Pianiste
Mars 2015
ARAM KHATCHATOURIAN (1903-1978)
par S.F.
Concerto pour piano + Prokofiev : Concerto pour piano n°3 op. 26 Nareh
Arghamanyan (piano), Orchestre symphonique de la Radio de Berlin, dir.
Alain AltinogluPentaTone PTC5186510. 2013. 1 h 07'
I Programme absolumentlogique et magnifiquement réalisé que celui de
la pianiste arménienne. Voilà une musicienne qui sait animer un récit
sans « briser l'ivoire » de son clavier ! Elle le fait avec d'autant
plus d'inspiration qu'elle reçoit le soutien vigilant et subtil
d'Altinoglu. Tout ce que le Concerto pour piano de Khatchatourian
comporte de pièges, dont le plus évident est celui de l'emphase, nous
est épargné dans cette lecture.
Ce ne sont plus les traits en tous sens, la pyrotechnie brouillonne
qui animent la partition, trop souvent réduite à une succession de
poncifs exotiques. Le charme de l'oeuvre nous est montré rien que par
le dialogue entre la clarinette basse, les cordes et le piano dans le
mouvement central. Même la Toccata finale gagne ici en lisibilité. On
goûte (avec une prise de son DSD remarquable) la finesse des timbres
de l'orchestre et la souplesse du jeu de Nareh Arghamanyan. L'une des
versions modernes les plus abouties de la discographie.
La présente lecture du Concerto pour piano de Pro- kofiev nous ferait
presque oublier une discographie si abondante. Le délié du jeu, tout
d'abord, est impeccable. Maîtrise du phrasé, des tensions, clarté du
chant et sens aigu du lyrisme...
De cette lecture émane un sentiment de fraîcheur, de pureté et de
simplicité réconfortant. On citera bien des versions peut-être plus
dynamiques et engagées, plus personnalisées assurément (Argerich,
Toradze, Matsuev...), mais rares sont celles qui respirent avec une
élégance si fluide. Ce Prokofiev - et ce pourrait être a contrario un
reproche car une telle musique se passe aisément d'être « belle » -
se tourne résolument vers le postromantisme. À elle seule, l'entrée du
piano dans l'Andantino et variations nous dit beaucoup de cette
artiste si musicienne.
Mars 2015
ARAM KHATCHATOURIAN (1903-1978)
par S.F.
Concerto pour piano + Prokofiev : Concerto pour piano n°3 op. 26 Nareh
Arghamanyan (piano), Orchestre symphonique de la Radio de Berlin, dir.
Alain AltinogluPentaTone PTC5186510. 2013. 1 h 07'
I Programme absolumentlogique et magnifiquement réalisé que celui de
la pianiste arménienne. Voilà une musicienne qui sait animer un récit
sans « briser l'ivoire » de son clavier ! Elle le fait avec d'autant
plus d'inspiration qu'elle reçoit le soutien vigilant et subtil
d'Altinoglu. Tout ce que le Concerto pour piano de Khatchatourian
comporte de pièges, dont le plus évident est celui de l'emphase, nous
est épargné dans cette lecture.
Ce ne sont plus les traits en tous sens, la pyrotechnie brouillonne
qui animent la partition, trop souvent réduite à une succession de
poncifs exotiques. Le charme de l'oeuvre nous est montré rien que par
le dialogue entre la clarinette basse, les cordes et le piano dans le
mouvement central. Même la Toccata finale gagne ici en lisibilité. On
goûte (avec une prise de son DSD remarquable) la finesse des timbres
de l'orchestre et la souplesse du jeu de Nareh Arghamanyan. L'une des
versions modernes les plus abouties de la discographie.
La présente lecture du Concerto pour piano de Pro- kofiev nous ferait
presque oublier une discographie si abondante. Le délié du jeu, tout
d'abord, est impeccable. Maîtrise du phrasé, des tensions, clarté du
chant et sens aigu du lyrisme...
De cette lecture émane un sentiment de fraîcheur, de pureté et de
simplicité réconfortant. On citera bien des versions peut-être plus
dynamiques et engagées, plus personnalisées assurément (Argerich,
Toradze, Matsuev...), mais rares sont celles qui respirent avec une
élégance si fluide. Ce Prokofiev - et ce pourrait être a contrario un
reproche car une telle musique se passe aisément d'être « belle » -
se tourne résolument vers le postromantisme. À elle seule, l'entrée du
piano dans l'Andantino et variations nous dit beaucoup de cette
artiste si musicienne.