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Turquie : Rapport Sur Les Biens Pilles Des Armeniens

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  • Turquie : Rapport Sur Les Biens Pilles Des Armeniens

    TURQUIE : RAPPORT SUR LES BIENS PILLES DES ARMENIENS

    http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=69673
    Publie le : 11-12-2012

    Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - " Après deux annees de
    recherches detaillees et laborieuses dans des milliers de documents,
    la fondation Hrant Dink a Istanbul a produit un travail monumental sur
    le statut passe et present des proprietes qui ont un jour appartenues
    a des fondations caritatives armeniennes a Istanbul - proprietes qui
    ont toutes ete confisquees par le gouvernement turc au cours de ces
    dernières decennies. L'etude, comprenant quelque 400 pages, fournit
    une liste des proprietes saisies, illustrant la vue d'ensemble et
    l'enormite des pillages subis par les ecoles, les orphelinats, les
    eglises et les hôpitaux armeniens d'Istanbul, qui dependaient des
    revenus generes par les proprietes pour survivre. " Raffi Bedrosyan,
    l'auteur de l'article ci-dessous, conclut : " l'enormite de ce
    transfert de richesse devient très difficile a evaluer. Peu surprenant
    donc, que l'on resiste a affronter l'histoire ou a reconnaître les
    faits. "

    Par un hasard facetieux, ce livre, Declaration 2012, paraît alors que
    l'Etat turc entame toute une serie de procedures internationales pour
    reclamer aux plus grands musees du monde, des ~\uvres artistiques de
    grande valeur qui auraient ete " volees " en Turquie - des ~\uvres
    grecques pour l'essentiel - au cours des derniers siècles.

    Curieusement, c'est la Cour europeenne des Droits de l'Homme qu'Ankara
    a saisie dans le but de recuperer les richesses de " son " patrimoine
    historique - exposees dans de grands musees etrangers - au motif que
    " Chaque personne physique ou morale a droit a la jouissance paisible
    de ses biens ".

    Il va sans dire que si le gouvernement turc obtient gain de cause
    devant cette juridiction, les Armeniens seront alors les premiers
    interesses pour faire valoir leurs droits sur les spoliations
    faramineuses que la Turquie a menees a leur encontre depuis 1915. Le
    Collectif VAN vous propose la traduction d'un article en anglais paru
    sur le site Armenian Weekly le 6 decembre 2012.

    Declaration 2012 : une histoire des proprietes armeniennes saisies
    a Istanbul

    Poste par Raffi Bedrosyan le 6 decembre 2012

    Après deux annees de recherches detaillees et laborieuses dans
    des milliers de documents, la fondation Hrant Dink a Istanbul a
    produit un travail monumental sur le statut passe et present des
    proprietes qui ont un jour appartenues a des fondations caritatives
    armeniennes a Istanbul - proprietes qui ont toutes ete confisquees
    par le gouvernement turc au cours de ces dernières decennies. L'etude,
    comprenant quelque 400 pages, fournit une liste des proprietes saisies,
    illustrant la vue d'ensemble et l'enormite des pillages subis par
    les ecoles, les orphelinats, les eglises et les hôpitaux armeniens
    d'Istanbul, qui dependaient des revenus generes par les proprietes
    pour survivre.

    Le titre du livre, Declaration 2012, fait reference a la Declaration
    de l'Etat turc de 1936, ordonnant a toutes les fondations caritatives
    des minorites de dresser une liste de leurs actifs et de leurs
    proprietes. Au plus fort de la crise de Chypre en 1975, l'Etat a
    legifere de facon arbitraire que toutes les proprietes qui avaient
    ete acquises par les fondations caritatives des minorites après 1936,
    via des donations, des heritages, des testaments ou qui avaient
    ete offertes, etaient declarees illegales, car elles ne figuraient
    pas sur les listes de la declaration de 1936. Declaration 2012 fait
    reference a cette legislation illogique et revèle la saisie legalisee
    mais illicite, ou le vol etatique survenu il y a des annees, ainsi que
    les petites mesures prises recemment pour redresser cette injustice
    flagrante.

