1915, Le peuple turc doit regarder la vérité en face
lundi 9 février 2015
Génocide arménien : reconnaissance et réparations
Point de vue de Turquie
1915, Le peuple turc doit regarder la vérité en face
Sait Çetinoglu
Historien turc
Sans langue de bois et avec une franchise rare, Sait Çetinoglu expose
les raisons pour lesquelles les compensations et indemnisations sont
une nécessité morale et explique pourquoi une restitution sans
condition des biens arméniens devenus propriété d'état s'impose.
Rappelant que > et doit donc être envisagé
à la lumière de valeurs universelles.
Le génocide est un processus. Dans cette perspective, les processus du
génocide de 1915 doit être pensé sur une période de dix ans allant de
1913 à 1922. C'est dans ce laps de temps que se sont produits les
événements les plus dramatiques. Ils avaient eu des précédents, en
19132 dans la région égéenne. Le processus se déroula sur dix ans et
aboutit finalement par quelques soubresauts dans un contexte renouvelé
par les persécutions kémalistes. Le contexte historique du génocide de
1915 ici précisé est valable pour le peuple arménien tout comme pour
les autres peuples alors éradiqués.
Même si l'on entend dire que tout le monde n'était pas au fait des
crimes contre l'humanité perpétrés et des mesures prises pendant le
processus génocidaire, la majorité était au courant3 et la
responsabilité collective est largement partagée. Est-il possible que
l'être humain soit inconscient de ses propres faits et gestes ? Toutes
les couches d'une société et tous les niveaux de l'administration
avaient-ils perdu conscience pour en arriver là ? Ýl nous faut donc
reconnaître qu'il s'agit bien d'un crime collectif.
Toute la société est responsable
Toutes les couches de la société et tous les niveaux de l'État ont
participé, d'une manière ou d'une autre, au processus génocidaire et
en ont tiré profit. Rien ne pourra jamais l'effacer et les profits
retirés sont d'ailleurs toujours valables aujourd'hui.
La formulation de cette vérité, bien que limpide, provoque de
nombreuses réactions. Dans le reportage que j'ai fait récemment avec
Greta Avetisyan pour l'Armedia le 9 décembre 2014, elle disait: "En
Europe, on qualifie de "nazis" celles et ceux qui disent qu'ils ne
sont pas responsables des actes de leurs grands-parents. Considérer
des terres historiquement arméniennes comme turques ou comme intégrées
au Kurdistan revient à s'associer aux crimes génocidaires. C'est une
manière d'accepter la colonisation de l'Arménie historique."4. Mais
c'est son usage de "Kurdistan" qui a dérangé. Les a priori s'y sont
mêlés, et la discussion s'est terminée en expliquant, entre autres,
que le Kurdistan n'était pas concerné:
Ce qui se passait au-delà de l'Euphrate n'était pourtant rien d'autre
qu'une expulsion des populations et une colonisation de l'Arménie
historique5.
Il faut bien entendu préciser que les peuples victimes de génocide
(Arméniens, Grecs Pontiques, Grecs de Turquie, Assyro-Syriaques) ne
sont en aucun cas à l'origine de ces événements. Il nous faut
reconnaître cette réalité sans condition et bien comprendre que
l'impunité perdure encore aujourd'hui faute de réparation.
N'oublions pas également le traitement partial qui en est fait : une
partie seulement des événements est mise en avant, tandis que d'autres
aspects sont totalement négligés. On rappelle la maison de la famille
Kasapyan transformée en palais présidentiel, alors qu'on n'évoque
nullement les biens confisqués en Arménie historique, en d'autres
termes de l'autre côté de l'Euphrate. Cette négligence6témoigne d'un
double standard7 qu'il faut abandonner si l'on veut commencer par
aborder le problème avec un sens minimum de la justice.
Les victimes se sont vues dépouillées de leurs biens, privées de leur
culture, éloignées de leurs enfants réduits à l'esclavage, massacrées
et déshumanisées au moment du génocide.
C'est un problème de conscience tout autant qu'un problème juridique.
Cela implique donc aussi un sens de l'équité dans l'approche et une
évaluation des événements selon les principes de justice universelle.
Il s'agit, au bas mot, de demander réparation pour cette injustice
historique et d'obtenir une justice a posteriori. Il est possible de
le présenter de la manière suivante :
Pour commencer, il est fondamental que l'État, les organisations
professionnelles (Association turque des métiers du soin, Société des
journalistes ...), les syndicats et les chambres professionnelles,
soient poussés à soutenir cette quête de justice. Ils pourraient, par
exemple, exprimer la sincérité de leur engagement en portant à l'ordre
du jour le massacre de certains de leurs membres. Cette attitude
constituerait une avancée significative pour demander ensuite une
cérémonie symbolique au Parlement (TBMM) en mémoire des parlementaires
arméniens assassinés pendant le génocide (ces derniers avaient été
emmenés pour être soi-disant jugés. Ils furent finalement torturés,
puis exécutés).
