques années a table avec des dizaines de Turcs et n'a
pu s'empêcher de leur demander ce qu'ils pensaient du génocide
arménien.
Â"Un grand silence s'est fait, confie-t-il. Et puis, des voix se
sont élevées pour répondre que tous les Turcs savent bien qu'il
a eu lieu.
Les citoyens ordinaires ne sont pas dupes. C'est l'Etat qui ne le
reconnaît pas.Â"
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/97496694-c118-11e4-a445-d520cd1a7313/Robert_Fisk_Le_g%C3%A9nocide_arm%C3%A9nien_est_enc ore_trop_n%C3%A9glig%C3%A9
From: Baghdasarian
Le Temps, La Suisse
2 mars 2015
Etienne Dubuis
Le journaliste britannique Robert Fisk dénonce le négationnisme de
la Turquie et de certains gouvernements occidentaux
En homme de terrain, Robert Fisk aime répondre aux questions par des
anecdotes. Et le grand reporter britannique, entré dans la légende
pour avoir interviewé a trois reprises Oussama ben Laden, n'en manque
pas. Invité a parler lundi du génocide arménien au Festival du film
et forum international sur les droits humains, il se souvient s'être
promené en Turquie avec un survivant, qui a reconnu devant lui la
porte de sa maison familiale. Une porte close a jamais. Â"En Pologne,
un Juif spolié lors de l'Holocauste peut récupérer sa demeure,
observe-t-il. En Turquie, un Arménien dans le même cas n'a pas ce
droit. Pourquoi?Â"
Depuis quarante ans qu'il couvre le Moyen-Orient, Robert Fisk a eu de
nombreuses occasions d'étudier cette page de l'histoire moderne. Â"Le
massacre des Arméniens a été le premier génocide du XXe siècle,
rappelle-t-il. Il est lié par ailleurs au deuxième, le génocide des
Juifs, puisque certains instructeurs allemands de l'armée turque y ont
assisté avant de se retrouver dans les rangs de l'armée allemande
a perpétrer les mêmes atrocités en Biélorussie et en Ukraine. Et
pourtant, il est non seulement nié par les autorités turques mais
aussi négligé par certains gouvernements occidentaux.Â"
Contradictions britanniques
Â"Winston Churchill n'a pas hésité a qualifier cette tragédie de
génocide, poursuit le journaliste. Des décennies plus tard cependant,
un autre premier ministre britannique, Tony Blair, s'y est refusé. Je
vis a Beyrouth, une ville qui abrite 350â~@~I000 Arméniens. Je
compte moi-même dans cette communauté beaucoup d'amis dont les
grands-parents ont été victimes d'un génocide. Et mon propre pays
n'ose pas appeler cette tragédie par son nom.Â"
Robert Fisk évoque un dernier souvenir. Il s'est retrouvé il
y a quelques années a table avec des dizaines de Turcs et n'a
pu s'empêcher de leur demander ce qu'ils pensaient du génocide
arménien.
Â"Un grand silence s'est fait, confie-t-il. Et puis, des voix se
sont élevées pour répondre que tous les Turcs savent bien qu'il
a eu lieu.
Les citoyens ordinaires ne sont pas dupes. C'est l'Etat qui ne le
reconnaît pas.Â"
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/97496694-c118-11e4-a445-d520cd1a7313/Robert_Fisk_Le_g%C3%A9nocide_arm%C3%A9nien_est_enc ore_trop_n%C3%A9glig%C3%A9
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