    Le livre n'est pas un simple document historique fournissant un
    inventaire des proprietes physiques, ou des rapports statistiques et
    des declarations juridiques. C'est plutôt l'histoire d'une immense
    souffrance humaine, allant d'enfants expulses de leurs ecoles, aux
    orphelins n'etant plus capables de trouver un toit ; l'histoire la
    plus tragique implique la saisie par l'Etat turc, d'un complexe de
    bâtiments de colonie de vacances, litteralement construits par des
    enfants orphelins (incluant Hrant Dink lui-meme), et qui a ete vendu
    a des personnes privees turques.

    Les quatre membres de la Fondation Hrant Dink, Mehmet Polatel, Nora
    Mildanoglu, Ozgur Leman Eren et Mehmet Atilgan ont passe au crible
    les archives du patriarcat, de l'Eglise et des ecoles, des actes
    gouvernementaux et des dossiers de titres de proprietes, les archives
    personnelles des avocat des fondations, des cartes anciennes et des
    vues generales, des contrats d'achat et de vente ainsi que les propres
    dossiers de recherches de Hrant Dink, afin de produire l'histoire
    concise de chaque fondation caritative, y compris l'emplacement et
    le type des proprietes offertes a chaque fondation, qui ont ensuite
    ete saisies par l'Etat, et plus de 200 photographies. L'aspect le plus
    dechirant de ce document historique est certainement les photographies,
    dont certaines sont reimprimees ici. Les tentatives des membres
    de l'equipe de recherche, d'obtenir des documents dans les bureaux
    gouvernementaux, ont echoue dans la majorite des cas, bien qu'ils
    aient ete en possession d'un document juridique appele Loi sur la
    liberte de l'information ; on leur a declare que les titres et actes
    notaries des Armeniens, pour la periode 1915-25, ne sont toujours pas
    accessibles au public, en raison de la paranoïa officielle qui existe,
    et qui les definis en termes de " menaces a la securite de l'Etat. "

    Cet article va tenter de resumer les 400 pages du document et de
    donner quelques exemples frappants de l'histoire armenienne d'Istanbul.

    ***

    Tout d'abord, voici quelques extrait de l'introduction du livre : "
    Ce livre n'est pas l'histoire des bâtiments saisis, faits de pierre
    ou de ciment, mais l'histoire de personnes en chair et en os. Ces
    institutions et bâtiments saisis etaient les biens cheris de gens
    riches et pauvres, jeunes et vieux, d'hommes et de femmes qui avaient
    travaille dur pour les creer ou les acquerir. Ces bâtiments injustement
    saisis ont donne la vie aux ecoles, aux eglises, aux orphelinats et
    aux maisons de retraite de toute la communaute. Le tissu social et
    culturel des Armeniens turcs dependait de cette base economique. Nous
    souhaitons que des injustices semblables ne se repètent pas a l'avenir,
    alors que les gens liront dans ce livre l'explication du 'pourquoi'
    et du 'comment' des tentatives pour aneantir la vie et la culture de
    notre communaute. La question n'est pas uniquement la confiscation ou
    la restitution des proprietes, mais la comprehension de cette dimension
    de l'histoire et sa transmission aux generations futures. Tant que
    le peuple hereditaire de ces terres est marginalise ou defini comme
    'l'autre', tant que les membres des minorites ne sont pas consideres
    comme des citoyens egaux, les tentatives de democratisation en Turquie
    seront retardees. Nous souhaitons que cette etude contribue a une
    confrontation de l'histoire. "

    Le livre dresse la liste des fondations caritatives armeniennes et
    de leurs actifs. Il y avait 53 fondations caritatives armeniennes a
    Istanbul, administrant 18 ecoles et orphelinats, 48 eglises, 2 hôpitaux
    et 20 cimetières de la communaute armenienne d'Istanbul, soutenues
    par le revenu des locations et des actifs qu'elles possedaient ou qui
    leur avaient ete legues par des testaments ou offerts en cadeau. Ces
    fondations possedaient 1328 proprietes, dont 661 ont ete saisies par
    l'Etat pour plusieurs raisons.