Aujourd'hui, les peuples victimes de génocide dans la région ont un
large éventail de demandes en termes d'indemnités et de justice a
posteriori : elles vont d'une simple excuse (officielle. ndlt.) à la
restitution de 150 000 kilomètres de terres saisies après l'armistice
de Moudros, en passant par la modification du nom de l'avenue > à Istanbul en avenue >.
Les compensations et indemnisations sont une nécessité morale
Les Arméniens et autres peuples victimes de génocide devraient pouvoir
déterminer les compensations et indemnités pour les pertes humaines
subies. Notre devoir est de les soutenir sans condition et sans
restriction.
L'hétérogénéité des demandes peut poser problème, mais on peut s'en
remettre à un juge/spécialiste pour mieux dépasser cette difficulté et
formuler quelques propositions grce à son éclairage :
Parmi les chercheurs travaillant sur le génocide, Henry Theriault de
l'université de Worcester, souligne clairement, dans son travail sur
le génocide arménien, que les compensations et indemnisations
envisageables relèvent avant tout d'une nécessité morale: "Les
meurtres, les viols et les mauvais traitements, le coût culturel,
social, et autres pertes sont indiscutablement irrattrapables. Il y a
pourtant UNE chose très importante qui peut véritablement être
faite.". Dans son propos, il rappelle les problèmes d'indemnisations
et la difficulté à rendre justice et énumère une série de propositions
concrètes pour les réparations:
"Voici quelques indemnisations possibles du génocide arménien:
premièrement, la restitution ou l'indemnisation pour les terres et les
biens spoliés. Ýl faut, par ailleurs, prendre en compte ;
1. les biens et propriétés disparus ou détruits,
2. le calcul d'un intérêt sur les pertes matérielles subies,
3. le prix du travail forcé (esclavage),
4. les douleurs des morts et des rescapés,
5. la perte d'un million et demi de personnes en tant que membres
d'une communauté, membres d'une certaine famille,
6. des indemnisations doivent également être versées auprès des
institutions culturelles, religieuses et éducatives.
Deuxièmement, la Turquie doit faire avancer concrètement
l'indemnisation des pertes arméniennes non-versées. Elle se doit
également de soutenir les survivants dans leur effort pour se
reconstruire: la jeune République d'Arménie en développement, aussi
bien que sa diaspora, fruit du génocide, regroupée autour
d'institutions économiques, politiques, sociales sans oublier les
victimes dans le giron turc.Troisièmement, l'État turc doit accepter
toutes les étapes du génocide, il doit faire en sorte que le peuple
turc apprenne la vérité historique et doit faire son possible pour
faire connaître le génocide à l'échelle internationale. Quatrièmement,
en parallèle du versement des indemnisations, l'État et la société
turque doivent entrer dans une phase de réhabilitation. Il leur faut
éradiquer tous les éléments de la tradition et des pratiques
institutionnelles liées à l'idéologie du génocide. Il leur faut mettre
fin aux attitudes stigmatisantes envers les Arméniens, mettre fin à
l'expression multiforme d'une identité nationale turque soit disant
supérieure, vision héritée de l'Empire, fondée sur un complexe de
supériorité vis-à-vis des Arméniens et autres communautés. Cette phase
de réhabilitation doit se concentrer tout particulièrement sur
l'oppression et la violence faite aux femmes arméniennes: elles ont
constitué une cible privilégiée pour la simple raison qu'elles étaient
femmes car le viol et l'exploitation sexuelle ont été l'essence du
génocide arménien8. >>9
Une restitution sans condition des biens devenus propriété d'état s'impose
Il est essentiel de créer une base de dialogue et une atmosphère
propice pour mettre en place toutes ces propositions. Pour un résultat
équitable et salutaire, il est nécessaire d'assurer les conditions
d'un dialogue de qualité afin de permettre l'expression des différents
points de vue sans contrainte et la libre formulation de leurs
demandes.
Ouvrons une parenthèse : la question d'un versement n'est pas plus
facile que de parler de compensations et d'indemnisation. Une partie
des victimes du génocide vit en effet avec des individus ayant tiré
profit du génocide. Le fait que l'indemnisation soit payée aux
victimes avec leurs propres impôts pose problème et mérite discussion.
Il serait trop simple de faire encore payer la facture aux quelques
survivants du génocide. N'oublions pas que ce réflexe existe
potentiellement dans toutes les sociétés coupables de crimes. La mise
en place d'une atmosphère de liberté et de sécurité est donc vitale.
L'État pourrait faire un geste et on peut énumérer ici quelques
mesures faciles à mettre en oeuvre: assurer le retour des exilés sans
condition; restituer les droits liés à la citoyenneté pour celles et
ceux qui en ont été injustement privés et la remise d'un passeport
turc pour ceux qui le souhaitent ; restituer la topologie arménienne
du territoire pour dissiper cet écran de fumée et cesser d'être "le
pays qui oublie son nom", selon la formule de notre cher Sevan
Niþanyan.
