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Armenie. Le souvenir du genocide a mobilise les Armeniens. MEMOIRE

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    La Croix
    26 avril 2005

    Arménie. Le souvenir du génocide a mobilisé les Arméniens. MÉMOIRE.
    Les commémorations du génocide des Arméniens il y a 90 ans ont donné
    lieu à des rassemblements impressionnants.

    par COCHEZ Pierre

    Une foule sans fin d'Arméniens, dont le nombre n'a pu être évalué
    avec précision, s'est recueillie avant-hier à Erevan, capitale de
    l'Arménie, devant le monument aux victimes du génocide de 1915, pour
    le 90e anniversaire des massacres perpétrés par les Turcs. En pleurs
    ou en silence, ils ont déposé des fleurs devant le monument aux
    victimes - le "Dzidzernagapert" - situé sur une colline de la
    capitale arménienne. En présence du président Robert Kotcharian, une
    prière était récitée par le catholicos Karékine II, chef de l'Église
    apostolique arménienne.

    "Cette foule était impressionnante. Depuis la chute de l'empire
    soviétique, les gens n'avaient pas témoigné une telle ferveur
    populaire. La hauteur de la montagne des fleurs déposées autour de la
    flamme du monument du génocide dépassait les deux mètres", raconte
    Mérie, responsable d'une organisation de jeunes, jointe hier au
    téléphone par La Croix.

    Ce monument avait été construit après la manifestation populaire du
    24 avril 1965 qui brisait le silence imposé par le régime soviétique
    sur le génocide du peuple arménien. Achevé en 1967, il comporte une
    vaste rotonde entourant une flamme éternelle. Douze pans figurent les
    provinces de l'Arménie historique. On y accède par une esplanade
    bordée de stèles mentionnant les localités martyres du génocide.
    Dimanche, une minute de silence a été observée à travers tout le
    pays, après une messe oecuménique célébrée dans la cathédrale
    Saint-Grégoire d'Erevan, avec des prières récitées par des
    représentants des Églises catholique, anglicane, grecque et russe
    orthodoxe. Le 24 avril 1915, les autorités turques avaient arrêté 200
    leaders de la communauté arménienne, donnant le signal de ce que
    l'Arménie considère comme le début d'un génocide planifié qui a fait
    au moins 1,5 million de morts.

    Des milliers de membres de l'importante diaspora arménienne étaient
    venus à Erevan pour cette commémoration, tandis que 350 000 personnes
    ont manifesté en France. "Les survivants du génocide ont essaimé un
    peu partout dans le monde. De Marseille à Beyrouth, de Moscou à New
    York, leurs descendants entendent que la Turquie reconnaisse ce
    génocide. C'est un problème moral, psychologique", commente Mérie.

    À Moscou, des centaines de personnes ont participé à un service
    religieux sur le futur site d'une église arménienne. Dans le nord-est
    de la Syrie, 4 000 personnes se sont rassemblées à Marqada où
    reposent plusieurs milliers de victimes.

    Les autorités turques, qui n'entretiennent pas de relations
    diplomatiques avec Erevan et qui maintiennent fermée leur frontière
    commune à cause du conflit du Haut-Karabakh qui oppose l'Arménie à
    l'Azerbaïdjan, ont proposé ce mois-ci une enquête conjointe des
    historiens des deux pays. Le ministre arménien des affaires
    étrangères avait déjà indiqué en février qu'Erevan n'avait nullement
    l'intention de conduire de nouvelles recherches sur un événement qui
    est, à ses yeux, un fait historique avéré.
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