    L'etude n'a pas pu determiner le destin de 87 proprietes. Après avoir
    epuise tous les recours legaux disponibles devant les tribunaux turcs,
    afin de recuperer les proprietes saisies, certaines fondations ont
    porte, au cours de ces 10 dernières annees, leurs cas devant la
    Cour europeenne des droits de l'homme. Alors qu'elles commencaient a
    gagner tous leurs procès et etant donne que les decisions des cours
    europeennes etaient contraignantes pour la Turquie, en raison de ses
    espoirs d'adhesion a l'Union europeenne, l'Etat turc a recemment decide
    de modifier la legislation de 1975 concernant les fondations, qui
    avait permis leur saisie legale mais illicite. Grâce a la legislation
    amelioree, 143 proprietes, soit environ 10,77 % des 1328 proprietes,
    ont aujourd'hui ete rendues aux fondations armeniennes.

    Les types de proprietes saisies etaient des immeubles residentiels
    d'habitation, des blocs d'appartement residentiels, des unites
    de maisons, des terrains vides, des vergers, des fontaines,
    des magasins/boutiques, des entrepôts, des usines, des bâtiments
    commerciaux, des immeubles de bureaux, des unites de bureaux, des
    hôpitaux, des lieux de travail, des colonies de vacances, des eglises,
    des ecoles et des cimetières.

    " Le statut du proprietaire " des proprietes saisies est liste
    en ces termes : inconnu, gouvernement municipal, Tresor Public,
    bâtiment public, libre, acte/titre perdu, propriete individuelle,
    appartenant a une autre fondation, ou appartenant au Directoire d'Etat
    des Fondations.

    Le processus par lequel une fondation a obtenu des proprietes
    est inscrit comme suit : donation, testament, achat, par decret du
    Sultan ottoman. Le processus par lequel les fondations ont perdu leurs
    proprietes, est liste en ces termes : saisie de l'Etat, nationalisation
    par l'Etat, vente a des individus ou des societes.

    Le livre explique certaines histoires de confiscation en details.

    Quelques exemples sont fournis ci-dessous.

    Ecole Mkhitaryan Bomonti

    Voici l'histoire tragique d'une ecole armenienne en activite depuis 200
    ans, qui a fini par devenir locataire du bâtiment dont elle avait ete
    proprietaire. Neanmoins, le denouement de cette histoire est heureux.

    Les Mekhitaristes armeniens catholiques de Venise ont fonde une
    ecole de garcons en 1830 dans le quartier de Pera. Afin d'accommoder
    la population croissante des elèves dans une meilleure structure
    d'enseignement, la fondation scolaire a decide de deplacer l'ecole
    dans un bâtiment plus grand. En 1958, elle a achete le site actuel
    dans le quartier de Sisli-Bomonti pour 710 000 lires turques, a
    une femme du nom d'Emine Tevfika Ayasli. Le nom de l'ecole a ete
    change en Ecole primaire catholique armenienne privee Bomonti. En
    1979, le Directoire d'Etat des Fondations caritatives a entame des
    poursuites contre l'ecole armenienne, puisque cette ecole n'avait pas
    ete inscrite dans la Declaration de 1936, argumentant que l'achat de
    la nouvelle ecole etait illegal. Le Directoire a exige que l'achat
    soit annule et que le bâtiment soit restitue au vendeur, ou aux
    heritiers du vendeur. Le tribunal a accepte l'argument et en 1988,
    la Cour d'appel a rejete l'appel des Armeniens.