Si l'on s'en remet à l'avis des spécialistes, une restitution sans
condition des biens, aujourd'hui propriétés étatiques, constituerait
la preuve décisive d'une démarche résolue pour démarrer le versement
de compensations et d'indemnisations.
La quasi-totalité des pertes figure dans les archives de l'État.
Puisque les titres de propriété ont été numérisés, il serait très
simple de les évaluer et de retracer les changements et les saisies
des titres de propriété dans les registres courants depuis 1913. Une
partie des biens est enregistrée à titre privé ; d'autres au nom de
l'État. Rien n'empêche légalement l'État de restituer sans condition
la partie qu'il possède aux ayants droit. S'il n'existe pas d'ayant
droit, les biens peuvent être transmis aux institutions de la société
des victimes.10
Acquis de manière variable, la restitution ou la compensation de biens
aujourd'hui aux mains de personnes privées fait l'objet d'un autre
débat. Ils sont en effet le résultat de divers modes de saisie et
d'appropriation. Un de ces mécanismes consistait à convertir à l'Islam
les enfants arméniens (fille ou garçon orphelin /de familles
massacrées) pour les marier et ainsi récupérer les richesses de leur
famille11. La perspective d'appropriation de biens arméniens est l'une
des raisons principales de disputes pour récupérer les filles et les
femmes issues en particulier de familles riches et qui auraient
échappé au convoi vers la mort. Mais ces histoires constituent
également un aspect des récits de vie des survivant-e-s. Certains
biens ont été récupérés grce à des documents falsifiés, d'autres ont
été achetés à l'État ou réappropriés par voies détournées. Dans cette
perspective, la question de la restitution et des compensations est
évidemment complexe12.
Reconnaître le passé relève de l'éthique. L'élaboration de valeurs
éthiques est nécessaire. La morale de la société s'est développée dans
un contexte où éducation et droit camouflent les faits historiques.
Certains ont assassiné leur voisin pour s'approprier une richesse
inespérée. L'économie de la société s'est construite sur la spoliation
de biens et par le mariage à des femmes dont les familles avaient été
pillées. Une réhabilitation morale du génocide de 1915 est
fondamentale. Il nous faut enfin comprendre que c'est cette morale qui
est la source de tous nos problèmes. Il est illusoire d'espérer une
équité et une justice quelconque dans un tel contexte moral. C'est le
pourrissement qui nous guette. Aujourd'hui, nous avons tout sous les
yeux. Ýl nous faut dépasser cette morale et les réflexes qui en
découlent. Cette réparation aura un effet thérapeutique et viendra
assainir la société.
Le paysage national est dissimulé par un écran de fumée. Le peuple
doit pouvoir dépasser cette vision, et regarder la vérité en face.
N'oublions pas que c'est d'une dette à l'humanité dont il s'agit.
Renonçons au déni et gardons à l'esprit qu'une fois justice rendue,
nous tous et tous les segments de la société s'en trouveront assainis.
N'oublions pas non plus que briser le silence, aborder et parler
véritablement de ces problèmes, s'efforcer de rendre une justice a
posteriori relèvent tout simplement d'un comportement humain et
qu'accepter la vérité constitue la clé de toute résolution.
________________________________
[1] William A. Schabas,. Uluslararasý Ceza Mahkemesine Giriþ, çev.
Gülay Arslan, Cambridge University Press, AÝ Türkiye Þubesi, 2004, s
60.
[2] En Janvier 1914, Hilmi Uran informe de l'extermination et de sa
dimension ethnique à la préfecture de Çeþme où il a été envoyé. Il
consacre tout particulièrement une partie de ses mémoires aux actes de
terreur survenus à Çeþme et dans les environs: "Quand j'ai commencé à
travailler à la préfecture de Çeþme, quelques familles de rums[2]
particulièrement précautionneuses trouvèrent de bon ton de partir
subitement pour les îles. Cela provoqua un vent de panique parmi les
rums et un vaste mouvement de départs se répandit à Çeþme et dans les
environs, si bien que l'on ne put bientôt plus rien contrôler.
Certains d'entre eux, sortis à la hte de chez eux avec un minimum
d'affaires sous l'effet de l'angoisse, continuaient même à faire des
allers-retours pour récupérer quelques effets persuadésde pouvoir les
emmener. Cette affaire de migration avait immédiatement pris des
proportions diplomatiques, et avant même d'avoir pu en comprendre les
véritables raisons, une commission mixte d'enquête avait été dépêchée
à Çeþme depuis Istanbul. La commission arriva à Çeþme, rencontra de
nombreux rums et visita leurs maisons. L'un des principaux traducteurs
était visiblement déterminé à trouver une raison à ces départs, au
point qu'il était revenu vers moi et m'avait lancé d'un ton
accusateur,:'Nous n'avons rien pu trouvé, mais 40 000 personnes ne
s'enfuient de gaieté de coeur.' Certes, sans aucun doute. 40 000
personnes ne pouvaient pas partir de gaieté de coeur d'un seul coup,
et il fallait s'en convaincre. Ces deux semaines avaient marqué le
début et la fin de la migration des rums qui modifia radialement le
visage de Çeþme. >> Hilmi Uran, Souvenirs, 1959. pp68-71.
