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Genocide Armenien : Le Travail De Memoire Du Fils De Verneuil A Arle

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    GENOCIDE ARMENIEN : LE TRAVAIL DE MEMOIRE DU FILS DE VERNEUIL A ARLES

    La Provence, France
    4 mars 2015

    Patrick Malakian etait invite, hier soir, a une projection du film
    "Mayrig"

    Cette annee commemore le centenaire du genocide armenien. C'est dans
    ce cadre, qu'hier soir, l'association des Armeniens d'Arles et de sa
    region projetait le film Mayrig d'Henri Verneuil.

    Realisateur et scenariste de genie - on lui doit entre autres les
    chefs-d'oeuvre La vache et le prisonnier, Le clan des Siciliens ou
    bien encore Un singe en hiver -, Henri Verneuil a fait tourner les
    plus grands noms du cinema parmi lesquels Fernandel, Delon, Belmondo,
    Anthony Quinn... Ce n'est qu'a la fin de sa carrière qu'Henri Verneuil
    ecrit et met en scène en 1991 Mayrig ("maman" en armenien) avec Omar
    Sharif et Claudia Cardinale.

    Une adaptation de son propre roman, ecrit en 1985, dans lequel il rend
    hommage a sa mère decedee et evoque le genocide armenien. Hier soir,
    c'est en presence de son fils, Patrick Malakian, que s'est deroulee la
    projection. President de l'Union generale armenienne de bienfaisance
    (UGAB) a Marseille, Patrick Malakian, lui aussi realisateur, se
    pose en gardien de l'oeuvre de son père et en defenseur du devoir de
    memoire. Rencontre.

    À lire aussi : Centenaire du genocide : l'histoire des Armeniens
    en videos

    Quels souvenirs gardez-vous du tournage de "Mayrig" ?

    Patrick Malakian : J'etais le premier assistant-realisateur sur ce
    film. J'y ai vecu les plus grands moments d'emotion a ce poste. Mais
    aussi des moments difficiles parce que ce n'est jamais simple de
    travailler en famille, surtout quand on fait un metier de passion.

    Ce film, c'est l'histoire de votre famille. Vous parliez souvent du
    genocide avec vos proches ?

    Patrick Malakian : Non. Ce n'etait pas un sujet tabou mais c'etait
    quelque chose que l'on n'abordait pas. Je ne sais pas si c'etait par
    pudeur... Mais c'etait par souffrance. Il y a des choses dont on ne
    veut pas se rappeler. Vous savez, le souci de tous les Armeniens
    etait de s'integrer. Mon père disait que la première generation a
    survecu et que la troisième, la mienne, oubliera. Il disait aussi
    que la difference entre un immigre classique et un immigre armenien,
    c'est que le premier vient pour differentes raisons, toutes valables
    ; et que le second etait venu pour rester en vie. Les Armeniens ont
    eu cette volonte de s'integrer, d'avoir la paix. Pour y arriver,
    il y avait une part d'oubli des atrocites vecues.

    2015 est une annee particulière...

    Patrick Malakian : C'est une annee cle. Le 24 avril commemorera les 100
    ans du genocide armenien. Marseille connaît enormement d'associations
    armeniennes, et chacune veut, selon ses moyens, apporter sa pierre a
    l'edifice. En ce qui concerne l'UGAB de Marseille, nous avons voulu
    montrer que nous etions toujours presents et tournes vers l'avenir. Et
    quelle est la meilleure facon de se tourner vers l'avenir ? Ce sont
    les enfants. En novembre prochain, 65 enfants d'Armenie viendront
    a Marseille pour une comedie musicale Eternels, que je mettrais en
    scène. Ce sont tous des artistes, meme s'ils sont âges de 6 a 20 ans,
    ils sont issus d'ecoles d'art et font preuve d'un professionnalisme
    impressionnant.

    Comment continuez-vous a faire vivre l'oeuvre de votre père ?

    Patrick Malakian : À l'occasion de MP2013, une exposition etait
    consacree a son travail. Elle sera a nouveau visible au château de
    Bouc-Bel-Air du 12 au 22 mars. Le film 588, rue Paradis sera projete
    le 19 mars puis La vache et le prisonnier cet ete. Ces projections me
    tiennent a coeur car aujourd'hui, pour des raisons techniques, on ne
    voit plus les films de mon père. Les chaînes de tele sont obligees de
    les diffuser en haute definition. Or, les masteriser en HD a un coût.

    La dernière chaîne a l'avoir fait c'est Arte qui nous a achete Mille
    milliards de dollars. Sur les 34 films realises par mon père - et
    malgre le fait qu'il soit le realisateur francais qui a rassemble
    le plus de spectateurs au cours de sa carrière - on ne peut plus
    les voir. J'essaie par tous les moyens que les jeunes puissent
    connaître l'oeuvre d'Henri Verneuil. Ce genre de projections permet
    de perpetuer sa memoire et de continuer a parler de ce qu'a ete le
    genocide armenien.

    Qu'en est-il de votre combat pour la penalisation de la negation du
    genocide armenien ?

    Patrick Malakian : Le combat que l'on livre est très complique car
    nous nous heurtons a des problematiques juridiques mais surtout
    a des problematiques de lobbying. Et pour ca, la Turquie est
    impressionnante. Saviez-vous que la preparation du film Mayrig avait
    ete par deux fois arretee après l'intervention du lobbying turc ? La
    Turquie est prete pour contrecarrer instantanement ce qui pourrait
    se passer au sujet du genocide armenien. Mais notre combat continue.

    Julia Razil

    http://www.laprovence.com/article/histoire/3293838/genocide-armenien-le-travail-de-memoire-du-fils-de-verneuil-a-arles.html

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