    L'acte de propriete de l'ecole a ete remis a l'ancien proprietaire,
    qui etait decede ; selon les dernières volontes de son testament,
    il a ete remis a ses frères et a la municipalite Ayas-Ankara. (Il
    est interessant de noter que le testament d'Ayasli a ete prepare
    des annees après que l'ecole a ete legalement vendue a la fondation
    armenienne.) Les frères ont vendu leurs parts du bâtiment a une societe
    de construction specialisee dans les immeubles d'habitation, nommee
    Miltas. En 1998, la municipalite Ayas-Ankara a conclu un contrat de
    location avec l'ecole et a commence a lui facturer un loyer. Mais
    l'autre proprietaire, Miltas, s'est oppose a l'accord de location
    et a entame une procedure judiciaire pour que l'ecole quitte le
    bâtiment. En fevrier 1999, Miltas a gagne le procès et le meme jour,
    le contenu de l'ecole (incluant les bureaux des elèves, les etagères
    et les livres de la bibliothèque, les jouets du jardin d'enfants et
    le piano de l'ecole), a ete demenage a l'exterieur, dans la cour de
    l'ecole. Confronte a l'incroyable situation de n'avoir soudainement
    plus d'ecole au beau milieu de l'hiver, les parents armeniens,
    d'une facon exceptionnelle, ont recouru a la resistance passive et
    ont commence a camper dans la cour de l'ecole. Le tolle public a
    force le maire de la municipalite de Sisli-Istanbul a intervenir
    et il s'est arrange pour acheter les parts de Miltas, l'entreprise
    de construction. Il a aussi conclu un accord avec la municipalite
    d'Ayas pour que l'ecole continue a fonctionner en payant un loyer
    a la municipalite Ayas. Naturellement, l'ecole a perdu la plupart
    de ses elèves après ces perturbations et leur nombre est tombe a
    35. Depuis, la fondation de l'ecole est allee devant les tribunaux
    pour reclamer le bâtiment. En novembre 2012, deux jours avant la
    publication de ce livre, le procès s'est acheve par la victoire de
    l'ecole armenienne. Aujourd'hui, les actes de proprietes ont finalement
    ete restitues a la fondation armenienne et l'ecole a arrete de payer
    un loyer.

    Camps de vacances de Tuzla pour enfants armeniens

    Dans les annees 1950, l'Eglise protestante armenienne du quartier
    Gedikpasa a Istanbul servait de lieu d'arrivee a de nombreux
    orphelins armeniens pauvres et sans domicile, en provenance de villes
    anatoliennes en particulier. Ces enfants, assez nombreux dans les
    annees 60, suivaient les cours a l'Ecole protestante armenienne de
    Gedikpasa dans des conditions acceptables en hiver, mais ils n'avaient
    nulle part où aller en ete.

    La fondation de l'eglise a decide d'acheter un terrain vide près
    de la mer de Marmara, dans la municipalite de Tuzla, pour y creer
    une colonie de vacances destinee a ces enfants. En octobre 1962,
    l'achat a ete effectue auprès d'un individu denomme Sait Durmaz et
    enregistre dans le registre des proprietes de l'eglise, selon toutes
    les procedures legales applicables. À partir de ce moment-la, chaque
    ete, les enfants, âges de 8 a 12 ans, ont ete charges de construire
    des bâtiments pour le camp, sous la supervision d'un constructeur du
    nom de Tuzlali Hasan Kalfa.

    Les enfants ont tout d'abord dresse des piquets et des tentes de
    toile, pour y vivre pendant les travaux de construction. Ensuite ils
    ont creuse un puits, pour pomper l'eau necessaire a la construction,
    chacun leur tour. Puis les fondations ont ete pretes. Etant donne
    que la mer se trouvait a 500 mètres de distance seulement, ils ont
    transporte a l'aide de brouettes le sable et le gravier de la plage.

    Lentement, mais sûrement, pendant trois etes, le terrain vide s'est
    transforme en un complexe de bâtiments de colonies de vacances, avec
    des dortoirs, des salles a manger, des espaces de jeux, un terrain de
    football, un etang et un gymnase. Les enfants ont mis des grenouilles
    et des canards dans l'etang. Les filles et les garcons armeniens
    ont appris a parler, a chanter, a jouer, a cuisiner et a faire le
    menage ensemble en armenien. Hrant Dink etait l'un de ces garcons ;
    sa femme Rakel etait l'une de ces filles.