[3] Il est avéré que les assassinats d'unionistes avaient rencontré un
certain soutien collectif (partisans du parti Union et Progrès. ndlt).
Halil Menteþe, l'un des leaders d'Union et Progrès exprimait une
certaine réalité quand il disait > Taner Akçam. La question arménienne et les droits de
l'homme. Imge. 2014. p527.
[4] En arménien:
http://armedia.am/?action=Exclusive&what=show&id=1247176618&lang=arm &lang=arm
En turc:http://devrimcikaradeniz.com/dedemin-yaptiklarindan-sorumlu-degilim-diyenlere/
[5] >. PourYani
Lemkin, le génocide allait au-delà de la liquidation physique et
comprenait également la destruction des territoires communautaires et
culturels du groupe victime d'agression. Taner Akçam. Les conversions
forcées d'arméniens, le silence, la négation et l'assimilation.
Ýletiþim. 2014. p.81
[6] En 2014, prenant les élections présidentielles pour prétexte, un
auteur kurde écrivait : >.C'est un peu tendre le bton pour se faire battre,
mais cette remarque est parlante quant à l'ambiance à l'Est de
l'Euphrate. Nous n'avons, par ailleurs, entendu aucune
déclaration.http://www.bianet.org/biamag/diger/157141-cankaya-tasinmasi-agir-yuk
[7] Depuis l'époque de Mustafa Kemal, le palais présidentiel est
officiellement à Çankaya, au coeur de la capitale, sur les hauteurs de
la ville. Ce symbole de la République est une propriété qui
appartenait, avant la Première Guerre mondiale, à une riche famille
arménienne, la famille Kasapyan, et que l'Etat s'est appropriée.
C'est, le moins qu'on puisse dire, une grosse gaffe pour un Etat
construit sur la confiscation de biens arméniens et autres minorités !
Il est difficile de ne pas y voir un aveu... Mais c'est aussi le signe
d'un sentiment d'impunité totale. Encore une fois, un mur de silence
bien compréhensible entoure cette histoire troublante. Laure
Marchand- Guillaume Perrier. La Turquie et le fantôme arménien, sur
les traces du génocide. Ýletiþim. 2014. P190.
[8] A Siverek, le 7 Octobre 1915, un groupe de musulmans envoie un
télégramme au Ministère de l'Intérieur. Ils y font savoir que les
jeunes adolescentes converties au début du génocide - avec le
consentement du gouvernement - ont été mariées trois ou quatre mois
auparavant et qu'elles sont probablement enceintes. Une longue liste
de noms s'y trouve : dans le quartier Cami'-i Kebir Ebuzer Buharalý
Osman ; quartier de Haþan Çele-bi Mahmud bin Mehmed; quartier de
Mahalle-i mezkûreden Mustafa bin Mehmed ; quartier de Mahalle-i
mezkûreden Mehmed bin Eyüb ; quartier de Hacý Ömer Bekçi þeyh Zülfikar
; fils du Molla Bekir, Bekir ; fils de Yervan, Hüseyin; quartier de
Külabi Kýranzade Hüseyin ; quartier de Külabi Ali bin Mehmed, Karo
Salih, Döþengi þeyh Yusuf ; quartier de Cami'-i kebir, le fils de
Mahmud bin Si- no, Mehmed ; quartier de mahalle-i mezkûrdan, Eyüb Mako
; quartier de Calile Körikozade Mehmed ; quartier de Külabi, þeyh
Mustafa bin Hüseyin ; quartier de Hacý- ömer, Ali Süleyman ; quartier
de Cami'-i Kebir, Hacý Ömer, Ahmed bin Bekir ; quartier de Çelebi, Ali
bin Musa ; quartier de Cami'-i Kebir, Mustafa bin Hacý Abidin, Ahmed
bin Beko ve Külabi Bey.
[9] Henry Theriault. - considérer de facto les enfants
arméniens et les filles prises pour épouses comme les héritiers des
biens de leur famille. C'était une façon pour les familles de
récupérer automatiquement la richesse des enfants accueillis par
adoption ou par mariage. (abç). Le télégramme envoyé le 11 août 1915 à
la Commission des biens abandonnés doit, à cet égard, être relevé : > Taner
Akçam. Les conversions forcées des Arméniens, le silence, la négation
et l'assimilation. Ýletiþim. 2014. p81.
