La Croix , France
5 mars 2005
CRITIQUE TV; TELE-RADIO; Pg. 20
Trois regards neufs pour les émissions religieuses. Non spécialistes
de l'information religieuse, Catherine Matausch, Hervé Claude et
Agnès Vahramian apportent aux magazines qu'ils animent pour "Le Jour
du Seigneur", sur France 2, la force de leur questionnement
personnel.
par BOUVET Bruno
De quoi parle Agnès Vahramian, chef du service étranger de France 2,
lorsqu'elle évoque une expérience professionnelle qui la "ressource
personnellement"? Cette journaliste chevronnée, dont la vision du
monde est "marquée par les conflits de la planète", fait part de son
plaisir nouveau d'animer "Tout à la foi", magazine de "catéchisme
moderne" du "Jour du Seigneur" (1). À quoi fait référence Catherine
Matausch au moment où elle confie sa joie de "réentendre les
religions" et sa "surprise" de constater à quel point "elles sont
tolérantes"? La présentatrice des éditions du week-end sur France 3
dresse le bilan d'une année à la tête de "Agapè" (2), le magazine
oecuménique qu'elle anime alternativement avec Hervé Claude, depuis
qu'elle a remplacé la regrettée Martine Chardon. Son confrère, qui se
définit comme agnostique, n'est pas moins enthousiaste de "trouver à
la télévision un espace pour le débat d'idées", lui qui a longtemps
décliné la litanie de l'actualité pour les journaux de France 2.
Non spécialistes de l'information religieuse, ces trois
professionnels ont affirmé leurs compétences dans d'autres secteurs.
Leur point commun? Un goût manifeste pour la confrontation des
opinions et des convictions et un intérêt aigu pour les grands sujets
touchant à la condition humaine et à l'éthique, rejoignant souvent un
vif questionnement personnel. Se déclarant tout à la fois "agnostique
mystique" et reconnaissant "être en quête", Catherine Matausch
incarne le besoin moderne de recherche spirituelle, dont les
territoires s'étendent au-delà des frontières des Églises.
Bonne intuition de l'équipe du "Jour du Seigneur" qui a sollicité
cette "solitaire", cultivant le paradoxe de trouver son bonheur
professionnel dans le contact avec les autres. "Cette expérience
nouvelle de tolérance me rend plus vivante! s'exclame-t-elle, sans
calcul. Tous les points de vue peuvent se confronter sans tomber dans
l'affrontement. À titre personnel, cela me fait un bien fou
d'entendre des gens qui avancent, au rythme de leurs convictions. Mon
moteur, c'est le doute et ce n'est pas toujours confortable..."
L'animation d'un débat dominical sur "la mort, le handicap ou les
relations hommes femmes" lui correspondait parfaitement mais elle
n'aurait jamais osé le demander... Par peur du dénigrement? "Pas du
tout, répond-elle. Je n'ai entendu aucun commentaire de protestation
ou de surprise chez mes copains journalistes. "Agapè" bénéficie d'une
excellente image dans le milieu parce qu'une émission de ce type est
plutôt rare..."
Agnès Vahramian compte bien sur la qualité de "Tout à la foi" pour
faire taire les (quelques) sceptiques et les railleurs qui se sont
étonnés de son choix. Elle-même n'avait pas songé à une telle
aventure quand le P. Benoît Vandeputte, dominicain et concepteur du
magazine, l'a invitée à déjeuner. "Comme nous sommes amis depuis
l'époque où nous fréquentions l'école de journalisme de Strasbourg,
il voulait un conseil pour choisir le présentateur de l'émission.
L'idée me semblait bonne de revisiter les piliers de la foi et de
montrer leur présence dans la culture contemporaine. La laïcité et
les religions ne sont pas deux univers cloisonnés: ils
s'interpénètrent." À la fin du repas, Benoît Vandeputte est convaincu
que la jeune femme (proche de la sensibilité des chrétiens d'Orient
en raison de ses origines arméniennes) saura mettre sa réflexion
personnelle au service de l'émission. "Dans cet espace de liberté, où
j'ai dix minutes pour interviewer Yves Coppens ou Serge Moati, je
prolonge le questionnement entrepris dans mon métier de reporter.
Tout en respectant les convictions de chacun, j'ai demandé au
scientifique si l'on pouvait croire en Dieu, dans la mesure où
l'homme descendait du singe. Et au cinéaste, j'ai demandé si l'on
pouvait se référer à Jésus sans se référer à l'Église..."
BRUNO BOUVET
(1) Diffusion du prochain numéro le 13 mars à 10 h 30.
(2) Ce dimanche 6 mars à 10 h 30, le thème est "Homme, femmes, le
grand malaise?"
