CACHEZ CETTE PHRASE QUE JE NE SAURAIS VOIR
Jean Eckian
armenews.com
vendredi 17 février 201
En 2006 une indignité s'est produite a Evreux -
Pour paraphraser la célèbre réplique de Molière dans le Â"
Tartuffe Â", celle ci-dessus pourrait parfaitement illustrer un
signe annonciateur qui s'est invité en avril 2006 en la bonne ville
d'Evreux, dans l'Eure. Un triste souvenir demeuré dans les mémoires
de la petite communauté arménienne de la cité qui a vu naître le
Président de Radio France Jean-Luc Hess.
De quoi s'agit-il ?
Depuis le 90ème anniversaire de la commémoration du génocide des
Arméniens, l'Association Normande de Solidarité avec l'Arménie
(ANSA), dirigée par Vahram Seraidian, souhaitait qu'une stèle a
la mémoire des martyrs du génocide de 1915 perpétré sur ordre
gouvernement ottoman, soit édifiée a Evreux. Un projet qui sera
accepté début 2006 par la municipalité dirigée alors par Jean-Louis
Debré. Mais au lieu d'une stèle c'est un arbre qui sera planté dans
le parc Francois Mitterrand, au pied duquel une plaque de marbre,
réduite a sa plus simple expression, amputée de son essentiel,
sera apposée a même la terre.
L'affaire se corse
Après s'être entretenu a plusieurs reprises avec l'adjointe au
maire, Madame France Bariller, Vahram Seraidian obtient l'autorisation
d'inscrire l'hommage qu'il souhaite sur une plaque commémorative
en marbre, réalisée aux frais de l'association. Mais, quelques
jours avant l'inauguration, présentant la dite plaque au service
du protocole de la Mairie, le Président de l'ANSA en sera pour
ses frais...
photo 2
(cliquer sur l'image pour agrandir)
Serge Tateossian *, secrétaire de l'ANSA, relate l'histoire telle
qu'elle s'est déroulée.
NAM : qu'est-il arrivé a cette plaque ?
Serge Tateossian : Â" Une fois la plaque prête a poser, le service
du protocole de la municipalité s'est obstiné a dire qu'il n'était
pas question de transcrire un texte sur la plaque faisant référence
au génocide des arméniens !â~@¨ Au bout de plusieurs entretiens
infructueux le responsable de ce service a dit textuellement
au Président de l'association ANSA : que jamais Jean-Louis
Debré n'accepterait ce texte avec une référence au génocide
des Arméniens. Dans ces conditions, alors que les convocations
avaient déja été adressées aux différents dignitaires francais
et arméniens, soit 10 jours avant la cérémonie programmée au 7
avril 2006, le Président de l'ANSA s'est vu obligé de faire scier
par le marbrier la plaque commémorative, pour faire disparaître la
référence au génocide des Arméniens...
Â" La cérémonie a eu lieue dans une ambiance très lourde",
poursuit Serge Tateossian. "Elle était visible, notamment sur le
visage de l'ambassadeur d'Arménie Edward Nalbandian et autres
qui ne reconnaissaient pas la plaque commémorative, orpheline
de l'hommage aux martyrs, désormais ne faisant plus référence
au génocide. On entendait des soupirs de part et d'autre dans
l'assistance ! â~@¨â~@¨Depuis cette date et tous les ans le 24 avril,
notre petite association se réunit au parc Francois Mitterrand a
Evreux devant cette plaque que je qualifie de honte... Notre blessure
du génocide s'est vue amplifier par l'attitude de Jean Louis Debré
maire d'Evreux a l'époque !".
Mais que ne l'avoir pas dit au moment des faits ? Pourquoi ne révéler
cette triste affaire qu'aujourd'hui ?
Peut-être parce que les organisateurs, piégés soit par leur manque
de professionnalisme dans l'organisation de cet événement, soit
par un diktat de la municipalité imposé in extremis - voire peut
être les deux a la fois - ont jugé que le mal étant fait, il n'y
avait plus lieu d'agir. Mais aujourd'hui que le Canard Enchaîné
soulève la question du conflit d'intérêts qui pourrait toucher
Jean-Louis Debré, président du Conseil Consititutionnel amené a
émettre un jugement absolument impartial sur la loi de pénalisation
du négationnisme, ils estiment ne plus pouvoir garder le silence
sur cette histoire qui révèle pour le moins une hostilité a ce que
le premier génocide du XXe siècle soit gravé dans le marbre...Car
comme chacun sait, les paroles s'envolent, les écrits restent.
Présent également lors de l'inauguration Antoine Bagdikian,
Président président de l'Association Nationale des Anciens
Combattants et Résistants Arméniens (ANACRA), se souvient ainsi d'un
discours Â" très chaleureux et positif" du maire Jean-Louis Debré,
maîtrisant parfaitement le sujet du génocide des Arméniens. Il
lui avait d'ailleurs envoyé ensuite une lettre de remerciements,
sans savoir que la plaque commémorative avait été sciée sur
ordre. Â" Si j'avais su ce qui s'était passé avant, jamais je ne
le lui aurais fait part de l'honneur qu'il nous avait témoigné,
dit le Président des anciens combattants arméniens, rappelant que
les allées et retours en Turquie de l'actuel Président du Conseil
constitutionnel ont probablement pesés dans la balance.
Pour être tout a fait honnête Vahram Seraidian (ANSA), rappelle que
Jean-Louis Debré, lui a indiqué au retour d'un voyage en Turquie
avoir demandé a ses interlocuteurs turcs de reconnaître le génocide
arménien. Mais sans remettre en question cette possibilité, il
s'interroge sur le décalage courant dans la classe politique entre
les discours et les actes, dont l'affaire d'Evreux constitue une
amère illustration.
Pour boucler la boucle, notons que le député de l'Eure, Franck
Gilard, membre d'un sous-groupe de l'UMP appelé Droite populaire
auquel appartient également Christian Vanneste qui vient une nouvelle
fois de s'illustrer en déclarant qu'"il n'y a pas eu de déportés
homosexuels en France, en dehors des trois départements rattachés
a l'Allemagne", fait partie des 51 membres de l'UMP qui ont saisi
le Conseil constitutionnel, en recours a l'adoption de la loi par
le Sénat de la condamnation de la négation de tous les génocides
reconnus par la loi, dont celui des Arméniens.
Jean Eckian
Participaient a l'inauguration (photo 2) : de gauche a droite, Vahram
Seraidarian Président de l'ANSA jusqu'a aujourd'hui - Jean-Pierre
Nicolas, Député de l'Eure, ex Maire après le départ de Jean-Louis
Debré au Conseil constitutionnel, actuellement membre du Conseil
municipal d'Ã~Ivreux - Jacques Laisné, Préfet de l'époque - Jean
Louis Debré (Maire d'Evreux de 2001 a mars 2007) - Sona Atamian,
Secrétaire générale d'UGAB France - Edward Nalbandian, ancien
Ambassadeur d'Arménie en France et Monseigneur Kude Nacachian,
Primat de l'Ã~Iglise apostolique arménienne de France (1987-2007).
* Serge Tateossian, 53 ans, militant de longue date dans la vie
publique et politique, est â~@¨Installé a Evreux depuis plus de
vingt ans où il a vu grandir ses quatre enfants dans la région. Il
a adhéré a différentes associations locales et nationales. Membre
actif du PS, proche du maire actuel d'Evreux et membre du cercle des
amis des socialistes et également membre du bureau de l'ANSA fondée
par Guy Soudjian au lendemain du tremblement de terre en Arménie.
Jean Eckian
armenews.com
vendredi 17 février 201
En 2006 une indignité s'est produite a Evreux -
Pour paraphraser la célèbre réplique de Molière dans le Â"
Tartuffe Â", celle ci-dessus pourrait parfaitement illustrer un
signe annonciateur qui s'est invité en avril 2006 en la bonne ville
d'Evreux, dans l'Eure. Un triste souvenir demeuré dans les mémoires
de la petite communauté arménienne de la cité qui a vu naître le
Président de Radio France Jean-Luc Hess.
De quoi s'agit-il ?
Depuis le 90ème anniversaire de la commémoration du génocide des
Arméniens, l'Association Normande de Solidarité avec l'Arménie
(ANSA), dirigée par Vahram Seraidian, souhaitait qu'une stèle a
la mémoire des martyrs du génocide de 1915 perpétré sur ordre
gouvernement ottoman, soit édifiée a Evreux. Un projet qui sera
accepté début 2006 par la municipalité dirigée alors par Jean-Louis
Debré. Mais au lieu d'une stèle c'est un arbre qui sera planté dans
le parc Francois Mitterrand, au pied duquel une plaque de marbre,
réduite a sa plus simple expression, amputée de son essentiel,
sera apposée a même la terre.
L'affaire se corse
Après s'être entretenu a plusieurs reprises avec l'adjointe au
maire, Madame France Bariller, Vahram Seraidian obtient l'autorisation
d'inscrire l'hommage qu'il souhaite sur une plaque commémorative
en marbre, réalisée aux frais de l'association. Mais, quelques
jours avant l'inauguration, présentant la dite plaque au service
du protocole de la Mairie, le Président de l'ANSA en sera pour
ses frais...
photo 2
(cliquer sur l'image pour agrandir)
Serge Tateossian *, secrétaire de l'ANSA, relate l'histoire telle
qu'elle s'est déroulée.
NAM : qu'est-il arrivé a cette plaque ?
Serge Tateossian : Â" Une fois la plaque prête a poser, le service
du protocole de la municipalité s'est obstiné a dire qu'il n'était
pas question de transcrire un texte sur la plaque faisant référence
au génocide des arméniens !â~@¨ Au bout de plusieurs entretiens
infructueux le responsable de ce service a dit textuellement
au Président de l'association ANSA : que jamais Jean-Louis
Debré n'accepterait ce texte avec une référence au génocide
des Arméniens. Dans ces conditions, alors que les convocations
avaient déja été adressées aux différents dignitaires francais
et arméniens, soit 10 jours avant la cérémonie programmée au 7
avril 2006, le Président de l'ANSA s'est vu obligé de faire scier
par le marbrier la plaque commémorative, pour faire disparaître la
référence au génocide des Arméniens...
Â" La cérémonie a eu lieue dans une ambiance très lourde",
poursuit Serge Tateossian. "Elle était visible, notamment sur le
visage de l'ambassadeur d'Arménie Edward Nalbandian et autres
qui ne reconnaissaient pas la plaque commémorative, orpheline
de l'hommage aux martyrs, désormais ne faisant plus référence
au génocide. On entendait des soupirs de part et d'autre dans
l'assistance ! â~@¨â~@¨Depuis cette date et tous les ans le 24 avril,
notre petite association se réunit au parc Francois Mitterrand a
Evreux devant cette plaque que je qualifie de honte... Notre blessure
du génocide s'est vue amplifier par l'attitude de Jean Louis Debré
maire d'Evreux a l'époque !".
Mais que ne l'avoir pas dit au moment des faits ? Pourquoi ne révéler
cette triste affaire qu'aujourd'hui ?
Peut-être parce que les organisateurs, piégés soit par leur manque
de professionnalisme dans l'organisation de cet événement, soit
par un diktat de la municipalité imposé in extremis - voire peut
être les deux a la fois - ont jugé que le mal étant fait, il n'y
avait plus lieu d'agir. Mais aujourd'hui que le Canard Enchaîné
soulève la question du conflit d'intérêts qui pourrait toucher
Jean-Louis Debré, président du Conseil Consititutionnel amené a
émettre un jugement absolument impartial sur la loi de pénalisation
du négationnisme, ils estiment ne plus pouvoir garder le silence
sur cette histoire qui révèle pour le moins une hostilité a ce que
le premier génocide du XXe siècle soit gravé dans le marbre...Car
comme chacun sait, les paroles s'envolent, les écrits restent.
Présent également lors de l'inauguration Antoine Bagdikian,
Président président de l'Association Nationale des Anciens
Combattants et Résistants Arméniens (ANACRA), se souvient ainsi d'un
discours Â" très chaleureux et positif" du maire Jean-Louis Debré,
maîtrisant parfaitement le sujet du génocide des Arméniens. Il
lui avait d'ailleurs envoyé ensuite une lettre de remerciements,
sans savoir que la plaque commémorative avait été sciée sur
ordre. Â" Si j'avais su ce qui s'était passé avant, jamais je ne
le lui aurais fait part de l'honneur qu'il nous avait témoigné,
dit le Président des anciens combattants arméniens, rappelant que
les allées et retours en Turquie de l'actuel Président du Conseil
constitutionnel ont probablement pesés dans la balance.
Pour être tout a fait honnête Vahram Seraidian (ANSA), rappelle que
Jean-Louis Debré, lui a indiqué au retour d'un voyage en Turquie
avoir demandé a ses interlocuteurs turcs de reconnaître le génocide
arménien. Mais sans remettre en question cette possibilité, il
s'interroge sur le décalage courant dans la classe politique entre
les discours et les actes, dont l'affaire d'Evreux constitue une
amère illustration.
Pour boucler la boucle, notons que le député de l'Eure, Franck
Gilard, membre d'un sous-groupe de l'UMP appelé Droite populaire
auquel appartient également Christian Vanneste qui vient une nouvelle
fois de s'illustrer en déclarant qu'"il n'y a pas eu de déportés
homosexuels en France, en dehors des trois départements rattachés
a l'Allemagne", fait partie des 51 membres de l'UMP qui ont saisi
le Conseil constitutionnel, en recours a l'adoption de la loi par
le Sénat de la condamnation de la négation de tous les génocides
reconnus par la loi, dont celui des Arméniens.
Jean Eckian
Participaient a l'inauguration (photo 2) : de gauche a droite, Vahram
Seraidarian Président de l'ANSA jusqu'a aujourd'hui - Jean-Pierre
Nicolas, Député de l'Eure, ex Maire après le départ de Jean-Louis
Debré au Conseil constitutionnel, actuellement membre du Conseil
municipal d'Ã~Ivreux - Jacques Laisné, Préfet de l'époque - Jean
Louis Debré (Maire d'Evreux de 2001 a mars 2007) - Sona Atamian,
Secrétaire générale d'UGAB France - Edward Nalbandian, ancien
Ambassadeur d'Arménie en France et Monseigneur Kude Nacachian,
Primat de l'Ã~Iglise apostolique arménienne de France (1987-2007).
* Serge Tateossian, 53 ans, militant de longue date dans la vie
publique et politique, est â~@¨Installé a Evreux depuis plus de
vingt ans où il a vu grandir ses quatre enfants dans la région. Il
a adhéré a différentes associations locales et nationales. Membre
actif du PS, proche du maire actuel d'Evreux et membre du cercle des
amis des socialistes et également membre du bureau de l'ANSA fondée
par Guy Soudjian au lendemain du tremblement de terre en Arménie.