[12] Le témoignage du juriste et ancien parlementaire Mehmet Feyyat
sur la réalité dans sa région est suffisamment éclairant :
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
lundi 9 février 2015
Génocide arménien : reconnaissance et réparations
Point de vue de Turquie
1915, Le peuple turc doit regarder la vérité en face
Sait Çetinoglu
Historien turc
Sans langue de bois et avec une franchise rare, Sait Çetinoglu expose
les raisons pour lesquelles les compensations et indemnisations sont
une nécessité morale et explique pourquoi une restitution sans
condition des biens arméniens devenus propriété d'état s'impose.
Rappelant que > et doit donc être envisagé
à la lumière de valeurs universelles.
Le génocide est un processus. Dans cette perspective, les processus du
génocide de 1915 doit être pensé sur une période de dix ans allant de
1913 à 1922. C'est dans ce laps de temps que se sont produits les
événements les plus dramatiques. Ils avaient eu des précédents, en
19132 dans la région égéenne. Le processus se déroula sur dix ans et
aboutit finalement par quelques soubresauts dans un contexte renouvelé
par les persécutions kémalistes. Le contexte historique du génocide de
1915 ici précisé est valable pour le peuple arménien tout comme pour
les autres peuples alors éradiqués.
Même si l'on entend dire que tout le monde n'était pas au fait des
crimes contre l'humanité perpétrés et des mesures prises pendant le
processus génocidaire, la majorité était au courant3 et la
responsabilité collective est largement partagée. Est-il possible que
l'être humain soit inconscient de ses propres faits et gestes ? Toutes
les couches d'une société et tous les niveaux de l'administration
avaient-ils perdu conscience pour en arriver là ? Ýl nous faut donc
reconnaître qu'il s'agit bien d'un crime collectif.
Toute la société est responsable
Toutes les couches de la société et tous les niveaux de l'État ont
participé, d'une manière ou d'une autre, au processus génocidaire et
en ont tiré profit. Rien ne pourra jamais l'effacer et les profits
retirés sont d'ailleurs toujours valables aujourd'hui.
La formulation de cette vérité, bien que limpide, provoque de
nombreuses réactions. Dans le reportage que j'ai fait récemment avec
Greta Avetisyan pour l'Armedia le 9 décembre 2014, elle disait: "En
Europe, on qualifie de "nazis" celles et ceux qui disent qu'ils ne
sont pas responsables des actes de leurs grands-parents. Considérer
des terres historiquement arméniennes comme turques ou comme intégrées
au Kurdistan revient à s'associer aux crimes génocidaires. C'est une
manière d'accepter la colonisation de l'Arménie historique."4. Mais
c'est son usage de "Kurdistan" qui a dérangé. Les a priori s'y sont
mêlés, et la discussion s'est terminée en expliquant, entre autres,
que le Kurdistan n'était pas concerné:
Ce qui se passait au-delà de l'Euphrate n'était pourtant rien d'autre
qu'une expulsion des populations et une colonisation de l'Arménie
historique5.
Il faut bien entendu préciser que les peuples victimes de génocide
(Arméniens, Grecs Pontiques, Grecs de Turquie, Assyro-Syriaques) ne
sont en aucun cas à l'origine de ces événements. Il nous faut
reconnaître cette réalité sans condition et bien comprendre que
l'impunité perdure encore aujourd'hui faute de réparation.
N'oublions pas également le traitement partial qui en est fait : une
partie seulement des événements est mise en avant, tandis que d'autres
aspects sont totalement négligés. On rappelle la maison de la famille
Kasapyan transformée en palais présidentiel, alors qu'on n'évoque
nullement les biens confisqués en Arménie historique, en d'autres
termes de l'autre côté de l'Euphrate. Cette négligence6témoigne d'un
double standard7 qu'il faut abandonner si l'on veut commencer par
aborder le problème avec un sens minimum de la justice.
Les victimes se sont vues dépouillées de leurs biens, privées de leur
culture, éloignées de leurs enfants réduits à l'esclavage, massacrées
et déshumanisées au moment du génocide.
C'est un problème de conscience tout autant qu'un problème juridique.
Cela implique donc aussi un sens de l'équité dans l'approche et une
évaluation des événements selon les principes de justice universelle.
Il s'agit, au bas mot, de demander réparation pour cette injustice
historique et d'obtenir une justice a posteriori. Il est possible de
le présenter de la manière suivante :
Pour commencer, il est fondamental que l'État, les organisations
professionnelles (Association turque des métiers du soin, Société des
journalistes ...), les syndicats et les chambres professionnelles,
soient poussés à soutenir cette quête de justice. Ils pourraient, par
exemple, exprimer la sincérité de leur engagement en portant à l'ordre
du jour le massacre de certains de leurs membres. Cette attitude
constituerait une avancée significative pour demander ensuite une
cérémonie symbolique au Parlement (TBMM) en mémoire des parlementaires
arméniens assassinés pendant le génocide (ces derniers avaient été
emmenés pour être soi-disant jugés. Ils furent finalement torturés,
puis exécutés).
