REVUE DE PRESSE
France-Turquie : Nous ne voulons pas croire à des rétorsions
Après l'adoption de la loi réprimant la négation des génocides et les
menaces d'Ankara, le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur
s'explique sur les relations franco-turques.
Après le vote de la loi pénalisant la négation du génocide arménien,
faut-il s'attendre à de réelles rétorsions de la part de la Turquie ?
La Turquie est pour la France un partenaire majeur à la fois sur le
plan commercial et au niveau stratégique et diplomatique. C'est notre
troisième client hors Union européenne, après les Etats-Unis et la
Chine : nos échanges ont connu une progression de 11% en 2011, ce qui
représente près de 13 milliards d'euros, dont 6,8 milliards
d'exportations françaises. J'ajoute qu'avec 8% de croissance en
moyenne la Turquie fait figure de pays émergent sur le continent
européen et qu'elle sera la nation la plus peuplée du continent dans
un horizon très proche. Enfin, l'économie turque a besoin
d'infrastructures - ce qui est l'un des points forts de la France - et
est fortement importatrice de produits alimentaires, notamment de
viande bovine française.
Il n'est donc pas de l'intérêt de la Turquie de détériorer ces échanges...
Si l'on entrait dans un processus de rétorsions, auquel nous ne
voulons pas croire, il pourrait y avoir des conséquences très
négatives. Renault, par exemple, qui emploie 12 000 personnes à Bursa,
est la première entreprise exportatrice turque ; la France a procédé à
10 milliards d'euros d'investissements en Turquie. Nous avons aussi
des liens culturels très forts. Il existe en Turquie une dizaine de
lycées français et une université francophone, Galatasaray, où j'ai
moi-même enseigné en français. Je crois que tout cela est bien compris
des deux côtés, même si nous nous préparons à des difficultés. Il faut
rappeler que la Turquie est liée à l'Union européenne par un accord
d'association et qu'elle est membre de l'Organisation mondiale du
commerce (OMC) ; s'en prendre à des entreprises françaises pour des
raisons politiques est interdit par ces engagements et donnerait lieu
à des recours légaux. Je ne peux pas imaginer qu'on en arrive là.
La Turquie ne se livre-t-elle pas encore à des gesticulations à but interne ?
Il existe indiscutablement des préoccupations de politique intérieure.
Recep Tayyip Erdogan est un leader perçu comme charismatique en
Turquie, qui cherche à incarner et à exporter un modèle que
j'appellerai national-ottoman-islamique. Il a su réaliser une OPA sur
la rue arabe en offrant l'image d'une certaine modernité islamique. Et
il s'est débarrassé de l'armée en utilisant habilement contre elle
l'argumentaire démocratique de la candidature à l'Union européenne. Il
joue sur les réflexes de fierté et de vexation nationale,
particulièrement sensibles en Turquie.
Dans votre dernier livre, Mondialisez-vous ! Manifeste pour une France
conquérante (Ed. du Moment), vous placez au premier plan la dimension
exportatrice...
Aujourd'hui, un commerce extérieur dynamique est le critère premier de
la souveraineté nationale. Les Etats-Unis connaissent 10% de chômeurs,
situation qui explique la radicalisation politique dans ce pays. Le
Japon vient d'annoncer son premier déficit commercial depuis trente
ans. Les pays d'Europe du Sud sont en crise. Le point commun entre
toutes ces nations, c'est qu'elles ont recours à la dette pour
maintenir leurs équilibres sociaux face à de nouveaux concurrents qui
ont comprimé leurs parts du marché mondial.
On est passé d'une économie mondiale eurocentrée à une économie dans
laquelle les émergents veulent leur place. Plutôt que de `s'indigner`
ou de se claquemurer derrière un soi-disant `protectionnisme moderne`,
il faut se réformer d'urgence en s'inspirant de l'exemple compétitif
et rigoureux de l'Europe du Nord. Le pire service que l'on puisse
rendre aux Français est de les diriger vers une fausse piste. Quand
François Hollande reprend l'argumentaire d'Arnaud Montebourg- qui, au
passage, est aussi celui de Marine Le Pen - pour désigner la finance
internationale comme son ennemi, je considère qu'il s'agisse d'un
charlatanisme dangereux pour notre pays.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/france-turquie-nous-ne-voulons-pas-croire-a-des-retorsions_1079539.html
dimanche 12 février 2012,
Stéphane ©armenews.com
France-Turquie : Nous ne voulons pas croire à des rétorsions
Après l'adoption de la loi réprimant la négation des génocides et les
menaces d'Ankara, le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur
s'explique sur les relations franco-turques.
