La Tribune, France
Jeudi 26 Avril 2012 3:47 PM CET
La Turquie vote Hollande
par Delphine Nerbollier, à Istanbul
Egemen Bagis se veut confiant. "Quels que soient les résultats (de
l'élection présidentielle française), je crois que la politique de la
France changera une fois la campagne électorale terminée" a déclaré
cette semaine le ministre turc des affaires européennes qui estime que
"la rhétorique dure" employée par Paris au sujet du processus européen
de la Turquie est "contraire aux intérêts nationaux de la France".
"L'intérêt de la France est que cela se passe bien avec la Turquie. Le
peuple français et le monde du travail le savent. Les hommes
politiques le verront aussi" a ajouté ce ministre, généralement très
critique envers Nicolas Sarkozy et son opposition déclarée à l'entrée
de la Turquie dans l'Union Européenne. "L'Europe a réalisé 92% des
investissements directs étrangers en Turquie en 2011. Elle est
consciente du potentiel économique de la Turquie" ajoute Egemen Bagis.
Son pays a en effet connu une croissance de 8,5% en 2011. Pour Egemen
Bagis, les contentieux franco-turcs, notamment sur la question
arménienne,"resteront donc en arrière plan après les élections".
"Si Sarkozy gagne, alors pauvres de nous ! "
A dix jours du second tour des élections françaises, une chose est
sûre : une grande majorité des turcs, tous milieux confondus,
souhaitent une défaite de l'actuel président. "Si Hollande perd et
Sarkozy reste au pouvoir, alors pauvres de nous" a lancé dimanche
Mehmet Ali Birand, présentateur vedette, en direct sur la chaine de
télévision kanal D. "Je pense que la Turquie serait contente de ne pas
voir M. Sarkozy réélu" confirme Can Buharali,du centre de recherche
économique et de relations internationales Edam. Est-ce à dire que la
candidature de François Hollande réjouit ? Le commentateur politique
Sami Kohen, ne voit pas "vraiment de différence" pour la Turquie,
entre les deux hommes, notamment au sujet de la question arménienne.
Le candidat socialiste a en effet soutenu la loi pénalisant la
négation du génocide, votée en décembre par l'assemblée nationale mais
censurée par le Conseil constitutionnel. Depuis, il a affirmé vouloir
la remettre à l'ordre du jour s'il est élu."La seule différence, c'est
que M. Hollande n'a pas de haine personnelle envers la Turquie" estime
Sami Kohen. "S'il est élu, il y aura donc un apaisement". Par
ailleurs, sur la question européenne, François Hollande soutient
l'entrée d'Ankara sans toutefois la croire réalisable dans un avenir
proche.
Acte d'hostilité
Pour les milieux économiques turcs, l'avenir des relations bilatérales
(12,5 milliards d'¤ d'échanges en 2011, soit une hausse de 7,7% en un
an) dépendront certes du nouveau président mais surtout de la volonté
de remettre à l'ordre du jour cette loi si décriée en Turquie. "Si
elle est renouvelée, cela sera pris comme un acte d'hostilité" analyse
Can Buharali. "Certains hommes d'entreprises pourraient moins
s'engager avec la France et chercher des alternatives." Le vote de
cette loi en décembre a eu un impact particulièrement négatif sur la
filière bovine et le secteur pharmaceutique français même si, en
général, les exportations vers la Turquie ont continué de progresser
en janvier et février 2012.
From: Baghdasarian
Jeudi 26 Avril 2012 3:47 PM CET
La Turquie vote Hollande
par Delphine Nerbollier, à Istanbul
Egemen Bagis se veut confiant. "Quels que soient les résultats (de
l'élection présidentielle française), je crois que la politique de la
France changera une fois la campagne électorale terminée" a déclaré
cette semaine le ministre turc des affaires européennes qui estime que
"la rhétorique dure" employée par Paris au sujet du processus européen
de la Turquie est "contraire aux intérêts nationaux de la France".
"L'intérêt de la France est que cela se passe bien avec la Turquie. Le
peuple français et le monde du travail le savent. Les hommes
politiques le verront aussi" a ajouté ce ministre, généralement très
critique envers Nicolas Sarkozy et son opposition déclarée à l'entrée
de la Turquie dans l'Union Européenne. "L'Europe a réalisé 92% des
investissements directs étrangers en Turquie en 2011. Elle est
consciente du potentiel économique de la Turquie" ajoute Egemen Bagis.
Son pays a en effet connu une croissance de 8,5% en 2011. Pour Egemen
Bagis, les contentieux franco-turcs, notamment sur la question
arménienne,"resteront donc en arrière plan après les élections".
"Si Sarkozy gagne, alors pauvres de nous ! "
A dix jours du second tour des élections françaises, une chose est
sûre : une grande majorité des turcs, tous milieux confondus,
souhaitent une défaite de l'actuel président. "Si Hollande perd et
Sarkozy reste au pouvoir, alors pauvres de nous" a lancé dimanche
Mehmet Ali Birand, présentateur vedette, en direct sur la chaine de
télévision kanal D. "Je pense que la Turquie serait contente de ne pas
voir M. Sarkozy réélu" confirme Can Buharali,du centre de recherche
économique et de relations internationales Edam. Est-ce à dire que la
candidature de François Hollande réjouit ? Le commentateur politique
Sami Kohen, ne voit pas "vraiment de différence" pour la Turquie,
entre les deux hommes, notamment au sujet de la question arménienne.
Le candidat socialiste a en effet soutenu la loi pénalisant la
négation du génocide, votée en décembre par l'assemblée nationale mais
censurée par le Conseil constitutionnel. Depuis, il a affirmé vouloir
la remettre à l'ordre du jour s'il est élu."La seule différence, c'est
que M. Hollande n'a pas de haine personnelle envers la Turquie" estime
Sami Kohen. "S'il est élu, il y aura donc un apaisement". Par
ailleurs, sur la question européenne, François Hollande soutient
l'entrée d'Ankara sans toutefois la croire réalisable dans un avenir
proche.
Acte d'hostilité
Pour les milieux économiques turcs, l'avenir des relations bilatérales
(12,5 milliards d'¤ d'échanges en 2011, soit une hausse de 7,7% en un
an) dépendront certes du nouveau président mais surtout de la volonté
de remettre à l'ordre du jour cette loi si décriée en Turquie. "Si
elle est renouvelée, cela sera pris comme un acte d'hostilité" analyse
Can Buharali. "Certains hommes d'entreprises pourraient moins
s'engager avec la France et chercher des alternatives." Le vote de
cette loi en décembre a eu un impact particulièrement négatif sur la
filière bovine et le secteur pharmaceutique français même si, en
général, les exportations vers la Turquie ont continué de progresser
en janvier et février 2012.
From: Baghdasarian