Aujourd'hui, les peuples victimes de génocide dans la région ont un
large éventail de demandes en termes d'indemnités et de justice a
posteriori : elles vont d'une simple excuse (officielle. ndlt.) à la
restitution de 150 000 kilomètres de terres saisies après l'armistice
de Moudros, en passant par la modification du nom de l'avenue > à Istanbul en avenue >.
Les compensations et indemnisations sont une nécessité morale
Les Arméniens et autres peuples victimes de génocide devraient pouvoir
déterminer les compensations et indemnités pour les pertes humaines
subies. Notre devoir est de les soutenir sans condition et sans
restriction.
L'hétérogénéité des demandes peut poser problème, mais on peut s'en
remettre à un juge/spécialiste pour mieux dépasser cette difficulté et
formuler quelques propositions grce à son éclairage :
Parmi les chercheurs travaillant sur le génocide, Henry Theriault de
l'université de Worcester, souligne clairement, dans son travail sur
le génocide arménien, que les compensations et indemnisations
envisageables relèvent avant tout d'une nécessité morale: "Les
meurtres, les viols et les mauvais traitements, le coût culturel,
social, et autres pertes sont indiscutablement irrattrapables. Il y a
pourtant UNE chose très importante qui peut véritablement être
faite.". Dans son propos, il rappelle les problèmes d'indemnisations
et la difficulté à rendre justice et énumère une série de propositions
concrètes pour les réparations:
"Voici quelques indemnisations possibles du génocide arménien:
premièrement, la restitution ou l'indemnisation pour les terres et les
biens spoliés. Ýl faut, par ailleurs, prendre en compte ;
1. les biens et propriétés disparus ou détruits,
2. le calcul d'un intérêt sur les pertes matérielles subies,
3. le prix du travail forcé (esclavage),
4. les douleurs des morts et des rescapés,
5. la perte d'un million et demi de personnes en tant que membres
d'une communauté, membres d'une certaine famille,
6. des indemnisations doivent également être versées auprès des
institutions culturelles, religieuses et éducatives.
Deuxièmement, la Turquie doit faire avancer concrètement
l'indemnisation des pertes arméniennes non-versées. Elle se doit
également de soutenir les survivants dans leur effort pour se
reconstruire: la jeune République d'Arménie en développement, aussi
bien que sa diaspora, fruit du génocide, regroupée autour
d'institutions économiques, politiques, sociales sans oublier les
victimes dans le giron turc.Troisièmement, l'État turc doit accepter
toutes les étapes du génocide, il doit faire en sorte que le peuple
turc apprenne la vérité historique et doit faire son possible pour
faire connaître le génocide à l'échelle internationale. Quatrièmement,
en parallèle du versement des indemnisations, l'État et la société
turque doivent entrer dans une phase de réhabilitation. Il leur faut
éradiquer tous les éléments de la tradition et des pratiques
institutionnelles liées à l'idéologie du génocide. Il leur faut mettre
fin aux attitudes stigmatisantes envers les Arméniens, mettre fin à
l'expression multiforme d'une identité nationale turque soit disant
supérieure, vision héritée de l'Empire, fondée sur un complexe de
supériorité vis-à-vis des Arméniens et autres communautés. Cette phase
de réhabilitation doit se concentrer tout particulièrement sur
l'oppression et la violence faite aux femmes arméniennes: elles ont
constitué une cible privilégiée pour la simple raison qu'elles étaient
femmes car le viol et l'exploitation sexuelle ont été l'essence du
génocide arménien8. >>9
Une restitution sans condition des biens devenus propriété d'état s'impose
Il est essentiel de créer une base de dialogue et une atmosphère
propice pour mettre en place toutes ces propositions. Pour un résultat
équitable et salutaire, il est nécessaire d'assurer les conditions
d'un dialogue de qualité afin de permettre l'expression des différents
points de vue sans contrainte et la libre formulation de leurs
demandes.
Ouvrons une parenthèse : la question d'un versement n'est pas plus
facile que de parler de compensations et d'indemnisation. Une partie
des victimes du génocide vit en effet avec des individus ayant tiré
profit du génocide. Le fait que l'indemnisation soit payée aux
victimes avec leurs propres impôts pose problème et mérite discussion.
Il serait trop simple de faire encore payer la facture aux quelques
survivants du génocide. N'oublions pas que ce réflexe existe
potentiellement dans toutes les sociétés coupables de crimes. La mise
en place d'une atmosphère de liberté et de sécurité est donc vitale.
L'État pourrait faire un geste et on peut énumérer ici quelques
mesures faciles à mettre en oeuvre: assurer le retour des exilés sans
condition; restituer les droits liés à la citoyenneté pour celles et
ceux qui en ont été injustement privés et la remise d'un passeport
turc pour ceux qui le souhaitent ; restituer la topologie arménienne
du territoire pour dissiper cet écran de fumée et cesser d'être "le
pays qui oublie son nom", selon la formule de notre cher Sevan
Niþanyan.