Après le vote de la loi pénalisant la négation du génocide arménien,
faut-il s'attendre à de réelles rétorsions de la part de la Turquie ?
La Turquie est pour la France un partenaire majeur à la fois sur le
plan commercial et au niveau stratégique et diplomatique. C'est notre
troisième client hors Union européenne, après les Etats-Unis et la
Chine : nos échanges ont connu une progression de 11% en 2011, ce qui
représente près de 13 milliards d'euros, dont 6,8 milliards
d'exportations françaises. J'ajoute qu'avec 8% de croissance en
moyenne la Turquie fait figure de pays émergent sur le continent
européen et qu'elle sera la nation la plus peuplée du continent dans
un horizon très proche. Enfin, l'économie turque a besoin
d'infrastructures - ce qui est l'un des points forts de la France - et
est fortement importatrice de produits alimentaires, notamment de
viande bovine française.
Il n'est donc pas de l'intérêt de la Turquie de détériorer ces échanges...
Si l'on entrait dans un processus de rétorsions, auquel nous ne
voulons pas croire, il pourrait y avoir des conséquences très
négatives. Renault, par exemple, qui emploie 12 000 personnes à Bursa,
est la première entreprise exportatrice turque ; la France a procédé à
10 milliards d'euros d'investissements en Turquie. Nous avons aussi
des liens culturels très forts. Il existe en Turquie une dizaine de
lycées français et une université francophone, Galatasaray, où j'ai
moi-même enseigné en français. Je crois que tout cela est bien compris
des deux côtés, même si nous nous préparons à des difficultés. Il faut
rappeler que la Turquie est liée à l'Union européenne par un accord
d'association et qu'elle est membre de l'Organisation mondiale du
commerce (OMC) ; s'en prendre à des entreprises françaises pour des
raisons politiques est interdit par ces engagements et donnerait lieu
à des recours légaux. Je ne peux pas imaginer qu'on en arrive là.
La Turquie ne se livre-t-elle pas encore à des gesticulations à but interne ?
Il existe indiscutablement des préoccupations de politique intérieure.
Recep Tayyip Erdogan est un leader perçu comme charismatique en
Turquie, qui cherche à incarner et à exporter un modèle que
j'appellerai national-ottoman-islamique. Il a su réaliser une OPA sur
la rue arabe en offrant l'image d'une certaine modernité islamique. Et
il s'est débarrassé de l'armée en utilisant habilement contre elle
l'argumentaire démocratique de la candidature à l'Union européenne. Il
joue sur les réflexes de fierté et de vexation nationale,
particulièrement sensibles en Turquie.
Dans votre dernier livre, Mondialisez-vous ! Manifeste pour une France
conquérante (Ed. du Moment), vous placez au premier plan la dimension
exportatrice...
Aujourd'hui, un commerce extérieur dynamique est le critère premier de
la souveraineté nationale. Les Etats-Unis connaissent 10% de chômeurs,
situation qui explique la radicalisation politique dans ce pays. Le
Japon vient d'annoncer son premier déficit commercial depuis trente
ans. Les pays d'Europe du Sud sont en crise. Le point commun entre
toutes ces nations, c'est qu'elles ont recours à la dette pour
maintenir leurs équilibres sociaux face à de nouveaux concurrents qui
ont comprimé leurs parts du marché mondial.
On est passé d'une économie mondiale eurocentrée à une économie dans
laquelle les émergents veulent leur place. Plutôt que de `s'indigner`
ou de se claquemurer derrière un soi-disant `protectionnisme moderne`,
il faut se réformer d'urgence en s'inspirant de l'exemple compétitif
et rigoureux de l'Europe du Nord. Le pire service que l'on puisse
rendre aux Français est de les diriger vers une fausse piste. Quand
François Hollande reprend l'argumentaire d'Arnaud Montebourg- qui, au
passage, est aussi celui de Marine Le Pen - pour désigner la finance
internationale comme son ennemi, je considère qu'il s'agisse d'un
charlatanisme dangereux pour notre pays.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/france-turquie-nous-ne-voulons-pas-croire-a-des-retorsions_1079539.html
dimanche 12 février 2012,
Stéphane ©armenews.com