    Ces jours heureux ont pris fin lorsque le Directoire d'Etat des
    Fondations s'est adresse aux tribunaux en fevrier 1979, pour faire
    annuler le contrat d'achat et faire restituer la propriete a son
    proprietaire precedent, affirmant que la Fondation de l'eglise de
    Gedikpasa n'avait nullement le droit d'acheter la propriete. Après
    quatre ans de procès, le tribunal a annule l'acte de propriete de la
    colonie de vacances et a rendu la propriete a son ancien proprietaire,
    Sait Durmaz, y compris les installations extraordinaires que les
    enfants avaient construites. Le camp, grave dans la memoire de 1500
    enfants armeniens, a ete laisse a l'abandon, les cadres des lits ont
    rouille, les vitres ont ete cassees et les mauvaises herbes ont tout
    envahi. En 1987, la Cour d'appel a approuve la decision du tribunal
    precedent. Le proprietaire a vendu le camp a de nouveaux acheteurs,
    qui l'ont a leur tour revendu. Plusieurs demandes faites auprès des
    tribunaux par la fondation armenienne dans les annees 2000 et plus
    recemment en août 2011, ont toutes ete rejetees. L'un des derniers
    articles de Hrant, intitule " Humanite, je te ferai un procès ! ... "
    etait un cri solennel face a cette injustice flagrante.

    Orphelinat Kalfayan

    En 1865, une epidemie de cholera a Istanbul a laisse beaucoup
    d'enfants orphelins pauvres derrière elle. Une nonne armenienne qui
    s'appelait Serpouhi Nechan Kalfayan a decide de prendre soin de 17
    orphelines, âgees de 2 a 10 ans, chez elle. Elle a aussi commence a
    leur enseigner l'artisanat et la couture. Ces efforts personnels ont
    mene a la fondation de l'une des institutions educatives armeniennes
    les plus importantes a Istanbul, l'Orphelinat et ecole Kalfayan.

    L'orphelinat a survecu jusqu'a la fin des annees 1960, quand
    l'ecole a ete expropriee, sans aucune compensation, et demolie
    pour la construction des voies express menant au Pont du Bosphore,
    entre l'Europe et l'Asie. La fondation possedait un grand terrain où
    elle planifiait de transferer l'orphelinat et l'ecole. Le Directoire
    d'Etat des Fondations a affirme que puisque ce terrain n'avait pas ete
    enregistre dans la Declaration de 1936, elle n'etait pas autorisee
    a y construire un nouvel orphelinat, et les orphelins et leurs
    professeurs devaient etre rediriges vers d'autres orphelinats. Les
    demandes repetees n'ont donne aucun resultat et 150 personnes, le
    nombre total des orphelins et du personnel, ont passe les 30 annees
    suivantes dans divers bâtiments delabres, jusqu'a ce qu'un nouvel
    arrangement soit trouve en 1999, instituant un partage des bâtiments
    de l'ecole Semerciyan a Uskudar.

    ***

    Dans un article precedent, paru sur Armenian Weekly, en date du
    31 août 2011, intitule, Rapport special : que rend la Turquie aux
    Armeniens ? je faisais reference a une autre saisie importante de
    biens armeniens par l'Etat : les terrains du cimetière Sourp Hagop qui
    avaient ete accordes a la communaute armenienne en 1550 par un decret
    du Sultan ottoman Suleyman, pour recompenser son cuisinier armenien,
    Manoug Karaseferyan de Van, qui avait decouvert un complot d'espions
    allemands visant a empoisonner l'empereur durant le siège de Budapest.

    Le cimetière a ete utilise pendant 400 ans, jusque dans les annees
    1930, date a laquelle la municipalite d'Istanbul a procede a une
    expropriation des terres, après des annees de bataille juridique.