Si l'on s'en remet à l'avis des spécialistes, une restitution sans
condition des biens, aujourd'hui propriétés étatiques, constituerait
la preuve décisive d'une démarche résolue pour démarrer le versement
de compensations et d'indemnisations.
La quasi-totalité des pertes figure dans les archives de l'État.
Puisque les titres de propriété ont été numérisés, il serait très
simple de les évaluer et de retracer les changements et les saisies
des titres de propriété dans les registres courants depuis 1913. Une
partie des biens est enregistrée à titre privé ; d'autres au nom de
l'État. Rien n'empêche légalement l'État de restituer sans condition
la partie qu'il possède aux ayants droit. S'il n'existe pas d'ayant
droit, les biens peuvent être transmis aux institutions de la société
des victimes.10
Acquis de manière variable, la restitution ou la compensation de biens
aujourd'hui aux mains de personnes privées fait l'objet d'un autre
débat. Ils sont en effet le résultat de divers modes de saisie et
d'appropriation. Un de ces mécanismes consistait à convertir à l'Islam
les enfants arméniens (fille ou garçon orphelin /de familles
massacrées) pour les marier et ainsi récupérer les richesses de leur
famille11. La perspective d'appropriation de biens arméniens est l'une
des raisons principales de disputes pour récupérer les filles et les
femmes issues en particulier de familles riches et qui auraient
échappé au convoi vers la mort. Mais ces histoires constituent
également un aspect des récits de vie des survivant-e-s. Certains
biens ont été récupérés grce à des documents falsifiés, d'autres ont
été achetés à l'État ou réappropriés par voies détournées. Dans cette
perspective, la question de la restitution et des compensations est
évidemment complexe12.
Reconnaître le passé relève de l'éthique. L'élaboration de valeurs
éthiques est nécessaire. La morale de la société s'est développée dans
un contexte où éducation et droit camouflent les faits historiques.
Certains ont assassiné leur voisin pour s'approprier une richesse
inespérée. L'économie de la société s'est construite sur la spoliation
de biens et par le mariage à des femmes dont les familles avaient été
pillées. Une réhabilitation morale du génocide de 1915 est
fondamentale. Il nous faut enfin comprendre que c'est cette morale qui
est la source de tous nos problèmes. Il est illusoire d'espérer une
équité et une justice quelconque dans un tel contexte moral. C'est le
pourrissement qui nous guette. Aujourd'hui, nous avons tout sous les
yeux. Ýl nous faut dépasser cette morale et les réflexes qui en
découlent. Cette réparation aura un effet thérapeutique et viendra
assainir la société.
Le paysage national est dissimulé par un écran de fumée. Le peuple
doit pouvoir dépasser cette vision, et regarder la vérité en face.
N'oublions pas que c'est d'une dette à l'humanité dont il s'agit.
Renonçons au déni et gardons à l'esprit qu'une fois justice rendue,
nous tous et tous les segments de la société s'en trouveront assainis.
N'oublions pas non plus que briser le silence, aborder et parler
véritablement de ces problèmes, s'efforcer de rendre une justice a
posteriori relèvent tout simplement d'un comportement humain et
qu'accepter la vérité constitue la clé de toute résolution.
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[1] William A. Schabas,. Uluslararasý Ceza Mahkemesine Giriþ, çev.
Gülay Arslan, Cambridge University Press, AÝ Türkiye Þubesi, 2004, s
60.
[2] En Janvier 1914, Hilmi Uran informe de l'extermination et de sa
dimension ethnique à la préfecture de Çeþme où il a été envoyé. Il
consacre tout particulièrement une partie de ses mémoires aux actes de
terreur survenus à Çeþme et dans les environs: "Quand j'ai commencé à
travailler à la préfecture de Çeþme, quelques familles de rums[2]
particulièrement précautionneuses trouvèrent de bon ton de partir
subitement pour les îles. Cela provoqua un vent de panique parmi les
rums et un vaste mouvement de départs se répandit à Çeþme et dans les
environs, si bien que l'on ne put bientôt plus rien contrôler.
Certains d'entre eux, sortis à la hte de chez eux avec un minimum
d'affaires sous l'effet de l'angoisse, continuaient même à faire des
allers-retours pour récupérer quelques effets persuadésde pouvoir les
emmener. Cette affaire de migration avait immédiatement pris des
proportions diplomatiques, et avant même d'avoir pu en comprendre les
véritables raisons, une commission mixte d'enquête avait été dépêchée
à Çeþme depuis Istanbul. La commission arriva à Çeþme, rencontra de
nombreux rums et visita leurs maisons. L'un des principaux traducteurs
était visiblement déterminé à trouver une raison à ces départs, au
point qu'il était revenu vers moi et m'avait lancé d'un ton
accusateur,:'Nous n'avons rien pu trouvé, mais 40 000 personnes ne
s'enfuient de gaieté de coeur.' Certes, sans aucun doute. 40 000
personnes ne pouvaient pas partir de gaieté de coeur d'un seul coup,
et il fallait s'en convaincre. Ces deux semaines avaient marqué le
début et la fin de la migration des rums qui modifia radialement le
visage de Çeþme. >> Hilmi Uran, Souvenirs, 1959. pp68-71.
