Le Monde, France
8 novembre 2009 dimanche
Ankara et Paris esquissent quelques gestes de rapprochement
Natalie Nougayrède
Les points de friction au sujet du gazoduc Nabucco et des vols
militaires français ont été supprimés, sur fond de consultations pour
le Moyen-Orient
Le " climat a fait d'énormes progrès ", a commenté devant la presse le
ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, vendredi
6 novembre, aux côtés de son homologue turc, Ahmet Davutoglu. Celui-ci
effectuait une visite à Paris un mois après le déplacement en France
du président turc, Abdullah Gül, auquel Nicolas Sarkozy avait réservé
un accueil plutôt distant.
Dans la matinée, M.Davutoglu était reçu à l'Elysée par le conseiller
diplomatique, Jean-David Levitte. La conversation a porté notamment
sur l'Iran et son programme nucléaire, un dossier sur lequel la
Turquie aimerait jouer les médiateurs, en se prévalant de sa capacité
à " parler à tout le monde " y compris à Téhéran, ce qui n'est pas le
cas de la France.
Sur ce sujet iranien, les nuances sont fortes entre Paris et Ankara.
Comme l'a rappelé vendredi M. Davutoglu, lors d'une conférence Ã
l'Académie diplomatique, la Turquie ne croit pas en la vertu d'une
politique de sanctions et n'hésite pas à comparer pareille approche
avec celle qui avait démontré ses limites en Irak, avant 2003, du
temps de Saddam Hussein.
Mais au moment où les inquiétudes montent sur les dossiers
stratégiques, du Proche-Orient à l'Afghanistan-Pakistan, la Turquie et
la France semblent vouloir supprimer des points de friction dans la
relation bilatérale.
" Approches communes "
Ainsi, deux gestes ont été faits côté turc, sans donner lieu à des
annonces officielles, comme si ces problèmes n'avaient jamais existé.
D'une part, la Turquie a levé son opposition à l'entrée de GDF dans le
gazoduc Nabucco, alors qu'elle manifestait depuis des années, par ce
blocage, sa réprobation de la législation française à propos du
génocide arménien.
D'autre part, Ankara a cessé il y a environ trois mois d'imposer
certaines restrictions aux droits de survol du territoire turc par des
avions militaires français en route vers l'Afghanistan, ainsi qu'aux
droits de mouillage des navires militaires français dans les ports
turcs. Les officiels français étaient, depuis 2007, très irrités par
ces mesures émanant d'un partenaire de l'OTAN.
Le signal turc sur Nabucco - sans doute d'autant mieux accueilli côté
français que ce tuyau pourrait un jour évacuer du gaz d'Irak vers
l'Europe - remonte à la visite du président Gül à Paris, début
octobre. Il n'a été confirmé publiquement que vendredi, par M.
Davutoglu, qui dit avoir une " approche très positive " à propos de la
participation de GDF. " Merci à nos amis turcs ", a dit M. Kouchner.
Côté français, le vocabulaire employé semble soudain devenu plus
avenant. Il y a entre les deux pays " un climat de confiance qui règne
", des " approches communes " qui se dessinent, selon M. Kouchner. La
diplomatie française cherche de la visibilité et des synergies sur les
dossiers du Proche-Orient, où M. Kouchner doit se rendre
prochainement. M. Sarkozy s'apprête à recevoir à Paris le premier
ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, puis le président syrien,
Bachar Al-Assad.
Mais à l'occasion de la visite de M. Davutoglu, rien n'a été dit
publiquement de l'Union pour la Méditerranée (UPM), projet en péril
que Paris tente de sauver comme éventuel cadre pour des discussions
régionales.
8 novembre 2009 dimanche
Ankara et Paris esquissent quelques gestes de rapprochement
Natalie Nougayrède
Les points de friction au sujet du gazoduc Nabucco et des vols
militaires français ont été supprimés, sur fond de consultations pour
le Moyen-Orient
Le " climat a fait d'énormes progrès ", a commenté devant la presse le
ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, vendredi
6 novembre, aux côtés de son homologue turc, Ahmet Davutoglu. Celui-ci
effectuait une visite à Paris un mois après le déplacement en France
du président turc, Abdullah Gül, auquel Nicolas Sarkozy avait réservé
un accueil plutôt distant.
Dans la matinée, M.Davutoglu était reçu à l'Elysée par le conseiller
diplomatique, Jean-David Levitte. La conversation a porté notamment
sur l'Iran et son programme nucléaire, un dossier sur lequel la
Turquie aimerait jouer les médiateurs, en se prévalant de sa capacité
à " parler à tout le monde " y compris à Téhéran, ce qui n'est pas le
cas de la France.
Sur ce sujet iranien, les nuances sont fortes entre Paris et Ankara.
Comme l'a rappelé vendredi M. Davutoglu, lors d'une conférence Ã
l'Académie diplomatique, la Turquie ne croit pas en la vertu d'une
politique de sanctions et n'hésite pas à comparer pareille approche
avec celle qui avait démontré ses limites en Irak, avant 2003, du
temps de Saddam Hussein.
Mais au moment où les inquiétudes montent sur les dossiers
stratégiques, du Proche-Orient à l'Afghanistan-Pakistan, la Turquie et
la France semblent vouloir supprimer des points de friction dans la
relation bilatérale.
" Approches communes "
Ainsi, deux gestes ont été faits côté turc, sans donner lieu à des
annonces officielles, comme si ces problèmes n'avaient jamais existé.
D'une part, la Turquie a levé son opposition à l'entrée de GDF dans le
gazoduc Nabucco, alors qu'elle manifestait depuis des années, par ce
blocage, sa réprobation de la législation française à propos du
génocide arménien.
D'autre part, Ankara a cessé il y a environ trois mois d'imposer
certaines restrictions aux droits de survol du territoire turc par des
avions militaires français en route vers l'Afghanistan, ainsi qu'aux
droits de mouillage des navires militaires français dans les ports
turcs. Les officiels français étaient, depuis 2007, très irrités par
ces mesures émanant d'un partenaire de l'OTAN.
Le signal turc sur Nabucco - sans doute d'autant mieux accueilli côté
français que ce tuyau pourrait un jour évacuer du gaz d'Irak vers
l'Europe - remonte à la visite du président Gül à Paris, début
octobre. Il n'a été confirmé publiquement que vendredi, par M.
Davutoglu, qui dit avoir une " approche très positive " à propos de la
participation de GDF. " Merci à nos amis turcs ", a dit M. Kouchner.
Côté français, le vocabulaire employé semble soudain devenu plus
avenant. Il y a entre les deux pays " un climat de confiance qui règne
", des " approches communes " qui se dessinent, selon M. Kouchner. La
diplomatie française cherche de la visibilité et des synergies sur les
dossiers du Proche-Orient, où M. Kouchner doit se rendre
prochainement. M. Sarkozy s'apprête à recevoir à Paris le premier
ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, puis le président syrien,
Bachar Al-Assad.
Mais à l'occasion de la visite de M. Davutoglu, rien n'a été dit
publiquement de l'Union pour la Méditerranée (UPM), projet en péril
que Paris tente de sauver comme éventuel cadre pour des discussions
régionales.