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Operation Nemesis : La Quete De Justice Apres Le Genocide Armenien

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  • Operation Nemesis : La Quete De Justice Apres Le Genocide Armenien

    OPERATION NEMESIS : LA QUETE DE JUSTICE APRES LE GENOCIDE ARMENIEN

    Publie le : 13-03-2015
    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=86554

    Info Collectif VAN -www.collectifvan.org - Vingt-cinq ans après la
    mort de son grand-père, un homme doux et bon, une Americaine d'origine
    armenienne decouvre que ce dernier avait ete l'un des artisans de
    l'Operation Nemesis. Cette organisation, montee par des leaders
    politiques armeniens au lendemain du genocide de 1915 qui fit 1,5
    million de victimes parmi la population armenienne de l'Empire ottoman,
    visait a pourchasser et eliminer les bourreaux turcs qui avaient
    echappe a la justice en s'enfuyant a l'etranger. Ainsi, il y a 94 ans,
    le 15 mars 1921, Soghomon Tehlirian [qui fut d'ailleurs acquitte],
    avait abattu Talaat Pacha, principal architecte du genocide armenien,
    dans une rue de Berlin. Eduquee selon les principes chretiens du
    pardon, l'auteur s'interroge avant de conclure : > Le Collectif VAN vous invite a lire
    la traduction de cet article en anglais de Marian Mesrobian MacCurdy,
    publie dans The Daily Caller le 2 mars 2015.

    Legende : Talaat Pacha [a gauche], principal responsable du genocide
    armenien, a ete abattu par Soghomon Tehlirian [a droite], en pleine
    rue a Berlin, le 15 mars 1921.

    The Daily Caller

    L'operation Nemesis et la quete de justice après le genocide armenien

    Marian Mesrobian MacCurdy 2 mars 2015

    L'annee 2015 marque le centenaire du genocide armenien. Lorsque Raphaël
    Lemkin a appris ce qui etait arrive aux Armeniens dans la Turquie
    ottomane, il a cree un terme - > - pour le decrire.

    Malgre la campagne mediatique qui s'est tenue pendant la Première
    Guerre mondiale, decrivant les Armeniens affames, des annees plus
    tard, quand j'etais jeune, personne n'avait entendu parler du genocide
    armenien.

    On me demandait si j'etais Juive, Italienne, Espagnole, d'Inde,
    native d'Amerique, Libanaise, meme Irlandaise. Quand je leur disais
    que j'etais Armenienne, j'entendais souvent : >

    Quand les Armeniens ont commence a immigrer aux Etats-Unis au debut
    du 20ème siècle, on leur disait de cocher la case >
    ou > en ce qui concernait leur race. Je continue a cocher
    la case >.

    Une des raisons de l'invisibilite des Armeniens - et du genocide
    qui les a presque aneantis sur leur propre terre - etait la gene
    occasionnee par le genocide armenien, parce que les allies, y compris
    les Etats-Unis, etaient beaucoup plus interesses par le petrole de
    Mossoul (Mossoul faisait partie de l'Empire ottoman) que par la justice
    pour les Armeniens ; une fois la Première Guerre mondiale terminee,
    les Etats-Unis n'ont pas exerce de pression sur le gouvernement turc
    pour traduire en justice les architectes du genocide armenien.

    Les dirigeants ottomans les plus responsables, qui avaient ete reconnus
    coupables de crimes capitaux, avaient ete autorises a s'echapper en
    s'embarquant a bord d'un bateau qui a traverse la mer Noire la nuit et
    n'ont pas ete extrades vers la Turquie pour faire face a leur punition.

    C'est pourquoi, les Armeniens ont planifie et execute eux-memes leur
    châtiment pour les responsables du genocide d'un million et demi
    d'hommes, de femmes et d'enfants passes a la baïonnette, poignardes,
    tues, brûles, noyes, jetes du haut des rochers, affames, pendus,
    decapites, eventres ou assassines de differentes manières par les
    Turcs ottomans.

    Durant les six premières annees de ma vie, mes parents, mon frère
    et moi avons vecu dans la maison de mes grands-parents maternels a
    Syracuse, New York.

    Nous etions loges a six dans une petite maison en bois du debut
    du 20ème siècle avec un porche et un petit bureau qui m'a servi de
    chambre. Aaron, mon grand-père, passait la plupart de ses journees
    dans le fauteuil de cuir rouge près de la radio en bois qu'il ecoutait
    tous les jours, fumant silencieusement ses Camel avec des doigts
    tremblants, peut-etre un Parkinson non diagnostique qui, des annees
    plus tard, volerait le sourire de ma mère et deviendrait la cause de
    sa demarche traînante.

    Mais quand j'avais trois, quatre, cinq ans, cet homme tranquille
    qui a porte presque chaque jour de sa vie un costume trois-pièces,
    qui avait eu des rencontres privees avec d'innombrables dignitaires
    et des heros de guerre, me faisait bondir sur ses genoux, me portait
    comme une reine sur ses epaules a travers l'embrasure des portes, et
    m'emmenait a l'exterieur, au crepuscule, pour observer les pechers,
    les poiriers, les vergers de pommiers et les vignes au-dela de notre
    porte de derrière.