5 mars 2005
CRITIQUE TV; TELE-RADIO; Pg. 20
Trois regards neufs pour les émissions religieuses. Non spécialistes
de l'information religieuse, Catherine Matausch, Hervé Claude et
Agnès Vahramian apportent aux magazines qu'ils animent pour "Le Jour
du Seigneur", sur France 2, la force de leur questionnement
personnel.
par BOUVET Bruno
De quoi parle Agnès Vahramian, chef du service étranger de France 2,
lorsqu'elle évoque une expérience professionnelle qui la "ressource
personnellement"? Cette journaliste chevronnée, dont la vision du
monde est "marquée par les conflits de la planète", fait part de son
plaisir nouveau d'animer "Tout à la foi", magazine de "catéchisme
moderne" du "Jour du Seigneur" (1). À quoi fait référence Catherine
Matausch au moment où elle confie sa joie de "réentendre les
religions" et sa "surprise" de constater à quel point "elles sont
tolérantes"? La présentatrice des éditions du week-end sur France 3
dresse le bilan d'une année à la tête de "Agapè" (2), le magazine
oecuménique qu'elle anime alternativement avec Hervé Claude, depuis
qu'elle a remplacé la regrettée Martine Chardon. Son confrère, qui se
définit comme agnostique, n'est pas moins enthousiaste de "trouver à
la télévision un espace pour le débat d'idées", lui qui a longtemps
décliné la litanie de l'actualité pour les journaux de France 2.
Non spécialistes de l'information religieuse, ces trois
professionnels ont affirmé leurs compétences dans d'autres secteurs.
Leur point commun? Un goût manifeste pour la confrontation des
opinions et des convictions et un intérêt aigu pour les grands sujets
touchant à la condition humaine et à l'éthique, rejoignant souvent un
vif questionnement personnel. Se déclarant tout à la fois "agnostique
mystique" et reconnaissant "être en quête", Catherine Matausch
incarne le besoin moderne de recherche spirituelle, dont les
territoires s'étendent au-delà des frontières des Églises.
Bonne intuition de l'équipe du "Jour du Seigneur" qui a sollicité
cette "solitaire", cultivant le paradoxe de trouver son bonheur
professionnel dans le contact avec les autres. "Cette expérience
nouvelle de tolérance me rend plus vivante! s'exclame-t-elle, sans
calcul. Tous les points de vue peuvent se confronter sans tomber dans
l'affrontement. À titre personnel, cela me fait un bien fou
d'entendre des gens qui avancent, au rythme de leurs convictions. Mon
moteur, c'est le doute et ce n'est pas toujours confortable..."
L'animation d'un débat dominical sur "la mort, le handicap ou les
relations hommes femmes" lui correspondait parfaitement mais elle
n'aurait jamais osé le demander... Par peur du dénigrement? "Pas du
tout, répond-elle. Je n'ai entendu aucun commentaire de protestation
ou de surprise chez mes copains journalistes. "Agapè" bénéficie d'une
excellente image dans le milieu parce qu'une émission de ce type est
plutôt rare..."
Agnès Vahramian compte bien sur la qualité de "Tout à la foi" pour
faire taire les (quelques) sceptiques et les railleurs qui se sont
étonnés de son choix. Elle-même n'avait pas songé à une telle
aventure quand le P. Benoît Vandeputte, dominicain et concepteur du
magazine, l'a invitée à déjeuner. "Comme nous sommes amis depuis
l'époque où nous fréquentions l'école de journalisme de Strasbourg,
il voulait un conseil pour choisir le présentateur de l'émission.
L'idée me semblait bonne de revisiter les piliers de la foi et de
montrer leur présence dans la culture contemporaine. La laïcité et
les religions ne sont pas deux univers cloisonnés: ils
s'interpénètrent." À la fin du repas, Benoît Vandeputte est convaincu
que la jeune femme (proche de la sensibilité des chrétiens d'Orient
en raison de ses origines arméniennes) saura mettre sa réflexion
personnelle au service de l'émission. "Dans cet espace de liberté, où
j'ai dix minutes pour interviewer Yves Coppens ou Serge Moati, je
prolonge le questionnement entrepris dans mon métier de reporter.
Tout en respectant les convictions de chacun, j'ai demandé au
scientifique si l'on pouvait croire en Dieu, dans la mesure où
l'homme descendait du singe. Et au cinéaste, j'ai demandé si l'on
pouvait se référer à Jésus sans se référer à l'Église..."
BRUNO BOUVET
(1) Diffusion du prochain numéro le 13 mars à 10 h 30.
(2) Ce dimanche 6 mars à 10 h 30, le thème est "Homme, femmes, le
grand malaise?"