    Desormais, ces terres, qui sont entretemps devenues l'un des quartiers
    les plus chers et a la mode d'Istanbul, sont occupees par les quartiers
    generaux de la radio et de la television publiques, le quartier
    general des forces armees turques d'Istanbul, le musee militaire,
    de nombreux hôtels de luxe, tels que le Hilton, le Regency Hyatt,
    le Divan et divers immeubles d'habitations et de bureaux, ainsi que
    par le vaste Parc Taksim, dont certaines allees sont pavees du marbre
    des pierres tombales armeniennes.

    Le livre Declaration 2012 apporte des informations sur les proprietes
    armeniennes perdues a Istanbul, principalement pendant les annees
    1970, en raison de l'argument illogique, mais legal, que les
    proprietes acquises après 1936 sont considerees comme illegales,
    car non listees dans la Declaration de 1936. Mais l'etendue de cette
    injustice flagrante, ferait pâle figure au regard de la quantite de
    proprietes armeniennes saisies ou perdues après 1915, non seulement
    a Istanbul, mais partout en Anatolie, particulièrement en Armenie
    historique. Pour illustrer l'enormite meme de la perte, observez ces
    chiffres : il y avait plus de 4000 eglises et ecoles armeniennes en
    Anatolie, chacune possedant son propre terrain, chacune possedant son
    propre revenu, genere par les terres, les proprietes et les actifs
    supplementaires. L'eglise Sourp Guiragos, recemment reconstruite a
    Diyarbakir, detenait plus de 200 actes et titres de proprietes divers,
    concernant des magasins, des maisons, des fermes et des vergers, qui
    ont ete confisques par le gouvernement et des personnes physiques qui
    y ont erige des immeubles d'habitation, des immeubles de bureaux, des
    ecoles publiques, des magasins et des maisons et meme une autoroute.

    Heureusement, le processus pour reprendre ces proprietes a deja
    commence a Diyarbakir. Les chiffres mentionnes ci-dessus ne concernent
    que les eglises et les ecoles armeniennes, c'est-a-dire les bâtiments
    que possède la communaute. Ajoutez a ces chiffres les proprietes
    appartenant aux individus armeniens prives, comme les maisons,
    les magasins, les fermes, les vergers, les usines, les entrepôts,
    les mines, etc. et l'enormite de ce transfert de richesse devient
    très difficile a evaluer.

    Peu surprenant donc, que l'on resiste a affronter l'histoire ou a
    reconnaître les faits.

    Pour en savoir plus sur le livre, consultez
    www.istanbulermenivakiflari.org/tr

    Des informations sont egalement disponibles gratuitement auprès de
    la Fondation Hrant Dink.

    Raffi Bedrosyan est un ingenieur civil et un pianiste, vivant a
    Toronto, au Canada. Au cours de ces dernières annees, il a fait don
    des benefices de ses concerts et de ses deux CD pour la construction
    d'ecoles, d'autoroutes et de programmes de distribution d'eau de gaz
    en Armenie et au Karabagh. Il a egalement participe a ces projets en
    tant qu'ingenieur benevole. Bedrosyan s'est implique dans le projet
    de reconstruction de l'eglise Sourp Guiragos de Diyarbakir, et il
    a promu a travers le monde l'importance de ce projet historique qui
    represente la première reclamation armenienne des biens de l'Eglise
    en Anatolie après 1915. En septembre 2012, il a donne le premier
    concert armenien de piano dans l'eglise Sourp Guiragos depuis 1915.

    ©Traduction de l'anglais C.Gardon pour le Collectif VAN - 11 decembre
    2012 - 07:00 - www.collectifvan.org

    Lire aussi :

    Jusqu'où la Turquie veut-elle etre l'heritière de l'empire ottoman?

    Genocide armenien : l'argent du crime finance sa negation

    Turquie vs Louvre : le voleur vole

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    Source/Lien : Armenian Weekly



    From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
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