[3] Il est avéré que les assassinats d'unionistes avaient rencontré un
certain soutien collectif (partisans du parti Union et Progrès. ndlt).
Halil Menteþe, l'un des leaders d'Union et Progrès exprimait une
certaine réalité quand il disait > Taner Akçam. La question arménienne et les droits de
l'homme. Imge. 2014. p527.
[4] En arménien:
http://armedia.am/?action=Exclusive&what=show&id=1247176618&lang=arm &lang=arm
En turc:http://devrimcikaradeniz.com/dedemin-yaptiklarindan-sorumlu-degilim-diyenlere/
[5] >. PourYani
Lemkin, le génocide allait au-delà de la liquidation physique et
comprenait également la destruction des territoires communautaires et
culturels du groupe victime d'agression. Taner Akçam. Les conversions
forcées d'arméniens, le silence, la négation et l'assimilation.
Ýletiþim. 2014. p.81
[6] En 2014, prenant les élections présidentielles pour prétexte, un
auteur kurde écrivait : >.C'est un peu tendre le bton pour se faire battre,
mais cette remarque est parlante quant à l'ambiance à l'Est de
l'Euphrate. Nous n'avons, par ailleurs, entendu aucune
déclaration.http://www.bianet.org/biamag/diger/157141-cankaya-tasinmasi-agir-yuk
[7] Depuis l'époque de Mustafa Kemal, le palais présidentiel est
officiellement à Çankaya, au coeur de la capitale, sur les hauteurs de
la ville. Ce symbole de la République est une propriété qui
appartenait, avant la Première Guerre mondiale, à une riche famille
arménienne, la famille Kasapyan, et que l'Etat s'est appropriée.
C'est, le moins qu'on puisse dire, une grosse gaffe pour un Etat
construit sur la confiscation de biens arméniens et autres minorités !
Il est difficile de ne pas y voir un aveu... Mais c'est aussi le signe
d'un sentiment d'impunité totale. Encore une fois, un mur de silence
bien compréhensible entoure cette histoire troublante. Laure
Marchand- Guillaume Perrier. La Turquie et le fantôme arménien, sur
les traces du génocide. Ýletiþim. 2014. P190.
[8] A Siverek, le 7 Octobre 1915, un groupe de musulmans envoie un
télégramme au Ministère de l'Intérieur. Ils y font savoir que les
jeunes adolescentes converties au début du génocide - avec le
consentement du gouvernement - ont été mariées trois ou quatre mois
auparavant et qu'elles sont probablement enceintes. Une longue liste
de noms s'y trouve : dans le quartier Cami'-i Kebir Ebuzer Buharalý
Osman ; quartier de Haþan Çele-bi Mahmud bin Mehmed; quartier de
Mahalle-i mezkûreden Mustafa bin Mehmed ; quartier de Mahalle-i
mezkûreden Mehmed bin Eyüb ; quartier de Hacý Ömer Bekçi þeyh Zülfikar
; fils du Molla Bekir, Bekir ; fils de Yervan, Hüseyin; quartier de
Külabi Kýranzade Hüseyin ; quartier de Külabi Ali bin Mehmed, Karo
Salih, Döþengi þeyh Yusuf ; quartier de Cami'-i kebir, le fils de
Mahmud bin Si- no, Mehmed ; quartier de mahalle-i mezkûrdan, Eyüb Mako
; quartier de Calile Körikozade Mehmed ; quartier de Külabi, þeyh
Mustafa bin Hüseyin ; quartier de Hacý- ömer, Ali Süleyman ; quartier
de Cami'-i Kebir, Hacý Ömer, Ahmed bin Bekir ; quartier de Çelebi, Ali
bin Musa ; quartier de Cami'-i Kebir, Mustafa bin Hacý Abidin, Ahmed
bin Beko ve Külabi Bey.
[9] Henry Theriault. - considérer de facto les enfants
arméniens et les filles prises pour épouses comme les héritiers des
biens de leur famille. C'était une façon pour les familles de
récupérer automatiquement la richesse des enfants accueillis par
adoption ou par mariage. (abç). Le télégramme envoyé le 11 août 1915 à
la Commission des biens abandonnés doit, à cet égard, être relevé : > Taner
Akçam. Les conversions forcées des Arméniens, le silence, la négation
et l'assimilation. Ýletiþim. 2014. p81.
[12] Le témoignage du juriste et ancien parlementaire Mehmet Feyyat
sur la réalité dans sa région est suffisamment éclairant :
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress