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La communauté arménienne d'Alsace à fond pour la loi

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    L'Alsace.fr, France
    22 janvier 2012

    La communauté arménienne d'Alsace à fond pour la loi

    le 22/01/2012 à 05:00 par Michel Arnould

    Demain, le Sénat examine à son tour le projet de loi pénalisant la
    négation du génocide arménien de 1915. Un débat suivi avec ferveur par
    la très discrète communauté arménienne d'Alsace.
    Ils seraient 8 000 dans la région, à en croire le père Vatché
    Ayrapétyan, prêtre de la paroisse de l'église apostolique arménienne
    de France. Une paroisse toute jeune, la seule d'Alsace, qu'il organise
    peu à peu depuis un an grce à l'accueil fraternel de la paroisse
    catholique Sainte-Madeleine, du quartier de la Krutenau à Strasbourg,
    qui lui prête une vaste chapelle.

    « Chaque dimanche, une centaine de personnes participent à l'office
    et, bien sûr, beaucoup plus lors des grandes fêtes », explique le père
    Vatché. La religion joue un rôle de boussole pour le peuple arménien
    qui se flatte d'avoir été le premier État chrétien du monde, avant
    même l'Empire romain, avec la conversion du royaume d'Arménie dès le
    début du IV e siècle. Aujourd'hui encore, le christianisme dispose
    d'une écrasante majorité, proche de 100 % de la population, dominée
    par l'église apostolique, une église orthodoxe orientale.

    Pour le père Vatché, le débat franco-français et franco-turc sur la
    reconnaissance du génocide arménien est une surprise... quasi divine : «
    Merci la France, merci le peuple français ! Nous prions pour que cette
    loi soit acceptée. Non pas comme une vengeance, mais comme un appel à
    réfléchir et à condamner tous les génocides... Chaque homme a le droit
    de vivre sur cette terre. »

    Le groupe de jeunes, réuni autour du prêtre acquiesce, mais est plus
    vif dans son expression.

    « En mars 2011, on a été une quarantaine de jeunes Arméniens d'Alsace
    à monter à Paris pour manifester devant l'Assemblée nationale avec
    Charles Aznavour et Patrick Devedjian, pour la reconnais- sance du
    génocide de 1915 », raconte Hamlet Housepian, 22 ans, ouvrier à
    Strasbourg, arrivé en Alsace à l'ge de 8 ans, en novembre 2004 (lire
    aussi l'encadré).

    Pourquoi la France et l'Alsace ? Parce qu'un oncle y était déjà
    établi. C'est d'ailleurs le cas de la très grande majorité des
    Arméniens d'Alsace qui constituent une immigration très récente. La
    communauté alsacienne s'est constituée seulement au cours des 20
    dernières années. « Il y avait peut-être quelques familles anciennes,
    avant », estime le prêtre. Il faut traduire « familles anciennes » par
    descendants de familles rescapées du génocide de 1915 et arrivées en
    France au début des années 1920.

    Les nouveaux immigrants ne fuient pas un génocide mais le marasme
    économique arménien. Pays semi-désertique, sans accès à la mer et sans
    grande richesse naturelle, l'Arménie végète économiquement depuis la
    fin de l'Union soviétique dont elle faisait partie. Elle entretient de
    plus de très mauvaises relations avec deux de ses quatre voisins, la
    Turquie et l'Azerbaïdjan. Avec ce dernier pays couve même un conflit
    armé, gelé depuis 1994.

    À ces difficultés s'ajoute une très violente sismicité. Le dernier
    très gros tremblement de terre, le 7 décembre 1988, a fait plus de 30
    000 morts, soit 1 % de la population. « On a tout connu : des séismes,
    le génocide azéri..., mais on est toujours là », note Souren Azarpyan,
    24 ans.

    * * *

    « Mon arrière-grand-père a été sauvé par un Kurde »
    Tout nouveau champion d'Alsace de lutte dans la catégorie des 60
    kilos, Hamlet Housepian est, ce dimanche 22 janvier, à Sarrebourg, où
    se déroulent les championnats de France. Avec, peut-être l'espoir,
    d'offrir ce soir un champion de France de plus à sa terre d'adoption...

    À 22 ans, le génocide de 1915 est pour lui une histoire, certes
    ancienne, mais qui résonne encore. « Nous n'avons pas connu ce
    malheur, admet-il. Mais mon arrière-grand-père a dû fuir l'empire
    ottoman. Il est venu se réfugier en Arménie soviétique de l'époque. Il
    a été aidé et protégé pour cela par un Kurde, alors même que les
    autorités ottomanes manipulaient la minorité kurde pour qu'elle s'en
    prenne aux Arméniens. Mon arrière-grand-père a écrit sa vie et je
    garde ses écrits. »

    Le débat sur le projet de loi, le captive. « On espère que la loi
    passe pour que les États-Unis suivent... » La réaction du gouvernement
    turc, qui menace la France de représailles économiques et politiques,
    le conforte dans son opinion : « Menacer un pays, c'est montrer qu'on
    a peur de lui et que la France a raison. »

    Enfin, les accusations de man`uvre électorale à quelques semaines
    d'élections présidentielles et législatives le laissent sceptique : «
    Les Franco-Turcs sont beaucoup plus nombreux que les Franco-Arméniens.
    Ils seraient donc plus rentables électoralement, non ? »

    le 22/01/2012 à 05:00 par Michel Arnould

    http://www.lalsace.fr/actualite/2012/01/22/la-communaute-armenienne-d-alsace-a-fond-pour-la-loi


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