    Lorsque ma grand-mère et moi, nous faisions notre promenade
    hebdomadaire vers la blanchisserie Abajian trois pâtes de maisons
    plus bas sur l'avenue du Sud, j'etais la seule a porter le manteau
    de laine de mon grand-père, l'etreignant sur ma poitrine, en disant:
    >.

    Mon grand-père a vecu jusqu'a 84 ans, passant ses dernières annees
    dans une obscurite mentale et visuelle, il a perdu la vue, les
    neurones de son cerveau prodigieux se sont affaiblis a la suite d'une
    serie de coups. Me prenant pour sa femme au temps de sa jeunesse, il
    m'appelait Eliza, prenait ma main dans la sienne, la caressait, et la
    tenait près de sa joue. C'est seulement 25 ans après sa mort qu'on a
    su que mon grand-père etait l'intendant et le responsable logistique
    de l'operation secrète, connue sous le nom d'>,
    visant a assassiner les architectes du genocide armenien. Une grande
    collection de lettres originales, ecrites par les dirigeants et leurs
    agents, etait dissimulee dans son bureau minuscule, cette chambre où
    je dormais quand j'etais petite.

    Nemesis avait trois dirigeants - Armen Garo, l'ambassadeur aux
    Etats-Unis de l'ephemère Republique independante d'Armenie [Nota
    CVAN : 1918-1920], Chahan Natalie, agent de liaison des commandos
    sur le terrain, et Aaron Sachaklian, charge du financement et de la
    planification. Chacun d'entre eux etait instruit et discipline et ils
    ont dirige une efficace escouade internationale d'assassinat. Les
    lettres comprennent des informations financières, des informations
    de voyage, les charges financières et emotionnelles de ce travail,
    et les details logistiques.

    Par exemple, elles decrivaient comment les Armeniens ont trouve
    où se cachaient les coupables : ils soudoyaient des douaniers et
    des policiers pour que ces derniers leur disent quand les Turcs
    traversaient les frontières.

    Natalie se plaignait qu'un agent de police secret ait voulu un salaire
    mensuel qui aurait impacte la masse salariale, ce que Natalie a refuse
    de faire, preferant des informations gratuites au lieu de les payer.

    Dans une lettre a Sachaklian, Natalie a ecrit :

    >.

    Et en effet, lui et ses commandos ont fait une très bonne operation
    a Berlin. Le 15 mars 1921, Soghomon Tehlirian, avec l'assistance
    de Natalie et d'autres agents, a abattu Talaat Pacha, le principal
    architecte du genocide armenien.

    Le ton de la lettre d'Armen Garo, ecrite le 17 mars, deux jours après
    l'assassinat de Talaat, demontre l'angoisse avec laquelle ces hommes
    ont vecue chaque jour et la necessite qu'ils avaient de ne compter
    que sur eux-memes pour obtenir justice.

    La Republique d'Armenie avait recemment perdu son independance au
    benefice de la Russie [Nota CVAN : URSS], et des milliers d'Armeniens
    etaient tues ou mouraient de faim : >.

    De temps en temps, quand j'essayais d'imaginer en assassin mon
    grand-père tranquille et doux, je pouvais seulement secouer la tete,
    troublee. Mon education basee sur > etait censee remplacer >. Mais je ne pouvais passer outre
    les photos des tas de corps decharnes avec des Turcs satisfaits se
    tenant au-dessus d'eux, et, de toute evidence, mon grand-père n'y
    etait pas parvenu non plus. Il y a quelques annees, j'ai assiste a
    une conference donnee par Soeur Helen Prejean qui parlait d'offrir
    le pardon meme a ceux qui avaient commis des crimes capitaux. J'ai
    eu l'occasion de discuter du dilemme armenien avec elle. Que fait-on
    lorsque l'on est confronte a ceux qui ont commis des actes malfaisants
    et qui n'ont jamais ete traduits en justice et qui ne reconnaissent
    pas qu'ils -- ou leurs ancetres -- ont commis des crimes ?

    Une question se mele a mon admiration pour mon grand-père : comment cet
    homme doux a-t-il gere ce projet ? Elle m'a repondu qu'il est peut-etre
    possible de vivre dans cette ambiguïte, et meme de l'accepter. Que
    quelques actes sont si abominables - le genocide est l'un d'entre eux -
    que nous sommes juste obliges de le faire. Son commentaire fait sens
    pour moi pour l'instant. Certains crimes sont si monstrueux que nous
    devons nous pardonner de ne pas etre capables de pardonner, et louer
    ceux dont les actes visent a offrir la seule justice jamais vue.

    (c)Traduction de l'anglais Collectif VAN - 11 mars 2015 -
    www.collectifvan.org

    Marian Mesrobian MacCurdy, professeur, auteur, chanteuse, enseigne
    actuellement la fiction creative au Hampshire College, ancienne
    professeur et presidente du departement des lettres d'Ithaca College
    (Etats-Unis), auteur du livre La justice sacree: les voix et l'heritage
    de l'operation Nemesis des Armeniens.

    Source/Lien : The Daily Caller

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